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Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

3 octobre 2006 2 03 /10 /octobre /2006 15:49
TOC TOC : DÉFENSE D'ENTRER

Le Docteur Stern, grand spécialiste mondial du traitement des TOC ou Troubles Obsessionnels Compulsifs, reçoit dans son cabinet une fois par an à Paris. Les patients ont attendu des mois pour avoir ce rendez-vous, mais en une seule séance les troubles disparaîtraient. C’est donc dans sa salle d’attente qu’arrivent un à un les cas, heureux élus du seul jour de consultation du docteur. Mais celui-ci a un peu de retard…Une demi heure, puis une heure…puis trois heures ! Les souffrants vont devoir attendre, et compte tenu de la difficulté pour avoir un rendez-vous, ils y sont même contraints. Six toqués dans une salle d’attente et dès la première phrase de la pièce, la salle est pliée en deux !

Qui n’a pas entendu parler, vu des émissions ou peut être même été confronté à quelqu’un qui souffre de TOC ? Si si !!… Vous-même avez pensé que votre belle-mère en souffrait vu la manie qu’elle avait de toujours tout ranger ! Et qui n’a pas vérifié trois fois si les clés étaient bien dans le sac avant de partir ? Ou bien, comme ça juste pour s’amuser, qui n’a pas marché entre les lignes dans la rue ? Cette pièce donne à réfléchir sur notre propre cas et sur nos petites manies sans sous-estimer la souffrance de ceux qui possèdent vraiment des TOC. Au fur et à mesure qu’apparaissent les personnages de la pièce, le public se reconnaît un peu dans chacun d’entre eux. Malgré leur étrangeté, ils deviennent attachants. Les confrontations de TOC rendent la salle hilare. Claire Maurier surtout excelle dans son rôle de bigote obsédée par la recherche de ses clés ainsi que l’angoisse d’avoir laissé son eau ou son gaz ouvert avant de partir.

La première partie de la pièce étonne : on sait que ces troubles existent mais on ne s’attend pas à autant de réalisme pour ce qui n'est pas toujours hélas une fiction. Le spectateur découvre avec un œil interdit ces personnages aux rituels étranges puis se laisse emporter et tout de même aussi émouvoir dans ce tourbillon de troubles. L’un crie des insanités à tout va sans aucune raison, tel le coprolalique Mozart qui invectivait son entourage, l’autre passe son temps à tout compter, l’une répète toujours deux fois ce qu’elle dit et l’autre défaille chaque fois que l’on prononce le mot « gaz » ou « eau » ! Vont-ils s’en sortir ? Vont-ils réussir à combattre leurs angoisses ? La question se résout autour de dialogues jobards et d’un puzzle d’actes obsessionnels, autant vous dire qu’on ne s’ennuie pas.

Après plus de deux cent représentations les TOC persistent et notre prince national de l’antipathie signe une pièce drôle et attachante qui nous alerte sur un handicap social entre trop méconnu ou pris le sourire aux lèvres. Pas si obsessionnellement méchant que ça le Baffie.

Johanna MOTOMAN (Paris)

TOC TOC, Comédie écrite et mise en scène par Laurent Baffie Avec : Daniel Russo, Bernard Dherand, Claire Maurier, Zoe Nonn, Aude Thirion, Yvon Martin et Marie Cuvellier.

Théâtre du Palais Royal - Location : 01.42.97.40.00
Jours de représentations : du Mardi au Vendredi à 20h30, Samedi à 17h et 21h, Dimanche à 15h30.
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1 octobre 2006 7 01 /10 /octobre /2006 15:29
SOUS LES DÉBRIS, LES SAGES

Dans le petit gymnase d’un village québécois qui sert de bibliothèque, quelques vieux barbons se lamentent. Le déluge et ses ravages boueux ont raflé les souvenirs minutieusement consignés dans des manuscrits. Une espèce de Fahrenheit 451 version aquatique qui aurait Dieu comme totalitaire instigateur. Les enfants ont quitté le village. Seul Dany, un enfant aux ailes d’ange, lunaire à souhait, mais l’esprit sur les épaules, va bénéfiquement apporter sa pierre à la reconstruction des mémoires. À quel prix ?

Photo © Claire Besse

Face à la fin d’un monde et la naissance d’un autre, le déluge va les sortir de leur torpeur et les mettre en situation de décider de la suite. Sam, efficace Henri Garcin, solitaire bougon, perfectionniste compulsif, usé et tourné vers le passé, va chercher obsessionnellement à remettre en place les bribes de la connaissance et des souvenirs. Dorothée, Anna Gaylor la touchante Anna Gaylor, et William, le très juste Philippe Laudenbach, puisque la réécriture et les corrections d’histoires, tentations éphémères ne sont pas possibles, vont se jeter à corps perdus et à cœurs résignés dans le refuge que leur offre la maison de retraite, où « des vieux se regardent vieillir », élégamment rebaptisée « l’Orée du paradis »… « et tout le monde sourit » poursuit le prospectus en vantant les vertus ; quant à Claire, la drôlatique Michèle Simonnet qui cite à tout bout de champ, comme si les anciens avaient déjà tout dit, ce qui n’oblige en rien à écrire davantage, et Marthe, la pétulante Antoinette Moya, elles sont bien décidées à empoigner la vie, même si leur bagage est mince, et à ne plus freiner leurs envies. Alors, survivre, surnager, abdiquer ? Ne s’accrocher à rien et avoir la tentation d’une île ? Ou en profiter pour larguer les amarres ?

