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Festival d'Avignon

15 janvier 2007 1 15 /01 /janvier /2007 21:28
DRÔLE DE BESTIAU

Il serait temps d'en parler… Il prolifère dangereusement ! Le Seul en scène ne vient pas d'être découvert en forêt amazonienne et n'appartient certes pas à une espèce en voie de disparition. Tout au contraire. Il a connu des formes archaïques : bouffon du roi ou griot, suivant les cultures, évoluant au fil du temps, il s'est appelé diseur, chansonnier, humoriste, conteur, ou tout simplement… acteur dans un "monologue". Un acteur "comme les autres" qui maintenant prend abondamment une certaine revanche en faisant un "one man show", - en français : un "seul en scène".

Sans doute était-il frustré d'être devenu, fusse dans les mains de génie, un pantin que le metteur en scène manipulait à sa guise. Certes "il adhérait au projet" de tout son cœur et son talent mais il se sentait souvent frustré de ne plus voir son nom mentionné sur "le matériel promo", un sort qu'il partageait avec l'auteur même, parfois (combien de "MACHIN met en scène Don Juan" avec parfois, au-dessous, plus petit, "de Molière"… et c'est tout !). Talentueux, certes mais aussi peut-être quelque peu cabotin et vaniteux, piaffant d'envie de dire et montrer des choses personnelles, il a voulu cavaler hors des formes traditionnelles et… cavalier seul ! Naguère de sexe masculin, on voit maintenant des comédiennes être "seulE en scène" et "le genre" lui-même, le monologue, est devenu multiforme. C'est que, outre jongler avec un texte puissant (ou non), il sait faire de plus en plus de choses le/la comédien/ne : jouer d'un instrument, chanter, danser, connaître l'une ou l'autre technique de cirque et de music-hall… donc donner autant de facettes au genre que de seulS en scèneS…
  Photo © Fréderik Haugness

Mais il caracole en tête des succès, le "seulenscène" !

Et ça fait de gros, de très gros, succès ! Qu'on se souvienne des "Monologues du Vagin" créé au Poche par Fanny Cottençon en avril 2000 (4 reprises + 1 encore en 2006 mais dans une tout autre formule), "Oscar et la Dame Rose" par Jacqueline Bir la saison dernière et toujours depuis 2000, Pie Thisbanda dont le "Fou Noir au Pays des Blancs" dépasse la millième et s'offre le Cirque Royal… Un des plus beaux (ou plus belle ?) seul/e en scène du moment, primé fort justement, est Carole Karemera pour "La Femme Fantôme" en reprise au Poche.

Réservons pour un autre moment une place spéciale au conteur, la première place, car n'est-il pas à l'origine de l'acte théâtral même ? Descendant plus direct du griot, le conteur Pie Thisbanda appartiendrait davantage à cet art à part entière, comme Michèle N'guyen et d'autres… suscitant des Rencontres (comme celle "Internationale de Conteurs"), des Festivals ("de Conteurs" à la Maison du Conte)…

Conteur nu et acteur connu

Ce qui ferait la spécificité du seulenscène A.O.C, c'est qu'il ne bouscule pas les règles de la "boîte boire", des "murs théâtraux" et que même connu, il/elle est supposé/e ne pas "faire son numéro" mais se mettre au service d'un auteur, d'une histoire, d'un, ou des personnages le plus souvent, car il/elle aime beaucoup jouer les Frégoli (ça fait partie de sa revanche, à lui/elle qu'on cataloguait souvent dans les mêmes "emplois").

Dernièrement nous avons pu en voir de multiples facettes avec une "Biennale" au Théâtre "L" d'Ixelles. Le champ d'action du seulenscène est immense; un vrai kaléidoscope de manières de montrer des univers complètement différents. Grâce à l'accueil du petit théâtre de "La Flûte Enchantée"*(plus habitué pourtant aux auteurs confirmés), "au service d'un auteur" est bien la démarche de Boris Stoïkoff, acteur sensible qui fit les beaux soirs de la plupart des théâtres bruxellois et met ici tout son talent dans l'expression d'un auteur porté à la scène pour la première fois : Richard Vandevelde. Comme un témoignage, une confidence de cœur à cœur, touchante et pathétique, rendue proche par la petitesse du lieu, une musique subtile, une scéno appropriée, on est fasciné… alors qu'on connaîtra bien peu du contexte social, de la vie courante, de cet homme, poussé à s'inventer un double, à lui parler ou à pester contre des échanges virtuels qui le laissent insatisfait, poussé à aller jusqu'à la négation suprême, la "suppression" de "ce qu'il ne veut pas devenir".

C'est que, en fond, l'intention est grave. Il y a ce que Vandevelde pose comme une "aberration": le fait que "on refuse à un homme, lorsqu'il est encore conscient, de décider s'il veut, ou non, vivre mentalement amoindri" ; cet homme voyant sa déchéance progressive, "n'est pas autorisé à respecter son code d'honneur, son refus à lui d'errer dans un asile ou un hôpital", en clair de "mettre fin à ses jours", dans un pays qui a cependant admis le "droit à mourir dans la dignité". Une écriture recherchée, qu'on pourrait qualifier de "littéraire", mais un vrai soliloque, une logorrhée, qui illustre parfaitement ce qu'est être seul, sur la grande scène de la vie, sur "l'écran noir des nuits blanches" de cet homme qui dit "A part la nuit, je suis normal".

Suzane VANINA (Bruxelles)

"Si c'est un homme"/Théâtre de Poche "La femme fantôme" de Kay Adshead, Théâtre de Poche : du 9 au 27.01.2007 – "A part la nuit, je suis normal" de Richard Vandevelde, Théâtre de la Flûte Enchantée : du 5 au 28.01.2007.
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