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Festival d'Avignon

28 août 2007 2 28 /08 /août /2007 11:16
COUP DE COEUR RUEDUTHEATRE

JEUX DE BATRACIENS, JEUX DE COPAINS

Une grenouille et un crapaud sont voisins. L’une est audacieuse, l’autre est timoré. Ils jouent ensemble, se brouillent, se réconcilient comme tous les gamins. Ils ont la chance d’être chouchoutés par un trio humain : Justin, Achille et Pauline. Ils croisent par ailleurs un escargot facteur, des insectes divers, un canard de kermesse, un vent décoiffant…


L’idée de faire dialoguer les batraciens non seulement entre eux mais aussi avec des gens du village enrichit le jeu. Ces adultes ont de la sorte un regard sur les émotions, les doutes, les envies de Ranelot et Bufolet. Ils traduisent au surplus un humour très direct qui désamorce la tension, les situations délicates, conflictuelles et rassure tant les protagonistes de l’histoire que les petits spectateurs dans la salle.


Ranelot-et-Bufolet.jpg

Ce sont les marionnettistes manipulateurs qui modifient le décor selon l’évolution des saisons, manière imagée de parler du temps qui passe. Ils accompagnent et commentent, mine de rien, les autres thèmes abordés avec délicatesse : comment se réconcilier lorsqu’on s’est disputé ? de quelle manière vaincre ses peurs ? comment faire pousser des plantes dans un jardinet ? de quelle manière éviter de se moquer de quelqu’un qui a l’air ridicule ? comment distinguer le réel des cauchemars faits la nuit ?

Tendresse et réflexion

Sans avoir l’air d’y toucher, le spectacle abonde en sujets de réflexion importants, loin des gadgets habituels de l’environnement. Il parle de vie simple, de préoccupations proches des gosses. Il se sert de quelques éléments répétitifs pour relancer l’attention, éléments qui resteront ancrés dans la mémoire comme les refrains dans une chanson. Il est assez réaliste pour aider à passer de la vie à la fiction théâtrale sans cependant mener à une identification simpliste du public enfantin avec les héros animaux.

Bref, une réalisation tout en délicatesse qui ne jette pas de la poudre aux yeux. Qui plonge dans le généreux et le sensible les plus palpables. Qui assemble la fascination du spectacle avec la réflexion à propos des problèmes relationnels d’existence quotidienne. C’est trop rare la tendresse pour passer à côté de celle offerte ici avec sincérité.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre jeune Public de Huy les 24 at 25 août 2007.

Ranelot et Bufolet
Texte : Arnold Lobel (éd. École des Loisirs, 2006)
Adaptation et mise en scène : Sophie Museur
Distribution : Bruno Bastin, Vera Van Dooren, Eric Giersé
Scénographie : Annick Walachniewicz 
Costumes : Catherine Versé 
Marionnettes : Annick Walachniewicz, Jean-Christophe Lefèvre 
Décor sonore : Jean Kito 
Éclairages : Eric Giersé

Coproduction : Théâtre des 4 Mains / Canard Noir (Bruxelles)

Durée : 45’
Public : 3 - 5ans
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25 août 2007 6 25 /08 /août /2007 12:14
AMOUR ET SEXUALITÉ PASSÉS EN REVUE

Le premier rapport sexuel, le Sida, l’homosexualité, le viol, la maternité précoce, les caresses, l’amour : c’est quoi tout ça ? Réponses théâtrales au cours d’un spectacle qui emprunte ses apparences aux émissions de variétés, au music-hall et à la chanson.


Sur un rythme soutenu de revue de cabaret, la troupe des Mutants et ses trois musiciens visite les éléments principaux de la sexualité à travers une série de tableaux rapides. Le tour d’horizon est assez complet. Il s’attarde sur les premiers émois, la difficulté de communiquer ses sentiments, les affres du rapport physique initial et initiatique, l’apprentissage à faire pour éprouver un plaisir partagé. Il n’élude aucun des aspects d’une question qui taraude les jeunes à un moment de leur existence où ils sont en recherche d’eux-mêmes. 