La pièce de Bouchard n’est pas qu’une parabole sur la vieillesse ou la cruauté du temps qui passe, la solitude au crépuscule de la vie, l’abandon par les enfants, la famille décomposée et en souffrance, telle qu’abordée dans Les Muses orphelines y sont des thèmes présents. L’optimisme se dégage de la pièce, l’humour féroce y est omniprésent et la tendresse son alter ego.

C’est finalement Dany, l'angélique espiègle, aux gestes désordonnés, à l’allure de clown éclairé et faussement égaré, qui va commencer à réécrire les manuscrits. Immense Julien Cottereau – au propre et au figuré – qui nous décontenance au départ, puis qui nous méduse par la floraison continue de son talent au fil de la pièce.  Mais cet histrion, inattendue allégorie de la Vérité, à l’onirisme inquiétant, déterminé à fouiller l’histoire, va rétablir des vérités pas toujours bonnes à connaître, faut-il exhumer le passé ? Se préoccupe-t-on assez du présent, lui-même source d’incessantes manipulations, y compris dans les régimes les plus apparemment démocratiques ? Bouchard comme Carole Fréchette, sa comparse québécoise, écrit toujours à plusieurs niveaux, derrière les personnages et leurs histoires, la critique sociétale et la dénonciation des tentacules de l’encombrant voisin américain ne sont jamais loin, faisant de leurs écrits des armes de réflexion massive.

Stephen BUNARD (Paris)

Les Manuscrits du déluge, de Michel Marc Bouchard
Mise en scène de Laurence Renn
Scénographie : Rodolfo Natale
Distribution : Sam - Henri Garcin, Marthe - Antoinette Moya, Dorothée - Anna Gaylor, William - Philippe Laudenbach, Claire - Michèle Simonnet, Dany - Julien Cottereau
En savoir plus

Au Théâtre Tristan Bernard – 64 rue du Rocher 75008 Paris – Tél : 01 45 22 08 40
Jusqu’au 28 octobre 2006.

Texte édité aux Editions théâtrales
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30 septembre 2006 6 30 /09 /septembre /2006 16:35
L'IMPORTANCE D'ÊTRE JUSTE

Au théâtre Antoine, Pierre Laville a mis en scène une nouvelle version de
L’Importance d’être Constant, dernière œuvre dramatique d’Oscar Wilde. Décevant.

Petit bijou à l’italienne, le théâtre Antoine présente une magnifique salle ornée par un plafond de minuscules mosaïques couleur or et un large rideau aux tons vert Véronèse. Véritable écrin propice à la mise en scène de pièces dites « classiques », le spectacle, à l’affiche jusqu’au 29 octobre, ternit considérablement l’endroit. Et pourtant, cette « comédie de société » écrite par l’auteur d’Une Femme sans importance et Un mari idéal ne manque pas d’éclat. Sous titrée à l’origine, « Comédie frivole pour gens sérieux », cette œuvre révèle l’ingéniosité de Wilde dans l’art du dialogue et l’architecture même de sa pièce. C’est une comédie « boomerang ».
 Photo © Gilles Bureau

Gwendolen Fairfax ne peut aimer qu’un homme prénommé Constant. Par amour pour elle, Jack Worthing deviendra Constant avant d’apprendre qu’il est né Constant. Il est l’homme constant pour celle qui l’aime. Malheureusement, l’inintérêt des deux décors créés par Pace, habitué (peut-être trop) au théâtre Antoine pour lequel il travaille depuis 20 ans et la direction d’acteur, sans grande originalité, plombent la pièce. En partant du principe que les théâtres privés sont tributaires de leurs chiffres d’affaire donc du nombre d’entrées, ils formulent leurs saisons théâtrales selon deux paramètres : le choix du texte et les têtes d’affiches. Et c’est somme toute logique. Maintenant croire que toutes les têtes d’affiches (montantes dans ce cas précis) vont être à la hauteur du texte est somme toute moins sûr. Et j’ai le regret de voir une distribution très « audiovisuelle » ramener les personnages à leur plus petite dimension.

Lorant Deutsch en trublion hâbleur est loin d’incarner le dandy britannique à la vie dissolue et aux mœurs légères ; Frédéric Diefenthal peine à interpréter avec justesse le rôle de Jack Worthing et si Gwendoline Hamon ne portait pas avec tant d’élégance de si belles tenues, je crois que l’on pourrait se demander ce qu’elle fait dans cette pièce. Les comédiens ne jouent pas avec la férocité de leur texte, semblant prendre comme excuse le marivaudage de l’oeuvre pour caricaturer leurs personnages, perdant enfin de vue que le texte ne fait malheureusement pas tout.
Dans la seconde partie du spectacle, le rythme s’essouffle, le jeu se concentre, sans que cela prenne sens, dans une seule partie de l’espace scénique parasitant le champ d’action des comédiens. En définitive, Macha Méril en Lady Bracknell et Yves Gasc portent à eux seuls cette oeuvre. Mes compliments iront donc uniquement à Emmanuel Peduzzi pour la réalisation des costumes.

