Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Retrouvez nos critiques théâtrales sur :
Les informations sur nos cours d'improvisation théâtrale à Paris :

Musarder



Inscrivez-vous
au Club des abonnés (gratuit)




Découvrez nos cours d'improvisation théâtrale

Tous niveaux - 7e année

Les inscriptions sont ouvertes pour les cours d'improvisation à Paris qui débutent en septembre. Au choix, en français ou en anglais.



Nouveau !

Rejoignez notre cours d'impro en anglais :



Coaching prise de parole

           

Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 16:06
UNE TOURNÉE PAS ORDINAIRE

« Ou l'histoire du deuxième mythomane, celui qui dort à ma hauteur sur l'autre couchette », précise le sous-titre. Tout un programme pour un solo singulier, imaginé par Serge Valetti, et produit par le TNT qui prend la clef des champs pour une tournée des buvettes et bars ruraux...

Un comédien, Eddy Letexier, seul, mais pas sur scène... Accoudé au comptoir. Un personnage qui vous raconte, entre deux gorgées de bière, une de ses journées qui commence plutôt mal, après un mélange pas très heureux. Mais « l'aventure l'attend au coin de la rue »... et du bistrot. « Moi ! Un otage ! Au coin de la rue…! (...)Moi qui rêvais d'être joueur de tennis ou quelque chose comme ça, c'était l'occasion ou jamais. La chance à saisir comme on dit. Le trac d'un coup qui te prend à la gorge, la peur de ne pas savoir si on va réussir à bien tenir son rôle. » Rôle magistralement tenu en tout cas par Eddy Letexier – admirable « Roi nu » d' Evgueni Schwartz par ailleurs.

Dans la peau d'un drôle de type un peu désorienté, il nous raconte 24 heures de sa vie dont une partie s'est perdue dans les limbes avec les vapeurs d'alcool. « Et (...) (dit le comédien) c'est parti pour une heure de délire façon Valetti, comme l'espace mental d'un radiateur : " (...) que c'est tout tordu à l'intérieur, comme pour nous les intestins..." ». Dans les tuyaux de ce radiateur, notre anti-héros entend la voix du « Petit », l'homme qui le poursuit depuis le matin, avec la page « offres d'emploi » d'une gazette. Épisode hilarant (parmi tant d'autres !) de cette épopée moderne entre hallucinations, fantasmes et réalité.

Voyage autour d'un verre de bière

Le texte de Serge Valetti est très « parlé », loin des monologues désincarnés parfois déclamés. Quittant les planches pour le plancher de monsieur-et-madame-tout-le-monde, la parole se veut brute. Conçue « avè l'assent » de Marseille par l'auteur, ici intelligemment adaptée version chtimi par le comédien d'origine belge, elle se nourrit des va-et-vient incessants d'une pensée désordonnée, d'un discours qui donne l'impression plaisante de la spontanéité.

La fin ouverte de ce voyage autour d'un verre suscite par ailleurs bien des questions. Le personnage est-il mythomane, comme le suggère le sous-titre ? A-t-il passé sa nuit dans un bar et imaginé le reste ? Le mystère reste entier, tant mieux ! Les langues se délient, chacun y va de son hypothèse, comme s'il s'agissait d'un fait-divers. Et la délicieuse ambiguïté entre fiction et quotidien se prolonge, entretenue par la présence du pilier de bar de l'histoire in situ.

Un choix de mise en scène en accord avec l'univers du dramaturge, comédien, qui s'est fait connaître dans les années 80 en investissant des lieux insolites, pas toujours dédiés au théâtre : une scène de fortune en sous-sol, les quais de la Seine, les ruines de Vaison-la-Romaine... Ici, son monologue investit avec bonheur les salles des fêtes, foyers ruraux, restaurants, bistrots et chapiteaux éphémères des villes et villages de la région. Cette tournée, initiée en Isère, en 2007, avant la nomination de Laurent Pelly à Toulouse, offre à l'œuvre un contexte qui désacralise le rapport scène-salle. À la rencontre aussi de ceux qui ne franchissent jamais les portes d'une salle homologuée. L'aventure est belle, en tout cas, car le texte nous mène jusqu'au rivage, face au « sac et au ressac », et parce qu'avec ce « spectacle de poche », le théâtre contemporain s'invite dans des lieux où l'on ne l'attend guère, « au coin de la rue » comme au fin fond des campagnes, où l'on apprécierait de se laisser porter plus souvent par des textes de cette teneur.

