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Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

7 août 2008 4 07 /08 /août /2008 15:33
 UNE PASSIONNANTE THEATRO-CONFERENCE

Le centenaire d'Olivier Messiaen est le prétexte de nombreuses célébrations et hommages.
Et tout particulièrement à Avignon où il naquit en décembre 1908. Ne sachant, au départ, comment aborder le sujet, Bertrand Hurault a fait de sa démarche de chercheur le fondement même de son spectacle qui est une véritable compilation de documents de toutes natures.

Ayant décidé de ne point suivre le déroulement chronologique de la vie du compositeur, Bertrand Hurault nous présente, marchant à taton, un ensemble un peu éclaté mais où, comme les pièces d'un puzzle, chacun des éléments finit par trouver sa place pour constituer une savante et formidable mosaïque. Et c'est passionnant !... Pour ceux qui ne connaissent
rien du musicien et de son oeuvre comme pour ceux qui en ont plus que quelques notions...

Messiaen a eu une enfance très heureuse (féerique, disait-il) avec des parents qui ne s'opposèrent jamais à sa vocation irrésistible de musicien. A dix ans, il reçut en cadeau la partition de « Pelléas et Mélisande » de Claude Debussy.

Presque mystique (« je suis né croyant » disait-il), il fut un anti-intégriste farouche (« quelle que soit la religion, on ne peut être croyant si l'on n'est pas tolérant »), il étudia beaucoup le chant des oiseaux (« écoutes-les, ce sont de grands maîtres », lui avait dit Paul Dukas, son professeur).

Il faut absolument aller  écouter Bertrand Hurault et le voir faire de son itinéraire sur les pas de Messiaen la matière même d'un spectacle très intéressant, certes non exhaustif mais d'une prodigieuse richesse.

Henri LEPINE (Avignon)

Théâtre des Carmes, Tous les jours à 14h jusqu'au 2 août 2008.
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6 juillet 2008 7 06 /07 /juillet /2008 22:22

ENTREPRISE COLLECTIVE

L’union fait la force. C’est en substance la stratégie adoptée par cinq jeunes metteurs en scène
bordelais issus de la promotion 2006 de la Licence Arts et Spectacles de l’Université Michel de Montaigne, qui ont décidé de proposer leurs projets de concert au sein de deux soirées sous forme de parcours. Des univers encore bancals mais inspirés, qui donnent envie de voir la suite.

Ca commence par la ballade dans la nef, avec une proposition très iconoclaste : une déclaration d’amour à l’huître, sous le titre Organik in Cathodhuitre. La séquence d’introduction en vidéo est une perle de non-sens et de poésie : le mollusque y est décliné sous tous les registres (biologique, amoureux, philosophique), avant de se matérialiser sur scène – une actrice dans un costume bien encombrant. « Jouer une huître m’a permis de me faire un nom », nous dit-elle, « mais maintenant j’aimerais bien faire autre chose ». Rires de la salle, mérités. Et puis lentement, le spectacle glisse sur un autre registre, plus grave, plus introspectif. Chacun des cinq interprètes dévoile ses petits plaisirs coupables ou innocents, ses failles. Quel rapport avec l’huître ? Aucun en fait, si ce n’est la comédienne qui intervient régulièrement en fil rouge au cours de cette entreprise confessionnelle, tour à tour en huître, ciré et finalement dans ses habits quotidiens. Les autres figures – la boxeuse, la patineuse, l’équilibriste, l’anorexique – nous ramènent à autant d’états du corps et de l’esprit : la colère, le rejet de soi, la foi, le combat permanent. Un crescendo bien mené, qui s’achève sur un « je ne peux pas… » repris en cœur par les protagonistes, pour mieux exprimer l’espoir dans l’empêchement. Le travail de Marianne Stenger véhicule une énergie communicative, pas toujours canalisée, parfois maladroite, mais empreinte d’une maîtrise palpable.

Ambition et rigueur mais aussi exercice de forme

Autre idée stimulante du Projectif : investir les espaces non dédiés au jeu, à l’image de la maison du TNT, habituellement utilisée pour loger les artistes. Camille Adam met ainsi en scène ces espaces de vie comme autant de niches intimes où l’on découvre, dans la position de voyeurs malgré nous, les micro-univers du couple dans l’incommunicabilité, de l’artiste en panne d’inspiration, de la beauté à l’épreuve de la vieillesse… L’idée est bonne, l’exécution séduisante mais le propos trop court – le choix de réunir des scènes de vie privée dans le cadre tout indiqué d’une « maison » ne se substitue pas à l’écriture d’une trame globale pour les relier entre elles et à une réflexion plus appuyée sur la circulation du public, assez anarchique. Lorsqu’on arrive sur le perron du jardin, l’excitation retombe quelque peu devant l’exposition de plasticiens au travail qui s’avère rapidement fastidieuse. Ce segment du Projectif n’évite malheureusement pas l’écueil du concept pour le concept.