Enfin, en sortant de la salle, je me suis souvenue que j’étais au théâtre Antoine, anciennement théâtre Libre, théâtre d’avant-garde et « novateur » dans son répertoire et sa qualité de mise en scène. Avec comme idée maîtresse d’André Antoine : le rôle de l’acteur est au service du Théâtre et non l’inverse. S'en souvient-on seulement ?

Priscilla GUSTAVE-PERRON (Paris)

L’Importance d’être Constant , de Oscar Wilde
Théâtre Antoine 14 bvd de Strasbourg 75010 Paris.
À 20 h30 - Durée du spectacle 2 h 30
Jusqu'au 29 octobre 2006.

Notes du metteur en scène Pierre LAVILLE :

Oscar Wilde écrit L'IMPORTANCE D'ÊTRE CONSTANT, simultanément à UN MARI IDEAL. Il y a dix ans, le Théâtre Antoine affichait UN MARI IDEAL, qui allait rencontrer un très grand succès pendant trois ans. Aujourd'hui, Héléna Bossis et Daniel Dares présentent L'IMPORTANCE D'ÊTRE CONSTANT, qui trouve dans le théâtre fondé par André Antoine, au moment même où Oscar Wilde écrivit la pièce, un décor plus que jamais... idéal.

Les deux pièces d'Oscar Wilde, irlandais de souche et d'humeur, on pourrait dire doublement insulaire, aussi peu "anglais" que possible, seront créées à Londres, à moins d'un mois d'intervalle, en janvier-février 1895, et elles seront acclamées, en présence de la famille royale, par la haute société londonienne, celle-là même que l'auteur dénonçait de toute son ironie, sinon de tout son mépris.

Le mois précédent, Wilde - célèbre pour son oeuvre de journaliste autant que de dramaturge - avait traîné en justice pour diffamation Lord Douglas, père du petit Lord qui avait bouleversé sa vie. Il affrontait en toute lucidité un procès qui allait lui valoir plusieurs années de bagne et la ruine de sa vie affective et sociale. Le Dandy se faisait Justicier, par pur désir de proclamer une vérité qui lui semblait essentielle et que rejetait la société victorienne. C'est placé au plein coeur de cette épreuve tragique et de ce contexte offensif, où il allait tout perdre (sauf paradoxalement sa femme Constance et ses enfants), dans cette tension et livré à ce déchirement, qu'il écrit L'IMPORTANCE D'ÊTRE CONSTANT, la pièce la plus joyeuse, légère, vivace, imprévue, libre, jubilante qui soit. Sans la moindre trace des terribles dangers qu'il traverse. L'auteur écrit sa pièce comme à l'opposé de tout souci, dans une situation duelle, sorte de mise en abyme décalée.

L'IMPORTANCE D'ÊTRE CONSTANT est un hymne au bonheur, à l'insouciance d'une catégorie sociale de nantis, à la douceur de vivre, au jeu des amours et du hasard, à la légèreté qui rassure, sinon guérit des charges qu'impose une société prude et intransigeante. Wilde écrit sa pièce avec une maîtrise sans égale, une forme évidente et accomplie. L'oeuvre est jubilatoire. Tout ici a goût du bonheur, ce qui n'empêche pas de pressentir tout autour la charge d'un monde impitoyable.

Wilde semble possédé par un plaisir illimité de créer du théâtre. Une forme de théâtre et de comédie, qui renouvelle le genre, cousin de Lewis Caroll, lointain rejeton de Marivaux, générateur au cinéma des comédies "primitives" de John Ford (autre irlandais). Et comme s'il pressentait qu'il s'agissait bien de sa dernière pièce, il fait feu de tout. Il danse sur un volcan, léger, rieur, insouciant, sans renoncer une seconde à faire agir le thème profond qui court à chaque instant, celui du Double, de l'impossible manière de s'assurer fragmenté et divisé, de cette dualité qui est pourtant un des plus répandus fardeaux de l'homme. Chacun de ses personnages est candide et cynique, naturel et dandy, actif et passif, vertueux et débauché, sincère et rusé, infidèle et constant, double et unique. C'est bien dans ces années-là que l'ont découvre une sexualité autre et les premières oeuvres de Freud, où la musique, la poésie et la peinture éclatent... Tout renvoie à une dualité de l'homme, dont la grande histoire revient à s'inventer une unité.

Quête d'unité, quête d'identité. Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Quel est ton nom ? Es-tu mon frère ? De qui suis-je le fils ? Les personnages de L'IMPORTANCE D'ÊTRE CONSTANT courent après eux-mêmes, transgressant leur rôle social. Tous les genres volent à leur secours et tous les procédés possibles : changements d'identité, travestissements, ruses, coups de théâtre. On croise le merveilleux, presque l'incohérence du rêve (ce bébé confondu avec un manuscrit de roman sentimental et devenant un petit Moïse égaré à la consigne de Waterloo Station...). Nous sommes au théâtre et nulle part ailleurs.

Le réel existe-t-il ? La vie est un songe, nous le savons, chantonne Wilde, et tout est bien qui finit bien...