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Théâtraliser un sujet aussi délicat sans choquer, sans verser dans la vulgarité, sans dévier de l’information objective nécessaire tout en évitant l’ennui tenait assurément de la gageure. Le défi est réussi. Grâce une série de trouvailles, chaque séquence trouve son ton assaisonné d’humour. Ainsi les techniques des caresses les plus intimes sont-elles exposées en une savoureuse parodie du guignol traditionnel. Ainsi le viol et sa variante la tournante se métaphorisent-ils au cours d’une séance de saut à la corde à finale poignante.

Sans fausse note

C’est avéré encore à l’occasion d’une mise en garde sur le fardeau d’un accouchement alors que la vie d’adulte est loin d’être commencée. Ce l’est encore par l’usage d’une série de quiz permettant d’au moins effleurer les idées fausses concernant la transmission du Sida, d’apprendre qu’il y a des approbations de la libido dans les textes de chacune des grandes religions.  

L’ensemble est enrobé de paillettes, de chorégraphies enlevées y compris avec des claquettes, de chansons connues ou inédites, de musiques jouées en direct par des interprètes qui n’hésitent pas à intervenir dans le jeu des comédiens, de commentaires à l’intention de la salle. Pas une seconde d’ennui. Pas une fausse note. Pas d’hypocrisie. C’est drôle, dynamique avec, en prime, pour les établissements scolaires et les associations qui le désirent, des animations en suivi des représentations.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 20 août 2007

Ça
Texte et mise en scène : Pierre Richards 
Distribution : Martine Godart, Fanny Hanciaux, Nicola Testa 
Musiciens : Patrick Joniaux, Michel Mainil, Stefan Orins
Scénographie et costumes : Zouzou Leyens 
Chorégraphie : Fanny Roy, Fanny Hanciaux
Décor sonore : Eloi Baudimont 
Éclairages : Alain Collet 

Production : Cie des Mutants (La Louvière) (www.mutants.be )

Durée : 1h
Public : dès 13 ans

Photo  © Véronique Vercheval 

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25 août 2007 6 25 /08 /août /2007 12:10
LE MYTHE DE LA CONFUSION

Le monde actuel est en crise. La violence et les guerres le déconstruisent. La misère et l’exploitation de travailleurs clandestins le gangrènent. Sur ce thème et la question qu’il pose au sujet de l’avenir des enfants qui nous suivent, le Créa a monté un spectacle où se croisent marionnettes et comédiens, humains et machines, en vrai comme en ombres chinoises.


Le sujet est vaste, compliqué. Il prend appui sur l’histoire de Babel, mythe de la confusion régnant à la suite de l’arrivée d’une multitude de langues parlées par les peuples de la terre. Cette confusion se retrouve dans le spectacle. Manifestement, la troupe a voulu trop dire, a accumulé tant de signes surgis au milieu des ellipses d’un scénario éclaté qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. L’histoire va de la découverte préhistorique du feu jusqu’aux massacres de maintenant.

Le-Chantier-Cr--a----Richard-Strappazon.jpg
De fréquents recours au symbolique télescopent les moments consacrés à la réalité brute. Les transitions entre les fantasmes allégoriques des foetus de mères du monde entier rassemblés en un seul ventre universel et les rappels de l’actualité familière contraignent l’esprit à une gymnastique complexe. Le tohu-bohu des événements, des langages, des affrontements et des fuites bouscule les tableaux.

La conception plastique de « Chantier-Babel » suscite et retient l’intérêt. Les marionnettes et les masques sont d’une grande beauté. Les poupées ordinaires fabriquées en série actuellement ramènent à la vulgarité de l’industrialisation. Les ombres chinoises produisent la fluidité des enchaînements. Le tout est ponctué de cris, de bruits, de déflagrations, de tempêtes.