En troisième partie, place à Elise Simonet et son Exutoire. Sur un texte de Gianni Fornet, les interprètes nous rejouent le créateur face aux affres de la création – et à l’insatisfaction de ses créatures en rébellion. De cette mise en abyme assez classique, la jeune metteur en scène tire un spectacle emballant, joute verbale à cinq, voire quatre contre un où le « créateur » se trouve peu à peu dépossédé de son objet par ses « créatures » qui réclament plus d’humanité et de concret dans ses élucubrations sur le couple, l’amour, le sexe. Ici, le phrasé chasse sur les terres du slam avec tact, et la scénographie se construit comme une géométrie des corps, délimitée par les pieds de micros et les fragments de lumière. On pense très fort aux travaux de la compagnie Fractions et de Galin Stoev (Oxygène, Genèse 1 & 2), ce qui est une référence dont il n’y a pas à rougir. Tout comme l’ensemble de cette première sortie publique officielle du Projectif, qui empreinte à ses aînés avec respect, sans oublier d’affirmer son indépendance artistique. Vivement la suite.

Xavier QUERON (Bordeaux)

Le Projectif Organik in cathodhuitre de Marianne Stenger
Et puis les artisans de Camille Adam
Exutoire d’Elise Simonet



27 & 28 juin 2008, TNT-Manufacture de Chaussures, Bordeaux.

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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 09:50
UNE HORRIBLE FAMILLE

En Russe, Semianyki désigne la famille et il faut reconnaître que certaines ont vraiment quelque chose de particulier. La troupe Teatr Licedei de Saint Petersbourg est venue au Printemps des Comédiens pour en dresser un tableau. 

Impossible de ne pas rire devant ce truculent contexte familial au combien porteur d’une esthétique singulière et de surcroît libéré de toute parole. Car c’est de mime, de mimiques, de roulement de croupe, de mouvements d’yeux dont il sera ici question. De ses clins d’œil intimes incarnés par une mère enceinte jusqu’au cou à cette indifférence maritale empreinte d’une invraisemblable lâcheté, c’est une famille de dingues qui nous a été présentée. Car là, il faut l’avouer le trait est quand même un peu forcé sur la caricature. 



Cette famille singulièrement rude, affublée de trois enfants, et d’un quatrième à naître, vit des moments chargés d’enjeux. La fuite et l’alcoolisme du père, la lutte de la mère pour donner au groupe sa cohésion, l’arrivée d’un nouveau né sont des moments porteurs de conflits. Plantés au milieu d’un décor pour le moins surréaliste, une pendule dont les aiguilles sont des jambes de poupées, des jouets mutilés posés ça et là sur le devant de la scène, soulignent l’incontestable cruauté de l’être à la façon d’un certain « Chien andalou » de Bunuel.

De situations de crises en atmosphères troublantes, c’est une lutte pour le pouvoir qui s’instaure finalement. L’existence a ceci de particulier qu’elle offre à chacun de saisir sa place dans l’ordre des choses. S’en suivent des moments qui conjuguent cocasserie, ironie, et trivialité avec un humour à décaper la bêtise du monde. Voilà qui brise la barrière entre les comédiens et le public seulement dans la modulation du mouvement avec un grotesque et un tragi-comique débordant de vitalité.

L’énergie se déploie ici à grandes enjambées pour s’approprier l’ensemble de l’espace théâtral. Elle le dépasse même pour traverser le public de sa dérision. L’imagination suit le même chemin pour rencontrer parfois de drôles de vampires des ténèbres tout droit issus de l’histoire de la filiation. Telles des poupées désarticulées, les figures clownesques que l’on peut tenter de rapprocher de l’univers du peintre Chagall, bondissent dans l’espace de l’observateur. Autant dire par là qu’elles traversent la scène.

Une joyeuse pantomime

Le jeu des acteurs ouvre la porte d’un monde sensible et insensé mais au combien intelligent. Et, comme une toile à plans multiples, la pièce séduit par son aspect hors des marges. La présence d’un piano défoncé comme lieu de passage des membres de la famille semble être une autre piste de lecture donnée aux personnages pour se faire comprendre.

