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Coaching prise de parole

           

Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

17 avril 2008 4 17 /04 /avril /2008 20:00
UN GENIAL REMUE-MENINGES

Avec un look à la Souchon, ce Pierrot lunaire nous embarque dans sa soucoupe dans un voyage sidérant de finesse et d’à-propos où le temps n’a plus de prise. Ses mots font un bien fou. Poétique et décalé, l’univers de ce démiurge qui tutoie le génie, est à découvrir d’urgence.


Sa mie s’est fait la belle. Le voilà dans le pétrin. Il est seul, son enfant dans la chambre à côté venant de plonger dans les limbes du sommeil. Impossible de s’endormir. Or, s’endormir c’est rêver. Lui, sans dormir, va rêver. Et nous embarquer avec lui. A bord d’un drôle de « cata-marrant », il hisse la grand voile et nous voilà partis pour un tour de son monde en quatre vingt minutes. Un monde improbable où le temps suspend son vol et où vont se croiser les aubes, les aurores, les eaux d’ici, les au-delà…


« Même si on dit le temps c’est de l’argent, j’ai beau regarder le temps passer, je ne vois pas les sous venir ». Des phrases comme celle-là, il y en a pléthore jaillissant de la bouche de Gauthier Fourcade. Avec un physique mi-Souchon, mi-Einstein (la folie de l’un, la logique de l’autre ou peut-être l’inverse) et une voix régulière sans être monotone, à la manière d’un conteur, il met son auditoire dans un état de semi lévitation, faisant monter l’attente en permanence. L’attente des mots, bien sûr. Des mots démodés, des mots démoniaques, des mots d’émotion. Des mots qu’il joue, des jeux de mots qu’il a écrits. Il tord et à raison les mots sans les torturer. C’est un peu tordu, c’est souvent tordant. Mais parfois l’amuseur a la muse qui pointe son museau. Si alors les mots continuent à se jouer d’eux-mêmes, voilà la poésie qui se prend au jeu…

Loufoqueries

Mais les jeux de mots ne font pas tout. Ils ne peuvent être une fin en soi. Un peu comme chez Zazie dans la chanson, ils servent ici un propos et n’en sont pas le prétexte. Ainsi se tisse une trame qui prend ancrage dans une réalité palpable et qui, par syllogismes et allitérations calembouresques, suit son bonhomme de chemin avec ce drôle de bonhomme qui chemine entre les astres du temps qu’il fait et les désastres du temps qui passe, sa conception à lui de comment il fut conçu, la faune qui parle et la flore aphone, la lumière qui depuis des lustres n’a pas éclairé la nuit des temps…

Pour étayer son propos, le comédien s’entoure de passe-passe. Scéniquement, s’entend. Homme aux clefs d’or, il passe partout. Il passe d’une chaise à l’autre pour expliquer une vérité infaillible. Il passe au tableau et y démontre brillamment la chute du temps. Il fait aussi d’un geste passer sa scène de l’ombre à la lumière et inversement en jouant les allumeurs de « rêv-erbères ». On lui laisse tout passer, de ses petites voitures à ses découpages loufoques, tant le niveau de son show classe en passe de devenir un classique dépasse la moyenne. Et s’il passe pour un peu fou, il s’en défendra probablement en vous disant que sa douce folie à lui vaut bien tout notre folie furieuse à nous car au final il nous aura démontré la plus belle des vérités : il n’y a que l’amour qui vaille la peine. Tout cela n’est passible que d’acquiescement massif, non ?

Franck BORTELLE (Paris)

Le Secret du temps plié (Paris)
Texte de Gauthier Fourcade et Marc Gelas
Mise en scène : François Bourcier
Durée : 1h20
Théâtre Comédie Bastille, 5 rue Nicolas Appert (au niveau du 51 rue Richard Lenoir), 75011 Paris (M° Richard Lenoir)
Réservations : 01 48 07 52 07 ou www.comedie-bastille.com
A 19h30 du mercredi au samedi




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17 avril 2008 4 17 /04 /avril /2008 19:30
TOUR DE TAILLE ET TOUR DE CHANT

Dans une petite salle, sur une petite scène, trois petites femmes qui ont tout des grandes nous offrent un spectacle joyeux et enlevé.


Après avoir déjà joué « Dernière Démarque » de façon ponctuelle au Festival Off d’Avignon 2005 puis en juin 2006 au Théo Théâtre, les trois protagonistes présentent ici une réalisation bien rodée. Pour la petite histoire, c’est au conservatoire qu’elles se sont rencontrées : Marika Mazzanti était en classe de comédie musicale, Marion Lépine étudiait le chant lyrique et Anne Thomas, la dame au piano, était accompagnatrice. Elles en sont ici à leur deuxième création. Elles nous servent un répertoire original, de chansons françaises populaires souvent méconnues du grand public, des trouvailles du meilleur goût souvent très drôles, de Juliette à Georges Brassens en passant par Félix Leclerc. On trouve aussi quelques créations. Les plus connues sont les chansons d’un medley « variétoche » fort audacieux, où Dalida est mixée avec Johnny Hallyday, Julien Clerc, Serge Lama et quelques autres.


