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Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

23 janvier 2007 2 23 /01 /janvier /2007 09:32
MARATHON POUR MOLIÈRE

Tout commence par une troupe agglutinée au fond d’un plateau dont les membres en habits de tous les jours lancent des regards craintifs vers le public. Puis, deux d’entre eux entrent en scène poussés sur une estrade sans pourvoir sortir un mot. On peut s’attendre au pire au regard de ces comédiens hantés par la parole mais incapables de pouvoir seulement pousser un cri.

Performance

C’est pourtant le préambule de trois pièces de Molière jouées durant dix heures car le spectacle Le Bourgeois, la mort et le comédien cache en réalité Les Précieuse ridicules, le Tartuffe et Le Malade imaginaire. Des heures comme on en fait plus mais qu’on aime. Une vraie beuverie de théâtre, propre à étancher la plus gigantesque des pépies culturelles. Et pour les comédiens, une performance.

Si un mariage arrangé peut apparaître à certains comme une providence, ce n’est pas le cas et nous le savons bien de ces deux précieuses qui dénoncent ce commerce. Au diable le mariage d’amour et sa morale, si l’auteur reconnaît sa noblesse, il ne sanctionnera pas moins le ridicule des deux femmes qui cherchent à se faire passer pour ce qu’elles ne sont pas. Derrière cette danse se cachent en réalité deux prétendants éconduits. Un classique certes mais qui se trouve drôlement bien revisité dans cette petite comédie, toute pétillante, qui repose sur la base du déguisement transparent dont le public complice a parfois été dupe. Un jeu de dupe d’ailleurs mené avec brio par les comédiens, qui usent de l’improvisation, dans un décor de tréteaux composé d’une estrade tournante et de rideaux qui s’alternent comme des voiles au fil des scènes.

Pimenté et pigmenté

Les comédiens jouent en permanence de la complicité de public au milieu duquel ils se dissimulent. On a même vu le public mis en scène. Le cadre s’inscrit dans un désordre hors du commun pour des pièces de cette facture. Un trait de bourgeoisie qui apparaît dans le décor est peut-être ce canapé rouge où se déroulent les conversations des gens d’esprits. Quel bonheur de voir des costumes revenir dans plusieurs pièces même si au final se dresse le constat d’un très peu d’habits d’époque et de perruques. Mais que d’hommes emplumés et quel plumage. Le nu partiel ou total a donné au jeu des acteurs et aux pièces ainsi enchaînées des attraits contemporains qu’on ne saurait lui reprocher tant le public a ri à pleine bouche du comique des situations. De pièce en pièce, le corps apparaît souvent poudrée de blanc et pour chaque sexe dans des situations rocambolesques. Les personnages sont à mourir de rire, notamment le faux marquis de Mascarille dans la première pièce affublé d’un bonnet de nageur, d’un collant de danse blanc et de lunettes qui lui donnent l’air à la fois d'une grenouille et d'un oiseau rare.

Ainsi, les pièces se déploient sous le rythme du déguisement, de la dissimulation, de la farce et de l’imposture, sans négliger la complicité voire la participation du public. Trois textes pour trois formes d’écritures, trois rythmiques, ont été proposées au public par une compagnie de théâtre menée par Éric Louis, metteur en scène, au théâtre des 13 Vents à Montpellier. Et la proposition a fait salle comble. Les comédiens ont eu le loisir d’insérer ici le lazzi, ces petits instants de liberté qui en plus du comique gestuel et verbal ajoutent aux textes du piment.

Christelle ZAMORA (Montpellier)

Le Bourgeois, la mort et le comédien, autour des textes de Molière
Mise en scène de Eric Louis
Assistante à la mise en scène : Maryse Meich
Avec : Cyril Bothorel, Xavier Brossard, Claire Bullett, John Carroll, Yannick Choirat, Yann-Joël Collin, Catherine Fourty, Thierry Grapotte, Dominique Guihard, Elios Noël, Alexandra Scicluna
Dramaturgie : Pascal Collin - Scénographie : François Mercier
Produit par :  La Nuit surprise par le Jour

Théâtre des 13 Vents de Montpellier Théâtre de Grammont - du 10 au 13 janvier 2007.
Informations : 04.67.99.25.00 
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20 janvier 2007 6 20 /01 /janvier /2007 12:43
LES 400 COUPS D'UN ENFANT TERRIBLE

Succès de fait pour le Centre Dramatique Régional (CDR) de Tours avec Victor ou les enfants au pouvoir. Une création de qualité qui met en opposition clarté des apparences et noirceurs des âmes, rires et effrois. Mais qui laisse pourtant un arrière goût d’inabouti…