Il faut reconnaître la marque de l’absurde, notamment dans les jeux avec le public qui ne semblent pas avoir de relations directes avec le contexte mais portent à rire. Un peu comme ses moments impromptus, ces quiproquos ou ses trahisons qui se vivent en famille. Dans cette fresque sociale sans dessus dessous se dessine un langage inimitable mais pourtant accessible à tous. Il est aussi simple qu’attachant. Un déconstruit qui désintègre et surplombe à la fois la réalité même.

Christelle ZAMORA (Montpellier)


Vu au Printemps des Comédiens
Les  24, 25, et 26 juin 2008

Création collective de la troupe du Teatr Licedei
Direction de l’académie de clown : Anna Orlova, Anvar Libabov
Directeur de la troupe et scénographie : Boris Petrushansky
Doyen de l’académie de clown : Victor Soloviev
Manager : Valery Mineev
Lumières : Valery Brusilovskiy
Son : Sergey Ivanov
Plateau : Nikolay Orlov et Murad Kutuev
Costumes : Anna Mamontova
Interprètes : Valery Hamidou et Raphaëlle Brui
Avec : Olga Eliseeva, Alexander Gusarov, Marina Makhaeva,
Yulia Sergeeva, Kasyan Ryvkin,
Elena Sadkova
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29 juin 2008 7 29 /06 /juin /2008 23:25
ITINERAIRE D’UN ENFANT TERRIBLE (CHANTIER)

Drôle d’objet théâtral entre récit autobiographique et poésie surréaliste, Mission Balbuzard lorgne du côté de Bukowski et révèle un potentiel indéniable mais pas encore tout à fait maîtrisé ; la création et le bonhomme n'en restent pas moins à suivre.

Lionel Ienco est plus connu pour ses contributions comme comédien avec les compagnies Bougrelas (FFTS – Fédération Française de Théâtre Sportif) ou Opéra Pagaï (80% de Réussite, Safari Intime). Avec Mission Balbuzard, il laisse libre cours à un cheminement plus personnel. Ecrivain de l’ombre lorsqu’il n’est pas en tournée, il nourrit depuis longtemps le désir de porter ses textes sur scène. Il dévoile, à l’occasion de l’édition 2008 du festival Chahuts, un spectacle en chantier en forme de one man show « destroy » où il se livre corps et âme, à travers des épisodes choisis de sa biographie. Si le propos est assez riche et émouvant pour toucher le quidam, l’ensemble apparaît souvent comme un patchwork qui manque encore de liant.

L’homme nous accueille gominé en train de passer l’aspirateur dans son espace de jeu – son chez-lui.

On entre ainsi de plein pied dans l’univers intime de Lionel Ienco, dans son « cerveau », car ainsi qu’il le révèle lui-même, il compare sa démarche à celle mise en œuvre par Spike Jonze dans le film Dans la peau de John Malkovich. La pièce commence sur un mode d’adresse directe aux spectateurs, histoire d’expliquer le titre intrigant du spectacle.  Balbuzard  pour le rapace pyréen en voie de disparition – « comme l’espèce humaine » – mission  pour « l’objectif qu’on s’est donné pour devenir ce que l’on a envie d’être ». Le côté hors-jeu de ce prologue nous implique comme les témoins-voyeurs privilégiés de ce qu’il va nous être donné à voir sur le plateau. Mais là aussi se niche une première faiblesse de l’architecture dramaturgique. Si le côté mission est exploité à travers ce qui va suivre, le côté balbuzard restera cantonné à ce préambule.

Une démarche à la Bukowski, prise au piège du soliloque

La première moitié du spectacle raconte une histoire indémodable, très romanesque : la jeunesse, le départ pour la guerre, et le retour au village des origines. Lionel Ienco est un voyou qui nous narre ses virées en voiture tape-à-l’œil, son dépucelage, ses soirées enivrées. Tout cela avant de devenir un homme, un vrai, avec l’armée, et la guerre en ex-Yougoslavie. On s’y croit. Après le conflit armé vient le conflit intérieur, traduit par un combat de boxe enlevé où le comédien s’affronte lui-même avec des gants – « à ma gauche moi-même, à ma droite moi-même ». Et se conclut par un status quo : « c’est plus simple de gagner contre soi-même, plus simple de perdre aussi, le vrai problème c’est l’arbitrage ». Intervient la figure du père, parti trop tôt, avant de s’être réconcilié avec son fils. Jusque-là, c’est un crescendo qui nous tient en haleine, servi par des textes mêlant réalisme et une poésie à la Michaud.

