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Festival d'Avignon

21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 10:26
METAMORPHOSE DU MYTHE

Marcial Di Fonzo Bo met en scène Les Métamorphoses, une tragédie archaïque et terriblement contemporaine, portée par la langue familière de Philippe Minyana. Une économie de langue, et des comédiens habités par leur rôle font de ce spectacle une réussite.

Depuis son arrivée à la tête de la Comédie Française, Muriel Mayette met en œuvre son envie de sortir la maison de Molière de ses murs. De tisser des liens, d'aller se frotter à la réalité d'autres plateaux, acteurs, metteurs en scène. L'initiative prend, entre autres, la forme d'une collaboration avec le Théâtre2gennevilliers et son directeur Pascal Rambert, permettant la création de ces troublantes Métamorphoses, rencontre entre texte antique (Ovide) et langue contemporaine (Philippe Minyana). Car l'envie de métisser les plateaux se double de la volonté d'offrir un « classique revisité », en puisant dans ce qui fonde notre patrimoine littéraire, tout en privilégiant la découverte d'auteurs contemporains. Sacré challenge... Dont le résultat, un conte étrange porté par Catherine Hiegel, Benjamin Jungers (tous deux de la Comédie française) et Raoul Fernandez, est à la hauteur des attentes. Le metteur en scène Marcial Di Fonzo Bo et la comédienne Catherine Hiegel étant rompus à la langue de Minyana, leurs connaissances n'ont pu qu'être bénéfiques à la création de cet univers baroque et merveilleux.


Conte cruel...

L'histoire est archaïque et s'inscrit dans une vaste épopée puisque Les Métamorphoses, écrites par le poète latin Ovide entre l'an 1 et 10 comprennent plus de quinze livres et douze mille vers. Une œuvre titanesque réunissant dans une structure unifiée des centaines de mythologies. Et c'est le mythe de Procné et Philomèle, roi et reine de Thrace que réécrit Philippe Minyana. Là, Philomèle réclame sa jeune sœur et son époux Procné part afin de la ramener auprès d'eux. Mais l'ayant vu, le Roi est séduit par sa beauté. Il l'enlève, la viole et la mutile en lui coupant la langue, avant de faire croire à sa mort. L'épouse se vengera en tuant son fils et en le donnant à manger à son époux. Après cette tragédie la petite sœur devient rossignol, la reine hirondelle et le roi huppe.

... pour langue vivante

Philippe Minyana a une parole économe, faite de petites tragédies personnelles, où on passe en l'espace d'une virgule de la cruauté à la tendresse inavouée. Ce récit au verbe ancien et complexe, si lointain, devient par sa langue une fable d'une limpidité franche, au propos resserré et substantiel. Le titre « La petite dans la forêt profonde » ancre d'ailleurs l'histoire dans notre quotidien, lui donnant d'emblée les allures d'un conte. Le mythe est devenu un récit simple et familier. Portée par une scénographie sobre aux signes essentiels, la tragédie se noue entre une forêt obscure et un château impénétrable. Les procédés dramaturgiques ainsi que le jeu mesuré des comédiens installent dès le début de la pièce une atmosphère fantastique. Et le voile sombre qui plane, cette chape de plomb invisible nous renseigne sur l'inéluctable dénouement tragique de l'histoire. Dans cet environnement où la trahison domine, le roi juvénile et fougueux est son fils innocent, et la reine meurtrie et torturée est sa jeune sœur souillée.

Les cinq rôles sont portés par les comédiens avec une gravité mêlée de retenue, chacun étant dans une parfaite compréhension de ce qui se joue. Tous trois, en transmettant avec une précision teintée d'humour et de distance cette langue de l'économie, la font ainsi résonner au mieux. Au plus près de ce qu'elle nous dit. Et c'est lorsqu'ils se partagent le plateau que le mythe devient encore plus vivant. Là, dans la confrontation de ces figures tous les déplacements, gestes et corps accèdent à une forme de limpidité pure. Celle d'un récit évident et direct.

Caroline CHÂTELET (Paris)

Les Métamorphoses -  La Petite dans la Forêt Profonde

Texte de Philippe Minyana
D’après Ovide
Mise en scène et scénographie, Marcial Di Fonzo Bo
Scénographie et costumes, Anne Leray
avec Catherine Hiegel, sociétaire de la Comédie-Française, et Benjamin Jungers, pensionnaire de la Comédie-Française et Raoul Fernandez
Co-production théâtre2gennevilliers, Comédie-Française et Studio-Théâtre.

Du mercredi 14 mai au dimanche 15 juin 2008
Théâtre2gennevilliers, 41 Avenue des Grésillons, 92230, Gennevilliers,
www.theatre2gennevilliers.com

Reprise à l'automne 2008, du 18 septembre au 26 octobre au Studio-Théâtre de La Comédie Française
Studio-Théâtre galerie du Carrousel du Louvre place de la pyramide inversée, 99, rue de Rivoli
Paris 1er, tel : 01 44 58 98 58, www.comedie-francaise.fr

Photo ©  Michel Labelle
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