Bernadette POURQUIÉ (Toulouse)

Renseignements Généraux
Texte : Serge Valetti (créé en 1985 ; publié par Christian Bourgois Éditeur, in Six solos, Paris, 1992)
Interprétation : Eddy Letexier
Direction d'acteur : Laurent Pelly (assisté d'Emmanuel Daumas)

Production : TNT (Théâtre National de Toulouse)
1, rue Pierre Baudis
31000 Toulouse
Tél. : 05 34 45 05 05
Site internet : http://www.tnt-cite.com/
production@tnt-cite.com

Tournée (réalisée avec l'aide de la Région Midi-Pyrénées) :
À Auragne (31), à la Salle des fêtes (Foyer rural), à 20h30, le 11 avril 2008
À la Salle du Jeu du Mail, à Pamiers (09), à 20h, le 12 avril 2008
Au restaurant « La Fanette », à Verdun-sur-Garonne (82), à 18h, le 20 avril 2008
Au restaurant « La Gazette », à Toulouse, à 20h, le 28 avril 2008
(tél. : 05 61 21 15 81)
À Gondrin (46), à la Salle des fêtes, à 21h, le 30 avril 2008
(tél. : 05 62 29 12 43)
À Concots (46), sous chapiteau sur la place du village, à 20h30, le 2 mai 2008
(tél. : 05 65 24 53 78)
À Saint-Pierre-Toirac (46), à la Salle des fêtes, à 19h, le 3 mai 2008
(tél. : 05 65 34 65 07)
À Belaye (46), Association « Pierres Vivantes », à 21h, le 9 mai 2008
À l'Isle-Jourdain (32), en plein air, à 21h30, le 10 mai 2008
(tél. 05 62 07 21 06)
Au Baroque, à Rodez (12), à 18h et 21h, le 15 mai 2008
(tél. : 05 65 77 88 00)
Au Bar de la Poste, à Bretenoux (46), à 19h, le 16 mai 2008
(tél. : 05 65 38 59 53)
Au Théâtre Le Colombier, aux Cabannes (81), à 19h30, le 17 mai 2008
(tél. : 05 63 56 09 99)
À Plaisance-du-Gers, en plein air, à 13h, le 18 mai 2008
(tél.: 05 62 61 65 05)
Au Bistrot de l'Auzoue, à Courrensan (32), à 18h, le 20 mai 2008
(tél. : 05 62 06 67 97)
Au Festival « Histoire en toutes lettres », au Foyer Roger Panouse, à Tournefeuille (31), à 19h, le 22 mai 2008
(tél. : 05 61 86 47 13)
À Act' en scène, à La Bastide-de-Seroux (09), le 23 mai 2008
Dans les Hautes-Pyrénées, quatre représentations du 10 au 13 juin 2008
Au Festival « Derrière le hublot », à Capdenac (12), le 14 juin 2008
(tél. : 05 65 64 70 07)

Photo © Guy Delahaye
Partager cet article
Repost0
20 avril 2008 7 20 /04 /avril /2008 15:40
SULFURIQUE

Quand les mots « sulfureux » et « lyrique » se rencontrent, cela donne un mélange sulfurique très acide... En l'occurrence, le deuxième spectacle de la compagnie « Acide Lyrique » qui repart en tournée avec ce nouveau récital parodique.


Ils sont quatre à donner de la voix (et du clavier) et se qualifient eux-mêmes de « mezzo-soprano maniaco-dramatique », « ténor schizo-pavarotique legeto-goldmanien », « baryton tontaino-brésilien, tontaino-californien » et « pianiste claydermaniaque rubisteinien »... C'est dire ! Les références ne manquent pas en effet, et de Verdi à Mickael Jackson, on en entend de tous les goûts et toutes les couleurs. On apprend aussi beaucoup sur l'histoire de la musique, entre deux saynètes jouées ou chantées, où une pseudo-émission façon Radio Classique informe les auditeurs sur l'épopée fromagère de Wagner, « La Chevauchée de Vache qui rit » et « L'Anneau du Babibelungen »...


Vous l'avez compris, tout est matière à rire et, des « Trompettes d'Aïda » à « Carmina Burana » en passant par les chants grégoriens, le bel canto, l'opéra, le souffle épique des grandes tragédies..., tout est passé à la moulinette de la parodie. Sémillants costumes scintillants (notamment en toiles cirées...) ou en carton, paroles totalement revisitées, travestissements et gags en cascade, « l'opus à l'oreille » imaginé et interprété par ces quatre artistes mélomanes ne se prend pas au sérieux une seule seconde.

Allegro e furioso !


Sous la plume impertinente de Christophe Mirambeau, responsable de la mise en scène - avec la mezzo-soprano Stéphanie Barreau -, le prélude "Casta Diva" se transforme en "Casse-toi Diva" ("Va donc chanter chez Auchan !"). Quand il est question de Verdi et de l'Égypte, les personnages arborent des noms tels que "Spasphon" ou "Psoriasis"... Pourtant, qu'il s'agisse de chansons paillardes remixées en latin de cuisine et ponctuées de "bip" sonores ou de caricatures du baroque "Les Amours de Bélise", impertinence ici rime aussi avec talent.

C'est à l'Espace Marcel Pagnol, à Villeneuve-Tolosane, près de Toulouse, que la compagnie de théâtre musical a donné la première de ce nouveau spectacle mi-avril, suite à une résidence de création sur place, tout comme quatre ans auparavant, pour son premier spectacle "Récital parodique", créé en ces lieux. Il y a fort à parier que ses notes s'égrèneront bien plus loin et que les amateurs d'art lyrique puristes ne resteront pas longtemps de marbre...