Le message final reste cependant un peu court. C’est louable de désirer un monde où le ciel est bleu, les prairies vertes et les nations en paix. Mais comment diable s’y prendre pour y parvenir ? Parce que refuser d’enfanter n’empêchera pas les adultes de continuer à s’entretuer, se gruger, s’autodétruire.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 23 août 2007

Chantier-Babel

Scénario et mise en scène : Patrick Smith et Francis Houtteman
Interprétation : Jacob Ahrend, Céline Cambier, Kevin Defossez, Françoise Flabat, Olivier Haesevelde Accompagnement dramaturgique : Daniel Simon
Scénographie et décors : Patrick Smith
Marionnettes : Patrick Smith, Marcin Bikowski, Christine Corman, Anne-Sophie Diet, Lucia Picaro, Despina Psimarnou, Maria Zynel 
Masques : Francis Debeyre 
Éclairages : Frédéric Houtteman
Décor sonore : Patrick Smith, Olivier Haesevelde

Production : Créa-Théâtre (Tournai) (www.crea-theatre.be)/Teatro Figura Europa

Durée : 50’
Public : de 8 à 12 ans

Photo © Richard Strappazon
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25 août 2007 6 25 /08 /août /2007 12:02
COUP DE COEUR RUEDUTHEATRE

GENÈSE DE LA VIOLENCE


Deux jumeaux, surnommés la « Crapule » et le « Débile », incendient plusieurs lieux du village. Comment en sont-ils arrivés là ? La réponse est donnée par le flash back qui repart au moment de leur naissance et raconte la vie d’une famille besogneuse rejetée, ridiculisée, dénigrée par la communauté.

L’adhésion du spectateur est acquise dès les premières répliques. D’abord, parce que le duo gémellaire est incarné par des comédiens habités par leurs rôles. Ensuite parce que la scénographie et la mise en scène tirent parti de tous les éléments afin de les transformer en signes scéniques d’évidences. Il s’agit pour les héros de jouer leurs emplois tout en donnant vie aux innombrables partenaires marionnettes expressives qui les entourent.

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Cela crée un climat de distanciation grâce auquel la pièce passe sans transitions du rire de la farce à l’émotion prenante du drame. La caricature est drôle, juste, fine. Le tragique de certaines situations est bouleversant. L’humiliation paternelle par les stupides et cruels compétiteurs de chants de coq, la mort du père, la torture infligée en classe à un des gamins par un petit caïd de village… sont des séquences qui touchent à cœur.

Le décor à métamorphoses constantes, réalisées à vue par une manipulatrice intégrée au jeu, est un personnage à lui seul. Il intègre la bourgade, le café, l’usine, l’école, les terrains vagues… Il rythme les actions leur insufflant une dynamique à une œuvre qui cerne l’humain dans ses dimensions monstrueuses autant que profondément généreuses, qui démonte des mécanismes sociaux et économiques broyeurs des faibles.

L’attention est éveillée grâce à une foule de trouvailles sans cesse renouvelées qui renforcent la clarté du propos, l’épaisseur psychologique ou sociale des figurants. Le plaisir théâtral est sans faille. On sort de la représentation ébloui, ému, interpellé. Les Ateliers de la Colline ont réussi un travail exemplaire tant au niveau de la forme qu’à celui du fond.  Bravo !

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info
 
Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 23 août 2007

Tête à claques

Texte et mise en scène : Jean Lambert 
Distribution : Quantin Meert, François Sauveur, Vanessa Lequeux 
Poupées et univers graphique : Dominique Renard 
Réalisation scénographique : Daniel Lesage, Saher Emran
Maquillages et nez : Dominique : Brévers 
Impression sur toile :Vincent Vervinckt 
Éclairages : Zénon Doryn 
Univers sonore : Mathieu Lesage
Partitions originales : Aurélie Dorzée, Tom Theuns 


Production : Ateliers de la Colline (Seraing) (www.actc.be)/Théâtre de la Place (Liège)
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25 août 2007 6 25 /08 /août /2007 11:56
UNE PETITE USINE D’ASSOCIATIONS D’IDÉES

Les créateurs de cette réalisation se sont sans conteste amusés à produire un maximum d’effets pour un maximum d’historiettes. Le mot d’ordre qui a présidé à la réalisation semble être profusion. Au risque de lasser en étant trop prolixes en mots et en surprises spectaculaires.