Ce soir, Victor fête ses neufs ans. Du haut de son mètre quatre-vingt-un et de son vécu d’enfant modèle, Victor va être le roi de la fête. Et mener la danse tout au long de la nuit. Car ce soir, Victor a décidé de changer l’ordre des choses. Les passer dans la moulinette de sa terrible intelligence pour les resservir en amuse-bouche, plat principal et dessert. Pour trinquer au vitriol à la santé de ses proches. Balancer bien soigneusement deux trois coups de pieds dans la fourmilière. Histoire de voir ce qu’il s’y passe. Histoire de lever le voile de la bienséance bourgeoise et des habitudes. Et montrer crûment les choses telles qu’elles sont. Pour dénoncer, pour rire. Et mieux désespérer.
 Photo © DR

Rite de passage par excellence, les fêtes d’anniversaire célèbrent la fin d’un état et le début d’un autre. Et si la ferveur de la fête donne souvent la primeur à la porte qui s’ouvre pour masquer celle qui se ferme, l’anniversaire marque toujours la rupture. C’est autour de cette idée de rupture que se construit le spectacle. Une rupture assez habilement mise en espace, avec l’utilisation de l’arrière- scène représentant à la fois le jardin et la dimension onirique de la pièce. Rupture aussi entre la blanche apparence du décor et la noirceur des sentiments. Entre la légèreté du piano (joué sur scène) et la froideur des lumières. Entre la supposée naïve candeur de l’enfance et le machiavélisme affiché de Victor. Entre le texte enfin et le jeu des comédiens, oscillant entre burlesque et tragédie.

En quête de rupture

Ces ruptures, qui jalonnent donc la pièce, conduisent les personnages au bord des gouffres de la folie et les ramènent dans le cadre rassurant des usages mondains. Pour mieux les faire basculer dans les affres du désespoir. Le tout dans la joyeuse agitation du rire. Car le but est bien ici de rire. Rire des prétentions, de l’adultère, de l’inceste, de la folie, du patriotisme. Mais rire aussi de l’échec – échecs éducatifs, amoureux, filiaux et sociaux – pour le rendre plus pitoyable. Plus miséreux. Profondément humain.

Sans doute, le propos est-il daté. Ecrite en 1928, la pièce met en scène des relations sociales bourgeoises qui ne sont plus vraiment de mise aujourd’hui. Mais le message de Vitrac garde pourtant toute sa pertinence. Sur l’enfant roi. L’enfant clairvoyant, l’enfant manipulateur. L’enfant grandi trop vite. Sur les apparences trop lisses qui cachent des vérités houleuses. Sur les mensonges confortables et les certitudes bancales. Sur l’envie de tout envoyer paître parfois. Loin des conventions. Et sur la fonction à la fois salvatrice et destructrice du rire. D’autant que l’aura surréaliste de la pièce lui rend accessible toutes les époques. Et que la mise en scène accentue le côté irréel des choses.

Petit goût d'inabouti

La première demi-heure de représentation peine pourtant à trouver les grâces du public. Il faut attendre l’entrée en scène d’Antoine Magneau (magistralement interprété par Samuel Bodin) pour que l’ensemble décolle vraiment. Envolée absurde et grisante qui entraîne l’intrigue dans un tourbillon jubilatoire. Mais un tourbillon qui s’affaiblit parfois, la mise en scène semblant par endroits inégale. Ici encore, l’effet recherché est vraisemblablement la rupture. Mais on ne la trouve pas vraiment. Car si les envolées délirantes sont fort adroitement conduites, les passages posés manquent de consistance. Ni complètement normalisés, ni tout à fait caricaturaux. Un peu comme si Bouillon n’avait pas su trancher entre deux tendances. Et c’est dommage.
Une hésitation que l’on retrouve également dans le décor, au demeurant fort beau. Mais qui aurait porté plus loin le surréalisme en gagnant en épure. En évoquant plus qu’en montrant. En faisant disparaître l’objet fonctionnel (qu’il soit chaise, cadeau, poste de télévision, vivier ou coiffeuse) au profit d’un ressenti plus fugace et plus porteur.

Bien sûr, la pièce n’en est encore qu’à ses balbutiements et tout n’a pas encore trouvé sa place. Bien sûr, la création est risquée et les soirs de premières ne peuvent pas offrir un spectacle mature. Bien sûr aussi, les comédiens portent la pièce avec brio. Mais au final subsiste une impression d’inabouti. Une frustration liée à cette idée tenace que la création aurait pu tenir du grandiose. Et qu’elle ne fait que flirter avec...

Karine PROST (Tours)

Victor ou les enfants au pouvoir,
de Roger Vitrac, mise en scène de Gilles Bouillon
Avec : Alice Benoit, Mathilde Martineau, Aurélia Poirier, Hélène Stadnicki, Julie Timmerman, Samuel Bodin, Bertrand Fieret, Gaëtan Guérin, Christophe Reymond et Alain Bruel

Centre Dramatique Régional de Tours, Nouvel Olympia, 7 rue Lucé – Tours – 02.47.64.50.50
Du 12 janvier au 03 février à 20h30 sauf les mercredi et jeudi à 19 h. relâche les dimanche et lundi.