Bernadette POURQUIÉ (Toulouse)

Acide Lyrique – Opus à l'oreille
Compagnie : Acide Lyrique
Distribution : Stéphanie Barreau, Omar Benallal, Benoît Duc et Stéphane Delincak
Mise en scène :  Christophe Mirambeau et Stéphanie Barreau
Compositions : Michel Bosc et Christophe Mirambeau
Arrangements : Stéphane Delincak
Lumières : Amandine Gérome

Tournée de la compagnie :
(http://www.acidelyrique.com/)
À l'Espace des Deux-Rives, à Ambes (33), le 19 avril 2008
(Réservations au 05 56 77 82 95)

Au Théâtre Bernard Blier-Salle Jean Renoir, à Pontarlier (25), le 24 avril 2008
(Réservations au 03 81 38 81 27)

À « Gare aux Morilles », à Toulouse, les 22, 23 et 24 mai 2008
(Réservations au 05 61 72 19 40)

Au Festival Off d'Avignon, salle Alizé, à 22h15, du 10 juillet au 2 août 2008
(Réservations au 04 90 14 68 70)

À la MJC de Mazamet (81), le 19 septembre 2008
(Réservations au 05 63 98 68 02)

Photo © Patrice Nin






Partager cet article
Repost0
18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 19:28
CLOWNS TRISTES POUR DÉRISION LÉZARDÉE

Les spectacles de Jérôme Deschamps et Macha Makeieff ont souvent quelque chose de fragile. Celui-ci, plus qu’un autre, induit un accord inconditionnel ou un total rejet, pour ou contre des clowns phagocytés par leur bouffonnerie.


Après avoir picoré dans des scènes de l’humoriste Henry Monnier, après s’être accordé le rôle principal, Jérôme Deschamps s’est lancé dans ce qu’il affectionne. Un travail sur la dimension phatique de la communication en général et celle de la langue en particulier.  C’est dire combien les mots ont peu d’importance. Du texte originel, il ne reste quasi rien. Par contre, l’acteur y va à fond dans tout ce qui relève de l’accroche systématique, voire obsessionnelle, à un interlocuteur.


Aussi le spectacle est-il ponctué de bout en bout par des exclamations, des onomatopées, des soupirs, des borborygmes, des tics gestuels et des grimaces faciales, des bribes de phrases lancées avant d’être répétées comme dans une mise en abîme d’échos. Le seul discours qui s’affirme devient, hormis l’un ou l’autre mot cruel sur l’humanité, une sorte de course poursuite entre un être cherchant à s’exprimer à la fois dans l’élémentaire et le prétendu dit, tout en s’efforçant désespérément de contraindre son partenaire à le suivre à travers les méandres de ce qui ne parvient jamais à être une pensée consciente. Matière qui constituait déjà en partie la trame de certains épisodes des Deschiens mais constitue ici l’unique matériau de séquences alignées vaille que vaille.

Le décor est un décor de déglingue. Des récipients dépareillés entassés en équilibre instable, un canapé de troisième main, une sorte de comptoir où, sorte de succédané du « pianocktail » de Boris Vian, un fût peut déverser à volonté grands crus et piquettes… Un lieu intemporel d’une médiocre misère qui traîne ses savates dans une complaisance d’où il semble impossible de sortir.

Si on songe au comique triste d’un film comme « La Strada » de Fellini, c’est surtout à cause du duo des jeunes protagonistes qui viennent s’insérer entre les scènes dans lesquelles Deschamps et Bolle-Reddat s’engluent. Les silhouettes de Catherine Gavrilovic et Philippe Leygnac (signataire aussi de la musique) prennent, à chaque brève apparition, une présence en contrepoint qui focalise l’attention. Ils imposent des gestes, des allures, des sons dont le pathétique se teinte d’un humour tendre et léger : ils valent à eux deux le déplacement.

Michel VOITURIER (Lille)

Au théâtre du Nord à Lille du au
En tournée : au Grand Théâtre de Luxembourg les 25 et 26/04 ( http://www.theatres.lu )

Texte (quand il en reste !) : Scènes populaires (Folio Gallimard)
Adaptation et mise en scène : Jérôme Deschamps
Distribution : Jean-Claude Bolle-Reddat        Madame Desjardins
Jérôme Deschamps            Madame Bergeret
Catherine Gavrilovic            Vilaine enfant des rues
Philippe Leygnac            Vilain enfant des rues
Philippe Rouèche (accordéon)
Musique : Philippe Rouèche et Philippe Leygnac
Lumières : Dominique Bruguière
Costumes : Macha Makeïeff
Accessoires : Sylvie Châtillon
Conseiller scénographe : Cécile Degos

Production : Deschamps et Makeïeff / Théâtre de Nîmes / Théâtre National de Chaillot / Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg / Théâtre National de Bretagne – Rennes  (Création au Théâtre de Nîmes le 7 novembre 2006).

Au théâtre du Nord à Lille du 26 mars au 5 avril 2008.

Photo © Enguerrand
Partager cet article
Repost0
17 avril 2008 4 17 /04 /avril /2008 19:32
EXPLORER ESPACE, CORPS ET LIENS

Artiste associé à la Rose des Vents, le Hongrois Pàl Frenàk, influencé par Merce Cunningham et la culture japonaise, crée des ballets esthétiquement forts, liés aux racines du corps et de l’existence.