Les mini-marionnettes en mousse permettent une multitude de manipulations plus drôles les unes que les autres. Les objets qui les accompagnent et parfois sont leurs partenaires à part entière s’accumulent, se métamorphosent. La reine de la représentation est assurément l’inventivité.

Au travers de cette abondance de gags, de gadgets, de trucs scéniques, de personnages, d’ustensiles, de décors, de lieux, de langages, de supports, d’éclairages, de matériaux hétéroclites se décodent une série de pistes pédagogiques que chacun exploitera à sa façon. Il y a l’apprentissage de la lecture et l’ouverture à l’imaginaire via les livres et les récits. Il y a les infinies possibilités créatives de transformer les choses. Il y a la difficulté à prêter ses jouets aux autres et à affronter les conflits de la vie ordinaire.

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Puis encore l’envie d’imiter les grands en expérimentant des tas de conduites à risques. Le lien à nouer avec le passé et les grands-parents. Les règles à suivre, telle celle de ranger après une activité. Se servir de son imagination et de sa sensibilité pour chasser les mauvaises pensées qui hantent parfois l’esprit. Éveiller ses sens pour mieux profiter de l’univers proche.

L’impression est que le Théâtre du Papyrus a voulu s’offrir un cadeau en rassemblant toutes les trouvailles de ses spectacles précédents en une sorte d’anthologie exhaustive. Ce que confirme d’ailleurs le nombre d’intervenants dans la mise en scène. Pas question, bien sûr, de bouder son plaisir. Juste remarquer qu’une dizaine de minutes en moins n’auraient pas nui. 

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy les 23 et 24 août 2007

Le Moulin à paroles
Texte : Nicolas Bianco-Levrin (éd. Portes du Monde, 2003)
Adaptation : Bernard Chemin
Mise en scène : Bernard Chemin, Didier De Neck, Manu Fardeau, Christine Flasschoen, Jean-Luc Piraux 
Interprétation : Bernard Chemin, Fujio Ishimaru, Jérémie Hynderick De Theulegoet
Scénographie et marionnettes : Christine Flasschoen 
Musique : Karim Baggili 
Lumières : Xavier Lowers 

Durée : 60’
Public : dès 4 ans

Production : Théâtre du Papyrus (Bruxelles)

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25 août 2007 6 25 /08 /août /2007 11:52
LA TRADITION DU HAPPY END

Elle est professeur de musique. Lui est son élève. Elle est divorcée avec un enfant. Il ne le sait pas. Il est divorcé avec un enfant. Elle n’en sait rien. Comme il est amoureux d’elle et qu’elle est attirée vers lui, que peut-il donc bien se passer ?


Ce schéma de départ induit forcément les quiproquos classiques qui mènent à ces scènes de dépit amoureux dont la comédie traditionnelle s’est nourrie depuis quelques siècles. À partir du moment où chacun imagine les pensées et les intentions d’autrui en fonction de ses désirs ou de ses obsessions personnelles, le décalage se creuse entre la matérialité d’un comportement et son interprétation. Ce décalage –- de même que l’écart existant entre ce qu’on est et ce qu’on veut paraître  - reste un des moteurs du rire.

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Sur cette mécanique a été travaillée le divertissement gentil de la compagnie de l’Anneau. Bertrand Kahn y est parfait pour jouer les timides maladroits quoique pétri de bonne volonté, les apprentis chanteurs juste un peu à côté de la note juste. Julie Nayer est crédible en femme pressée, stressée, bousculée s’efforçant d’enseigner la sérénité à ses élèves.

La mécanique imparable des oppositions fonctionne parfaitement dans un décor sans surprise. Pourquoi dès lors la réalisatrice du spectacle s’est-elle efforcée d’y introduire une note de fantastique en surajoutant un délire fantasmatique qui mène Anna la pianiste à incarner Anna Karénine pour un Félix emberlificoté entre les cordes et les marteaux à l’intérieur de son instrument ? Si c’est pour le spectaculaire, c’est gagné. Si c’est pour enrichir la psychologie des protagonistes, c’est plutôt superflu.