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30 septembre 2006 6 30 /09 /septembre /2006 15:48
SURVIE DES OMBRES HUMAINES

Les émotions sont anéanties. Les personnages sont ombres immobiles. L’appartement et le bar sont dépouillés : des murs gris sont déplacés, des espaces lumineux naissent et changent la silhouette des ombres humaines. Quelquefois, les personnages gesticulent, désespérés, les éclairages figent des masques effrayés sur leurs visages. La voix enregistrée de l’une des femmes en scène, la narratrice, remplace celles des autres comédiens, et commente chaque action. La présence d’une télévision, placée comme un spectateur, persiste sur scène. Les ombres humaines s’adressent souvent à la télévision, et l’une d’elles en sort. L’écran et sa culture de masse disparaissent lorsque la scène représente une chaîne de montage dans une usine, où les humains sont désormais devenus de simples automates.
 Photo © Elisabeth Carecchio

Les Marchands
est le dernier volet (après Au Monde et D’une Seule main) de la trilogie écrite et mise en scène par Joël Pommerat, sur la perte d’humanité dans la société technocratique. Il fond une histoire réaliste quotidienne dans un décor stylisé, lumineux et conceptuel, ressemblant aux intérieurs des magasins et restaurants à la mode. Alors qu’une usine est en train de fermer, une mère tue son enfant. Le meurtre désespéré crée un phénomène de protestation dans les médias. La mère est enfermée dans un hôpital psychiatrique pendant que l’usine est réouverte. La narratrice, amie de la mère, raconte l’histoire de son point de vue, celui d’une femme, le dos cassé, qui ne peut que travailler, qui se réjouit de ne pas finir au chômage.
Chaque ombre est stigmatisée grotesquement par une marque physique ou mentale (la mère parle avec ses parents morts, envoie son fils dans un monde meilleur ; la narratrice est enfermée dans un buste rigide pour la tenir droite durant son travail ; un politicien chante des chansons avant de donner les nouvelles de l’usine…).

Chaque comédien interprète au moins deux ombres humaines, parce que les hommes se ressemblent désormais, ils ne possèdent plus de particularités, n’ont que leurs marques de désespoir ou de fatigue, qui creusent leur physique ou leurs mouvements. Les corps bougent au ralenti, comme des images filmiques (mais le jeu d’acteur ne réussit pas toujours à se fondre au mouvement total de la scène, manquant ainsi d’intensité). Une cacophonie de bruits de la ville et de chansons, le changement d’éclairages rythment les mouvements des corps. Des noirs fragmentent l’histoire dans une dramaturgie de courtes scènes, comme dans un scénario.

Pommerat est metteur en scène de l’art actuel, musical et interdisciplinaire. Nous assistons finalement à un théâtre qui ne fait pas l’éloge des techniques et des esthétiques à la mode, mais qui sait raconter et faire réfléchir poétiquement sur la réalité.

Mattia SCARPULLA (Paris)

Les Marchands, texte et mise en scène de Joël Pommerat, est présenté du 25 septembre au 28 octobre au Théâtre Paris-Villette.
Scénographie et lumières : Eric Soyer
Ecriture sonore : François et Grégoire Leymarie
Horaire de la représentation : lundi, mardi, jeudi et vendredi à 21h ; mercredi et samedi à 19h30 ; relâche dimanche
Information : Théâtre Paris-Villette Parc de la Villette – M° Porte de Pantin 01 42 02 02 68

Les textes Au monde, D’une seule main et Les Marchands ont été publiés chez Actes Sud-Papiers
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27 septembre 2006 3 27 /09 /septembre /2006 01:18
FERDINAND ET SON DOUBLE

Avec L’Homme qui danse ou la vraie Danse du diable, Philippe Caubère joue sa vie au théâtre du Rond-Point. Dans le second volet, Le Théâtre selon Ferdinand, l’acteur revient sur ses rêves d’adolescent.

Une chaise vit l’expérience de la solitude sur scène. Noir. Philippe Caubère est là, dans la lumière chaude et diffuse absorbée par d’épais tapis qui jonchent le plateau. Un saltimbanque prestidigitateur. Immobile, le temps d’une respiration, l’acteur devient L’Homme qui danse. Un souffle inaugural qui fait craquer l’espace-temps. Une déflagration liminaire de l’explosion à venir.

Philippe Caubère © Michèle Laurent

Et le spectateur se retrouve dans la chambre de Ferdinand, 13 ans, appliqué sur sa rédaction, mâchouillant son plume à la recherche de l’inspiration. « Qu’est-ce que le bonheur ? ». Comme la cartouche d’encre, l’imagination éclate et Ferdinand en fout partout. Le bonheur, c’est convier le général de Gaulle, Mauriac et Sartre, pour déblatérer poésie et politique entre hommes. Le bonheur, c’est twister au côté de l’idole des jeunes Johnny Hallyday, un bon copain. Le bonheur, c’est se prendre pour Gérard Philippe, traversant à sauts de chat la cour du Palais des Papes à Avignon. Le bonheur enfin, c’est d’avoir un orgueil et des ambitions démesurées. Le bonheur, c’est tout simplement le rêve de théâtre.

Dans Le Théâtre selon Ferdinand, Philippe Caubère se mesure à ses rêves d’adolescent et leur donne corps sur scène. Il gesticule, soliloque, jubile, colère, court et danse : il vit son existence de jeune homme dans le jeu et par le jeu. Le théâtre est total. Et pour le spectateur ça déborde. Les personnages fourmillent. Philippe Caubère enchaîne poses et accents, la stature éléphantesque du Général à un Mauriac rabougri et étriqué, jusqu’à la tartufferie finale, l’oral du bac, fardeau pour Ferdinand, sésame indispensable pour sa mère, bourgeoise de province, décontenancée par les velléités théâtrales de son fils.

