8 août 2007
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AMOURS TUMUL-TUEUSES
Dès les premiers instants le décor est planté : les partisans de deux familles, les Capulet et les Montaigu qui se haïssent depuis toujours, se livrent bataille. Un Chœur antique ouvre le bal, annonçant le drame à venir, féériquement
Pour Eric Zobel, metteur en scène qui déclare tomber amoureux tous les jours de la même femme, adapter la tragédie de Shakespeare, Roméo et Juliette, allait de soi. Il a présenté son travail mercredi 4 et jeudi 5 juillet 2007, dans le cadre de la manifestation Tout l’monde dehors !, dans la cour du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD), dans le 7e arrondissement de Lyon. La scène avait alors pour décor les platanes de la cour.
L’histoire des amants de Vérone, personnages universels, est revisitée par Eric Zobel et ses comédiens. Le texte a été réécrit, non pas modifié car tous les dialogues sont originaux, mais redécoupé afin de donner la part belle à la gestuelle et à l’espace, mis au service du récit. Une narratrice intervient régulièrement, permettant aux néophytes de ne pas perdre le fil de l’histoire. Tous les personnages empruntent à l’univers du mime, l’un davantage à celui du clown, l’autre à celui de la pantomime, un troisième à celui du hip-hop. Ce traitement résolument contemporain d’une pièce écrite en 1594 fait accéder chacun de nous directement à l’univers shakespearien et aux sentiments qui habitent ses personnages.
La musique, réalisée par Jonathan Rollet, enveloppe et charpente le déroulement de la tragédie. De simples notes de piano, tantôt en suspens, aériennes, tantôt plombées et menaçantes. Quand l’histoire s’emballe et que les haines entre fratries regagnent du terrain sur l’amour, pendant les combats, la musique devient électro et métallique.
La magie s’invite
Les costumes, modernes et stylisés, blancs et sombres, soulignent l’aspect caricatural de certains personnages. Ils pourraient aussi évoquer l’aspect de pions, des personnages, dispersés sur un échiquier.
Le Comte Paris, qui demande à Capulet sa fille en mariage, se meut comme un pantin désarticulé, avec son chapeau haut de forme, ses fines moustaches et ses courbettes. Parfois l’esprit de Buster Keaton semble planer. Roméo, le comédien Abdou N’Gom, tout en grâce féline, emprunte au langage hip-hop, dès sa première rencontre avec Juliette, lors de la fête chez les Capulet, censée donner l’occasion au Comte Paris de rencontrer leur fille.
Lady Capulet, quant à elle, se tient raide, sèche, à sa place en maîtresse femme.
Dans cette pièce, le destin, un autre protagoniste, est là, implacable, qui poursuit son lent cheminement. Il tient en haleine les spectateurs qui, pourtant connaissent déjà le dramatique dénouement. La magie s’invite au cours du récit, désarmorçant le drame et semblable à une respiration poétique : le linceul grenat sur lequel repose Juliette, feignant la mort, l’emporte et l’escamote ; le message censé prévenir Roméo, exilé à Mantoue, du subterfuge utilisé par le frère Laurent pour donner à Juliette l’apparence de la mort, prend mystérieusement feu. Le messager étourdi qui était chargé de remettre le pli (Loïc Azlo, magicien professionnel), n’y est pas pour rien.
Dans le couple emblématique, Marie Rouge apporte fraîcheur et pureté au personnage de Juliette, face à un Roméo inspiré, habité par son amour.
Eric Zobel, en choisissant de travailler avec des artistes issus de différentes disciplines, donne à la pièce et au texte de Shakespeare, tant de fois visités, un éclat nouveau, toujours universel et accessible à tous les publics.
Roméo et Juliette
Texte : William Shakespeare (1594)
Interprétation : Jean-Christophe Chapon, Andréane Jenatton, Loïc Montembault, Abdou N’Gom, Marie-Pierre Pirson, Marie Rouge, Esther Gouarne
Metteur en scène et adaptateur : Eric Zobel
Compositeur : Jonathan Rollet
Production : Compagnies Noir Clair et Arts en Scène
Vu au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation
(grande cour) 14 avenue Berthelot 69007 Lyon le 4 juillet 2007.
A la Salle Paul Garcin, Lyon 1er, du 18 au 23 décembre 2007.
