17 avril 2008
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20:00
UN GENIAL REMUE-MENINGES
Avec un look à la Souchon, ce Pierrot lunaire nous embarque dans sa soucoupe dans un voyage sidérant de finesse et d’à-propos où le temps n’a plus de prise. Ses mots font un bien fou. Poétique et décalé, l’univers de ce démiurge qui tutoie le génie, est à découvrir d’urgence.
Sa mie s’est fait la belle. Le voilà dans le pétrin. Il est seul, son enfant dans la chambre à côté venant de plonger dans les limbes du sommeil. Impossible de s’endormir. Or, s’endormir c’est rêver. Lui, sans dormir, va rêver. Et nous embarquer avec lui. A bord d’un drôle de « cata-marrant », il hisse la grand voile et nous voilà partis pour un tour de son monde en quatre vingt minutes. Un monde improbable où le temps suspend son vol et où vont se croiser les aubes, les aurores, les eaux d’ici, les au-delà…
« Même si on dit le temps c’est de l’argent, j’ai beau regarder le temps passer, je ne vois pas les sous venir ». Des phrases comme celle-là, il y en a pléthore jaillissant de la bouche de Gauthier Fourcade. Avec un physique mi-Souchon, mi-Einstein (la folie de l’un, la logique de l’autre ou peut-être l’inverse) et une voix régulière sans être monotone, à la manière d’un conteur, il met son auditoire dans un état de semi lévitation, faisant monter l’attente en permanence. L’attente des mots, bien sûr. Des mots démodés, des mots démoniaques, des mots d’émotion. Des mots qu’il joue, des jeux de mots qu’il a écrits. Il tord et à raison les mots sans les torturer. C’est un peu tordu, c’est souvent tordant. Mais parfois l’amuseur a la muse qui pointe son museau. Si alors les mots continuent à se jouer d’eux-mêmes, voilà la poésie qui se prend au jeu…
Loufoqueries
Mais les jeux de mots ne font pas tout. Ils ne peuvent être une fin en soi. Un peu comme chez Zazie dans la chanson, ils servent ici un propos et n’en sont pas le prétexte. Ainsi se tisse une trame qui prend ancrage dans une réalité palpable et qui, par syllogismes et allitérations calembouresques, suit son bonhomme de chemin avec ce drôle de bonhomme qui chemine entre les astres du temps qu’il fait et les désastres du temps qui passe, sa conception à lui de comment il fut conçu, la faune qui parle et la flore aphone, la lumière qui depuis des lustres n’a pas éclairé la nuit des temps…
Pour étayer son propos, le comédien s’entoure de passe-passe. Scéniquement, s’entend. Homme aux clefs d’or, il passe partout. Il passe d’une chaise à l’autre pour expliquer une vérité infaillible. Il passe au tableau et y démontre brillamment la chute du temps. Il fait aussi d’un geste passer sa scène de l’ombre à la lumière et inversement en jouant les allumeurs de « rêv-erbères ». On lui laisse tout passer, de ses petites voitures à ses découpages loufoques, tant le niveau de son show classe en passe de devenir un classique dépasse la moyenne. Et s’il passe pour un peu fou, il s’en défendra probablement en vous disant que sa douce folie à lui vaut bien tout notre folie furieuse à nous car au final il nous aura démontré la plus belle des vérités : il n’y a que l’amour qui vaille la peine. Tout cela n’est passible que d’acquiescement massif, non ?
Le Secret du temps plié (Paris)
Texte de Gauthier Fourcade et Marc Gelas
Mise en scène : François Bourcier
Durée : 1h20
Théâtre Comédie Bastille, 5 rue Nicolas Appert (au niveau du 51 rue Richard Lenoir), 75011 Paris (M° Richard Lenoir)
Réservations : 01 48 07 52 07 ou www.comedie-bastille.com
A 19h30 du mercredi au samedi
Avec un look à la Souchon, ce Pierrot lunaire nous embarque dans sa soucoupe dans un voyage sidérant de finesse et d’à-propos où le temps n’a plus de prise. Ses mots font un bien fou. Poétique et décalé, l’univers de ce démiurge qui tutoie le génie, est à découvrir d’urgence.
Sa mie s’est fait la belle. Le voilà dans le pétrin. Il est seul, son enfant dans la chambre à côté venant de plonger dans les limbes du sommeil. Impossible de s’endormir. Or, s’endormir c’est rêver. Lui, sans dormir, va rêver. Et nous embarquer avec lui. A bord d’un drôle de « cata-marrant », il hisse la grand voile et nous voilà partis pour un tour de son monde en quatre vingt minutes. Un monde improbable où le temps suspend son vol et où vont se croiser les aubes, les aurores, les eaux d’ici, les au-delà…
« Même si on dit le temps c’est de l’argent, j’ai beau regarder le temps passer, je ne vois pas les sous venir ». Des phrases comme celle-là, il y en a pléthore jaillissant de la bouche de Gauthier Fourcade. Avec un physique mi-Souchon, mi-Einstein (la folie de l’un, la logique de l’autre ou peut-être l’inverse) et une voix régulière sans être monotone, à la manière d’un conteur, il met son auditoire dans un état de semi lévitation, faisant monter l’attente en permanence. L’attente des mots, bien sûr. Des mots démodés, des mots démoniaques, des mots d’émotion. Des mots qu’il joue, des jeux de mots qu’il a écrits. Il tord et à raison les mots sans les torturer. C’est un peu tordu, c’est souvent tordant. Mais parfois l’amuseur a la muse qui pointe son museau. Si alors les mots continuent à se jouer d’eux-mêmes, voilà la poésie qui se prend au jeu…
Loufoqueries
Mais les jeux de mots ne font pas tout. Ils ne peuvent être une fin en soi. Un peu comme chez Zazie dans la chanson, ils servent ici un propos et n’en sont pas le prétexte. Ainsi se tisse une trame qui prend ancrage dans une réalité palpable et qui, par syllogismes et allitérations calembouresques, suit son bonhomme de chemin avec ce drôle de bonhomme qui chemine entre les astres du temps qu’il fait et les désastres du temps qui passe, sa conception à lui de comment il fut conçu, la faune qui parle et la flore aphone, la lumière qui depuis des lustres n’a pas éclairé la nuit des temps…
Pour étayer son propos, le comédien s’entoure de passe-passe. Scéniquement, s’entend. Homme aux clefs d’or, il passe partout. Il passe d’une chaise à l’autre pour expliquer une vérité infaillible. Il passe au tableau et y démontre brillamment la chute du temps. Il fait aussi d’un geste passer sa scène de l’ombre à la lumière et inversement en jouant les allumeurs de « rêv-erbères ». On lui laisse tout passer, de ses petites voitures à ses découpages loufoques, tant le niveau de son show classe en passe de devenir un classique dépasse la moyenne. Et s’il passe pour un peu fou, il s’en défendra probablement en vous disant que sa douce folie à lui vaut bien tout notre folie furieuse à nous car au final il nous aura démontré la plus belle des vérités : il n’y a que l’amour qui vaille la peine. Tout cela n’est passible que d’acquiescement massif, non ?
Franck BORTELLE (Paris)
Le Secret du temps plié (Paris)
Texte de Gauthier Fourcade et Marc Gelas
Mise en scène : François Bourcier
Durée : 1h20
Théâtre Comédie Bastille, 5 rue Nicolas Appert (au niveau du 51 rue Richard Lenoir), 75011 Paris (M° Richard Lenoir)
Réservations : 01 48 07 52 07 ou www.comedie-bastille.com
A 19h30 du mercredi au samedi