C’est à partir de cet épisode paternel que le propos se délie, et que l’on lâche un peu l’affaire devant un spectacle qui semble partir en roue libre. Pour cause, Mission Balbuzard est composé de textes écrits au cours des années, et l’assemblage est parfois précaire. Ici, un portrait de l’idiot du village massacré par des petites frappes comme dans un remake d’Orange Mécanique. Là, un épisode complètement surréaliste tout droit sorti d’Alice au Pays des Merveilles où le lapin a été substitué à un écureuil alcoolique…. Et puis il y a aussi la nymphe, femme parfaite inaccessible, qui débarque telle une chimère, comme dans cette scène de hold-up qui conclut une variation sur la société bling bling. Boulimie de l’homme au trois casquettes (auteur, metteur en scène et comédien) qui veut en dire trop pour sa première expérience solo ? On frôle le trop plein, et les enchaînements sont très aléatoires. Une image reste cependant : celle de l’écrivain maudit au génie créatif, référence bukowskienne passionnante mais trop vite mise à l’écart.

Mission Balbuzard, pour sa première sortie publique, séduit par la performance : Lionel Lenco a le magnétisme essentiel à l’exercice et de la « gouaille » à revendre – croisement improbable de phrasé à la manière d’Audiard pour déclamer un vague à l’âme lumineux dans sa noirceur à la Cioran. Mais le choix d’une narration labyrinthique et une maîtrise encore fébrile du passage du texte à la scène fragilisent encore, ce qui, n’en doutons, pourra se révéler, avec le temps et les représentations, un joyau iconoclaste.

Xavier QUERON (Bordeaux)

Mission Balbuzard, chantier du 14 juin 2008 à l’Imprimerie, festival Chahuts.
Prochaine date prévue au Nombril du Monde, Pougne-Hérisson (79), à confirmer.

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28 juin 2008 6 28 /06 /juin /2008 10:54
LA RELIGION, REMEDE AU DESESPOIR ?

" Deux personnes pour faire un couple heureux, ce n'est pas assez " disait Léo Campion. Dans le cas d'Elvire et Franklin, à peine trentenaires mais déjà lassés de leur vie de couple, l'amour ne pourrait effectivement bien tenir qu'à une intrusion... mais pas celle que l'on croit.


Deux personnages attendent l'arrivée de la baby-sitter afin de se rendre à un dîner. Ladite baby-sitter est en retard et ne viendra d'ailleurs jamais : le temps se fait long, Elvire et Franklin meublent ce temps mort qui semble durer entre eux depuis plusieurs années en réglant leurs comptes, histoire de masquer leur peur d'être en fait déjà vieux, de se connaître trop. "Treize ans de vie conjugale, mais où sont les feux de Bengale?" : le leitmotiv revient sans cesse dans la bouche de l'un et l'autre, refrain désabusé dans un discours tour à tour acide et amer, confrontation provocatrice de deux personnes qui ne savent plus comment s'aimer.

Sœur Epinette fait alors intrusion dans leur vie pour se charger de leur énoncer leurs vérités. La religieuse exaltée offre au couple une distraction à leur étouffement et provoque une prise de conscience en forme de combat idéologique, faisant naître un malaise grandissant en n'hésitant pas à se battre avec les armes de ses ennemis pour les déstabiliser et leur montrer que les croyances ne vont pas forcément de paire avec l'innocence...


Ayant affronté ce qu'il n'osait pas dire, le couple retrouve sa complicité : en croyant salir la sœur par mépris ils n'auront sans doute fait que de nettoyer leurs propres consciences...

La fidélité, adultère par la pensée

Un mari obnubilé par son "complexe de la baby sitter" ou sa volonté d'aller "voir ailleurs" pour échapper à sa routine, une femme désabusée qui se défend tant bien que très mal et une sœur pas si prude : pour cadre de cette comédie sur les mœurs amoureuses, Daniel Chambet-Hitier a choisi un café, laissant ses personnages évoluer au milieu des spectateurs devenus meubles, dans une interprétation sans prétention mais efficace. Peu d'effets impressionnants, seulement un décor pensé pour se fondre avec le lieu : l'on assiste aux scènes de l'intérieur, pris à parti sans cesse au milieu de cette guerre idéologique.

Elvire et Franklin, interprétés respectivement par Carine Koegler et Fayssal Benbahmed, contribuent à nous faire entrer dans l'histoire par leur jeu simple, parfois surjoué mais rarement faux, nous présentant seulement un couple ordinaire dans une situation ordinaire. Nathalie Mercier, quant à elle, excelle dans la peau de sœur Epinette, tantôt survoltée, habitée par la foi à en faire peur, tantôt faible et mise à nue dans cette faiblesse. 