Théâtre de Chatillon (Paris) du 9 au 24 mars - tous les soirs à 20h30 sauf le jeudi 15 à 19h.
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14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 00:15
L'HOMMAGE LAGARCE 2006

Année Lagarce, à l’occasion du cinquantenaire de sa naissance. Le théâtre du Point du Jour de Lyon fait parti des théâtres qui rendent hommage à l’auteur et metteur en scène disparu en 1995, en accueillant la Cantatrice Chauve de Ionesco, qu'il avait mis en scène en 1991. Quinze ans après, le spectacle est repris, et l’absence du metteur en scène fait jaillir des interrogations sur la création.

François Berreur, « regard extérieur » envisage l’aventure comme un moyen de « reconstituer, le temps de quelques mois, le Théâtre de la Roulotte de 1991, confronter la réalité avec le souvenir, et faire découvrir un univers à ceux qui ne le connaissent pas. » Les Smith attendent les Martin qui viennent dîner. Une façade de maison, un petit jardin anglais, une barrière, tout commence dans un espace clos, délimité…
 Photo © DR

La banalité du décor de Laurent Peduzzi confère au propos une dimension intemporelle, accentuée par les jeux de lumière qui rendent l’univers décalé. La Cantatrice chauve, c’est aussi une œuvre où l’étrange naît du paroxysme de la banalité. Les conversations entre les personnages sont absurdes, mais ce qui est intéressant dans cette mise en scène, c’est le choix d’illustrer, grâce à la gestuelle des comédiens, chaque réplique. Les comédiens deviennent des mimes de l’implicite du texte. Le spectateur prend alors conscience de la force tragi-comique de la pièce de Ionesco. Cependant la banalité du tout n’est pas au service d’une démonstration du vide, mais plutôt d'une métaphore de l’étrangeté de l’existence.

Dérision humaine

L’œuvre de Ionesco décrypte le langage commun afin de mettre en lumière ses failles, ses absurdités. Jean-Luc Lagarce avait choisi d’insister sur la trivialité de la pièce et cela grâce à une direction d'acteur qui semble donner à chaque mot une matérialité. Le mot devient matière, l’absurde devient réel, et la Cantatrice chauve devient possible à représenter… L’univers de Ionesco se fond alors avec celui de Jean-Luc Lagarce, le spectacle possède une grande force comique. Ionesco désirait représenter « une parodie du théâtre et par là une parodie d’un certain comportement humain ».

La qualité de la mise en scène de Lagarce réside dans cette volonté d’élargir la parodie non pas à des individus mais à l'Humanité, intemporelle, banale. La preuve en est, l’histoire toute particulière de cette pièce, reprise quinze ans plus tard, avec les même acteurs, le même décor, la même mise en scène et dont le propos est toujours aussi pertinent.

Audrey HADORN (Lyon)

La Cantatrice Chauve, d’Eugène Ionesco
Mise en scène Jean-Luc Lagarce
Avec : Mireille Herbstmeyer, Jean-Louis Grinfeld, Elisabeth Mazev, Marie-Paule Sirvent, Emmanuelle Brunschwig, Olivier Achard, François Berreur, Christophe Garcia.
Regard extérieur : François Berreur.

Jusqu'au 23 décembre 2006.
Tournée dans toute la France jusqu’en Mars 2007, renseignements 03 81 21 19 78.
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11 janvier 2007 4 11 /01 /janvier /2007 22:57
UNE PLAISANTE VERSION D'OPÉRETTE

La comédie la plus célèbre de Gogol revient dans une mise en scène de Christophe Rauck. Il privilégie un comique visuel proche des films muets burlesques et une atmosphère de vaudeville à l’ancienne avec couplets chantés.

La fable est drôle et cruelle. Un jeune surendetté, Khlestakov, débarquant dans une bourgade provinciale, est confondu avec l’inspecteur gouvernemental chargé de vérifier l’honnêteté et le bon fonctionnement de l’administration locale. Résultat de ce quiproquo, les magouilleurs du coin cherchent à acheter le silence du prétendu fonctionnaire. Celui-ci comprend vite à quel point il peut profiter de la situation et ne s’en prive pas.
 Photo © François Fogel

La troupe s’est résolument investie dans un jeu corporel très au point. Chaque mouvement est calculé et quasi mis en chorégraphie. La maîtrise physique crée une caricature de silhouettes qui renforce l’impression de pantins désarticulés, manipulés. C’est le côté le plus plaisant de cette représentation où le public a l’impression de voir défiler, tressauter, gambader des personnages empruntés à Chaplin, Keaton ou Lloyd. Le mouvement finit par l’emporter sur le texte. Entrées et sorties se succèdent à un rythme effréné notamment grâce à des armoires et des cabines d’essayage devenues coulisses, un escalier venu des cintres. L’œil y trouve son compte.