Il y a quelque chose d’irréductible au mot dans ce spectacle de Philippe Caubère, comme dans les cinq autres de la comédie fantastique L’Homme qui danse ou la vraie Danse du diable. Car l’acteur touche à une sincérité et à une vérité quasiment ineffables. Pour raconter une vie entièrement dévolue au théâtre, l’acteur s’est inventé une écriture propre, au gré de laquelle les gestes coulent, sans même que le spectateur s’en aperçoive. Et l’illusion fonctionne, mieux que partout ailleurs, tant la frontière entre la vie et le théâtre est mince. Ferdinand vit par Philippe Caubère et Philippe Caubère vit avec Ferdinand. Une intimité qui est partagée avec le public. Car ni l’existence de l’acteur, ni l’existence du personnage n’auraient de sens sans la présence du spectateur. Le spectacle prend alors des airs de conversation. Une confiance plus qu’une connivence s’installe entre le trio.

Ce sont finalement des évidences toutes simples qui tiennent dans le projet de Philippe Caubère. Peu importe que l’on soit touché ou non par l’histoire et par la manière dont elle est racontée sur scène. Peu importe que l’on soit sensible ou non au talent de Philippe Caubère. L’ambition de l’acteur emporte tout sur son passage. Cet orgueil, péché brandi par la mère de Ferdinand, est mis au service du théâtre. Le comédien se donne dans une sincérité nue, mais toujours dans sous l’artificielle lumière d’une poursuite théâtrale. Le tout confine au merveilleux.

Marion GUÉNARD (Paris)

Philippe Caubère, L’Homme qui danse ou la vraie Danse du diable,
comédie fantastique en six épisodes.
Jusqu'au 30 décembre 2006.
Théâtre du Rond-Point. Réservations : 01 44 95 98 21 ou 0892 701 603.
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22 septembre 2006 5 22 /09 /septembre /2006 18:39
UNE GONZESSE DE PERDUE, DEUX POTES DE RETOUR

Mais alors bonjour les potes ! Yvan vient de se faire virer par sa femme et se trouve contraint d’emménager temporairement dans sa chambre d’adolescent chez sa mère.

En perdant sa femme, il a aussi perdu son appartement et son boulot ! Il se retrouve donc, à quarante ans, contraint à un nouveau départ. Heureusement ! Et pour notre plus grand plaisir, Jeff et Fred sont là pour le soutenir et l’aider dans son déménagement. L’occasion est idéale pour faire le bilan de leur vie (la quarantaine, les femmes, la séduction…) et faire éclater toutes les vérités… Même les plus inavouables…

Cette comédie, en réponse à Arrête de pleurer Pénélope, pièce racontant avec humour les déboires des femmes modernes, ne nous laisse pas un instant de répit. Finalement, les hommes ne sont peut être pas mieux lotis. Après une saison triomphale à Lyon, la petite bande de copains s’installe au théâtre Trévise et se confronte au public parisien. Contrairement au roman de Steinbeck Des souris et des hommes, ici la solitude humaine y est certes décrite, mais on en rit et entre potes !
Dès l’ouverture du rideau le ton est donné : murs aux couleurs de Spider Man, ours Casimir et autres objets collectors…Tout nous ramène à notre bon souvenir d’adolescent rebelle et éméché, un souvenir qu’on préfèrerait souvent avoir rangé aux oubliettes... Mais c’est ici qu’échoue Ivan, ses cartons et ses deux acolytes venus l’aider à déménager. Et cela démarre au quart de tour : règlements de comptes, bons mots, quiproquos, cette bande là n’en rate pas une ! Le pauvre Yvan n’est pas au bout de ses problèmes. Entre un Jeff pas vraiment éclairé, un Fred pas vraiment honnête et une mère virtuelle mais très présente, on passe du fou rire au rire démentiel !

Les comédiens sont justes et les rôles taillés sur mesure. Apparemment, beaucoup s’y sont reconnus, à en croire les rires masculins qui foisonnaient. Cette comédie fraîche et rythmée passe au crible les clichés du quadra version mec.
Le jeune auteur Vincent Faraggi a préparé un cocktail bien dosé de situations comiques et l’on passe ainsi une soirée électrique. Des soucis et des potes ! nous fait oublier les nôtres pendant une heure vingt et peut même vous porter chance… Mais là, c'est à vous de découvrir pourquoi…

Johanna MOTOMAN (Paris)

Des soucis et des potes !
Une comédie de Vincent Faraggi
Mise en scène : Thomas Le Douarec
Avec : Yves Sandeau, Léon Vitale, Stéphane Casez

Théâtre Trévise, 14 rue de trévise 75009 Paris
Location : 01.48.65.97.90 jusqu’au 31 décembre 2006 du mardi au samedi 20h
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21 septembre 2006 4 21 /09 /septembre /2006 11:50
RÉPÉTITIONS DE CHANT DURANT LA GUERRE

Un décor réaliste représente le bar de l’auberge Barray jusque dans le moindre détail. Les habitants de la petite ville se réunissent ici pour répéter des chansons populaires. La Deuxième Guerre Mondiale se déroule à l’extérieur et entre quelquefois par la porte lorsqu’un lieutenant allemand vient à vivre à l’auberge ou lorsque le bibliothécaire et le facteur se disputent à propos de De Gaulle et de Pétain.