Obaldia nous parle ici de tolérance et met le doigt ici sur une de nos faiblesses : vouloir croire à tout prix, et le spectateur concerné se laisse prendre au jeu de se croire dans la scène, suivant les événements en tant que personnage extérieur impuissant mais impliqué.

 Malgré un apparent amateurisme, les interprètes de cette comédie douce-amère nous font rire, jaune parfois, mais aussi réfléchir durant une heure et demie: jolie réussite dans cet exercice de style pour Daniel Chambet-Hitier et ses acteurs.

 
                                Juliette ZELLER (Strasbourg)

La Baby-sitter de René De Obaldia
Mise en scène de Daniel Chambet-Hitier,
Avec Nathalie Mercier, Carine Koegler et Fayssal Benbahmed,
Les 17,18,19,25,26,30 juin et 1,2,3 juillet 2008 au restaurant de la Victoire,
24, quai des pêcheurs, Strasbourg
Réservations au 03 88 22 94 71
Photo  © Daniel Chambet-Ithier




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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 19:07
LE THEATRE D’ART A L’HONNEUR

Comme chaque année, la famille de Paul Claudel accueille au château de Brangues les passionnés de Claudel mais aussi ceux de Rimbaud, Mallarmé, Césaire et Maeterlinck, ce qui constitue une nouveauté. Une évolution qui en annonce d’autres, notamment la création d’un centre culturel.

Ainsi du 27 au 29 juin 2008, sous la houlette de Christian Schiaretti,  président de l’Association pour un centre culturel de rencontres à Brangues mais également directeur du TNP, il est question cette année d’interroger le « théâtre d’Art » cher à Claudel, sous la forme d’expositions, d’entretiens, de spectacles et de films en divers lieux du château de Brangues.


Car aller à Brangues, c’est d’abord « aller au château », rappelle Christian Schiaretti lors d’une conférence de presse donnée début juin au Studio Théâtre à Paris. Dans ce domaine familial, ces « rencontres » de « poésie dramatique » se font à l’orangerie, à la ferme, dans la cour, dans le parc ou « sous le tilleul ». Une géographie on ne peut plus ancrée dans la terre et dans la poésie, c’est-à-dire typiquement claudélienne…

Un centre culturel à l’étude

« L’Association Pour un centre culturel de rencontres à Brangues que j’ai l’honneur de présider depuis 2005, propose chaque année de mettre en lumière la poésie dramatique selon trois axes : l’exégèse, la transmission et l’élaboration de formes inédites à partir de l’œuvre de Paul Claudel. Les précédentes éditions ont défendu Un théâtre du poème (2005), Une scène pour dire (2006) et La Scène et le Monde (2007). Ces nouvelles Rencontres s’inscrivent en préfiguration des activités du futur centre culturel de rencontres actuellement à l’étude. »

Selon Schiaretti, la modernité du théâtre, c’est son archaïsme. « Les métiers du théâtre sont usés par la propagande destructurantielle actuelle. C’est la question du théâtre d’art, que l’on a oubliée. De Copeau à Vilar, il y a une cohérence du plateau. Après je ne la comprends plus. Quand le théâtre public est dans un tel désarroi, on est en droit de se poser cette question. »

Cette année l’invité d’honneur sera Michaël Lonsdale. Parmi les intervenants attendus, citons Béatrice Dalle (comédienne), Denis Podalydès (comédien), Gilles Blanchard (comédien, metteur en scène, réalisateur), Vladimir Agueev (metteur en scène), Ekaterina Bogopolskaia (journaliste, critique de théâtre), Jean-François Dusigne (historien), etc.

Laetitia HEURTEAU (Paris)

Rencontres de Brangues 2008
27- 28- 29 juin
Château de Brangues
38510 Brangues (par Morestel)
Tel : 04 78 30 75 74

Pass Rencontres (2 ou 3 jours) : 30€
Tarif réduit : 20€
Pass journée : 18€

Buffet à 18€ (sur réservation uniquement)
Camping sur place possible sur demande.

Pour le programme complet :
www.paul-claudel.net
 
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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 18:38
L’ESPACE A CORPS ET A CRIS

L’éblouissante création de la compagnie Nofit State Circus, originaire du Pays de Galles, a été programmée au Printemps des Comédiens plus d’une semaine sous un étrange chapiteau. Mais cela n’est rien, le plus troublant, c’est une fois dedans.