Le sens du piquant

En revanche, il semble qu’entraînés par l’énergie déployée, une bonne partie des comédiens se laissent aller à en rajouter par moments. On frise alors le comique grimacier et gesticulatoire agaçant d’un de Funès.
C’est le cas de Juliette Pluecocq-Mech dans le rôle de l’étudiant imposteur. Son côté androgyne mise sur une certaine ambiguïté qui rend le rôle intéressant. Sa souplesse d’acrobate lui permet bien des facéties qui cependant n’évitent pas, parfois, une sorte de cabotinage.
Marc Chouppart, en bourgmestre madré et pétochard, est délicieux. Il use de registres sans cesse différents.
En épouse frustrée, Emeline Bayart impressionne par sa pétulance et, en juge, Myriam Azencot par sa sobriété.
Le reste de la troupe campe alternativement des rôles drolatiques et des silhouettes éphémères autant que récurrentes avec un sens du détail piquant.

On s’amuse. On décroche çà ou là, car certains passages manquent un peu d’intérêt. On se laisse emporter par le dynamisme de l’ensemble. Par des trouvailles plus ou moins bienvenues. Par l’une ou l’autre surprise farfelue, comme cet attelage vaguement surréaliste dans lequel l’escroc prend la fuite, comme ces apparitions vidéo amusées (cafards de la chambre d’hôtel, slogans, portraits…). Par le côté parodique des chansons de Rémi De Vos. A contrario, la portée morale et sociale de la comédie de Gogol paraît totalement gommée par la farce. En ces temps de malversations politiques ou financières banalisées, c’est plutôt dommage et cela ne fera précisément pas oublier la mise en scène très engagée du Letton Alvis Hermanis voici un an ou deux.

Michel VOITURIER (Lille)

Le Révizor
Texte : Nicolas Gogol (éd. Actes Sud, 1999)
Mise en scène : Christophe Rauck
Distribution : Myriam Azencot, Emeline Bayart, Marc Chouppart, Amélie Denarié, Florent Fichot, Gilles Geenen, David Geselson, Jeanne Gogny, Martial Jacques, Alexis Jacquet, Jean-Charles Maricot, Nora Meurin, Juliette Plumecocq-Mech, Pierre-Henri Puente, Hélène Sir-Senior, Marc Susini
Musiciens : Marc Barnaud, Arthur Besson
Paroles des chansons : Rémi De Vos
Musique : Arthur Besson
Scénographie : Aurélie Thomas
Costumes : Coralie Sanvoisin / Lumières : Olivier Oudiou / Vidéo : Thomas Rathier / Mouvement : Claire Richard / Voix : Tania Pividori

Production : Comédie de Reims, CDN ; Compagie Terrain Vague (Titre Provisoire) ; Théâtre du Peuple - Maurice Pottecher Au Théâtre du Nord à Lille jusqu’au 19 janvier 2007.
En tournée : à Château-Gonthier les 23 et 24 janvier ; Centre dramatique de Limoges du 1er au 3 février. 
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9 janvier 2007 2 09 /01 /janvier /2007 23:53
FINITUDE DU MONDE ET DE LA CONSCIENCE

Le Théâtre des Halles d'Avignon vient de redonner « Fin de partie » de Samuel Beckett qu'il avait créé en 2005. Une oeuvre à la fois très actuelle, d'une terrifiante drôlerie et, peut-être même, prémonitoire du destin de l'humanité.

Le plateau en hémicycle est bordé de panneaux revêtus de papiers peints ternes et déchirés. Tels quels, ils semblent évoquer les murs intérieurs d'un appartement éventré après un bombardement. Entre les panneaux, on devine les ondulations nocturnes d'une mer d'huile, calme comme après une tempête. Le sol est jonché de sacs poubelles pleins à craquer...

