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Festival d'Avignon

10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 10:29

QUAND ANDROMAQUE SE LÂCHE

«Tragibile, l’empire des toges» est une adaptation décalée de Andromaque, tragédie de Racine, qui adopte un ton frivole, détaché et actuel. Cela donne une pièce délirante qui, en dédramatisant le drame, réussit un pari ambitieux.

Au départ, il s’agissait d’un exercice de style. Le comédien Reda Samoudi voulait écrire un texte inspiré de Andromaque, de Racine, avec cette idée de mettre en lumière la dimension comique du genre tragique et d’actualiser un texte parfois sibyllin. Très vite, cet exercice s’est transformé en un projet plus audacieux. Celui d’en faire une pièce contemporaine et distanciée qui raconte les péripéties des protagonistes.


 Le texte de « Tragibile » balaye la complexité et la densité de la pièce de Racine au profit d’une langue simple qui se frotte à une grossièreté assumée. Les personnages, qui se parlent en rimes et en alexandrins, abordent des thèmes pragmatiques et triviaux. Ils sont comme nous, avec leur problème d’ego et de désir. Personne n’est héroïsé. Au contraire. Le texte souligne les faiblesses de chacun, leur conférant à tous une vulnérabilité comique : Andromaque est maquillée à outrance, Pyrrhus est d’une prétention exécrable, Oreste est un mégalomane trahi et Hermione, une folle furieuse qui danse comme elle respire.

Ces portraits caricaturaux, qui révèlent pourtant la vérité de leur personnage d’origine, prennent vie dans un contexte historique sciemment équivoque. Les repères sont brouillés, on est dans une temporalité fantasmée qui mélange différentes époques. Les protagonistes portent des toges, discutent de la guerre de Troie tout en faisant, le plus naturellement du monde, de la moto ou des chorégraphies de Michael Jackson. C’est d’ailleurs ce décalage systématique entre le fond et le forme, entre ce qui est dit et ce qui est montré, qui explique l’humour burlesque de la pièce.

 
La cité des toges

 

La force de « Tragibile » réside également dans le fait qu’elle arrive à éviter la facilité et à ne pas tomber dans les poncifs du genre parodique. Notamment grâce à l’interprétation rythmée et complice des quatre comédiens. Ils se regardent, se touchent, se sourient, se défient, maîtrisant une pièce qu’ils ont faite leur. A l’aise dans leur rôle respectif, ils apportent une fraîcheur et une raillerie qui se retrouvent dans la mise en scène. Avec peu de moyens, ils arrivent à créer une ambiance, exploitant des ficelles efficaces comme ces voix off qui viennent commenter les interventions des personnages ou encore ces toges farfelues et ces danses fortuites.

 Cette pièce, c’est un assemblage de bonnes idées, d’humour incongru et décalé. Sa simplicité, son recul et son originalité font d’elle une création méritoire et surtout, truculente.

 

Cécile STROUK (Paris)

 

Auteur : Reda Samoudi
Interprétation : Mélanie Allart, Cathy Martin, Arnaud Pierre, Reda Samoudi

Au théâtre de la Providence, du 9 septembre au 17 décembre 2008, le mardi et mercredi à 20h
Info bonus : si vous vous venez vêtus d’une toge, l’entrée est gratuite…

 Photo Ó Laeng/La Gargouille

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