En vingt ans, la compagnie Nofit State Circus s’est taillée une réputation dans l’univers du cirque contemporain. Et dans cette œuvre surnommée « Tabù, à l’orée du monde sauvage », entendez par là une question de tabou, le spectateur est debout participant de facto à la création. Tels des oiseaux se livrant à des sauts excentriques au sein d’une immense volière, les membres de la compagnie ont fait leur show au beau milieu d’un public égaré. Si déjà, dans un précédent spectacle intitulé ImMortal, la mise en scène de l’italienne Firenza Guidi et le travail de la compagnie avaient surpris par une pratique rare des arts du cirque, Tabù plonge encore dans un univers fantastique. La question ici posée étant de s’interroger sur l’attirance de la nature humaine pour le côté obscur des choses. Autant dire d’emblée que Tabù entend par là montrer son coté sombre.


Pourtant c’est la tête dans les étoiles qu’il impose à chacun de trouver son chemin, son spectacle. Cet insolite ballet aérien, véritable météorite, en a surpris plus d’un tant il excelle dans le mélange des genres. De ses oiseaux enfermés sous chapiteau se dégagent une énergie subtile et rocambolesque, un humour criard affublé de culbutes palpitantes. Marchant sur un fil, pendus à une corde, les artistes intègrent l’espace tous azimuts renversant leurs corps cul par-dessus tête. Mêlant à merveille le yin et le yang, le doux et le cruel, l’agréable et le dissonant, dans les airs comme ausol, les acrobaties sont tantôt graves et viriles, tantôt souples et fragiles. Tandis que des musiciens plantés sur scène lâchent des sons à pleine bouche, les chorégraphies semblent toujours visiter un nouveau genre tour à tour baroque, muet, théâtral, fou ou surréaliste. A l’insolite des tableaux s’ajoute un chaos aérien quasi volcanique, sans chute et sans façon.

Un spectacle total

Une voltige au trapèze volant qui déchire, des duos emplis de poésie, un règne aérien féminin, avec en prime ce parfum effronté qui fait du naïf un esclave : voilà qui sait s’imposer à la vue. Et ce sens est ici captivé, saisi, figé par un dédale de sauts et de postures dont il cherche à saisir la véritable portée. Mais à quoi bon vouloir donner une conscience à ce qui soulève le cœur, procure du plaisir, ébranle les sens. L’univers du cirque est ici fantasmé dans une débauche de cris et de corps. Ces numéros sont d’une belle facture et ne négligent pas l’apparence. C’est peut-être encore ce contraste entre le raffinement des costumes et le coté sauvage ou primitif de l’être qui a tant subjugué. Quoi qu’on en dise, c’est une sacrée performance. 

Christelle ZAMORA (Montpellier)

Tabù
Au Printemps des Comédiens
Du 11 au 21 juin 2008
Tel : 04.67.63.66.66
 
Auteur et mise en scène : Firenza Guidi
Musique/ Composition : Peter Reynolds
Les musiciens : Immortal Orchestra
Les artistes :
Howie Morley, Barnz Munn,
Lyn Routledge, Shaena Brandel,
Simon Darling, Bryony Black,
Jaakko Tenhenun, Zoe Munn, Marco Fiera, Gareth Bailey, Katarina Rosen, Kate Thomas, Johan Bodin, Freya Watson, Kevin McIntosh,
Marcella Manzilli, Natalia Fandino
Responsable travail au sol : Marco Fiera
Responsable du site : Tim Adam
Producteur et directeur de tournées : Tom Rack
Coproducteur : Ali Williams
Production : Nofitstate© avec le soutien de l’Arts Councils
of England and Wales
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16 juin 2008 1 16 /06 /juin /2008 00:27
UN MOLIERE QUI  ETONNE
 
Le Printemps des comédiens accueille cette année des compagnies régionales dont certaines sont issues de l’École Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier dirigée par Ariel Garcia-Valdès. Parmi elles, La Compagnie de la Chèvre à Cinq Pattes (la CCCP), laquelle sera également en résidence au Théâtre Jean Vilar à la rentrée prochaine, a présenté un projet franco-malgache sous l’impulsion de Daniel Bedos, directeur du festival.

Parti s’immerger dans la culture malgache, Hervé Dartiguelongue, le metteur en scène de la compagnie en a ramené Féla et Haingo, deux comédiens et Hanitra, une chanteuse. A Madagascar, il a découvert les traditions du pays à travers notamment deux rassemblements populaires. D’abord le Famadihana qui consiste à déterrer les morts tous les cinq ans afin d’en changer le linceul, puis l’Hira Gasy, lequel est un opéra populaire chanté par des paysans, ce dernier escortant le premier. 