Noir salle. Noir scène. Au lointain, en haut, surgissent et disparaissent magiquement, comme remontant à la surface des eaux avant d’y replonger, des figures. Elles sont blanches, asexuée : lisses, chauves, mystérieuses, voire effrayantes. On songe à des fantômes, des créatures légendaires, des guerriers primitifs enduits de boue ou de pigments végétaux.

La musique est électronique. Elle gronde, vrombit, envahit. Tout à l’heure, elle sera ponctuée par les percussions d’un musicien présent côté cour. Elle sera contrecarrée par les mélodies romantiques d’une pianiste côté jardin. Mélodies elles-mêmes confrontées à un jeu très contemporain directement sur les cordes de l’instrument.


Tout le spectacle conçu par Frenàk, réside  dans ces contrastes. La douceur de la caresse va de pair avec la violence des actes. La séduction s’accompagne de gestes durs. Le clair cohabite avec le sombre tant dans les costumes que dans des éclairages particulièrement subtils. Le caché s’accommode du dévoilé. Le brut est conjoint du sophistiqué au point d’exploser dans la séquence finale où sont rapprochés le naturel fabriqué des variétés télévisées et l’élémentaire des pulsions corporelles originelles, des soubresauts d’insectes.

Le décor en forme de toboggan ou de piste incurvée pour skate board, donne aux êtres la faculté de chuter, de se relever, de grimper, de retomber, d’être avalé dans un abîme invisible au-delà de la lumière. Il contraint les danseurs à chercher sans cesse l’équilibre, à être en suspens dans l’incertain. Il amène les protagonistes à se situer entre le fragile et le solide, entre le primaire et l’élaboré, l’envol et l’ancrage au sol, la présence et l’absence, la manipulation de l’autre et l’autonomie.

Les images sont fortes. Elles s’étalent d’une vision fœtale à l’apprentissage de la marche à 4 pattes, de la virulence du rejet de l’autre à la fusion amoureuse et sexuelle, de l’harmonie collective aux désordres anarchiques, de l’enfermement intérieur aux tentatives de communiquer avec autrui.

La démarche de Frenàk embrasse des axes multiples : explorer son corps et l’espace, appréhender son existence et celle d’autrui, maîtriser les gestes et l’agitation intérieure, marier le charnel et le spirituel. La beauté plastique de l’ensemble rend le spectacle touchant par sa cohérence ainsi que sa rigueur.

 Michel VOITURIER (Lille)

Chorégraphie : Pàl Frenàk
Distribution : Balazs Baranyai, Vencel Csepenyi, Viktoria Kolozsi, Nelson Reguera, Kristof Varnagy
Composition musicale : Helmut Oehring
Création lumière : Janos Marton
Coproduction : Cie Pàl Frenàk / La Rose des Vents

À la Rose des Vents de Villeneuve d’Ascq du 2 au 4 avril 2008

Partager cet article
Repost0
10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 23:16
PIÈCE À TIROIRS

Sur un plateau, où s'alignent des costumes de théâtre, un élément central de taille : l'armoire. Une énorme armoire grise, à deux battants et un tiroir latéral, qui s'ouvre avec fracas pour laisser entrer et sortir des personnages. Tous nés de l'imagination – féconde ou poussive, selon les jours – de « l'auteur ».

Un auteur tourmenté, comme il se doit, et poursuivi, chose plus gênante, par l'un de ses êtres de papier. Une vieille dame criarde et envahissante qui n'hésite pas à le harceler littéralement. Alors qu'elle vide des caddies entiers de bouteilles de Perrier pour en faire des cocktails molotov, l'auteur essaie tant bien que mal de saisir « la banalité de l'observation » pour faire naître la révélation. À la terrasse d'un café, dans son bureau ou son jardin, il tente de dépasser sa médiocrité et sa condition humaine, de « s'extraire de la masse sociale gélatineuse dans laquelle il végète depuis sa naissance ».


Il ne réussit pourtant qu'à provoquer de petits et grands drames. Du serveur qui lui demande « C'est au nom de la fiction que vous me ridiculisez ? » au crash d'un avion dont les victimes trépassées cherchent les boîtes noires jusqu'aux abords de son jardin... Réalité et fiction s'entremêlent et se superposent, sans qu'il puisse démêler les fils de ses histoires et de sa propre vie. Et la vieille dame dans tout ça ? Omniprésente dans son esprit et omnipotente, tour à tour maternelle, familière ou méprisante, elle acquiert très vite son indépendance. À la fenêtre, à travers l'armoire béante, au téléphone, sur un écran, ou en « live », elle semble ne pas quitter l'auteur d'un pouce, jusqu'à s'immiscer dans son texte en le corrigeant pendant son absence !

Une « espèce de logorrhéique »...

C'est le charmant petit nom que la vieille dame, interprétée par Françoise Soucaret, donne à l'auteur. D'une voix de stentor un peu éraillée qui fait mouche à tous les coups, elle épingle tous ses travers. Elle est son cauchemar, mais aussi la première auditrice de ses tirades verbeuses et grandiloquentes. Réflexion sur l'écriture, sur le théâtre, auto-dérision, la pièce est à l'image du cerveau troublé de l'auteur-personnage : décousue, mâtinée d'absurde. Le metteur en scène réel, Jean-Pierre Beauredon, y joue un metteur en scène fictif, qui prend le pas sur l'auteur quand la littérature, la parole et le sens font défaut et que le plus beau mot de la langue française devient « Cacolac »...

