29 octobre 2006
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INCARNATIONS
"Entrer dans la peau de son personnage" est la formule encore souvent répétée aux aspirants comédiens. Quand l'acteur "est" véritablement le héros de l'histoire qu'il raconte, on dépasse la formule, on atteint une sorte de magie. Alors, on n'imagine même plus les "personnages" (dont certains fameux !) sous d'autres traits.
Telles sont, pour le moment, les "performances" du magnifique Olivier Massart/Gilles de Rais, à la mesure du texte puissant de Hugo Claus : "Gilles et la Nuit", de Fabrice Rodriguez /Florimond Tournesol dans "Délires", texte d'un autre Belge, André Baillon, mis en scène par Christian Leblicq, et de - une révélation en même temps qu'une "incarnation"- Frédéric Dussenne /Jean-Luc Lagarce dans "Le Voyage à La Haye". Notons en passant que Hugo Claus vient ce 23 octobre, lors de la Remise des Prix du Théâtre 2005-2006 en Belgique, d'être reconnu "Meilleur Auteur de l'Année".
A Namur (Grand Manège) avant Bruxelles
Ce que Frédéric Dussenne a de particulier, c'est qu'il est très connu en Belgique pour… ses mises en scènes (trop nombreuses à mentionner ici !). Ce pédagogue, meneur de projets et de compagnies, comme Lagarce le fut, accepte ici à la fois de "faire l'acteur" et de se soumettre à la direction d'un metteur en scène, par aillleurs comédien à part entière, lui : Olivier Coyette. Ce "Voyage…", récit autobiographique, est surtout un fascinant périple intérieur, une description à la fois détachée et émouvante d'une lente destruction physique. Détachée parce que l'ironie reste la compagne d'infortune de Lagarce, émouvante parce que la pudeur de l'expression ne fait que mieux ressortir le côté dramatique du vécu. Le phrasé quelque peu précieux, l'élégance naturelle, la sobriété générale du propos de Frédéric Dussenne, font qu'on entre sans s'en rendre compte, facilement, dans un univers tout de même particulier, celui d'un homme de théâtre qui révèle tout ce qu'il y a de profondément humain derrière la parade.
Et cela malgré les incursions d'une bande sonore parfois trop puissante ; en dépit aussi d'un lieu - le Grand Manège - très intéressant certes mais quelque peu démesuré par rapport à la confidence intense, dans l'urgence, qui nous est communiquée, yeux dans les yeux. Cela ne fait que mettre davantage en valeur l'incontestable présence de Dussenne/Lagarce. On ne peut présager d'une autre et nouvelle carrière pour Frédéric Dussenne à partir de cette expérience car si elle est, en effet, très prometteuse, on peut se demander si une symbiose aussi totale, magistrale, entre le comédien et son "personnage" peut, elle, se répéter !
"Le Voyage à La Haye" de Jean-Luc Lagarce "Gilles et la Nuit" : 13 au 28.10/Bruxelles/Th.Le Public "Délires" : 21.09 au 22.10/Bruxelles/Th. des Martyrs et Hypothesarts "Le Voyage à La Haye" : 10 au 21.10/Namur/Grand Manège – 14 au 31.12/Bruxelles/Le Public - ailleurs ensuite dans le cadre de "l'Année Lagarce"
"Entrer dans la peau de son personnage" est la formule encore souvent répétée aux aspirants comédiens. Quand l'acteur "est" véritablement le héros de l'histoire qu'il raconte, on dépasse la formule, on atteint une sorte de magie. Alors, on n'imagine même plus les "personnages" (dont certains fameux !) sous d'autres traits.
Telles sont, pour le moment, les "performances" du magnifique Olivier Massart/Gilles de Rais, à la mesure du texte puissant de Hugo Claus : "Gilles et la Nuit", de Fabrice Rodriguez /Florimond Tournesol dans "Délires", texte d'un autre Belge, André Baillon, mis en scène par Christian Leblicq, et de - une révélation en même temps qu'une "incarnation"- Frédéric Dussenne /Jean-Luc Lagarce dans "Le Voyage à La Haye". Notons en passant que Hugo Claus vient ce 23 octobre, lors de la Remise des Prix du Théâtre 2005-2006 en Belgique, d'être reconnu "Meilleur Auteur de l'Année".
A Namur (Grand Manège) avant Bruxelles
Ce que Frédéric Dussenne a de particulier, c'est qu'il est très connu en Belgique pour… ses mises en scènes (trop nombreuses à mentionner ici !). Ce pédagogue, meneur de projets et de compagnies, comme Lagarce le fut, accepte ici à la fois de "faire l'acteur" et de se soumettre à la direction d'un metteur en scène, par aillleurs comédien à part entière, lui : Olivier Coyette. Ce "Voyage…", récit autobiographique, est surtout un fascinant périple intérieur, une description à la fois détachée et émouvante d'une lente destruction physique. Détachée parce que l'ironie reste la compagne d'infortune de Lagarce, émouvante parce que la pudeur de l'expression ne fait que mieux ressortir le côté dramatique du vécu. Le phrasé quelque peu précieux, l'élégance naturelle, la sobriété générale du propos de Frédéric Dussenne, font qu'on entre sans s'en rendre compte, facilement, dans un univers tout de même particulier, celui d'un homme de théâtre qui révèle tout ce qu'il y a de profondément humain derrière la parade.
Et cela malgré les incursions d'une bande sonore parfois trop puissante ; en dépit aussi d'un lieu - le Grand Manège - très intéressant certes mais quelque peu démesuré par rapport à la confidence intense, dans l'urgence, qui nous est communiquée, yeux dans les yeux. Cela ne fait que mettre davantage en valeur l'incontestable présence de Dussenne/Lagarce. On ne peut présager d'une autre et nouvelle carrière pour Frédéric Dussenne à partir de cette expérience car si elle est, en effet, très prometteuse, on peut se demander si une symbiose aussi totale, magistrale, entre le comédien et son "personnage" peut, elle, se répéter !
Suzane VANINA (Bruxelles)
"Le Voyage à La Haye" de Jean-Luc Lagarce "Gilles et la Nuit" : 13 au 28.10/Bruxelles/Th.Le Public "Délires" : 21.09 au 22.10/Bruxelles/Th. des Martyrs et Hypothesarts "Le Voyage à La Haye" : 10 au 21.10/Namur/Grand Manège – 14 au 31.12/Bruxelles/Le Public - ailleurs ensuite dans le cadre de "l'Année Lagarce"
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