11 janvier 2007
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UNE PLAISANTE VERSION D'OPÉRETTE
La comédie la plus célèbre de Gogol revient dans une mise en scène de Christophe Rauck. Il privilégie un comique visuel proche des films muets burlesques et une atmosphère de vaudeville à l’ancienne avec couplets chantés.
La fable est drôle et cruelle. Un jeune surendetté, Khlestakov, débarquant dans une bourgade provinciale, est confondu avec l’inspecteur gouvernemental chargé de vérifier l’honnêteté et le bon fonctionnement de l’administration locale. Résultat de ce quiproquo, les magouilleurs du coin cherchent à acheter le silence du prétendu fonctionnaire. Celui-ci comprend vite à quel point il peut profiter de la situation et ne s’en prive pas.
La troupe s’est résolument investie dans un jeu corporel très au point. Chaque mouvement est calculé et quasi mis en chorégraphie. La maîtrise physique crée une caricature de silhouettes qui renforce l’impression de pantins désarticulés, manipulés. C’est le côté le plus plaisant de cette représentation où le public a l’impression de voir défiler, tressauter, gambader des personnages empruntés à Chaplin, Keaton ou Lloyd. Le mouvement finit par l’emporter sur le texte. Entrées et sorties se succèdent à un rythme effréné notamment grâce à des armoires et des cabines d’essayage devenues coulisses, un escalier venu des cintres. L’œil y trouve son compte.
Le sens du piquant
En revanche, il semble qu’entraînés par l’énergie déployée, une bonne partie des comédiens se laissent aller à en rajouter par moments. On frise alors le comique grimacier et gesticulatoire agaçant d’un de Funès.
C’est le cas de Juliette Pluecocq-Mech dans le rôle de l’étudiant imposteur. Son côté androgyne mise sur une certaine ambiguïté qui rend le rôle intéressant. Sa souplesse d’acrobate lui permet bien des facéties qui cependant n’évitent pas, parfois, une sorte de cabotinage.
Marc Chouppart, en bourgmestre madré et pétochard, est délicieux. Il use de registres sans cesse différents.
En épouse frustrée, Emeline Bayart impressionne par sa pétulance et, en juge, Myriam Azencot par sa sobriété.
Le reste de la troupe campe alternativement des rôles drolatiques et des silhouettes éphémères autant que récurrentes avec un sens du détail piquant.
On s’amuse. On décroche çà ou là, car certains passages manquent un peu d’intérêt. On se laisse emporter par le dynamisme de l’ensemble. Par des trouvailles plus ou moins bienvenues. Par l’une ou l’autre surprise farfelue, comme cet attelage vaguement surréaliste dans lequel l’escroc prend la fuite, comme ces apparitions vidéo amusées (cafards de la chambre d’hôtel, slogans, portraits…). Par le côté parodique des chansons de Rémi De Vos. A contrario, la portée morale et sociale de la comédie de Gogol paraît totalement gommée par la farce. En ces temps de malversations politiques ou financières banalisées, c’est plutôt dommage et cela ne fera précisément pas oublier la mise en scène très engagée du Letton Alvis Hermanis voici un an ou deux.
Le Révizor
Texte : Nicolas Gogol (éd. Actes Sud, 1999)
Mise en scène : Christophe Rauck
Distribution : Myriam Azencot, Emeline Bayart, Marc Chouppart, Amélie Denarié, Florent Fichot, Gilles Geenen, David Geselson, Jeanne Gogny, Martial Jacques, Alexis Jacquet, Jean-Charles Maricot, Nora Meurin, Juliette Plumecocq-Mech, Pierre-Henri Puente, Hélène Sir-Senior, Marc Susini
Musiciens : Marc Barnaud, Arthur Besson
Paroles des chansons : Rémi De Vos
Musique : Arthur Besson
Scénographie : Aurélie Thomas
Costumes : Coralie Sanvoisin / Lumières : Olivier Oudiou / Vidéo : Thomas Rathier / Mouvement : Claire Richard / Voix : Tania Pividori
Production : Comédie de Reims, CDN ; Compagie Terrain Vague (Titre Provisoire) ; Théâtre du Peuple - Maurice Pottecher Au Théâtre du Nord à Lille jusqu’au 19 janvier 2007.
En tournée : à Château-Gonthier les 23 et 24 janvier ; Centre dramatique de Limoges du 1er au 3 février.