Si le public peut facilement se perdre dans les méandres de cette œuvre à tiroirs, il se délecte du défilé improbable et drôle des personnages féminins et masculins créés par le dramaturge en mal d'inspiration, tous joués par les deux mêmes comédiens, et des apparitions intempestives de la truculente vieille dame. Inédite, cette pièce de l'auteur d'origine roumaine Matéï Visniec a été créée le 21 mars dernier à l'Espace Apollo de Mazamet. En chantier en 2006, quand Jean-Pierre Beauredon est allé à la rencontre de l'auteur, elle a pris forme petit à petit, grâce à des allers-retours permanents entre ces derniers. De leur co-direction cette saison de l'atelier du Théâtre de La Digue  « Urgence de la jeune parole » aux mises en espaces et lectures d'autres créations (dont « Le souffleur de la peur », le 18 avril à Cintegabelle), leur travail en commun ne s'arrête pas à ce premier cocktail. Une démarche plurielle qu'on aimerait rencontrer plus souvent quand il s'agit de théâtre contemporain.

Bernadette POURQUIÉ (Toulouse)

La vieille dame qui fabrique 37 cocktails molotov par jour
Texte : Matéï Visniec (inédit)
Interprétation : Denis Rey, Didier Legouic, Cathy Brisset, Jean-Pierre Beauredon, Françoise Soucaret
Mise en scène : Jean-Pierre Beauredon
Assistante à la mise en scène : Cathy Brisset
Création musicale : Claude Delrieu et Dominique Malan
Lumières : Mickaël Vigier
Scénographie, construction décors : Michel Broquin (Cie Créature)
Costumes : Éric Sanjou
Images vidéo : Benoît Maestre

Compagnie : Beaudrain de Paroi
Co-production : Espace Apollo (Mazamet) / Le Tracteur (Cintegabelle)

Tournée :
Au Sorano, à Toulouse, du 8 au 13 avril 2008
(réservations au 05 34 31 67 16)
http://www.theatresorano.com/

Au Théâtre Jean Marmignon, à Saint-Gaudens, le 23 mai 2008
(réservations au 05 61 94 78 19)

Au Tracteur, à Cintegabelle, le 5 juillet 2008
(réservations au 05 61 08 60 26)

Lecture du Souffleur de la peur de Matéï Visniec :
à la Salle Gérard Philippe de Cintegabelle (31), le 18 avril 2008 à 21h

Photo © Brice Devos
Partager cet article
Repost0
10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 18:46
UN PIEGE PIRANDELLIEN

Pour créer La chance de ma vie, Valérie Grail a choisi de présenter ce qui demeure en principe en amont de la représentation : l’audition des comédiens. Piège pirandellien, le spectacle reposera justement sur leur entretien. Un jeu où chacun montre et cache une vérité impitoyablement traquée par cinq auteurs.

Tout d’abord cinq auteurs qui s’employèrent à rassembler un matériau textuel. À cette fin, ils rencontrèrent de vraies personnes, notamment une classe d’ados. Grâce à ce travail d’orpailleur, ils conçurent une sorte de tissage reliant paroles entendues et mots imaginaires, enfin un texte au sens étymologique du terme. Cela donne un spectacle qui pourrait ressembler à ces savoureuses scènes de portraits vues chez Molière ou Marivaux, ou à un défilé de personnages aux allures, au langage, aux attentes à la fois semblables et contrastées. Car la situation de l’audition crée des règles auxquelles il faut se soumettre. Mais elle implique aussi le surgissement de certaines vérités, de certaines souffrances. Quelque part dans la salle, mi-régisseur, mi-grand inquisiteur, se tient l’ordonnateur de l’interview, maître d’un jeu dont il dose savamment les encouragements amicaux et les injonctions contradictoires. Chacun joue alors sa partition, entre attaques et défenses.


Ainsi, en dépit du caractère convenu de certaines questions, se dessinent devant nous les figures de personnes qui nous amusent, nous attachent, nous étonnent : une jeune fille passionnée de littérature qui rêve de faire vivre les héros de ses pièces favorites, une autre qui donne dans toutes les conventions du genre et qui débite des phrases toutes faites sur l’art théâtral, un "winner" de pacotille qui prend les choses en main, révèle qu’il fut propre très tard et qui récite sans qu’on l’en prie un extrait de Don Juan, une fine mouche qui renvoie l’interrogateur dans ses cordes en lui lançant : « Je ne vois pas bien où vous voulez en venir mais je suppose que vous savez ce que vous faites. » À côté de ces comédiens en quête de rôles, un personnage s’interroge sur cette étrange folie qui consiste à imiter la vie, le théâtre où souvent il s’ennuie. Ironique contrepoint, il raconte lui aussi son existence, si banale que nul cette fois ne songe à se l’approprier ni à en faire un récit exemplaire.

