23 janvier 2007
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MARATHON POUR MOLIÈRE
Tout commence par une troupe agglutinée au fond d’un plateau dont les membres en habits de tous les jours lancent des regards craintifs vers le public. Puis, deux d’entre eux entrent en scène poussés sur une estrade sans pourvoir sortir un mot. On peut s’attendre au pire au regard de ces comédiens hantés par la parole mais incapables de pouvoir seulement pousser un cri.
Performance
C’est pourtant le préambule de trois pièces de Molière jouées durant dix heures car le spectacle Le Bourgeois, la mort et le comédien cache en réalité Les Précieuse ridicules, le Tartuffe et Le Malade imaginaire. Des heures comme on en fait plus mais qu’on aime. Une vraie beuverie de théâtre, propre à étancher la plus gigantesque des pépies culturelles. Et pour les comédiens, une performance.
Si un mariage arrangé peut apparaître à certains comme une providence, ce n’est pas le cas et nous le savons bien de ces deux précieuses qui dénoncent ce commerce. Au diable le mariage d’amour et sa morale, si l’auteur reconnaît sa noblesse, il ne sanctionnera pas moins le ridicule des deux femmes qui cherchent à se faire passer pour ce qu’elles ne sont pas. Derrière cette danse se cachent en réalité deux prétendants éconduits. Un classique certes mais qui se trouve drôlement bien revisité dans cette petite comédie, toute pétillante, qui repose sur la base du déguisement transparent dont le public complice a parfois été dupe. Un jeu de dupe d’ailleurs mené avec brio par les comédiens, qui usent de l’improvisation, dans un décor de tréteaux composé d’une estrade tournante et de rideaux qui s’alternent comme des voiles au fil des scènes.
Pimenté et pigmenté
Les comédiens jouent en permanence de la complicité de public au milieu duquel ils se dissimulent. On a même vu le public mis en scène. Le cadre s’inscrit dans un désordre hors du commun pour des pièces de cette facture. Un trait de bourgeoisie qui apparaît dans le décor est peut-être ce canapé rouge où se déroulent les conversations des gens d’esprits. Quel bonheur de voir des costumes revenir dans plusieurs pièces même si au final se dresse le constat d’un très peu d’habits d’époque et de perruques. Mais que d’hommes emplumés et quel plumage. Le nu partiel ou total a donné au jeu des acteurs et aux pièces ainsi enchaînées des attraits contemporains qu’on ne saurait lui reprocher tant le public a ri à pleine bouche du comique des situations. De pièce en pièce, le corps apparaît souvent poudrée de blanc et pour chaque sexe dans des situations rocambolesques. Les personnages sont à mourir de rire, notamment le faux marquis de Mascarille dans la première pièce affublé d’un bonnet de nageur, d’un collant de danse blanc et de lunettes qui lui donnent l’air à la fois d'une grenouille et d'un oiseau rare.
Ainsi, les pièces se déploient sous le rythme du déguisement, de la dissimulation, de la farce et de l’imposture, sans négliger la complicité voire la participation du public. Trois textes pour trois formes d’écritures, trois rythmiques, ont été proposées au public par une compagnie de théâtre menée par Éric Louis, metteur en scène, au théâtre des 13 Vents à Montpellier. Et la proposition a fait salle comble. Les comédiens ont eu le loisir d’insérer ici le lazzi, ces petits instants de liberté qui en plus du comique gestuel et verbal ajoutent aux textes du piment.
Le Bourgeois, la mort et le comédien, autour des textes de Molière
Mise en scène de Eric Louis
Assistante à la mise en scène : Maryse Meich
Avec : Cyril Bothorel, Xavier Brossard, Claire Bullett, John Carroll, Yannick Choirat, Yann-Joël Collin, Catherine Fourty, Thierry Grapotte, Dominique Guihard, Elios Noël, Alexandra Scicluna
Dramaturgie : Pascal Collin - Scénographie : François Mercier
Produit par : La Nuit surprise par le Jour
Théâtre des 13 Vents de Montpellier Théâtre de Grammont - du 10 au 13 janvier 2007.