Rutabaga Swing est une histoire simple de partisans, de nazis et de juifs, racontée au travers d’un théâtre musical. Les personnages possèdent chacun trois rôles : leur rôle social, leur rôle de chanteur, et enfin leur identité cachée, la plus profonde, leur point de vue sur la guerre. Les dialogues sur la guerre alternent avec des chansons populaires, qui parlent d’amour et de félicité. Des solos chantés oublient la guerre, les éclairages rendent la scène sombre et romantique, et les chansons rappellent les divertissements du temps de paix. En surface, le spectacle est un hommage à la chanson française, à la vie qui suit son parcours quotidien pendant que le monde est secoué brutalement.
Le public est en revanche secoué par un cabaret joyeux, par des danses et des chants, et par des scènes comiques, travaillées dans l’esthétique cinématographique des comédies sur la guerre des années 1940-50. Les personnages semblent reprendre les rôles typiques de ces films : par exemple le vieux sympathique, qui est en vérité l’informateur de la Gestapo ; l’Allemand qui n’est pas méchant, mais est au contraire le seul à réfléchir au sens de la guerre ; le beau patron Barray, le plus méchant, plein de talent dans la danse et le chant, mais lâche et prêt à suivre toutes les nouvelles tendances politiques…

L’équipe des comédiens est unie et énergique, ils portent ensemble la charge de joie et de drame de l’histoire. C’est un théâtre d’acteurs, où chacun montre ses capacités dans les différentes disciplines. Lorsque la scène tombe dans le noir, signant le passage d’un acte à l’autre, de vieux enregistrements de programmes musicaux radiophoniques sont diffusés. Le spectacle souligne le rôle omniscient de la radio durant la Seconde Guerre, outil de propagande, de résistance, tout comme de plaisir.

Rutabaga Swing
mélange divertissement et discours, mais les chants sont trop nombreux et la performance des comédiens pousse à oublier le discours sur les apparences et les vérités de chaque personnage. Le public sort euphorique, chantonnant, mais il oublie trop vite le discours sur l’identité et la guerre.

Mattia SCARPULLA (Paris)

Rutabaga Swing, textes et dramaturgie de Didier Schwartz, mise en scène de Philippe Ogouz, est présenté du 5 septembre au 15 octobre au Théâtre 13, mardis, mercredis et vendredis à 20h 30, jeudis et samedis à 19h30 et dimanches à 15h 30.

Chansons de Charles Trenet, Georgius, Léo Chauliac, André Claveau, Raymond Legrand, Jacques Larue, Hans Leip, Maurice Chevalier Interprétation : Bruno Abraham-Kremer, Emmanuel Curtil, François Feroleto, Jacques Haurogné, Jacques Herlin, Amala Landré, Marion Posta, Ezequiel Spucches.

Le texte de D. Schwartz est édité à l’Avant-Scène théâtre.
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20 septembre 2006 3 20 /09 /septembre /2006 13:16
"SKY MY HUSBAND !"

Au théâtre de l’Atelier, Benoît Lavigne met en scène trois pièces en un acte écrites par Woody Allen ; Riverside Drive, Central Park West et Old Saybrook. Adultères, au pluriel, est une succession de mensonges, de trahisons, de situations cauchemardesques, de femmes hystériques et de mâles sacrément lâches.

Avec ces trois pièces, nous retrouvons l’univers si particulier de New York ou plutôt du « Same York » allennien : Manhattan, ses lofts, ses psychiatres, ses vies de couples entremêlées, ses crises existentielles et ses dénouements cocasses. Et c’est drôle. Il dit s’être inspiré « de personnes de sa connaissance qui habitent Central Park West et, si c’est en grande partie exagéré, c’est aussi en grande partie vrai ». Et, il n’y a pas tromperie ; ces trois pièces ont été montées (volontairement) dans le plus pur esprit du cinéaste. Les lumières à peine éteintes, diverses créations vidéo sont projetées sur le mur et ces ouvertures « cinématographiques » sont comme un clin d’œil à la filmographie prolifique de l’auteur.

La première pièce entraîne le spectateur face à l’Hudson et au désarroi d’un artiste (écrivain-réalisateur) en proie à quelques remords. Comment annoncer à sa maîtresse qu’il ne compte plus quitter sa femme et qu’au contraire, il veut la reconquérir ? Ménager chèvre et chou voilà à quoi il se prépare… Mais surgissant de l’ombre, Fred, un SDF psychopathe, simplifiera à sa façon ce cruel dilemme. Dictés par les ondes émanant de l’Empire State Building, ses propos et ses actes incohérents viendront à bout du rationalisme de l’artiste. Car selon lui, « la cohérence à tout prix est la marotte des petits esprits ».

Les deux pièces suivantes, moins sombres et davantage vaudevillesques, égratignent les états d’âme des bourgeois new-yorkais installés confortablement dans des lofts ou des maisons de campagne. Untel couche avec la femme de son meilleur ami mais veut épouser la jeune patiente de sa femme, psychanalyste de renom. La bassesse des hommes, fidèlement trompeurs, et l’incompréhension des femmes, invariablement trompées, donnent matière à des dialogues drôlissimes et des prises de bec mémorables. Au cœur de la tourmente, Carol suggère à son mari profondément choqué par sa liaison avec Sam, de « doubler sa dose de prozac » afin de ne pas la culpabiliser plus longtemps.