Les voix sont justes et riches, dans le médium comme dans les aigus. On craint un instant que la puissance de la voix de Marion Lépine en vienne à masquer celle de sa compagne de scène mais l’arrangement se fait au mieux.

Glamour et comédie

Un peu glamour, un peu clowns, elles réussissent une partition à trois où chacune trouve sa place : l’originalité du trio est que l’accompagnatrice, bien que vêtue en bonne de théâtre de boulevard, n’est pas qu’un personnage de second rôle ou devant faire office de faire-valoir. Celle-ci a droit à son solo de pièces classiques commentées. Elle fait également l’accompagnement d’un diaporama très coloré en hommage aux classiques, cette fois-ci, du cinéma. Fait de dessins dans lesquels sont incrustés les visages des comédiennes, il donne un aperçu du talent du dessinateur du programme, Alain Golven, également très original. On rit, mais l’interlude est un peu long et casse quelque peu le rythme du show.

Le spectacle se veut aussi un défilé de costumes, aussi brillants que sont les voix, du complet masculin à la robe à bustier. Affublés d’une étiquette bien visible, ils sont tirés des rayonnages le temps d’une chanson, mis en lumière, puis remisés en magasin jusqu’au prochain spectacle. Les comédiennes ne se contentent pas de jouer les portemanteaux, mais « vivent » véritablement le costume en endossant le rôle en même temps que les morceaux de tissus. Ce n’est donc pas qu’un tour de chant que l’on va voir ici avec plaisir, ce sont autant de petites scènes, des tranches de vie, des tranches d’amour et histoires d’infidélités qui font marcher les zygomatiques des spectateurs. Une vraie réussite !

Alexandra FRESSE (Paris)

Avec : Marion Lépine, Marika Mazzanti, Anne Thomas
Costumes : Julie Bourgeois
Affiche, diapos, Programme : Alain Golven
Mise en scène : Benoît Turjman

Théâtre Les Déchargeurs, 3 rue des Déchargeurs, 75001 Paris
Du 8 au 26 avril 2008
Du mardi au samedi à 20h
Réservations : 0892 70 12 28 (0,34€/min)

Photo © DR

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15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 22:59
LA COMMEDIA DELL’ARTE DANS TOUTE SA SPLENDEUR

C’est à l’occasion du 300ème anniversaire du célèbre dramaturge Carlo Goldoni qu’a été créé « Arlequin, valet de deux maîtres ». Carlo Boso, directeur de l’Académie internationale des Arts du spectacle et grand metteur en scène de la scène européenne, décide en 2007 de monter cette pièce, à l’aide de ses talentueux élèves. Face à un succès retentissant, les comédiens, qui font désormais partie de la troupe « Le Théâtre des Foules », reprennent la pièce sur les planches du Studio Théâtre de Montreuil.


Créateur de la comédie italienne moderne, Goldoni a trouvé son style artistique dans la fusion entre la commedia dell’arte et les comédies de Molière. Cadencées, vives, drôles et exagérées, ses œuvres présentent des histoires alambiquées que la pièce « Arlequin, valet de deux maîtres » illustre parfaitement.


Clarice, fille d’un riche bourgeois vénitien, doit épouser Frederigo Rasponi, un noble turinois. Mais ce dernier est tué par l’amant de sa sœur, Florindo Aretusi. Clarice, qui refusait cette union, se réjouit de la nouvelle car elle va pouvoir épouser celui qu’elle aime, le jeune Silvio, fils du prolixe Docteur Lombardi. Toutefois, Arlequin, grande figure facétieuse des comédies, sème le trouble dans la famille en annonçant le retour du défunt Frederigo Rasponi, qui n’est autre que sa sœur, travestie en homme pour retrouver son amant.

Un rythme effréné

Mettre en scène une telle histoire, où les quiproquos et les rebondissements n’en finissent plus de retarder la chute finale, n’était pas tâche facile. « Le théâtre des Foules » s’y est attelé pourtant avec une force détonante et un dynamisme sans relâche, deux heures et demie durant. Vêtus de beaux costumes d’époques et de masques emblématiques de la commedia dell’arte, ils sont dix sur scène. Dix à se partager des rôles aux traits appuyés, qui se succèdent sur scène à un rythme étourdissant, haletant et physique. Avec une voix qui porte et des déplacements permanents, ils excellent dans l’interprétation de ces rôles hyperboliques et survitaminés. Danse, chant, acrobatie et combat d’épée alimentent les conversations et les apartés truculents des personnages, qui s’agitent à l’intérieur d’un décor simple et efficace fait d’une simple scène sur tréteaux, garnie de rideaux en guise de paysage et de quelques accessoires.