La pièce demeure donc dans les limites bien sages de la tradition bien appliquée, y compris dans sa conclusion très morale de la recomposition logique d’une nouvelle famille. C’est évident, le titre de l’œuvre n’aurait pas pu être « Où est passé Xenakis ? »

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 21 août 2007

Où est passé Mozart ?
Texte et mise en scène : Ariane Buhbinder
Distribution : Julie Nayer, Bertrand Kahn 
Scénographie, costumes et accessoires : Emilie Cottam 
Décor sonore : Marie-Sophie Talbot
Lumières : Benoît Lavalard

Production : L’Anneau Théâtre (Bruxelles)

Durée : 50’
Public : de 8 à 12 ans

Photo © Valérie Burton
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24 août 2007 5 24 /08 /août /2007 12:46
UN PARTAGE DE CULTURES

Un conte berbère devient prétexte à confronter les cultures musulmane et occidentale. Les malentendus venant toujours de la méconnaissance de l’autre, le spectacle a l’ambition de démontrer que les hommes sont fondamentalement semblables dans leur être intérieur même si leurs usages et leurs croyances divergent.


Une conteuse et un musicien embarquent le public du côté des histoires des « Mille et une nuits ». Surgit inopinément une déléguée de l’administration, chargée de surveiller la moralité, la décence, l’aspect politiquement correct des spectacles destinés à la jeunesse. Se comparent alors deux visions du monde.

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D’un côté : des tabous liés au sexe, aux fonctions excrétrices du corps (les mots caca et merde sont exclus du dictionnaire des synonymes intégré à mon ordinateur version familiale !) alors que l’environnement médiatique renchérit sur la séduction, le charnel, le sensuel. De l’autre : une littérature qui ne craint pas de parler d’érotisme alors que la sexualité féminine est réglementée à outrance. D’un côté : une riche culture ancienne qui a amené des découvertes capitales en mathématiques et en bien d’autres domaines. De l’autre : une civilisation qui a longtemps cru qu’elle devait s’imposer au monde pour qu’il évolue et ne qualifie pas de gros mots ceux qui désignent les instruments de mort inventés par les chercheurs et les militaires.

En ces temps de multiculturel, de cohabitation délicate entre communautés différentes, la démarche est intéressante. Elle s’articule autour d’une histoire, un peu longue et narrée sur un débit fort rapide, qui parle de quête d’identité. Elle mène à réaliser que le Coran n’est pas le seul instrument culturel de l’islam, que le port du voile n’est pas un impératif obligatoire, que l’arabe a donné au français un nombre non négligeable de mots. Sans doute - et là peut-être est sa faiblesse - emprunte-t-elle les voies du caricatural et de l’inévitable simplification impliquée par les impératifs d’une représentation théâtrale où le décor, les costumes, les musiques tiennent aussi une part notable.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy les 22 et 23 août 2007

La danse des sables
Texte et mise en scène : Patrick Waleffe 
Interprétation : Laïla Zaari, Anwar Abudragh, Nathalie Hugo
Scénographie : Maurice Van den Broeck, Maude Gérard, Hélène Kufferath, Martin Delval 
Costumes : Olivia Bara
Chorégraphie : Elisabetta La Commare
Musique : Anwar Abudragh
Éclairages : Maurice Van den Broeck 

Production : Théâtre du Copeau  (Bruxelles) (www.theatre-du-copeau.be)

Durée : 65’
Public : dès 9 ans


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24 août 2007 5 24 /08 /août /2007 11:45
COUP DE COEUR RUEDUTHEATRE

UNE SYMBOLIQUE DE LA VIE

Tout au long d’un ballet à l’esthétique rigoureuse, inventive et porteuse de sens, Félicette Chazerand met sur scène une perception du monde issue du végétal. Sur un sol blanc, des éléments végétaux sont dispersés selon l’esprit du plasticien Bob Verschueren. Un duo de danseurs explore le temps, de la graine à la floraison, du tronc aux bourgeons, de la vie à la mort.