Au sein de cet univers claustral strictement théâtral qui pourrait évoquer aussi bien l'intérieur d'une sépulture que celui d'un utérus, ou encore la conscience d'un schizophrène, deux personnages, Clov et Ham, inséparables comme le clou et le marteau, tentent de maintenir de toutes leurs forces leur existence virtuelle de personnages de théâtre... A travers le langage, le discours, les échanges verbaux comme dans leurs relations d'interdépendance : Ham, aveugle et paralytique, est immobilisé dans un vieux fauteuil calé au fond d'un caddy de supermarché et c'est Clov, son fils adoptif, incapable de s'asseoir, qui subvient à ses besoins, répond sans cesse à ses exigences tyranniques. Cette relation inavouée et permanente, quelquefois complice, de maître à esclave rappelle celle entre Pozzo et Lucky dans « Godot »...
 Photo © DR

Une dépendance destructrice

De temps à autre, Clov ouvre des portes dans l'un ou l'autre des panneaux pour laisser surgir de leur vide-ordures respectif deux autres personnages, Nag et Nell, les géniteurs de Ham, coincés au milieu d'autres sacs poubelles et victimes eux aussi de sa tyrannie... Clov sans cesse menace Ham de le quitter, projet auquel il se révèle incapable de donner suite. Il est clair, en effet, que cette séparation signerait inéluctablement la mort de l'un et de l'autre... Clov finira pourtant par quitter Ham qu'il a poussé au milieu des sacs poubelles....

La fin de la pièce, c'est peut-être aussi celle du dernier être humain, figé au centre d'un énorme tas d'ordures. Cette scène finale ainsi mise en espace, avec, quelle intelligence, par Alain Timar, n'évoque-t-elle pas aussi la situation actuelle de notre planète Terre et les risques de sa finitude qu'elle encourt, ainsi que toute l'espèce humaine, par notre faute ?
Au sein d'une distribution homogène et de qualité (Paul Camus, Michèle Laforest et Ivo Palec), Roland Pichaud (Clov) a su donner de son personnage une interprétation forte, très physique et tonique. Un travail exigeant sur le texte l'a conduit à conférer à Clov certains des caractères d'un semi-handicapé psychomoteur, à l'expression verbale heurtée, au comportement vaguement autistique et doté d'une capacité d'analyse supérieure à la moyenne. Est-ce ce trop d'intelligence même qui le rend incapable d'agir ?

Comme Godot, cette pièce de Beckett est une oeuvre inclassable... D'un tragique hilarant, d'une poilante désespérance, elle n'en finit décidément pas, tel un koan zen, de nous poser des questions qui ne peuvent que demeurer sans réponses, sinon se terminer par un gigantesque éclat de rire !

Henri LÉPINE (Avignon)

Fin de Partie, de Samuel Beckett
Mise en scène de Alain Timar

Théâtre des Halles, Avignon, rue du Roi René du 8 au 10 décembre 2006.
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3 janvier 2007 3 03 /01 /janvier /2007 23:09
PSY-CHÉDÉLIQUE

Les Lyonnais étaient au rendez-vous, samedi 16 décembre, pour venir applaudir le jeune célibataire – dixit l’artiste lui-même – mais néanmoins séducteur Chris Orlandi. Une heure de spectacle pour se délecter de ce joli minois et adhérer ou non à l’esprit déjanté de ce one man show, qui nous emmène dans le cadre intimiste de la psychothérapie.

Sur scène, un mobilier de circonstance pour recréer l’atmosphère du cabinet « doctoral » ; dès lors, nous devenons tous, malgré nous, des analystes potentiels à l’écoute des états d’âme, angoisses et obsessions de l’humoriste. Mais ici, le divan apparaît comme symbole de la copulation, la psy Natacha devient tour à tour Mata Hari ou "Tabatacache" (ndlr, allusion à la star du X), et Freud qui veille du haut de son portrait n’est bon qu’à fredonner quelque rengaine. Très vite, la thérapie dérape et tout le monde en prend pour son grade. Fred, l’ex bedonnante qui s’en est allée avec une autre femme, le sexologue aux techniques de guérison contorsionnistes et ce cher public qui comptait rire, sans se mouiller, du ridicule du personnage.
 Photo © DR

Ah ! Qu’ils devaient nous envier ces spectateurs privilégiés des rangs d’honneur, mis au banc de touche sous nos yeux moqueurs ! Car de conseils de drague en intrusion dans la vie de couple et petits pics cinglants sur les capacités de compréhension de son auditoire, rien n’arrête Chris Orlandi. Un show euphorisant tant l’hystérie du patient est ici exacerbée. Au nombre de ses symptômes se comptent des hallucinations auditives ; des intermèdes musicaux ponctuent ainsi la représentation et laissent Chris Orlandi pousser la chansonnette et se déhancher frénétiquement jusqu’au retour soudain à la réalité.

Le salace, ça lasse...