Tous les comédiens livrent là une performance scénique admirable, chacun apportant une faconde et une malice qui lui sont propres et témoignant d’une aisance spontanée dans le jeu dynamisé que requiert ce type de théâtre.

C’est donc un moment d’une énergie époustouflante que fait passer cette troupe dynamique dans un spectacle immensément généreux.

Cécile STROUK (Paris)

« Arlequin, valet de ses deux maîtres » (Paris)
Auteur : Carlo Goldoni
Mise en scène : Carlo Boso
Décors et masques : Stefano Perocco di Meduna
Costumes : Julie Phelouzat
Chants : Benoît Combes
Danses : Nelly Quette
Combats : Bob Heddle-Robboth
Interprétation : Loïc Beauché, Kurro Carmona, Antoine Malfettes, Thomas Raimbaud, Gustavo Araujo, Joseph Defèche, Paolo Crocco, Eve Arbez, Sandrine Demoron, Sandrine Moaligou

Au Studio théâtre de Montreuil (Seine-Saint-Denis), du mercredi 2 au samedi 12 avril à 20h30
Réservation : 09 52 43 89 20





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14 avril 2008 1 14 /04 /avril /2008 14:12
ENTRE COMEDIE ET FILM NOIR

C’est une enquête policière atypique finement écrite et joliment interprétée qu’abrite le petit théâtre du Pixel en ce moment. Des personnages tiraillés entre leurs racines et leur présent. Le tout sur une musique cafardeuse que laisse échapper un piano. De cet étrange mélange naît un charme qu’il faut laisser agir…

Ricky est détective, pas vraiment privé mais privé quand même. Privé de tout, de vie, d’avenir. Il vient d’être muté dans le pire trou à rats du monde : La Motte-Beuvron, village qu’on traverse sans s’y arrêter, où l’on a le choix entre s’ennuyer à mourir ou mourir d’ennui. Ses rêves par procuration et ascendance interposée (un père américain qu’il n’a jamais connu) s’étiolent dans ce cloaque entre un inspecteur aboyant par borborygmes et une maîtresse timbrée qui se fait appeler Lola pour oublier qu’elle porte le nom moins glamour de Thérèse. Débarque une star de cinéma, originaire du village, qui a fui ses origines après la mort mystérieuse de ses parents. Un concierge est retrouvé assassiné.


Dualité à tous les niveaux
 
D’une intrigue à priori simple, Soizic Fonjallaz a échafaudé un spectacle étonnamment atypique et bourré de références. On ne navigue jamais avec les deux pieds dans le même bateau. La dualité est permanente, à tous les niveaux. Les personnages tout d’abord. Leur passé et leur présent se peuvent que se télescoper, ce qui induit inévitablement des fêlures voire des gouffres. Une rurale devenue légende du 7ème art, un détective qui se la jouerait bien Boggie dans « Le Port de l’angoisse » mais n’en a pas l’occasion, une nana flanquée d’un patronyme christique et qui se fait appeler Lola. Seuls le concierge et un énigmatique Jo semblent plus « normaux ». Oui, les guillemets s’imposent car ces deux-là sont morts. Rien de tel pour annihiler toute dualité.

Cette dualité, que l’on retrouve aussi dans les décors qui sont ici multifonctions, confère à l’ensemble de cette pièce un flottement entre deux eaux, ce qui n’est pas du tout déplaisant. Bien au contraire, il règne une atmosphère de fin de soirée que renforce le piano dont le fameux Jo titille les touches. Et du coup même si l’on ne peut s’empêcher de songer à l’univers des films noirs des années 40 ou encore à « L’Ange bleu » (Lola est appelée « mon ange » par Ricky), ce piano indolent renvoie aussi à ces scènes où Dewaere distillait son ennui des soirées entières dans « Beau-Père » de Blier.

Si ce spectacle surprend et surtout séduit, c’est bien parce qu’il se refuse à tout contingentement. Comédie ? Polar ? Etude de mœurs ? Tout cela à la fois. Cet ovni vient cueillir le spectateur et l’embarque dans ce village où rien ne se passe d’ordinaire. Sauf que là, un crime y a été commis et les acteurs de ce drame ne sont pas des gens tout à fait communs. Cet atypisme est d’ailleurs brillamment rendu grâce à des comédiens jeunes et plein d’allant, à commencer par le très charismatique Bruno Schmiedhausler qui porte haut la double casquette (décidément !) du narrateur et de ce détective désabusé, complexe, un peu velléitaire, déjà homme mais pas vraiment sorti de l’enfance.