Et, après un long travail d’échange, le projet croisé s’est construit avec la double finalité de vouloir imprégner la mise en scène de la si classique pièce de Molière, poudrée du folklore et de la modernité de notre monde actuel. Il en ressort deux précieuses, l’une malgache, l’autre française, toutes deux bien joliment mises en beautés. Deux valets ma foi très arrogants et deux maîtres tout aussi surprenants !

Mais le plus déroutant, outre Mascarille aux prises avec ses rêves et ses cauchemars, c’est sans doute le chant de Hanitra, cette très belle  malgache qui traverse les scènes de sa voix enchanteresse. Le temps est comme suspendu à ses cordes vocales. Sans en comprendre forcement le sens, ses poèmes chantés et ses onomatopées, confèrent à la pièce un rythme, une profondeur qui poussent à réfléchir sur la condition des femmes dans le monde.

C’est sans doute dans cette voix que se dissimule le plus ingénieux trait de la mise en scène, dans ce qu’elle a de sensuel et de singulier. Au fond, ce qui se joue ici n’est qu’une question de pouvoir entre le sexe dit fort et l’autre faible. Un rapport de domination qui se termine avec violence et humiliation dans une comédie tout de même bien escortée par les hommes. Cette part d’exotisme ajoutée à la langue de Molière donne une version des précieuses envoûtante et fraîche. On peut admirer le mérite qu’ont eu les comédiens à se faire entendre, car la pièce s’est déroulée quatre soirs durant, en plein air.

Christelle ZAMORA (Montpellier)

Les Précieuses ridicules (Molière)
Au Printemps des comédiens
Mise en scène: Hervé Dartiguelongue
Avec Élodie Buisso, Fela Karlynah Razafiarison, David Léon, Richard Mitou, Haingo Ratsimbazafy, Frédéric Roudier, Vincent Fabre
Chorégraphie: Haingo Ratsimbazafy
Dramaturgie: Catherine Ailloud-Nicolas
Scénographie: Marion Legrand
Création des costumes: Marion Legrand, assistée de Camille Choukroun
Création lumières: Rosemonde Arrambourg en collaboration avec David Debrinay
Création sonore: Hanitraviro Rasoanaivo-Anderson
Régie générale: Nicolas Hénault
Administration et production: Delphine Majoral
Coproduction : Le Printemps des comédiens, le Théâtre Jean-Vilar.
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15 juin 2008 7 15 /06 /juin /2008 22:50
SENSUALITÉ AFFIRMÉE MAIS PROPOS ALLUSIF

C’est bien à un spectacle abouti sinon achevé que nous avons pu assister en avant-première. Abouti, car la mise en espace, en lumière et en voix témoigne d’un réel professionnalisme. Inachevé malgré tout parce que l’auteur poursuit son travail jusqu’à la dernière seconde, jusqu’au festival 2008 au moins...


Et il a raison, car ce spectacle ambitieux n’atteint pas vraiment son objectif pour l’instant. Syncrétique, et se présentant comme tel, Miss Knife peut se voir au premier degré, comme un spectacle de cabaret, réjouissant pour l’oeil et pour l’oreille. Néanmoins, l’humour grinçant et les démythifications systématiques à la Guitry ou à la Cocteau (« Tout est faux ») lui donnent une profondeur de champ, une distanciation, un arrière-plan, dont il faut avoir les clefs, qui seules assureront la pleine portée de la pièce.


Un condensé de l’univers d’Olivier Py

Les clefs, ce sont ni plus ni moins celles de tout un univers. Miss Knife, dont Olivier Py, son créateur-interprète, n’a concédé qu’à Dominique Davin et Sandrine Chauveau l’insigne privilège de s’en emparer à leur tour, est « en quelque sorte la comédie satirique de l’ensemble de son oeuvre. Chanteuse de cabaret aux faux airs de Marlène, ambiguë et provocatrice, Miss Knife est au centre d’un fascinant jeu de séduction, de domination, de désir et de mort, où se frottent, s’enroulent et se perdent un ange, une clownesse, et un cadavre voyageur, jaillis d’autres pièces d’Olivier Py : nous sommes là, certes, dans un univers déjanté, décalé, mais jamais absurde. Dominique Davin - qui s’attaque généralement à des textes difficiles et signifiants - a d’ailleurs restitué avec beaucoup d’élégance la « poésie chatoyante et parfois abrupte de l’auteur ».