Pascale Arbillot et Valérie Karsenti sont particulièrement excellentes dans Central Park West. Elles donnent le ton, le rythme, incarnant parfaitement les meilleures ennemies du monde. Je retiendrais également les différentes prestations de Xavier Gallais qui sur les trois pièces mène le jeu avec beaucoup d’habileté et de justesse.
Au final, Benoît Lavigne ne nous éloigne pas, dans le fond et la forme, de l’univers du réalisateur. En effet, même la scénographie et les costumes sont très largement inspirés des films de W. Allen. La tenue de Philis proche de celles de Diane Keaton dans Annie Hall, les lofts spacieux de Alice ou bien le décor cosy de la résidence secondaire très September sont autant d’éléments structurants.
En outre, la scénographe Laurence bruley collabore depuis vingt ans avec Susan Buirge, chorégraphe américaine. Avec ce « big apple touch », Adultères fait jubiler les amateurs de Woody Allen et encourage les curieux à se plonger dans ses oeuvres. Ce spectacle, par la qualité du texte et du jeu des acteurs, vaut bien la peine de délaisser son amant quelques heures…

Priscilla GUSTAVE-PERRON (Paris)

Adultères, d'après Woody Allen.
Mise en scène Benoît Lavigne

Théâtre de l’Atelier, Pl. C. Dullin 75018 Paris.
Riverside Drive à 19 h. Et Central Park West, Old Saybrook à 20 h.

Notes du metteur en scène Benoît Lavigne :

New-York – Manhattan… C’est la ville qu’il préfère. En noir et blanc, en technicolor, elle respire  et vibre au rythme de Gershwin. New-York, c’est sa ville, son amour.  Il l’écrit, la filme, la rêve, violente et fascinante, entraînante et émouvante. Elle est au cœur de son œuvre. New-Yorkais instruits et angoissés, appartenant à un milieu privilégié, comme lui, tous ses personnages vivent dans d’incroyables névroses. Il les observe, les analyse, les recrée. Avec un humour teinté de désespoir, il imagine ses concitoyens, il en rit et s’en émeut. C’est la seule chose qu’il dit connaître. C’est son inspiration, sa création.
Artiste génial, il nous fait rire et pleurer. Il accompagne nos vies, interpellant à chaque fois une part de nous-mêmes.
Adultères, c’est trois pièces en un acte, trois extraits de vie. Tout ce qui fait l’univers Allennien est ici mis en scène – l’adultère, l’amour et le sexe, Dieu et la mort, la philosophie et la psychanalyse, l’écriture et les écrivains, la création et le sens de la vie, la tragédie et la comédie. Tout y est. Mais tout n’est que divertissement. On part de la réalité. Tout semble réaliste. Et soudain, tout vole en éclat, les conventions, le langage, la normalité et l’humain. Tout explose. C’est une construction théâtrale diabolique. Une mécanique étourdissante qui s’empare du plateau. Farce et drame s’entremêlent.  Ses personnages sont simplement humains. Ils souffrent, triomphent,  se perdent, se retrouvent, toujours ils se débattent avec leurs émotions, leurs peurs et leurs désirs. Ils vivent. En cela ils nous ressemblent. Car ils sont ridicules, pitoyables, menteurs et lâches, rêveurs et désespérés, lyriques et frustrés mais ce sont surtout de grands amoureux.


 
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9 septembre 2006 6 09 /09 /septembre /2006 16:12
LES NUITS AVEC JOHN COLTRANE

Le théâtre du Tarmac programme dramaturges et compagnies qui travaillent dans les ex-colonies françaises, là où les peuples sont maintenant théoriquement libres de se gouverner, mais sont pratiquement encore toujours soumis au pouvoir historique, économique et culturel de l’Europe et des Etats-Unis.


Les auteurs et les metteurs en scène soutenus par le Tarmac - arrivant par exemple du Congo ou du Liban - représentent leur société, montrent ce que les peuples vivent réellement, pendant que les médias énoncent des vérités banales, sur le devoir et le péché. Leurs esthétiques mélangent la culture traditionnelle et la culture théâtrale occidentale. D’une part, une compagnie non-occidentale retravaille sa culture au travers des formes les plus compréhensibles et attire les publics occidentaux pour faire retentir plus facilement son cri désespéré. D’autre part, les définitions du théâtre classique et moderne sont désormais tombées : les artistes qui échappent à la dictature et à la guerre, qui rencontrent tant de cultures différentes partout dans le monde, savent désormais que les formes de l’art vivant peuvent se fondre dans des styles toujours nouveaux, mettant ainsi en doute des théories esthétiques abstraites, nées pour définir et caser dans les catégories de l’histoire occidentale toute poétique éphémère d’un artiste.

Entassés dans le hall d’entrée du Tarmac, commandant du vin au bar, les spectateurs attendent le début du monologue musical A Love Supreme, texte de l’écrivain congolais Emmanuel Dongala (depuis longtemps en exil aux Etats-Unis à cause de ses idées politiques) et sur la musique éponyme de John Coltrane. Six dates ont été ajoutées pour permettre d’accueillir l’affluence. Un saxophone ténor (Sébastien Jarousse), une contrebasse (Jean-Daniel Botta) et une batterie (Olivier Robin) jouent la musique de John Coltrane, pendant que le comédien Adama Adepoju se faufile entre les chaises, remplace le vrai serveur et devient un serveur l'air ennuyé et la réalité alcoolique, qui commence à raconter ses nuits avec John Coltrane, trois nuits uniques dans sa vie.