La sobriété de la mise en scène

Pour la mise en scène, Valérie Grail a choisi l’austérité. Au centre de la scène, un cercle lumineux, parfois un inconfortable tabouret où se pose un corps devenu gauche, presque godiche. Les autres acteurs attendent sur un banc, rongeant leurs ongles et leur frein. Le visage des protagonistes apparaît souvent sur un écran pour rappeler les caricatures de la télé-réalité, l’impérialisme de l’image qui caractérise notre époque. Près de la table de régie, l’interrogateur pose ses questions qui tombent d’en haut, pleuvent dru souvent sur le pauvre comédien devenu si vulnérable dans la lumière.

La seule dramaturgie est celle de la succession des postulants. Parfois émergent quelques entorses : velléités de révolte, dénonciation d’un jeu où les dés sont pipés, risques inégalement partagés. Alors, tout est suspendu à la prestation de chaque comédien. Un peu comme dans l’audition qu’il est en train de simuler, c’est en effet sur lui que repose le succès de l’entreprise. Le charme n’opère pas toujours de la même façon. Le public manifeste des préférences, c’est aussi une règle du jeu. Une loi du théâtre qui, à l’inverse de la télé-réalité dont nous parlions, est un art du mentir vrai qui se pratique sans filet.

Yoland SIMON (Le Havre)

La chance de ma vie
Valérie Grail/compagnie Italique
1er volet : L’audition
Théâtre de la foudre, Petit Quevilly, les 1er et 2 avril 2008 à 20h30.
Mise en scène : Valérie Grail
Assistante à la mise en scène : Julie Ménard
De Valérie Grail, Fabrice Melquiot, François Monnié, Jean-Gabriel Nordmann, Rémi de Vos
Musique originale : Stefano Genovese
Lumières : Catherine Reverseau
Régie : Rima Ben Brahim
Avec Pierre Barrat, Daniel Berlioux, Julie Ménard, Audrey Meulle, Catherine SchaubAbkarian, Rainer Sievert, Eléonore Simon
Coproduction : Théâtre du Soleil, Théâtre de Chelles, Scène nationale de Petit-Quevilly/Mont-Saint-Aignan.
Avec le soutien de Beaumarchais et du Conseil régional d’Île de France

Crédit photographique : Photo Michèle Laurent.
Partager cet article
Repost0
10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 17:49
RIRE DECONCERTANT

Drôle de pièce que celle choisie par Cécile Combredet, comédienne d’origine parisienne  installée à Montpellier depuis cinq ans. Afin de mettre en scène son personnage -Aglaé, une trentenaire «écolo-bio» qui déteste les clichés- elle évolue une heure durant face au public, dans le public, derrière le public… Bref, avec son public ! Drôle et contemporain.

Ce qu’elle aime, Cécile Combredet, elle le décrit simplement : jouer dans des lieux insolites, travailler sur de nouvelles formes. C’est sans doute une des raisons qui ont incité Jean-Michel Soloch, le directeur du Théâtre d’O, à choisir ce spectacle pour ambassadeur de la saison. Aussi, se joue-t-il depuis plusieurs mois dans divers lieux de l’agglomération de la ville. Et ce monologue, que cette Montpelliéraine d’adoption dit être approprié à une salle d’attente, la conduit du rire aux larmes. Elle séduit, agace, critique, déplore, se révolte ou subit ce que sa génération vit au quotidien dans notre société. «Ah ! les trentenaires, génération sacrifiée qui va bientôt aborder la quarantaine…»


Pour mieux comprendre cette génération, la comédienne et Marie Raynal, metteur en scène, ont mis le Studio Gabriel Monnet du Théâtre d’O sens dessus dessous. Pas un gradin, juste des sièges posés en carré autour d’un espace vide dans lequel la jeune femme évolue au plus prés de son public qui regarde, écoute, participe parfois, s’esclaffe de rire. Avec une mise en scène aussi intimiste, difficile de ne pas admirer la concentration de l’artiste et sa performance. Une heure durant, elle occupe seule le théâtre de ses illusions perdues, de ses convictions bafouées, de l’implication sociale de ses origines à son avenir… Avec pour tout décor : un sac de plage sous le bras ! Voilà qui suffit à la fille du Tché!

Un récit schizophrène à souhait

Pas si simple pourtant d’être captivante, de garder le contact, d’assurer le lien et de plaire. Car il ne s’agit pas ici de séduire mais bien d’incarner, de se dédoubler. Présenter les combats d’une génération qui n’a pas fait la révolution de Mai 68 peut paraître dérisoire.  De la montée du chômage, des droits et des devoirs, elle dresse un inventaire : «Vous cherchez la sortie de l’Assedic ? Encore faut-il pouvoir y entrer !»

Un peu illuminée, elle rêve de jardinage ou de planter un baobab à L’Élysée… Des ambitions au demeurant pas si éloignées des attentes éco citoyennes actuelles. Bref elle ironise, décortique, plante le décor.  Saugrenues, ses pensées le sont assurément mais cela nous a été sympathique. Aglaé est perdue dans le dédale de son histoire, la résonance de ses aïeux, dans la vie. Un monologue parfois autobiographique qui renvoie à bien des égards à de vieux souvenirs ou à des périodes pas si éloignées de nous. Un one woman show qui reste drôle et contemporain à la fois sans prise de tête aucune.