Informations : 04.67.99.25.00
Tout commence par une troupe agglutinée au fond d’un plateau dont les membres en habits de tous les jours lancent des regards craintifs vers le public. Puis, deux d’entre eux entrent en scène poussés sur une estrade sans pourvoir sortir un mot. On peut s’attendre au pire au regard de ces comédiens hantés par la parole mais incapables de pouvoir seulement pousser un cri.
Performance
C’est pourtant le préambule de trois pièces de Molière jouées durant dix heures car le spectacle Le Bourgeois, la mort et le comédien cache en réalité Les Précieuse ridicules, le Tartuffe et Le Malade imaginaire. Des heures comme on en fait plus mais qu’on aime. Une vraie beuverie de théâtre, propre à étancher la plus gigantesque des pépies culturelles. Et pour les comédiens, une performance.
Si un mariage arrangé peut apparaître à certains comme une providence, ce n’est pas le cas et nous le savons bien de ces deux précieuses qui dénoncent ce commerce. Au diable le mariage d’amour et sa morale, si l’auteur reconnaît sa noblesse, il ne sanctionnera pas moins le ridicule des deux femmes qui cherchent à se faire passer pour ce qu’elles ne sont pas. Derrière cette danse se cachent en réalité deux prétendants éconduits. Un classique certes mais qui se trouve drôlement bien revisité dans cette petite comédie, toute pétillante, qui repose sur la base du déguisement transparent dont le public complice a parfois été dupe. Un jeu de dupe d’ailleurs mené avec brio par les comédiens, qui usent de l’improvisation, dans un décor de tréteaux composé d’une estrade tournante et de rideaux qui s’alternent comme des voiles au fil des scènes.
Pimenté et pigmenté
Les comédiens jouent en permanence de la complicité de public au milieu duquel ils se dissimulent. On a même vu le public mis en scène. Le cadre s’inscrit dans un désordre hors du commun pour des pièces de cette facture. Un trait de bourgeoisie qui apparaît dans le décor est peut-être ce canapé rouge où se déroulent les conversations des gens d’esprits. Quel bonheur de voir des costumes revenir dans plusieurs pièces même si au final se dresse le constat d’un très peu d’habits d’époque et de perruques. Mais que d’hommes emplumés et quel plumage. Le nu partiel ou total a donné au jeu des acteurs et aux pièces ainsi enchaînées des attraits contemporains qu’on ne saurait lui reprocher tant le public a ri à pleine bouche du comique des situations. De pièce en pièce, le corps apparaît souvent poudrée de blanc et pour chaque sexe dans des situations rocambolesques. Les personnages sont à mourir de rire, notamment le faux marquis de Mascarille dans la première pièce affublé d’un bonnet de nageur, d’un collant de danse blanc et de lunettes qui lui donnent l’air à la fois d'une grenouille et d'un oiseau rare.
Ainsi, les pièces se déploient sous le rythme du déguisement, de la dissimulation, de la farce et de l’imposture, sans négliger la complicité voire la participation du public. Trois textes pour trois formes d’écritures, trois rythmiques, ont été proposées au public par une compagnie de théâtre menée par Éric Louis, metteur en scène, au théâtre des 13 Vents à Montpellier. Et la proposition a fait salle comble. Les comédiens ont eu le loisir d’insérer ici le lazzi, ces petits instants de liberté qui en plus du comique gestuel et verbal ajoutent aux textes du piment.
Christelle ZAMORA (Montpellier)
Le Bourgeois, la mort et le comédien, autour des textes de Molière
Mise en scène de Eric Louis
Assistante à la mise en scène : Maryse Meich
Avec : Cyril Bothorel, Xavier Brossard, Claire Bullett, John Carroll, Yannick Choirat, Yann-Joël Collin, Catherine Fourty, Thierry Grapotte, Dominique Guihard, Elios Noël, Alexandra Scicluna
Dramaturgie : Pascal Collin - Scénographie : François Mercier
Produit par : La Nuit surprise par le Jour
Théâtre des 13 Vents de Montpellier Théâtre de Grammont - du 10 au 13 janvier 2007.
Informations : 04.67.99.25.00