Composé d’un slammer fou et de deux acolytes multi-instrumentistes, l’Assemblée se propose, pendant plus d’une heure, d’improviser en paroles et en musique sur des mots livrés par le public lui-même. Un spectacle frais et drôle.
Voilà un spectacle original, né de l’éclosion du slam au grand jour, il y a plus d’un an maintenant, avec son représentant le plus médiatique, Grand Corps Malade. Si le slam a ses codes bien précis (un bar, un slammer, un texte), tout artiste digne de ce nom se doit de transgresser les normes et d’apporter un souffle nouveau à son art. C’est exactement ce que font Arthur Ribo (sic) et ses comparses de l’Assemblée avec leur spectacle qu’ils présentent tous les dimanches soir au théâtre des Blancs Manteaux. Car si la troupe a choisit de s’appeler l’Assemblée, c’est pour une raison bien précise. Composée du slammer Arthur Ribo et des musiciens Raphaël Aucler et Victor Belin, son but est de créer un spectacle interactif, voir participatif, pour reprendre une expression chère à une candidate à l'Élysée.
Les spectateurs, lors de leur entrée en salle, sont invités à écrire un mot ou une expression sur un papier que récolte Arthur Ribo dans son chapeau. Le slammer demande alors à un spectateur d’en tirer un au sort, il le lit à haute voix et se propose d’improviser sur le mot en question. Les musiciens, munies d’instruments, tous plus étonnants les uns que les autres, se chargent de traduire l’atmosphère et d’assurer le tempo du slammer dans ses pérégrinations verbales.
L’Assemblée mêle ainsi toutes sortes de spectacle vivant, du théâtre d’improvisation au concert, lequel se veut parfois rock, jazz, hip hop et souvent électro, le tout mené par un slammer fou, jamais avare de bons mots, capable des rimes les plus improbables sur des thèmes auxquels seuls des spectateurs malveillants ont pu penser. Pour Arthur Ribo, le mot « baliverne » devient ainsi l’occasion de raconter un voyage à « Bali, tel Jules Verne dans son tour du monde en 80 jours », et de se souvenir d’une conversation avec un chauffeur de taxi indien. L’improvisation passe alors du français à un anglais très approximatif, « but it’s a true story, it’s not a baliverne my friend ». Cà part dans tous les sens, çà n’a ni queue ni tête, mais il est quand même beaucoup question de la première partie de l’expression. Car si au théâtre, « on est coincé du c… », du "séant" disons, il est grand temps de nous lâcher un peu, semble nous dire l’Assemblée. On rit donc franchement devant autant de fraîcheur et de décontraction, de tournures de phrases alambiquées et d’approximations réussies. Personne, surtout pas eux, n’ont prétendu révolutionner quoi que ce soit, seulement il est temps selon eux de s’amuser de rien, de sentir que c’est encore possible de revendiquer l’amateurisme comme une bouffée d’air frais, qu’on peut encore se permettre de monter sur une scène pour y raconter n’importe quoi. Avec du cœur et du talent, le pari est réussi.
L’Assemblée, trio d’impro slam et musique
De et avec Arthur Ribo, Raphael Aucler, Victor Belin
Au Café théâtre des Blancs-Manteaux, 15 rue des Blancs Manteaux (Paris 4ème)
Réservations : 01 48 87 15 84
Tous les dimanches soirs à partir de 19h30 (prolongation en février 2007).