                                 Christelle ZAMORA (Montpellier)

« On se fait la bise ? »
Création / Théâtre d’O
Les 12, 13, 14 et 28 mars 2008
De et par Cécile Combredet, compagnie le Bao
Mise en scène Marie Raynal.
Partager cet article
Repost0
10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 15:37
LA TRAVERSEE D’UN MYTHE

Après la publication d’un roman intitulé Les amants de Bagdad aux éditions Verticale, l’auteur de théâtre montpelliérain Jean Reinert vient d’éditer Don Juan aux éditions Espaces 34. La pièce écrite il y a seize ans demeure d’actualité et Jacques Bioulès, qui en a réalisé l’adaptation, l’a récemment portée sur les planches du Théâtre du Hangar. Alors, comme il se doit, au texte est venu s’adjoindre le regard d’un homme de théâtre. Et à l’étonnante production de huit comédiens qui a permis l’aboutissement de ce projet, d’autres mains sont venues assembler leurs talents.


Si d’emblée, les comédiens se présentent sourires aux lèvres, c’est pour choisir des costumes. Des vêtements qui devraient les projeter dans une autre époque mais qui viennent contrairement signifier au public que ce sont les mythes qui traversent les âges ! Car le récit se fait en trois temps : celui des questions posées par la société contemporaine, à savoir le don d’organe ou l’écologie pour ne citer qu’elles, un second temps est aux prises avec l’histoire, et le troisième avec le mythe. Puis, la mise en scène met en exergue l’écriture théâtrale, picturale, comme autant de pistes de lecture. La quasi-totalité de la pièce est commentée par le geste adroit et tendre de Vincent Bioulès, fondateur du mouvement Supports/Surfaces, dont les dessins filmés au cours de leur réalisation sont projetés en arrière plan. D’un abord figuratif, ce relief donne à l’ensemble une approche à la fois légère et dense. Depuis Molière qui en a fixé la trace dans l’histoire et nos mémoires, Don Juan n’a plus quitté le temps. Il voyage. Et l’auteur nous le rappelle ici : « peu agréable aux femmes, il plaît parce qu’il demeure cette part libre de nous même. »


Un Don Juan, moins séducteur que joueur

Voilà un Don Juan bien plus joueur que séducteur, qui jubile, qui ne veut pas entrer dans le système. Il le dit lui-même : « je joue le monde » et c’est dans cette voie qu’il devient cohérent. Ce refus de fonctionner dans le monde le conduit à sa compréhension. Ce Don Juan là ne combat plus la morale ni l’église. Il lutte contre la société, celle du rendement, de l’efficacité, de la médiatisation et du profit. Et pour conclure, si « la vivacité du texte est parfois d’un abord difficile », il va de soi qu’il s’agit là d’une oeuvre qui donne « à penser », ce qui a conduit certains à la revoir. Un criminel ne revient-il pas toujours sur les lieux de son crime ? Il faut dire que la politique du théâtre, qui invite son public une seconde fois gratuitement, ne peut que pousser à la tentation.
 
Christelle ZAMORA

Vu au Théâtre du Hangar
Du 26 février au 8 mars 2008
Théâtre du Hangar- Compagnie Jacques Bioulès
Centre d’Art et de Recherche
3 rue Nozeran 34090 Montpellier

Tel : 04 67 41 32 71




Partager cet article
Repost0
9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 19:26

UNE HISTOIRE A EN PERDRE LE FIL

 

Le théâtre Jean Villar a récemment reçu, dans le cadre de spectacles jeunes publics, l’incroyable cirque du Farfalle. Ce Monsieur  Farfalle, il est vrai, est un incroyable personnage qui a beaucoup intrigué petits et grands.

 

Il n’est pas aisé tout d’abord de démasquer ce Farfalle qui rêve éveillé de devenir Bouglione. Une personnalité à la mine patibulaire, patron du Cirque Farfalle dont les artistes sont tous des bras cassés. De facto, l’homme ira de déboires en déconvenues. Et dans sa tête, les cauchemars supplantent rapidement les rêves de succès si bien que s’il fallait tirer une leçon de cette histoire, voilà un exemple qui ne serait pas bon à suivre. Le travail de la « Compagnie Bruitquicourt » relate et rejoint avec une cruauté bien agréable aux yeux et oreilles des enfants ce qu’à pu être la vie d’un cirque méconnu. Une vie pas si éloignée de nous. La mise en scène choisit par le talentueux Luc Miglietta est celle d’un spectacle clownesque enraciné dans le burlesque. Bien que la pièce ait été jouée au théâtre Jean Vilar cette saison, l’atmosphère propre au cirque se retrouve ici portée sans peine par un décor étonnamment vrai bien qu’insolite, une myriade de téléphones sonne parfois jusqu’à en perdre le fil ! Et tout au long du récit de l’histoire de ce pauvre Farfalle, misères et désillusions ne sont que farces et attrapes. Les jeux de scène décalés ont ravi plus d’un regard et cela tous âges confondus. Instants cocasses, drôleries clownesques, grotesques de situations, habitent l’ensemble des numéros. Et la question de savoir si la plus grande revue de cirque de tous les temps finira sa course dans la lumière s’impose rapidement au spectateur. Si à ce propos des zones d’ombres sont bien perceptibles, elles sont jetées dans le public avec une belle arrogance. Car de perdre le fil à perdre la tête, il y a ici moins d’un pas et de toute évidence notre méchant Farfalle récolte toujours la monnaie de sa pièce.