Surprenant ? Certes ! Hilarant ? Peut-être moins. Comme quoi le comique de répétition n’a pas son effet garanti. On s’attarde davantage sur le travail de la langue où les pirouettes stylistiques égalent les jeux de mots humoristiques. Distorsions, liaisons et art de scander farfelus des phrases et des mots font renaître Paul… Nareff ou nous convertissent au Christophisme. Pas de panique, le malade souffre sûrement de dyslexie ! Cette façon qu’a le comique de rebondir sur les syllabes et consonances pour faire surgir des idées inattendues et presque outrancières, crée des connivences avec les bons bouffons que nous sommes, et nous octroie quelques moments de franche rigolade. Mais attention à ne pas tomber dans la facilité. Car si les métaphores et périphrases s’avèrent maniées avec talent, elles n’empêchent pas de rendre prévisibles quelques saynètes et donc d’en amoindrir le résultat. Le sujet est bien choisi et offre d’importantes ressources cocasses et drolatiques, mais on est en droit de regretter certaines facéties dues à la pléthore de propos graveleux déjà maintes fois utilisés dans le circuit humoristique. A la fin, le salace, ça lasse...

Anne CARRON (Lyon)

Je suis fou de ma psy
One man show de Chris Orlandi
Le 16 décembre à la Salle Rameau, 29 rue de la Martinière 69001 Lyon

En tournée le 31 décembre, au Théâtre du Monte Charge à Pau, les 12 et 13 janvier 2007 au Vertigo à Nancy, en mars 2007 au Koek’s Théâtre de Bruxelles, les 12 et 13 mars 2007 au Théâtre de Poche à Sète, en mai 2007 au Théâtre de la Marguerite à Antibes et en juillet 2007 au Festival Off d’Avignon.

Cool Production : Tel : 01 42 47 02 33 - GSM : 06 03 53 98 73
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24 décembre 2006 7 24 /12 /décembre /2006 10:09
ILLUMINATIONS

En scène, un clown féminin pétillant, tendre, irrésistiblement drôle et sensible à la fois. Le spectacle dure une petite heure… c’est bien trop court. On voudrait que ça continue encore et encore tant les saynètes qui s’enchaînent sont croquées avec délicatesse et humour.

L’oeil malicieux et gourmand, notre clownette se régale d’un festival de gâteaux. Au moment de monter sur la balance apparaissent quelques sueurs froides… Il est temps de se reprendre en main et de se préparer pour le grand soir. L’homme de sa vie n’est pas loin, il peut arriver d’une minute à l’autre, alors autant être au mieux de sa forme et de sa beauté ! Le branle-bas de combat commence par une série d’exercices physiques aussi hilarants qu’éreintants. Viennent ensuite le moment de l’essayage, et du maquillage. La poudre vole enveloppant la scène de ses paillettes, nous plongeons encore un peu plus dans cet univers délicieusement magique.
 Photo © DR

Surprises et inattendu ponctuent la pièce qui défile sous forme de petites scènes de la vie. Dépeintes avec finesse, elles provoquent un tourbillon de rires. Au grotesque succède l’humour tendre, aux moments pleins de délicatesse, d’autres où la tristesse affleure. La corde sensible autant que le sens de l’humour sont titillés.
Delphine Alvado incarne notre petite clown avec vivacité, une bonne dose de charme et de drôlerie. Jouée avec beaucoup d’esprit, la scène pathétique du repas avec l’homme de chiffons en devient drolatique et le chagrin d’amour mimé en chanson est irrésistible. La pièce nous étonne à chaque détour par une nouvelle trouvaille, l’expression d’un sentiment qui prend vie. Les mimiques du visage, les gestes recèlent toute une palette d’émotions en subtiles nuances. Les mots ne manquent pas tant les moindres détails sont rendus avec précision et naturel sans jamais se départir d’un trait d’humour.

Voilà un spectacle de clown pour adulte qui ravira autant petits et grands pour peu qu’ils veuillent bien se laisser entraîner. L’imagination ainsi débridée nous emmène aux confins d’un pays qui rime avec malice et fantaisie.

Anne CLAUSSE (Toulouse)

Noël au balcon
Auteur : Nathalie Barolle et Delphine Alvado
Mise en scène : Nathalie Barolle
Avec : Delphine Alvado (Cie Une petite lueur)

Théâtre du Grand Rond 23 rue des Potiers 31000 Toulouse
Du 5 au 9 décembre 2006 – 21H Tarifs : 8/12€
Contacts : Tél: 05 61 62 14 85
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16 décembre 2006 6 16 /12 /décembre /2006 00:10
UNE SATIRE MUETTE DU QUOTIDIEN

Le Théâtre TKO est venu de Pologne pour le festival « Scènes étrangères » de la Rose des Vents. Ses comédiens jouent l’écrivain Bohumil Hrabal sans lui emprunter ses mots. C’est drôle, plutôt acidulé et quasi chorégraphié.

L’accueil par quelques figurants préfigure déjà ce qui suivra. Un contrôle presque policier précède un passage entre des femmes aux seins transformés en lampes de poche et comme surprises dans des attitudes de la banalité journalière. La salle est envahie par un lancinant bruit de train lancé sur ses rails. Quand vient la lumière, des valises métalliques sont dispersées dans l’espace, des êtres figés en statues prennent des attitudes d’attente, d’inquiétude, d’espérance, de lassitude, de tensions. Les images sont fortes qui se figent et redémarrent dans une atmosphère d’étrangeté.

