Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Retrouvez nos critiques théâtrales sur :
Les informations sur nos cours d'improvisation théâtrale à Paris :

Musarder



Inscrivez-vous
au Club des abonnés (gratuit)




Découvrez nos cours d'improvisation théâtrale

Tous niveaux - 7e année

Les inscriptions sont ouvertes pour les cours d'improvisation à Paris qui débutent en septembre. Au choix, en français ou en anglais.



Nouveau !

Rejoignez notre cours d'impro en anglais :



Coaching prise de parole

           

Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 14:34
LA TENTATION DES INTELLECTUELS DE GAUCHE

Faust est instruit. Il est issu du peuple, a toujours milité en faveur d’un monde meilleur.  Hélas, rien ne change vraiment. Il doute. Le diable Méphistophélès réussira-t-il à le tenter en l’amenant vers le plaisir au détriment de sa lutte ? 

Le texte de la pièce de Louvet, même réadapté et actualisé par Lorent Wanson, n’est pas facile. Il est gorgé d’un travail d’écriture littéraire qui se refuse à simplifier la complexité de la pensée, des événements, des mentalités, des conditions sociales. Il ne craint pas les ellipses, le télescopage des faits et des personnes. Il mise sur l’allusif et l’intériorité de l’intime. Avec de ci de là des incursions dans une distanciation indiquée par des didascalies incorporées aux paroles des comédiens.


La scénographie vient heureusement imager ce verbe omniprésent. Comme lui, elle mêle le concret du vécu et l’abstrait du spéculatif. Elle y parvient de manière spectaculaire et poétique. Tandis qu’alentour s’étale le fouillis des coulisses avec une myriade de costumes suspendus, des cordages pendent, des poutres sont posées au sol. Avec les uns et les unes, Daniel Lesage crée une structure mouvante, sans cesse modifiée, porteuse de symboles, qui dialogue avec l’espace.

Militer pour la vie d’autrui ou la sienne

Faust vieillissant s’interroge. A-t-il perdu sa vie à vouloir améliorer celle d’autrui ? La jeune Marguerite, spontanément érotique, vient l’éprouver et finit par s’éprendre. Ce qui nous vaut de la part de ces deux êtres, écartelés entre réel et idéal, des soliloques amoureux parmi les plus beaux qui soient.

En face, un autre couple, au rôle effacé dans cette version, incarne une fidélité sans faille. Ce sont Philémon et Baucis, les prolétaires retirés dans une satisfaction plutôt matérialiste. Méphisto, goguenard, ironique essaie de tirer les ficelles avec une gouaille qui le rend sympathique. Tous interviennent par instants dans les longs monologues pour les alléger d’une musique vocale, d’une présence semblable à celle d’un chœur, tandis que le pianiste Fabian Fiorini joue les notes puissantes de Frédéric Rzewski.

En filigrane, notre monde est là qui cherche ses valeurs, qui agonise de ses excès et de son manque d’intelligence, qui rabote l’utopique et prône l’immédiat. Mais cette mise en mots peut-elle convaincre qui a tendance, malgré les efforts de la mise en scène pour exalter le charnel à reléguer l’émotion derrière le discours ?

Michel VOITURIER
(Bruxelles)


Au Manège à Mons du 4 au 7 novembre 2008 ( www.lemanege.com  )
En tournée : du 11 au 16 novembre 08 à Louvain-la-Neuve (Théâtre Jean Vilar 00 32(0)800.25.325 ou www.atjv.be ) ; le 25 novembre à Ath (Palace 00 32 (0)68 26.99.99 ou www.ath.be/mca); le 26 novembre à La Louvière (Centre culturel régional du Centre 00 32(0)64/21.51.21 ou www.ccrc.be)



Un Faust
Texte : Jean Louvet (Théâtre 2, Bruxelles, Luc Pire, Archives du Futur, 2008)
Mise en scène : Lorent Wanson, Rémi Pons
Distribution : Christian Crahay (Faust), Jean-Marie Pétiniot (Méphisto), Edwige Baily (Marguerite), Anne-Marie Loop (Baucis), Guy Pion (Philémon)
Scénographie, costumes : Daniel Lesage, Françoise Van Thienen
Lumières : Laurent Kaye
Musique : “People united” de Fréderic Rzewski
Piano : Fabian Fiorini

Production : manège.mons/Centre Dramatique - Atelier Théâtre Jean Vilar

Photo © Alessia Contu

Partager cet article
Repost0

commentaires

Chronique FraÎChe