Photo © Geoffroy Bourdais
Dès les premiers instants le décor est planté : les partisans de deux familles, les Capulet et les Montaigu qui se haïssent depuis toujours, se livrent bataille. Un Chœur antique ouvre le bal, annonçant le drame à venir, féériquement
Pour Eric Zobel, metteur en scène qui déclare tomber amoureux tous les jours de la même femme, adapter la tragédie de Shakespeare, Roméo et Juliette, allait de soi. Il a présenté son travail mercredi 4 et jeudi 5 juillet 2007, dans le cadre de la manifestation Tout l’monde dehors !, dans la cour du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD), dans le 7e arrondissement de Lyon. La scène avait alors pour décor les platanes de la cour.
L’histoire des amants de Vérone, personnages universels, est revisitée par Eric Zobel et ses comédiens. Le texte a été réécrit, non pas modifié car tous les dialogues sont originaux, mais redécoupé afin de donner la part belle à la gestuelle et à l’espace, mis au service du récit. Une narratrice intervient régulièrement, permettant aux néophytes de ne pas perdre le fil de l’histoire. Tous les personnages empruntent à l’univers du mime, l’un davantage à celui du clown, l’autre à celui de la pantomime, un troisième à celui du hip-hop. Ce traitement résolument contemporain d’une pièce écrite en 1594 fait accéder chacun de nous directement à l’univers shakespearien et aux sentiments qui habitent ses personnages.
La musique, réalisée par Jonathan Rollet, enveloppe et charpente le déroulement de la tragédie. De simples notes de piano, tantôt en suspens, aériennes, tantôt plombées et menaçantes. Quand l’histoire s’emballe et que les haines entre fratries regagnent du terrain sur l’amour, pendant les combats, la musique devient électro et métallique.
La magie s’invite
Les costumes, modernes et stylisés, blancs et sombres, soulignent l’aspect caricatural de certains personnages. Ils pourraient aussi évoquer l’aspect de pions, des personnages, dispersés sur un échiquier.
Le Comte Paris, qui demande à Capulet sa fille en mariage, se meut comme un pantin désarticulé, avec son chapeau haut de forme, ses fines moustaches et ses courbettes. Parfois l’esprit de Buster Keaton semble planer. Roméo, le comédien Abdou N’Gom, tout en grâce féline, emprunte au langage hip-hop, dès sa première rencontre avec Juliette, lors de la fête chez les Capulet, censée donner l’occasion au Comte Paris de rencontrer leur fille.
Lady Capulet, quant à elle, se tient raide, sèche, à sa place en maîtresse femme.
Dans cette pièce, le destin, un autre protagoniste, est là, implacable, qui poursuit son lent cheminement. Il tient en haleine les spectateurs qui, pourtant connaissent déjà le dramatique dénouement. La magie s’invite au cours du récit, désarmorçant le drame et semblable à une respiration poétique : le linceul grenat sur lequel repose Juliette, feignant la mort, l’emporte et l’escamote ; le message censé prévenir Roméo, exilé à Mantoue, du subterfuge utilisé par le frère Laurent pour donner à Juliette l’apparence de la mort, prend mystérieusement feu. Le messager étourdi qui était chargé de remettre le pli (Loïc Azlo, magicien professionnel), n’y est pas pour rien.
Dans le couple emblématique, Marie Rouge apporte fraîcheur et pureté au personnage de Juliette, face à un Roméo inspiré, habité par son amour.
Eric Zobel, en choisissant de travailler avec des artistes issus de différentes disciplines, donne à la pièce et au texte de Shakespeare, tant de fois visités, un éclat nouveau, toujours universel et accessible à tous les publics.
Anne BARBIER (Lyon)
Roméo et Juliette
Texte : William Shakespeare (1594)
Interprétation : Jean-Christophe Chapon, Andréane Jenatton, Loïc Montembault, Abdou N’Gom, Marie-Pierre Pirson, Marie Rouge, Esther Gouarne
Metteur en scène et adaptateur : Eric Zobel
Compositeur : Jonathan Rollet
Production : Compagnies Noir Clair et Arts en Scène
Vu au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation
(grande cour) 14 avenue Berthelot 69007 Lyon le 4 juillet 2007.
A la Salle Paul Garcin, Lyon 1er, du 18 au 23 décembre 2007.
Photo © Geoffroy Bourdais