BISCUIT CHINOIS ÉLECTRONIQUE
Une caissière hypersensible à la solitude des gens de son quartier et son ami inventent une machine à recueillir les confidences ou "Douze personnages en quête d'humanité".
Pour 2 $, on a 2 minutes pour raconter ce qu'on veut au « Psychomaton » qui dispense ensuite des aphorismes parfois justes et parfois loufoques. Alors, on voit défiler une douzaine de personnages, des gens simples dont la vie dans un quartier populaire n'a rien de palpitant et qui ont en commun une trop grande solitude.
Ce confessionnal automatique est une idée de Josée, caissière de station- service en proie à des questionnements existentialistes qu'elle peine à appréhender. Elle les matérialise par une compassion aussi exacerbée que brouillonne à l'égard des gens du quartier. Josée, qui veut rendre le monde meilleur, a demandé à Polo, un brave garçon un peu dépassé par les interrogations de celle qu'il aime sans qu'elle s'en rende compte, de l'aider à construire le Psychomaton. Celui-ci espère bien que cela va les rapprocher...
Au fur et à mesure que le dispositif prend forme, les nombreux personnages, très différents les uns des autres, se confient. Les comédiens, excellents, en incarnent chacun plusieurs avec brio. Sous des dehors parfois drôles, le texte ludique et enlevé d'Anne-Marie Olivier aborde de sérieuses questions sur le monde dont celle, et pas la moindre, de l'atomisation de nos sociétés.
Photomaton de l'âme
Le spectacle a été créé à Québec en 2007 à l'instigation du Groupe Ad hoc, dont c'est le 2ème projet. La mise en scène de Véronika Makdissi-Warren orchestre avec fluidité les allers-retours entre la construction du Psychomaton et les confidences\monologues des nombreux personnages à leur aise dans un décor au service du propos de la pièce. L'utilisation parcimonieuse de la vidéo permet d'introduire une intensité dramatique « en-cadrant » quelques confessions qui prennent une toute autre importance.
Mais voilà. Les inventeurs doivent se rendre à l'évidence, leur 'photomaton' de l'âme, ça ne fonctionne pas. Pour finir, chacun se retrouve seul face à soi-même. Polo lui-même s'est lassé d'espérer que Josée, qui prétend avoir troqué « l'amour personnel pour l'amour universel », s'aperçoive des sentiments qu'il a pour elle. Peut-on vraiment attendre de la technologie qu'elle remonte le moral des êtres humains, qu'elle crée du lien, qu'elle nous entraîne hors de l'incommunicabilité ?
C'est la panne du Psychomaton qui va finalement permettre des rencontres…
Garance LAZULI (Montréal)
Le Psychomaton
Jusqu'au 7 mars au Théâtre d'Aujourd'hui à Montréal
Texte : Anne-Marie Olivier
Mise en scène : Véronika Makdissi-Warren
Interprétation : Paul-Patrick Charbonneau, Hélène Florent, Érika Gagnon, Éric Leblanc, Édith Paquet
Assistance à la mise en scène et régie : Christian Garon
Décor et accessoires : Élise Dubé
Costumes : Julie Morel
éclairages : Christian Fontaine
Environnement sonore : Jean-Sébastien Côté
Conception vidéo : Mario Villeneuve
Assistance aux costumes : Vanessa Cadrin
Photos © Mario Villeneuve