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Festival d'Avignon

24 décembre 2006 7 24 /12 /décembre /2006 00:41
ET LE PUBLIC DANS TOUT CA ?

« Brûlée au fer rouge par les petites rancunes et la grande injustice, noyée dans son petit ménage, elle a pris les armes. » Cela résume sans doute en partie ce que le metteur en scène a vu et voulu transmettre dans La Méchante vie. Le spectacle est une adaptation des scènes populaires écrites vers 1830 par Henri Monnier qui connut alors son heure de gloire.

Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff ont voulu remettre ces scènes populaires à l’ordre du jour. Seront-elles pour autant au goût du jour ? On se réjouit toujours d’aller voir un spectacle de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff. On n’a pas toujours raison. Maintes fois par le passé, le duo a prouvé qu’il était passé maître dans le rendu poétique et parfois délirant de la vie ordinaire des petites gens. On se souvient des Petits pas, des Deschiens, et de bien d’autres pièces, autant d’images sépias qui montrent l’humanité dans son dénuement avec une tendresse qui fait tout passer, tout aimer, même le pathétique.

Extrême perplexité

On se dit donc, qu’avec La Méchante vie, on va replonger un instant dans cet univers si personnel et touchant. Que nenni, on ne plonge dans rien du tout. Excepté une extrême perplexité. Le spectacle est tellement étanche que l’on n’arrive pas à rentrer dedans, à part quelques privilégiés sans doute qui avaient le décodeur. Jamais je n’avais assisté à une pièce où autant de gens, au moins une trentaine, sortaient pendant la représentation pourtant fort peu longue (1h30). On dira que c’est mal élevé pour les acteurs. Mais dans ce cas, c’est leur rendre la monnaie de leur pièce car, c’est agaçant, les seuls qui ont l’air de s’amuser, ce sont eux. Ce qui ne fait pas beaucoup. Les corps de métier du théâtre n’ont pas été oubliés pour autant et s'en tirent plutôt mieux. Les costumes et le décor sont superbes.

Nous sommes dans un taudis où un chien empaillé semble garder un bric-à-brac empilé de vieilles bassines. Ce bric-à-brac, marque de fabrique des Deschamps-Makeïeff est comme toujours très harmonieux et esthétique. Les personnages principaux, essentiellement deux femmes, sont joués par des hommes, Jérôme Deschamps et Jean-Claude Bolle-Reddat, qui ont l’air de ne pas en revenir du bon tour qu’ils nous jouent (ha ha ha!!). Elles sont distraites de leurs agacements par leurs enfants, des sales gosses sans avenir, gris et sales comme la mauvaise vie. Ces deux « pas bonnes femmes » partagent un quotidien sans horizon à l’époque de ce que l’on suppose être la révolution vu que la guillotine semble être la principale attraction. « Désolée pour hier, je n’ai pas pu venir à l’exécution de votre mari ». Car la guillotine semble s’être emballée comme une faux qui couperait à la volée toutes les têtes, même celles qui ne dépassent pas. Et ça n’est pas plus mal, ma pauvre dame, parce que cela nous fait de la distraction. Le vent de la révolution a tourné comme un mauvais vin. L’époque est au vinaigre. Plus d’aristos, juste des clodos et des alcoolos. On s’aime puis on s’aime pas. En fait on aime bien pas s’aimer. Eh oui, c’est la méchante vie qu’on vit comme on tire le vin qu’on boit et même les mauvaises cuvées désaltèrent.

"Méchiante" vie

A priori, c’est plutôt intéressant, ces gens de petites conditions qui s’affrontent dans ce quotidien sans joie comme des rats de laboratoire se défoulent l’un contre l’autre dans une cage. Cela pourrait être percutant, désespérant et drôle. Pour cela il faudrait que le texte soit fort, or il semble faible et débité de façon monocorde. On a l’impression que les acteurs jouent pour eux. Rien n’est projeté vers le public. Manque d’actions et de rythme. Manque de profondeur. Manque de surprise. Encéphalogramme plat. Il ne se passe rien. C’est la "méchiante" vie. La seule interactivité entre la scène et la salle tient aux grappes de spectateurs qui s’enfuient vers la sortie. Cela fait peu de distraction. Cela ne vaut pas la guillotine. On s’ennuie. À la fin, on applaudit par politesse et surtout parce que c’est la fin et que l’on va pouvoir rentrer chez soi. Je sais, c’est une méchante critique. Si vous ne me croyez pas, allez-y ! Il reste des places…

Agnès GROSSMANN (Paris)

La Méchante vie
D’après les scènes populaires d’Henri Monnier
Spectacle de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff
Avec Jean-claude Bolle-Redat, Jérôme Deschamps, Catherine Gavrilovic, Philippe Leygnac et Philippe Rouèche à l’accordéon.

Jusqu’au 30 décembre au Théâtre national de Chaillot 1 place du Trocadéro 75116 Paris Réservations : 01 53 65 30 00
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