Les gestes virtuoses des musiciens rythment et dessinent un portrait des Etats-Unis, violents et racistes, des réflexions sur la musique et la poésie. Le serveur boit pour oublier, mais il se rappelle les salons du jazz, qui ont dessiné ces nuits passées à se questionner sur la vie. Le monologue est un fragment de gestes et de rires, de voix et de visages. Le serveur essaie de redécouvrir les instants où sa vie a pris du sens, où, avec ses amours et ses amitiés, il a essayé de toucher l’absolu désir de vivre. Dans ces souvenirs, John Coltrane joue et parle aussi, essaye de croire au travers du jazz en une société différente, plus humaine.

La mise en espace de Luc Clémentin est une composition d’éclairages colorés qui accompagnent et fondent entre eux les mots et les sons. Enfin, le spectateur sort du concert envahi par l’envie absolue de crier la vie du serveur et de John Coltrane.

Mattia SCARPULLA (Paris)

A Love Supreme, texte d’Emmanuel Dongala
Adaptation et mise en scène de Luc Clémentin

Théâtre Tarmac jusqu'au 10 septembre à 20h.
Parc de la Villette 19e.
Dates supplémentaires : 28 août à 20 h ; 2 septembre à 14h ; 4 septembre à 20h ; 9 septembre à 16 h ; 10 septembre à 16h ; 10 septembre à 20h
Contacts : 01 40 03 93 90

La nouvelle A Love Supreme est publiée dans le recueil D’E. Dongala, Jazz et vin de palme, éd. Serpent à Plumes, coll. Motifs, 2002
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26 juin 2006 1 26 /06 /juin /2006 23:28
 Le Festival de Marseille a été inauguré le 12 juin, au Théâtre National La Criée, par un « musée de phrases », Eraritjaritjaka, interprété par le comédien Andrée Wilms et l’orchestre Quatuor Mondriaan. Lumières, images et mélodies provoquent en douceur le public, en réveillant le souvenir des injustices sociales d’avant et d'après la deuxième guerre mondiale. Ce spectacle est exemplaire de l’une des deux thématiques qui s'affrontent en termes de programmation : Eraritjaritjaka est une poésie d’art total, une métamorphose de corps et d’images, où des artistes venus des diverses disciplines se rencontrent pour créer des nouvelles dimensions.
L’adaptation par Ingrid von Wantoch Rekowski de la pièce ludique A-Ronne II de Luciano Berio, présentée au Théâtre du Gymnase les 14 et 15 juin, est un autre exemple d’art total : les corps se métamorphosent dans des costumes grotesques, et, dans leur jeu chanté, ils semblent quelquefois se transformer en marionnettes.

William Forsythe et les élèves de D.A.N.C.E © DR

La seconde thématique du festival est la transmission, et ce sont surtout des spectacles de danse qui la portent en scène. William Forsythe a repris ses chorégraphies des années 80 et les a redessinées au travers des corps du Ballet de Flandre (22 et 23 juin au Parc Henri Fabre) ; lors d’une autre soirée (24 juin aux Studios du Ballet National de Marseille), les jeunes danseurs de D.A.N.S.E, Dance Apprentice Network aCross Europe, se confrontent à la scène et au style dénoué et mathématique de Forsythe. D.A.N.S.E. est un ensemble de stages où des apprentis-danseurs étudient les possibilités scéniques infinies du geste avec des chorégraphes renommés.

Dans les prochains jours, et jusqu’au 12 juillet, des spectacles de danse, danse-théâtre et théâtre seront accompagnés par un riche programme de rencontres, de films et de concerts. Nous signalons en particulier, après le succès remporté aux Hivernales d’Avignon été 2005, Popular Music, chorégraphie d’Yuval Pick, qui arrive au Festival de Marseille les 4 et 5 juillet au Grand Studio du Ballet National. Pick chorégraphie une danse rapide, trois corps agrippés à une passion charnelle. Depuis quelques années, le Festival de Marseille s’est enrichi en variété, et multiplie les lieux de la manifestation. Pour une ville comme Marseille, où le théâtre fatigue à se faire entendre, ce mois de juin-juillet est une possibilité que des échos retentissent.

Mattia SCARPULLA (Marseille)

Prochains rendez-vous du festival :

26 et 27 juin, K626, d’Emanuel Gat
30 juin et 1 juillet, O Stravinsky Project Part 1 de Michael Clark
1 et 2 juillet, Back to Basics, 5 duos de danse néoclassique (dont l’un chorégraphié par Jiri Kylian et un autre par Ton Simons)
4 et 5 juillet, Metapolis II, de Frédéric Flamand et Zaha Hadid
4 et 5 juillet, Popular Music de Yuval Pick, et Erection de Pierre Rigal et Aurélien Bory
6 juillet, 1st Konnexion de Franck II Louise
7 juillet, Sorrow Love Song de Kubilai Khan Investigations
7 et 9 juillet, soirées de l’école P.A.R.T.S. dirigé par Anne Teresa de Keersmaeker
8 juillet, concert de l’Orquesta Tipica Fernandez Fierro
10 juillet, concert d’Elisabeth Kontomanou
11 juillet, concert de Pascals

Informations : 04 91 33 55 70 www.festivaldemarseille.com / info@festivaldemarseille.com
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Chronique FraÎChe