Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Retrouvez nos critiques théâtrales sur :
Les informations sur nos cours d'improvisation théâtrale à Paris :

Musarder



Inscrivez-vous
au Club des abonnés (gratuit)




Découvrez nos cours d'improvisation théâtrale

Tous niveaux - 7e année

Les inscriptions sont ouvertes pour les cours d'improvisation à Paris qui débutent en septembre. Au choix, en français ou en anglais.



Nouveau !

Rejoignez notre cours d'impro en anglais :



Coaching prise de parole

           

Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

20 avril 2007 5 20 /04 /avril /2007 23:58
UNE VOLONTÉ DE MORT

Le suicide des jeunes est un phénomène social préoccupant. La pièce de Bauersima prend le problème de l’intérieur et l’associe aux échanges sur internet. Juliette a décidé d’en finir avec la vie. Posément. Parce que, à ses yeux, il n’y a nulle autre solution dans ce monde qui est nôtre. Elle lance sur le web une invitation afin de trouver un partenaire qui accepterait de l’accompagner en faisant avec elle le grand saut.

Elle aspire à conclure en se rendant dans le Grand Nord, au bord d’une falaise de glace. Le décor est celui-là, précisément, une étendue gelée, blanche, surmontée d’un symbolique plongeoir. Il est constitué de verre brisé qui crisse sous les pas, rappel permanent des blessures possibles, des craquements d’une existence qui marche sur du vide. Le message de Juliette est entendu. Auguste, un jeune homme de la même génération, se dit prêt à tenter avec elle la dernière aventure. Si elle est décidée à en finir c’est essentiellement par souci de dignité, parce qu’elle estime que vivre n’a aucun sens, aucune finalité intéressante. Lui, c’est un peu différent. C’est davantage par désœuvrement, par une sorte d’ennui né de la conscience d’être plutôt inutile.

Photo © Lou Hérion

La situation, peu banale, suscite chez les deux désormais partenaires une acuité vitale particulière. Tous deux savent que c’est la fin, qu’ils connaissent l’échéance. Leur dialogue va s’enraciner dans l’immédiat mais aussi au plus profond d’eux-mêmes.

Un face à face
avec soi et les autres

Comme au surplus, elle a décidé qu’ils se filmeraient afin de laisser derrière eux une image destinée à leurs proches, les voilà contraints à se mettre en scène, à jouer. Dès lors s’installe l’ambiguïté qui règne entre les médias et la réalité, entre ce qui est montré et ce qui est réellement vécu. Peut-on être soi devant une webcam ou cherche-t-on à impressionner celui qui regarde?

Les paroles se confrontent aux actes dans la tension des silences. Bien qu’ancrées dans la culture pop et même si elles prétendent récuser le passé, elles se réfèrent aux générations précédentes qui ont connu James Dean, Nathalie Wood et La fureur de vivre. Elles laissent transparaître des angoisses. Elles sinuent vers ailleurs. Ainsi la séquence jouée en parallèle des échanges amoureux, des tâtonnements entre sexualité et tendresse apporte un flot émotif renforcé par la distanciation mise en scène par Hauke Lanz. Reste à savoir si cette découverte d’eux-mêmes suffit à redonner un sens à des vies que la société ne nourrit pas de valeurs et qui sont perçues sans lendemains possibles.

Sur fond d’aurore boréale, Sarah Antoine et Laurent Caron y sont parfaits de justesse. La pièce aborde les questions essentielles de l’humain. Elle y adjoint celles que posent actuellement l’usage des technologies de la communication immédiate. Elle le fait dans un langage direct, accessible, mêlant le bouffon et le tragique, le vécu et l’inventé, le perçu et l’imaginé.

Michel VOITURIER (Lille / Belgique)

Norway.today
Mise en scène : Hauke Lanz
Paques Production : Théâtre national / Cie en Compagnie des Loups
Distribution : Sarah Antoine - Laurent Caron Scénographie : Hauke Lanz - Sarah De Battice Création vidéo : Bruno Geslin Lumières : Benoit Gillet - Romain Gueudré – Son : Hauke Lanz - Willy
En tournée au Théâtre de Namur les 20 et 21 avril (081 25 61 61) ; au Foyer culturel de Barvaux-sur-Ourthe le 27 (086 21 98 71) ; au Centre culturel de Rossignol le 28 (063 41 31 20). Norway.today Texte : Igor Bauersima (éd. L’Arche)
Partager cet article
Repost0

commentaires

Chronique FraÎChe