 

 

 

Une folle magie

Mais ne nous y trompons pas, la finalité de cette création n’est pas de réaliser un spectacle de cirque. Ces derniers, petits ou grands, le font si bien ! Elle dénonce davantage les méandres d’une imagination mal nourrie. Se faisant, elle met en exergue les délires de l’ignorance au service d’une volonté de pouvoir que tout oriente vers la chimère et la fausse représentation. Mais c’est au creux d’une poésie douce amère que le message est ici délivré. Toutefois, la plus éloquente de toutes les leçons à en tirer est sans doute celle qui fera de ce spectacle l’un des plus savoureux souvenirs d’enfance de nos chérubins. Quant aux adultes, ils ne sont pas prêt d’oublier une si jolie prestation.

  

Christelle ZAMORA (Montpellier)


L'incroyable cirque du Farfalle
Co-écriture : Christophe Pujol, Luc Maglietta

Création lumière : Caroline Esné

Intervention plastique : Bertrand Lecointre

Avec Bastien Authié, Luc Maglietta, Estelle Sabatier, Emmanuel Valeur

Production : Compagnie Bruiquicourt et Théâtre Jean Vilar

 

Du 4 mars au 7 mars 08 au théâtre Jean Vilar

Partager cet article
Repost0
1 avril 2008 2 01 /04 /avril /2008 17:29
À CHACUN SA MAROTTE

A son arrivée à la tête du Théâtre Jeune Public de Strasbourg en tant que directeur en 1997, Grégoire Calliès s'est donné pour but de rendre toutes ses lettres de noblesse à l'art de la marionnette, en faisant le choix de soutenir plus particulièrement la création en lien avec la manipulation sous toutes ses formes. Plus de 10 ans plus tard, le théâtre est toujours la seule institution culturelle dirigée par un marionnettiste, mais en passe de devenir centre national. L'un de ses atouts est le festival des Giboulées de la marionnette, établi depuis trente ans au sein du théâtre.


Depuis cinq ans, le festival a été annualisé, renforçant sa position d'événement théâtral international majeur., et compte continuer à s'étendre en devenant l'année prochaine transfrontalier, après avoir déjà colonisé une petite majorité des salles de Strasbourg.

Qui veut jouer à la poupée?

Dans son édito, Grégoire Callies annonce la couleur pour cette année: "Ce festival est depuis plus de trente ans et tous les ans depuis cinq saisons, de faire le point sur les avancées, les stridences et les léthargies, les évolutions de la création contemporaine. Nous voulons que cette édition des Giboulées rende compte fidèlement de ce travail opiniâtre, particulièrement lisible dans notre région."

Pour la programmation de cette 19ème édition, l'accent a été  donc mis sur les créations plutôt que les spectacles qui ont déjà une certaine notoriété mais qui appartiennent au déjà-vu.De la nouveauté, afin de faire le point sur l'état d'un domaine artistique influencé comme les autres par de nouvelles techniques dans lesquelles il puise son inspiration et en emprunte ses matériaux.

A l'honneur cette année les créations de la région, avec des compagnies comme Art Kaîk, présentant une pièce coproduite par Tohu-Bohu: c'est notre histoire, Les Imaginoires avec Points de suspension  ou la compagnie S'appelle Reviens et son spectacle pour les tout-petits, 86 centimètres. Mais l'on retrouvera tout de même et avec plaisir la compagnie Flash Marionnettes pour Babel France, ainsi que des compagnies nationales et internationales. Pour ne citer qu'eux, des personnalités comme Michelle Augustin, Ismaïl Safwan, Gilbert Meyer ou encore Catherine Sombsthay ont mis la main à la pâte, pour nous donner ce programme plus qu'alléchant qui ne peut que tenir ses promesses.

Au final, près de trente pièces différentes, destinées à un public plus ou moins jeune (attention aux recommandations d'âge précisées sur la plaquette, spectacle de marionnette ne veut pas dire spectacle pour enfants), très riche dans la diversité des proposition et des horizons: de quoi voyager, rire, pleurer, réfléchir et s'effrayer pendant une semaine. Le seul bémol à la notoriété du festival étant que les places partent très vite pour certaines pièces, précipitez-vous !

A ne pas rater: la cérémonie d'ouverture du festival devant la Petite scène, pont du corbeau, avec la Banda Batuc, et les états généraux de la marionnettes les 4 et 5 avril, pour ceux qui veulent s'intéresser de plus près à cette forme d'expression aux possibilités infinies.

Juliette ZELLER (Strasbourg) 

Les giboulées de la marionnette, 19ème édition, organisation de Gilbert Meyer et programmation de Anne-Françoise Cabanis pour le Théâtre Jeune Public de Strasbourg,
du 28 mars au 5 avril 2008 : lieux, dates et horaires à consulter sur le site du TJP: www.theatre-jeune-public.com
Partager cet article
Repost0

Chronique FraÎChe