La comédie la plus célèbre de Gogol revient dans une mise en scène de Christophe Rauck. Il privilégie un comique visuel proche des films muets burlesques et une atmosphère de vaudeville à l’ancienne avec couplets chantés.
La fable est drôle et cruelle. Un jeune surendetté, Khlestakov, débarquant dans une bourgade provinciale, est confondu avec l’inspecteur gouvernemental chargé de vérifier l’honnêteté et le bon fonctionnement de l’administration locale. Résultat de ce quiproquo, les magouilleurs du coin cherchent à acheter le silence du prétendu fonctionnaire. Celui-ci comprend vite à quel point il peut profiter de la situation et ne s’en prive pas.
Photo © François Fogel
La troupe s’est résolument investie dans un jeu corporel très au point. Chaque mouvement est calculé et quasi mis en chorégraphie. La maîtrise physique crée une caricature de silhouettes qui renforce l’impression de pantins désarticulés, manipulés. C’est le côté le plus plaisant de cette représentation où le public a l’impression de voir défiler, tressauter, gambader des personnages empruntés à Chaplin, Keaton ou Lloyd. Le mouvement finit par l’emporter sur le texte. Entrées et sorties se succèdent à un rythme effréné notamment grâce à des armoires et des cabines d’essayage devenues coulisses, un escalier venu des cintres. L’œil y trouve son compte.
Le sens du piquant
En revanche, il semble qu’entraînés par l’énergie déployée, une bonne partie des comédiens se laissent aller à en rajouter par moments. On frise alors le comique grimacier et gesticulatoire agaçant d’un de Funès.
C’est le cas de Juliette Pluecocq-Mech dans le rôle de l’étudiant imposteur. Son côté androgyne mise sur une certaine ambiguïté qui rend le rôle intéressant. Sa souplesse d’acrobate lui permet bien des facéties qui cependant n’évitent pas, parfois, une sorte de cabotinage.
Marc Chouppart, en bourgmestre madré et pétochard, est délicieux. Il use de registres sans cesse différents.
En épouse frustrée, Emeline Bayart impressionne par sa pétulance et, en juge, Myriam Azencot par sa sobriété.
Le reste de la troupe campe alternativement des rôles drolatiques et des silhouettes éphémères autant que récurrentes avec un sens du détail piquant.
On s’amuse. On décroche çà ou là, car certains passages manquent un peu d’intérêt. On se laisse emporter par le dynamisme de l’ensemble. Par des trouvailles plus ou moins bienvenues. Par l’une ou l’autre surprise farfelue, comme cet attelage vaguement surréaliste dans lequel l’escroc prend la fuite, comme ces apparitions vidéo amusées (cafards de la chambre d’hôtel, slogans, portraits…). Par le côté parodique des chansons de Rémi De Vos. A contrario, la portée morale et sociale de la comédie de Gogol paraît totalement gommée par la farce. En ces temps de malversations politiques ou financières banalisées, c’est plutôt dommage et cela ne fera précisément pas oublier la mise en scène très engagée du Letton Alvis Hermanis voici un an ou deux.
Michel VOITURIER (Lille)
Le Révizor
Texte : Nicolas Gogol (éd. Actes Sud, 1999)
Mise en scène : Christophe Rauck
Distribution : Myriam Azencot, Emeline Bayart, Marc Chouppart, Amélie Denarié, Florent Fichot, Gilles Geenen, David Geselson, Jeanne Gogny, Martial Jacques, Alexis Jacquet, Jean-Charles Maricot, Nora Meurin, Juliette Plumecocq-Mech, Pierre-Henri Puente, Hélène Sir-Senior, Marc Susini
Musiciens : Marc Barnaud, Arthur Besson
Paroles des chansons : Rémi De Vos
Musique : Arthur Besson
Scénographie : Aurélie Thomas
Costumes : Coralie Sanvoisin / Lumières : Olivier Oudiou / Vidéo : Thomas Rathier / Mouvement : Claire Richard / Voix : Tania Pividori
Production : Comédie de Reims, CDN ; Compagie Terrain Vague (Titre Provisoire) ; Théâtre du Peuple - Maurice Pottecher Au Théâtre du Nord à Lille jusqu’au 19 janvier 2007.
En tournée : à Château-Gonthier les 23 et 24 janvier ; Centre dramatique de Limoges du 1er au 3 février.