13 août 2008
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COMMENT DIRE BEAUCOUP AVEC TROIS FOIS RIEN
« Ohne » ne signifie pas seulement « sans » en allemand. C’est aussi le nom d’un drôle de personnage et, à travers ses déboires, c’est un constat lucide sur les barrières institutionnelles érigées contre l’« anormalité » qui est dressé avec un humour acide dans cette pièce à l’ambiance trash.
Premier tableau. Dans les locaux d’une agence pour l’emploi, Ohne attend d’être reçu par un conseiller. La petite aiguille tourne et les numéros d’appel défilent. Quand arrive l’heure de la fermeture, personne ne s’est occupé lui. Un préposé se dévoue alors pour « traiter le dossier de Monsieur ». Une mince affaire qui se transforme vite en épreuve de patience. Impossible pour l’employé de remplir « l’indispensable formulaire bleu » tant le discours du requérant est inintelligible. Figurez-vous que celui-ci n’emploie pas de sujets. Malgré le concours de sa défunte mère, Ohne ne parviendra pas à se faire comprendre.

Deuxième tableau. Rembobinage. La même agence. La même situation ou presque. Un autre employé face à ce même Ohne. Seulement là, pas de verbes dans ses phrases.

Troisième tableau. Rebelote. Un troisième conseiller est confronté à ce même interlocuteur qui s’exprime cette fois sans compléments.

Rage against the machine
En trois tableaux, Dominique Wittorski s’attaque au mythe de l’homme « normal » dans le moule duquel la société aimerait nous voir rentrer. La scénographie est parfaitement pensée pour introduire le spectateur dans les rouages d’un mécanisme où les pièces défectueuses n’ont pas leur place. Une ambiance froide est suggérée par de la musique trash metal et un décor dont les lignes droites et les matériaux austères rappellent l’atmosphère des locaux administratifs éclairés aux néons. Seule, la chaise qu’occupe Ohne dans la salle d’attente et qui finira complètement démantibulée détonnera (comme lui) de tout ce qui l’entoure.
Le jeu des comédiens est impressionnant. Yves Arnault campe un Ohne, touchant mais pas pitoyable. Caroline Guth prête son charme à cette mère défunte et la rend bien vivante, capable d’émouvoir ou de faire sourire. Quant aux trois employés, chacun, avec ses tics et ses mimiques personnels illumine le sombre tableau dans lequel il joue. L’hilarité que provoquent certaines scènes rend imperceptible le caractère quelque peu répétitif des trois actes. La Question du Beurre enfonce donc, par trois fois, le clou avec brio et talent.
Ohne
La Question du Beurre
La Caserne des Pompiers du 4 au 26 juillet
116 rue de la Carreterie
Réservations 04 90 86 02 17
Texte et mise en scène : Dominique Wittorski
Avec Alexendre Afflalo, Caroline Guth, Raphaël Almonsi, Dominique Wittorski, Yves Arnault
Réaction du public :
« J’ai trouvé ça vraiment intéressant de la voir montée comme ça, parce que je connais la pièce mais la c’était vraiment nouveau… »
Jean-Paul, 45 ans
« Ohne » ne signifie pas seulement « sans » en allemand. C’est aussi le nom d’un drôle de personnage et, à travers ses déboires, c’est un constat lucide sur les barrières institutionnelles érigées contre l’« anormalité » qui est dressé avec un humour acide dans cette pièce à l’ambiance trash.
Premier tableau. Dans les locaux d’une agence pour l’emploi, Ohne attend d’être reçu par un conseiller. La petite aiguille tourne et les numéros d’appel défilent. Quand arrive l’heure de la fermeture, personne ne s’est occupé lui. Un préposé se dévoue alors pour « traiter le dossier de Monsieur ». Une mince affaire qui se transforme vite en épreuve de patience. Impossible pour l’employé de remplir « l’indispensable formulaire bleu » tant le discours du requérant est inintelligible. Figurez-vous que celui-ci n’emploie pas de sujets. Malgré le concours de sa défunte mère, Ohne ne parviendra pas à se faire comprendre.

Deuxième tableau. Rembobinage. La même agence. La même situation ou presque. Un autre employé face à ce même Ohne. Seulement là, pas de verbes dans ses phrases.

Troisième tableau. Rebelote. Un troisième conseiller est confronté à ce même interlocuteur qui s’exprime cette fois sans compléments.

Rage against the machine
En trois tableaux, Dominique Wittorski s’attaque au mythe de l’homme « normal » dans le moule duquel la société aimerait nous voir rentrer. La scénographie est parfaitement pensée pour introduire le spectateur dans les rouages d’un mécanisme où les pièces défectueuses n’ont pas leur place. Une ambiance froide est suggérée par de la musique trash metal et un décor dont les lignes droites et les matériaux austères rappellent l’atmosphère des locaux administratifs éclairés aux néons. Seule, la chaise qu’occupe Ohne dans la salle d’attente et qui finira complètement démantibulée détonnera (comme lui) de tout ce qui l’entoure.
Le jeu des comédiens est impressionnant. Yves Arnault campe un Ohne, touchant mais pas pitoyable. Caroline Guth prête son charme à cette mère défunte et la rend bien vivante, capable d’émouvoir ou de faire sourire. Quant aux trois employés, chacun, avec ses tics et ses mimiques personnels illumine le sombre tableau dans lequel il joue. L’hilarité que provoquent certaines scènes rend imperceptible le caractère quelque peu répétitif des trois actes. La Question du Beurre enfonce donc, par trois fois, le clou avec brio et talent.
Idrissa SIBAILLY
Ohne
La Question du Beurre
La Caserne des Pompiers du 4 au 26 juillet
116 rue de la Carreterie
Réservations 04 90 86 02 17
Texte et mise en scène : Dominique Wittorski
Avec Alexendre Afflalo, Caroline Guth, Raphaël Almonsi, Dominique Wittorski, Yves Arnault
Réaction du public :
« J’ai trouvé ça vraiment intéressant de la voir montée comme ça, parce que je connais la pièce mais la c’était vraiment nouveau… »
Jean-Paul, 45 ans