Photo © W.Siemaszkiewicz

Le spectacle enfile des saynètes, agrémentées de musiques typiques, dans lesquelles dominent le curé et la vodka. Elles décrivent, pimentés par la caricature, des rituels englués dans une banalité qui les rend ridicules et attendrissants. Les gestes seront toujours en rupture entre l’élan et l’hésitation, l’audace et la timidité. Les mouvements balanceront entre la solitude individuelle et l’attirance vers l’autre, l’individu personnalisé et la collectivité rassurante autant qu’agaçante.

Dérision omniprésente

Au commencement, il y a le père qui attend à la maternité la naissance de son bébé. Le baptême se concrétise en libations. La cérémonie nuptiale connaît ses accrocs et sa bonne humeur factice ; elle se décline en tiraillement entre rêve amoureux et réalité pragmatique. La confession est aussi un jeu de séduction entre pasteur et pénitentes. Mort, enterrement et veuvage poursuivent le cycle et le bouclent. En leitmotiv, un chanteur de rues fait défiler dans son orgue de Barbarie des paysages de grandes capitales tandis que retentit une chanson, tube stéréotypé lié au lieu. Ainsi la dérision reste-t-elle omniprésente. Tandis que les éclairages variés de Lisek Lukowski campent chaque ambiance avec subtilité.

Les cinq interprètes se meuvent dans l’espace, le bouleverse en modifiant les places des valises devenant tour à tour décor et praticables. Sans être du mime, leur prestation présente des aspects de chorégraphie. La connivence entre les comédiens donne sa malice à un divertissement agréable que l’on classera derrière le souvenir laissé autrefois par « Le Bal » que monta Jean-Claude Penchenat avec le Théâtre du Campagnol, filmé ensuite par Scola, et dont le propos, au-delà de l’humour, suggérait des réflexions sociétales profondes.

Michel VOITURIER (Lille)

Vends maison où je ne veux plus vivre
Bohumil Hrabal (éd. Seuil, coll. Points, 1992)
Distribution : Grazyna Srebrny-Rosa, Marta Zon, Jacek Buczynski, Bartosz Cieniawa, Marciej Slota Mise en scène, adaptation et choix des musiques : Jerzy Zon
Scénographie : Joanna Jasko-Sroka
Costumes : Zofia de Ines - Lumière : Jerzy Lisek Lisowski
Production Théâtre KTO de Cracovie
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12 décembre 2006 2 12 /12 /décembre /2006 17:05
DES VIES SOUS L’ÉTEIGNOIR

Dans le cadre du festival « Scènes étrangères » de la Rose des Vents, la troupe du Nouveau Théâtre de Riga, dirigée par Alvis Hermanis, promène un spectacle sans mots. Il entre dans l’intimité de personnes âgées, abandonnées dans une promiscuité où la mort semble l’unique issue.

La volonté du groupe est de pratiquer un théâtre réalité. Les personnages incarnés et conçus par les comédiens sont saisis dans leur plus banal quotidien. Comme s’ils étaient filmés par les caméras de ces émissions de télé où l'on traque le moindre mouvement des candidats en compétition. La différence est qu’il n’y a pas de caméra, que les êtres observés sont de chair, que la production ne sélectionne pas les moments susceptibles d’émoustiller le public. Le temps se déroule. Les actions sont ordinaires. Chacun étale ses petites manies, ses comportements habituels, ses gestes intimes, ses sautes d’humeur, ses infirmités, ses facéties.

Photo © Gints Malderis

L’impression est curieuse pour des spectateurs amenés en salle via un couloir d’habitation sordide dans lequel traîne une invraisemblable brocante qu’on retrouvera d’ailleurs au sein du décor. Celui-ci, une fois enlevée la façade, révèle un bric à brac kitsch décorant trois exigus appartements individuels ainsi qu’une salle de bains et une cuisine communes. Dedans, deux couples âgés et un célibataire. Chaque univers se dévoile peu à peu, en sa crudité ordinaire, sa monotonie languissante, sa désolation permanente, ses quelques espoirs intermittents, sa routine sans objectif d’avenir. Contrairement au petit écran qui focalise ses images sur des sujets délimités, le théâtre montre l’ensemble des actions. Puisque chaque protagoniste ne cesse d’agir, il se passe toujours quelque chose et il est impossible de tout capter. D’où un sentiment de frustration entretenu volontairement chez les spectateurs et ce trouble qui naît petit à petit de ne pas assister à une œuvre théâtrale mais d’être des voyeurs de leurs semblables. La performance est saisissante. Elle évite de raconter une histoire. Elle met au jour des conduites, des relations humaines. Elle questionne sur la relégation hors circuit des individus qui sont devenus apparemment inutiles parce trop vieux. Sans être un mouroir, cette maison communautaire, dépendante de l’état, est l’antichambre du trépas.

