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Festival d'Avignon

3 février 2007 6 03 /02 /février /2007 09:19
Quand la vengeance mêle politique et passion, la violence tisse la trame pour mettre à nu la nature humaine…

Tout le monde ou presque a vu "La Folie des grandeurs" aevc De Funès et Montand, inspiré très largement de la pièce de Victor Hugo. Repassons-nous la trame. Don Salluste tombe en disgrâce pour une faute vénielle qu’il paie d’un exil commandité par la reine d’Espagne, Dona Maria de Neubourg. Loin d’accepter la sentence, il manigance, en scénariste diabolique, un plan de vengeance destiné à faire déchoir la jeune reine. En désirant rallier son cousin Don César à son obsession vindicative, il récolte un refus qui signe l’arrestation en représailles de Don César. Pris de court, il substitue la pièce maîtresse de sa stratégie par son laquais, Ruy Blas, qui a l’apparence et l’âme d’un seigneur, sans en avoir le titre.

Le titre, Don Salluste lui l'offre, et tire les ficelles de sa création, un Don César sur mesure qui se laisse prendre au jeu. Car Ruy Blas ne rêve que de quitter sa livrée trop étroite pour ses ambitions : revêtir les appâts d’une autre existence. Un avenir où la reine aura une place de choix car bien qu’elle occupe déjà toutes ses pensées, il reste pour l’instant « le ver de terre amoureux d’une étoile », pour le moins filante. Le plan semble se dérouler comme une corde de potence, comme le souhaite Don Salluste pour sa vengeance, Ruy Blas pour son amour. Mais quand Ruy Blas comprend ce qu’attend de lui son Pygmalion machiavélique, il préfère se sacrifier pour sauver sa reine.
 
Ego Hugo et Victor semper

Au-delà du drame romantique, Hugo s’est fait dans cette pièce le porte-parole d’une société sclérosée par l’immobilisme tyrannique d’une poignée de dirigeants aveuglément guidés par la défense de leurs privilèges (ndlr, souvenons-nous du retentissant "Bon appétit, messieurs !"). La cour d’Espagne agonisant des bassesses égotistes de la noblesse en titre n’est finalement pas si éloignée de nos sociétés modernes, consacrant une fois de plus un Hugo visionnaire qui a su saisir l’essence de l’homme pour l’inscrire dans l’éternité. Ruy Blas, loin d’être figé dans une époque révolue, semble se nourrir d’une étonnante modernité que lui a insufflée avec subtilité William Mesguich ; il a réalisé là un véritable travail d’orfèvre du vers pour préserver la pureté du texte d’Hugo tout en y incrustant des idées de mise en scène qui renouent avec la veine baroque du drame romantique.

Le contraste des tableaux, qui flirtent avec une démesure maîtrisée, crée une tension progressive dans l’action jusqu’au paroxysme du dénouement. Le blanc virginal de la scène et de la reine, incarnée par Marie Mengès, émouvante Dona Maria, apporte une bouffée d’air pur, souvent légère grâce à la piquante Charlotte Popon. Ce blanc contraste avec un rouge libertin qui confine l’espace pour plonger le public dans les strates du mystère et des manigances. Les loups, à la fois masques et personnages, sont de sortie pour éventrer les illusions d’un Ruy Blas écartelé.
Matthieu Cruciani (Ruy blas) porte la flamme du héros romantique sans se brûler face à un Don Salluste (William Mesguich) d’une puissance dramatique saisissante.
Don César (Laurent Prévot) tire son épingle du jeu en jouant les trouble-fêtes cabotin qui permet de faire une pause comique (parodique parfois avec le spadassin revisité en parrain de la mafia). Un mélange des genres qui fait de ce Ruy Blas un creuset d’émotion dont on se nourrit avec gourmandise.

Ange LISE (Paris)

Ruy Blas
De Victor Hugo Mise en scène de William Mesguich Avec Aude Biren, Matthieu Cruciani, Chris Egloff, Damien Ferrette, Florent Ferrier, Marie Mengès, William Mesguich, Charlotte Popon, Laurent Prévot, Benjamin Tholozan

Au Théâtre Mouffetard, 73 rue Mouffetard, 75005, Paris
Réservations : 01 43 31 11 99

A voir du 18 janvier au 10 mars du mercredi au samedi à 21h, dimanche à 15h
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