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Festival d'Avignon

15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 18:27

UN ACCUEIL MITIGE POUR UNE VERSION ESSOUFLEE

« Partage de Midi » semble ne pas avoir trouvé son public. C’est le moins qu’on puisse dire et ce n’est pas faute d’avoir cherché. Hélas, on ne refait pas l’histoire. La messe est dite. Il en découle un jugement protéiforme porté ça et là par une critique française majoritairement déçue, qui cherche évasion, s’ennuie, les yeux tournés vers le ciel.  Au final, il semble qu’une lueur d’espoir ait été convoquée pour tempérer le propos.

Si de prime abord, on décrit dans le quotidien Les Echos (édition du 8.07) un projet ambitieux signé de la main de quatre comédiens impliqués dans la mise en scène, c’est peut-être dans sa conception que la pièce, jouée dans la magnifique carrière de Boulbon, a le plus désappointé. Car cette œuvre collective dirigée par Valérie Dréville, artiste associée à cette édition du festival, Nicolas Bouchaud, Jean-François Sivadier et Gaël Baron, s’est avérée être une expérience « peu convaincante ». C’est avec cette dureté de ton que Gilles Costaz place toute sa déconvenue dans une critique publiée dans Les Echos. Et il ne changera pas d’avis. S’il reconnaît que « les comédiens échouent avec les honneurs de la guerre car ils ont tous de merveilleux moments », il portera un verdict toujours composite : « Nicolas Bouchaud est d'une grande puissance mais il est uniforme en furieux Amalric. Valérie Dréville possède une rare force d'actrice, mais elle se trompe en vulgarisant sa diction, en lui donnant des accents populaires, qu'elle abandonne heureusement dans le dernier acte… »
Puis il le dit tout net : « l'expérience n'est pas concluante. Les talents de chacun coexistent au lieu de s'entremêler, l'unité d'une vision globale n'est jamais trouvée. »
Une fois les comédiens passés sous les fourches caudines de Gilles Costaz, « le paquebot claudélien va jusqu'au bout de sa traversée, mais tant de roulis donnent le mal de mer. » Voilà qui laisse un peu barbouillé.

Le quotidien Libération (édition du 7.07) ne sera pas plus enchanté, il titre quant à lui « Basculement » comme pour mieux signifier « Ennui ». Sans accuser, il évalue : « Au ciel, deux ballons noirs et un rouge sondent la météorologie d’âmes ballottées dans une tempête de mots et sentiments contraires. Ces éléments de décor forment le pôle d’harmonie d’un spectacle qui semble mettre un point d’honneur à ne pas trop séduire. » Mais le critique René Solis doute sur la compréhension par le public de la mise en scène et avoue : « on croit comprendre le souci qui les a animés. S’en tenir à la sauvagerie des choses. » Tiraillé, il s’interroge sur le ton donné à la pièce par les comédiens : « est-il pour autant nécessaire de crier pour faire entendre le cri ? »

Dans le quotidien Le Monde (édition du 5.07), la critique Brigitte Salino ne trouve pas d’excuse à cette interprétation. La journaliste décrit « la déception » qu’a été pour elle et le public la représentation. Le titre de sa critique évoque à lui seul son point de vue : « un Partage de Midi désincarné ».  Elle ironise : « les dieux du théâtre n'ont pas répondu. Le public non plus : le spectacle fini, il a à peine applaudi, puis s'est éclipsé. » Le tableau le plus acéré reviendra à la mise en scène : « C'est là que le projet de Partage de midi trouve sa limite. Il y a quatre acteurs qui jouent, et une pièce qui part dans tous les sens sans que l'on sache ce qu'on veut nous dire. » Brigitte Salino se borne ensuite à reprendre le cours de l’histoire vécue par Paul Claudel puis pose une conclusion esquissée sur un projet non abouti : « Les acteurs n'incarnent pas les personnages, ils jouent des idées sur les personnages, qui se côtoient sans s'assembler sur un plateau posé sur du sable, joliment éclairé, dans le deuxième acte - le meilleur de la soirée - par des lampes suspendues à des ballons invisibles dans la nuit de la carrière. »

Deux autres avis viendront légèrement nuancer ce propos, à commencer par Marion Thébaud dans Le Figaro (édition du 7.07) qui juge que « Claudel ressuscite le théâtre à Avignon ». La critique souligne une prise de risque des comédiens, qui selon elle : « saisi par leur parti pris ». Elle dissèque chaque rôle et aperçoit « des acteurs solides, qui ne craignent ni dieu ni diable. »
Si une partie de la représentation connaît « un passage à vide » convient-elle, il faut retenir de ce spectacle « un quatuor exemplaire dans une première partie qui affronte Claudel avec rage et talent. »

Le quotidien L’Humanité (édition du 7.07) reste le seul à éprouver un engouement pour cette création en décidant qu’il s’agit là d’« un valeureux théâtre à poing nus ». C’est sous la signature de Jean-Pierre Léonardini que l’on a pu lire : « Cela ne pouvait mieux commencer…avec la sorte de grandeur et d’appel vers le haut que prodigue Partage de midi, de Paul Claudel, dans une prodigieuse réalisation, fruit de l’ajustement en commun d’énergies d’exception. » Et pour appuyer son propos, il adjoint encore : « Ce n’est pas tous les jours qu’on se sent à ce point soulevé d’enthousiasme profond. Cela vient de ce qu’il s’agit là d’un théâtre nu et cru ». Au final, il parle « d’un spectacle d’une cardinale rareté », qu’il semble seul à avoir vu.

Quant à la presse francophone, elle a pour l’heure passé sous silence tout commentaire de la pièce jouée à Avignon depuis près d’une semaine. Pure coïncidence ou « possibilité d’une île au milieu du temps* »  ? Allez donc savoir.

Christelle ZAMORA


* Carla Bruni
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