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Festival d'Avignon

3 février 2007 6 03 /02 /février /2007 08:58
TRIPTYQUE PSYCHÉDÉLIQUE

« Ne pas se contenter d’être ce que l’on est : il semble que ce soit le privilège de notre espèce. » Cette affirmation de Gilbert Rouget, Marie Dilasser pourrait en être l’auteure. Cette jeune dramaturge, issue de la promotion d’écriture dramatique de l’Ensatt, propose un texte hybride où les genres dramatiques s’entremêlent. On oscille entre la comédie, la farce, le burlesque, le vaudeville, mais aussi le tragique par les thèmes abordés.

Trois personnages ancrés dans une réalité métaphorique du monde et de la société, tentent de résoudre les problèmes auxquels la vie les confronte. L’auteure insiste notamment sur les questions identitaires : origine, sans papier, sexualité… D’ailleurs le texte est particulièrement truculent sur la sexualité, le langage est manipulé au point d’en devenir délirant : « mon fille et ma fils », l’auteure contorsionne la grammaire, celle-ci devient représentative de l’ampleur du désordre causé par le questionnement identitaire. Le texte se présente en trois actes ponctués de trois intermèdes. Chaque acte appartient au problème d’un personnage, Boruta Priscillone, Paule Kadillac et Elfie Razhad sont tour à tour représentatifs d’une problématique. La pièce est formée comme un triptyque, l’auteure étant fascinée par les tableaux de Francis Bacon.
 Photo © Michel Cavalca

La mise en scène de Michel Raskine exploite donc cette construction, jusque dans le concept même de la scénographie, le décor étant un ensemble de trois volets chacun définissant un espace appartenant à un personnage pour atteindre dans l’épilogue un espace appartenant à tous. L’ingéniosité de la scénographie est l’atout majeur de la mise en scène, elle apporte une interprétation au texte où « tout n’est pas dans les mots », comme le fait remarquer le metteur en scène au sujet de l’écriture de Marie Dilasser. La liberté qu’offre le texte à celui qui s’en empare, a permis au metteur en scène de se réapproprier l’œuvre afin d’en extraire les questions qu’elle soulève au sujet même du théâtre. Le plateau, la salle, la régie, les décors, les frontières fondent. La régie lumières et son se trouve sur scène avec un régisseur « capricieux », qui trouble la pièce en écoutant la radio et en refusant de l’éteindre, puis ce même régisseur est aussi le chien de Boruta. Heureusement Jean Louis Delorme à la régie plateau veille au bon déroulement du spectacle, ponctué par des intermèdes caustiques et délirant entre un taureau fort distingué, une brebis carnivore et une truie angora rousse !

Autant d’originalités qui interrogent le spectateur sur des questions fondamentales du spectacle vivant qu’il ne se pose peut-être jamais, surtout parce qu’on ne désire peut-être pas qu’il se les pose.

Ce spectacle demeure surtout la découverte d’une jeune auteure douée, le texte est mordant et très riche, un petit bémol pour le premier acte qui ne facilite pas immédiatement l’entrée du spectateur dans cet univers particulier, mais la suite laisse présager un bel avenir à Marie Dilasser que nous suivrons désormais pas à pas.

Audrey HADORN (Lyon)

Me zo gwin ha te zo dour (je suis pinard et tu es flotte) ou Quoi être maintenant ?
Texte : Marie Dilasser.
Mise en scène : Michel Raskine
Avec : Anthony Poupard, Claire Semet, Hélène Viviès, Marco Couffignal, Jean-Louis Delorme.

Production de la comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme-Ardèche, dans le cadre de la comédie itinérante.
Création le lundi 22 janvier 2007 à Valence, sur la scène de la Fabrique.

Théâtre du Point du jour du 30 Janvier au 9 Février 2007.
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