Familiers d’Olivier Py, vous vous régalerez de cette complicité ; dans tous les autres cas, le spectacle vous posera des questions (vous sentez bien que le sens est « ailleurs »..), et vous ne tarderez pas à aller chercher les réponses.

Geneviève DEWULF (Avignon).

Comme un ange bleu au cabaret de Miss Knife
Chansons et textes : Olivier Py.
Musiques : Jean-Yves Rivaud.
Adaptation et mise en scène : Dominique Davin.
Avec : Sandrine Chauveau, Clémence Porte, Loïc Rescanière.
Piano : Thierry Meynard.
Lumières: Vincent Lemoine.
Costumes : Steffan di Marco.
Co-production Argile-Théâtre et Compagnie de la Licorne de Brume, en partenariat avec le Théâtre du Cabestan.

Vendredi 16 et samedi 17 mai 2008, 20h30. Théâtre le Cabestan, 11, rue Collège-de-la-Croix, Avignon. Réservations : 06 21 43 19 21.
Et sur le Festival d’Avignon 2008, du 10 juillet au 2 août, Théâtre Le Cabestan, tous les jours à 20h45. Réservations : 06 21 43 19 21.


Photos : Geneviève Dewulf


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14 juin 2008 6 14 /06 /juin /2008 09:52
ÉTRANGE, NON ?

Un pont, l’un des plus célèbres du monde, et qui ne sert à rien,  qui ne mène nulle part ? C’est tout de même étrange, non ? Pas de doute, il cache un secret !  Et c'est au Balcon (un comble) qu'on nous en révèle la magie.


Serge Barbuscia a créé son nouveau spectacle musical, au théâtre du Balcon - l’une des cinq scènes permanentes subventionnées d’Avignon -, avec de multiples complicités : deux classes de 5e comme co-scénaristes, un chef-arrangeur (Jonathan Schiffman) et trente-cinq musiciens de l’Olrap (Orchestre Lyrique de Région Avignon-Provence) pour interpréter Sur le pont mais aussi Bizet, et bien d’autres pages, connues ou moins connues, qui participent à cette espèce de familiarité dans laquelle on pénètre d'emblée.


Universalité

Une heure autour du Pont d’Avignon, de son  histoire, de son mythe, et de ses images projetées sur écran, pourrait relever de Clochemerle. Serge Barbuscia se défend ardemment d’avoir monté un spectacle régionaliste, et s’adresse à tous les pays, tous les âges, toutes les générations. Ne cherchons pas de trame narrative, de chasse au trésor enfoui dans les vieilles pierres de ce pont victime des colères du Rhône. Si telle était bien la proposition initiale des enfants co-scénaristes, Serge Barbuscia les a emmenés plus loin, dans leur imaginaire - et le nôtre -. Nous ne révélerons pas le « message » que délivre joliment la scène finale, mais Le Secret est effectivement un très beau spectacle, onirique, poétique, musical, et toujours inter-actif. Les enfants entrent dans le rêve, et les adultes ne sont pas les derniers à se piquer au jeu.

La scène du Balcon apparaît parfois un peu petite mais Serge Barbuscia sait l’ouvrir, par le verbe, par le geste, par un jeu de voiles flottants, aux dimensions du monde. Narrateur-poète, tantôt lui-même suit avec langueur le cours du Rhône, tantôt il tonitrue dans ses impétuosités mémorables.


Quant à l’Orchestre Lyrique de Région Avignon-Provence, visiblement il se régale : les arrangements symphoniques de la chanson Sur le pont d’Avignon se révèlent somptueux, et le jeune chef américain, nommé depuis juin 2007, a mis toute son énergie à relever un tel défi.
Le Secret du Pont sera repris l’an prochain. Quant au festival 2008, outre ses spectacles invités, le Balcon proposera la reprise de ses Tableaux d’une exposition, créés avec le quintette à vent du Grand Avignon. Telle est la signature du Balcon : un mariage de tous les instants entre texte, images et musique, une simplicité dans l’approche qui lui ouvre tous les publics, et l’impression que le spectacle résonne toujours bien au-delà de la représentation.

Geneviève DEWULF (Avignon).

Le Secret du Pont d’Avignon
Création Serge Barbuscia (texte et mise en scène), arrangements musicaux Jonathan Schiffman, lumières Théâtre du Balcon.
Théâtre du Balcon, 38, rue Guillaume-Puy, 04 90 85 00 80,
les 24 et 25 mai 2008, 17h30, durée 1h. 16€ / 11€.  Tous publics à partir de 5 ans.
www.theatredubalcon.com

Photos © Geneviève Dewulf
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