La symbolique de l’arbre est richissime. Ses usages sont infinis. Il est source de chaleur, de protection, de nourriture. Il sert de clôture ou de paroi, de mobilier ou d’emballage. Il est instrument musical et matière même du papier. Il se laisse sculpter pour une naissance de statue, voire pour une arme meurtrière. La danse redit cette multiplicité, transposée dans la chair et les membres des interprètes Anne-Cécile Chane-Tune et Roger Vinas Lopez.

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À l’origine, le bruit du bois qui craque, de la goutte d’eau qui tombe. À l’origine, des rameaux qui se ramifient. À l’origine, un territoire vierge qu’il faudra habiter, partager avec d’autres, gérer au mieux des intérêts de la nature et des habitants. C’est d’une certaine façon l’histoire du monde qui se lit à travers les images superbes nées des corps, de leurs mouvements, de leurs rencontres.  

Au sein de l’univers végétal, les êtres apprennent la patience, l’équilibre, la légèreté, la présence. Ils perçoivent que les éléments sont prolongement de soi, adjuvants de soi, métaphores de soi. Que l’agressif appartient au vital mais qu’il convient de lui associer la tendresse, la sensualité. Que le jeu est créatif, récréatif, source de forces ravivées. Que tout corps a besoin d’un espace où s’épanouir. Que le monde d’abord doit être contemplé.

L’épilogue vire plutôt du côté de l’anecdotique à cause d’ombres chinoises devenues soudain réalistes. Il ternit un rien une recherche plastique cohérente qui aboutit à la réalisation projetée d’un dessin en gestation, conçu à la manière dont Hartung peignait à la fin de son existence : en appliquant sur toile des branchettes trempées dans l’encre.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 21 août 2007

À l’ombre des arbres
Concept et chorégraphie : Félicette Chazerand,
Scénographie : Félicette Chazerand 
Interprétation  Anne-Cécile Chane-Tune, Roger Vinas-Lopez
Dessin : Mira Vanden Bosch
Film vidéo : Marc Cerfontaine
Costumes : Marie Kersten 
Musique : Olivier Richard 
Addition musicale : Bob Verschueren 
Montage sonore : Jean-Luc Straunard (Media Animation)
Éclairages : Nathalie Borlée 
Réalisation écran : Micheline Van Houtte, Pierrick Odaert  Regard  Bob Verschueren 

Production : Cie Felicette Chazerand (Bruxelles)/Parcours asbl/Théâtre de la Balsamine

Durée : 50’
Public : de 5 à 16 ans
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23 août 2007 4 23 /08 /août /2007 17:42
LA TÉLÉ  COMME GOUROU DU QUOTIDIEN

Télé-achat, télé-réalité, la vie quotidienne est de plus en plus télé-commandée. Vu le nombre d’heures passées face au petit écran, de préférence plat, très plat, les citoyens s’identifient de plus en plus aux modèles stéréotypés concoctés par les chaînes privées en vue de doper la consommation et d’uniformiser les désirs passifs.


Ce conditionnement offre un inépuisable réservoir de parodies, de contestations caustiques. Le Théâtre Isocèle s’en est emparé pour monter une comédie burlesque dont le déroulement sera propice à la caricature la plus satirique. L’action se passe chez Babette et Paul, les inconditionnels de « Holly TV ». Pour rien au monde ils ne manqueraient la mise en forme matinale (pourquoi ne pas rester devant sa télé jusqu’à l’âge le plus avancé si on a appris à se bouger à domicile ?), les conseils de beauté et d’amaigrissement (l’une peut-elle aller sans l’autre ?), les feuilletons (quel besoin d’aller chercher en soi des émotions sentimentales que des acteurs éprouvent en gros plan ?), les jeux (payer de coûteux SMS à répétition ne donne-t-il pas l’impression exaltante qu’on gagnera bien une fois la chance d’avoir de la chance ?), les reality shows (n’est-il pas merveilleux d’écouter les confessions impudiques de ses semblables sans avoir rien à faire pour se remettre en question soi-même ?) etc…

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Le jour où, ouvrant le frigo, le couple découvre en chair et os Holly leur présentatrice, leur idôle kitschement sophistiquée, tous deux ont la révélation de la divinité incarnée pour eux seuls dans le temple étriqué de leur consommation. La confrontation appartient au domaine de la farce pimentée des effets les plus gros, accumulés selon un rythme sans faiblesse. Cela demeure en surface même si c’est drôle.