Nul texte pour tranquilliser l’inquiétude naissante au moyen des phrases compréhensibles du langage commun. Rien que des gestes, des borborygmes, des grommelots, des respirations, des toux, des bruits corporels divers. Même l’odeur des poissons frits à la poêle vient titiller les narines du public. Il n’y a pas là de quoi s’attendrir, s’épancher en un sentimentalisme commode. Il y a là une mise en position d’entomologistes observant des insectes afin d’en analyser les mœurs, et de sociologues, disséquant les tenants et les aboutissants d’une situation socio-économique. Le théâtre reprend ses droits au salut final lorsqu’il devient évident que ces vieillards sont manifestement de jeunes comédiens.

Michel VOITURIER (Lille)

Long Life : création collective
Distribution : Guna Zarina, Baiba Broka, Kaspars Znotins, Girt Krumins, Vilis Daudzins.
Mise en scène : Alvis Hermanis
Scénographie : Monika Pormale
Lumière : Oskars Plataiskalns - Son : Gatis Builis
Production : Jaunais Rigas Teatris

Tournée : après Petit-Quevilly, Martigues, Cahors, Belfort, Créteil, Evry, Villeneuve d’Ascq, la pièce sera au Festival de Liège (B) du 15 au 22 décembre 2006. 
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4 décembre 2006 1 04 /12 /décembre /2006 23:45
PAROLES DE GLACE

De sa Norvège natale, Jon Fosse nous apporte le froid avant l’heure : mots gelés et attitudes crispées caractérisent l’Hiver du dramaturge. Alors que le thème s’attache à explorer la rencontre amoureuse, le texte en illustre la banalité comme l’indicible jusqu’à devenir, paradoxalement, symbole de la non-rencontre.

Tout commence étrangement. Le décor est posé. La ville, son activité, ses bruits… et cette déambulation chorégraphiée de présences éparses qui se croisent, s’évitent, se cherchent. Et puis soudain, deux êtres, côte à côte, sur un banc public, un instant à peine… Alors la parole enfin s’enclenche, brutale, incisive, répétitive. La Femme s’adresse à l’Homme dans un élan qui respire la souffrance, la colère, la demande… d’être aimée. « Je suis ta nana » scande-t-elle à tout bout de champ, quand lui se défile par des « Il faut que j’y aille ». Quand l’un fait un pas en avant, l’autre recule et les rôles s’inversent imperceptiblement au fil des rendez-vous qui rythment cette liaison inattendue. Les personnages semblent coincés entre le dialogue intérieur, réflexif et la véritable adresse à l’autre, piégés par les émotions ou libérés par les insultes qui seules fusent sans retenue.


Sur scène, le lit de la chambre d’hôtel côtoie l’extérieur urbain. Une abolition des frontières qui nous fait passer sans transition de la sphère intime à la sphère publique, de la relation particulière et cachée au rapport exposé et commun. Par cette mise en espace, Gilles Chavassieux rend sans ambages l’idée de deux entités choisies par l’auteur comme l’incarnation exemplaire d’une incommunicabilité existentielle. En témoigne le regard omniprésent d’un sans-abri qui empêche de considérer le duo amoureux isolément et la situation comme insolite ; la présence d’un couple secondaire se fait également l’écho ludique de l’histoire principale dédoublant un récit que l’on aurait pu croire singulier.

De ce texte où rien n’est vraiment achevé, où toute tentative d’exprimer à l’autre son désir apparaît comme un échec probant, émane un sentiment ambivalent. Il ne fait aucun doute que l’œuvre est parlante mais nous ressortons pourtant empreints d’un vide incommensurable. Une conséquence directe non pas d’une absence de matière mais de la prise de conscience d’une impossible communication qui nous touche tous. L’émotion est d’autant plus forte que François Rabette et Magali Bonat nous renvoient avec justesse le malaise des corps et la profondeur des silences. De leurs hésitations, de leurs non-dits se dégage une force théâtrale sans artifice qui empêche nos cœurs d’être hermétiques à cet Hiver.

Anne CARRON (Lyon)

Hiver, de Jon Fosse
Mise en scène de Gilles Chavassieux
Avec Magali Bonat, Laure Giappiconi, Yannick Laurent, Alain Porta et François Rabette

Du 21 novembre au 3 décembre 2006
Au théâtre les Ateliers, 5 rue Petit David 69002 Lyon
Tél : 04 78 37 46 30
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Chronique FraÎChe