Mais le miroir dans lequel la télé tente de nous contraindre à nous regarder est lui-même tellement déformant et déformé qu’il n’est pas inutile d’en grossir encore le trait pour que s’imposent les évidences : suivre la mode à tout et à tous prix ne conduit-il pas au ridicule et à l’uniformisation des individus ? Ne pas choisir d’être soi pour mieux être comme tout le monde n’appauvrit-il pas la vraie vie ?

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 19 août 2007

Texte : Lara Hubinont, Matthieu Donck 
Mise en scène et scénographie : Lara Hubinont
Distribution : Aline Mahaux (Holly), Jessica Batut, Grégory Carnoli 
Masques : Elisabeth Schnell 
Décor sonore : Julien de Borman et Joachim Jannin 

Production/ Théâtre Isocèle (Bruxelles)

Durée : 55’
Public : 6-9 ans

Photo © Manu Versaen
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23 août 2007 4 23 /08 /août /2007 17:35
UNE PETITE MUSIQUE DE VIE

Un petit bijou esthétique en rouge et blanc pour associer les jeux, la lecture et la musique auprès des plus petits. Une réussite impeccable où la tendresse est sans cesse présente, palpable, communicative, où tout est retenue et délicatesse.


Le sol est rouge, le sable immaculé. Le livre est écarlate, ses pages sont blanches. La violoncelliste et la danseuse sont en blanc-rouge ou en rouge-blanc. Les tasses qui serviront à la dînette sont de porcelaine bicolore. Les lampadaires sont fleuris de blancheur. Tout est à l’avenant : du pur et du passionné.

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L’harmonie domine dans les gestes, les sons, les relations. Même si, par bonheur, le spectacle ne gomme pas les petites pulsions querelleuses qui habitent chacun et surgissent par instants dans le feu du jeu, dans l’excitation d’une certaine compétition à vouloir en faire davantage pour épater ou s’imposer à l’autre.

Les sonorités de la langue, italienne puis française, bercent les oreilles avant de devenir historiette simple. Les sons de la musique ont d’abord été des sifflements et des pépiements d’oiseaux dans les bouches avant de s’épanouir sous l’archet du violoncelle. Les gestes ont commencé dans le concret des actions ludiques ou ordinaires avant de prendre un envol plastique à travers les chorégraphies.

Nous sommes plongés dans l’intemporel. Nous sommes en enfance sereine et curieuse, frondeuse et rieuse. Nous sommes en apprentissage du beau. Nous ressortirons plus neufs. Lavés des inconvénients du quotidien. Et nous aurons, en douceur, le rappel d’un retour à la réalité. Car, à la fin, après avoir jeté du sable, y avoir dessiné avec pieds et mains, en avoir mis partout, il faudra bien balayer. Mais ce sera avec des ramassettes, des brosses rouge et blanc.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy les 21 et 22 août 2007 

Texte : Création collective
Mise en scène : Charlotte Fallon 
Interprétation : Shaula Cambazzu (danseuse), Fabienne van den Driessche (violoncelliste)
Composition : Benjamin Eppe, Fabienne Van Den Driessche 
Chorégraphie : Shaula Cambazzu
Scénographie : Elisabeth Schnell 
Lumière : Frédéric Houtteman 


Production : Théâtre de la Guimbarde (Charleroi) (www.laguimbarde.be )

Durée : 45’
Public : de 1 an _ à 4 ans

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Chronique FraÎChe