Franck BORTELLE (Paris)

La Motte-Beuvron blues
Texte et mise en scène : Soizic Fonjallaz
Avec Bruno Schmiedhausler, Sophie Cartier, Caroline Tillette, Mathieu Beurton
Propositions, adaptations, compositions et interprétations musicales : Pauline Chazeau
Théâtre le Pixel, 18 rue Championnet, 75018 Paris (M° Porte de Clignancourt ou Simplon)
Réservations : 01 42 54 00 92
Jusqu’au 9 mai 2008 le jeudi à 20h30 et le vendredi à 19h45

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 20:11
PESSIMISMO MAGICO

Grand prosateur italien du XIXe siècle admiré par Nietzsche, Giacomo Leopardi s’est illustré par des pièces philosophiques. À travers ce qu’il nomme « Operette morali », il impose un style emprunt d’un pessimisme mélancolique qui trouve sa beauté dans une magie aussi ensorcelante qu’inquiétante. Le metteur en scène Jacques Nichet, voulant rendre hommage à la pensée complexe de cet écrivain, en a monté une pièce emblématique, « Le commencement du bonheur ».

La pièce débute avec l’arrivée d’un homme habillé en robe de chambre, portant une bougie pour éclairer les ténèbres de la scène. Interprété par Jacques Nichet, cet homme est philosophe et insomniaque. De son sommeil agité va surgir un imaginaire sibyllin habité par de multiples songes fantasmés et illusoires dans lesquels les hommes n’ont plus de maîtrise sur le monde. Simples jouets d’une nature capricieuse, ils se voient perdre leur prétentieuse souveraineté, leurs vaines illusions et leur existence.


Se dévoile alors une galerie peuplée de personnages fictifs : un soleil humanisé qui ne veut plus tourner autour de la terre, jugée fainéante, un elfe et un gnome qui annoncent la disparition de l’espèce humaine, des momies qui chantent la douce jouissance de la mort. Ces dialogues nihilistes expriment de manière éloquente la mélancolie de Leopardi : sombre et joyeuse, elle brouille le fonctionnement naturel du monde, créant des mondes allégoriques et fantastiques.

De la beauté du théâtre

Jacques Nichet, metteur en scène imaginatif, a su recréer avec poésie et talent une série d’atmosphères dépaysantes. Le décor est sobre mais étonnant de créativité : un lit suspendu par deux fils qui monte et descend au gré des envies du soleil assis dessus, une immense toile cosmique muée par le souffle du vent, un sol qui se fend pour laisser la lumière et la fumée se propager, des planètes qui tombent du ciel et des costumes venus d’ailleurs. A l’intérieur de ces paysages sensibles, évoluent plusieurs comédiens.

Parmi eux, l’ébouriffante Sabrina Kouroughli. Une comédienne au talent pluriel, qui incarne chacun de ses personnages avec une malice et une aisance sans pareilles. Très investie dans ses rôles, elle renforce, par une voix douce et pénétrante et des déplacements agiles, l’envoûtement croissant de la pièce. Son partenaire, Quentin Baillot livre un jeu tout aussi subtil et hétéroclite. Gnome, soleil, passant, Malembrun, il joue avec une conviction sincère et une adresse authentique. Quant aux personnages secondaires, des jeunes femmes qui interprètent le groupe de momies, elles proposent un instant scénique soutenu, relevé par un talent et une précision vocale d’une grande beauté.
Ainsi, grâce au jeu dimensionné des comédiens, à la résonance d’une musique incantatoire et à une mise en scène sensible, la grande et imposante scène du théâtre du MC 93 est domptée avec brio et finesse.

« Le commencement du bonheur » apparaît comme un conte, qui fait voyager dans des contrées infiniment riches et évocatrices. Une très belle invitation au voyage.

Cécile STROUK (Paris)

Le commencement du bonheur (Paris)
D’après les Operette Morali de Giacomo Leopardi
Texte français : Michel Orcel
Mise en scène : Jacques Nichet
Scénographie : Philippe Marioge
Création musicale : Hervé Suhubiette
Son : Aline Loustalot
Lumière : Michel Leborgne
Costumes : Nathalie Trouvé
Interprétation : Quentin, Baillot, Sabrina Kouroughli, Jacques Nichet ET Amélie Denarié, Anaïs Durin, Nina Kayser, Julie Kerbage, Sarah Laulan, Julie Menut, Magali Moreau, Delphine Ory

Au théâtre MC 93 (Bobigny) du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h30
Réservation : 01 41 60 72 72
Photo © Marc Ginot
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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 19:56
UN COUP DE THEATRE HOMOLOGUE A.O.C

Après un triomphe en province, « Pièce détachée » débarque à Paris et s’installe au Théâtre de Dix Heures. Ça va déménager. Un carton en perspective et des rires à n’en plus finir. A ne pas manquer.

Voilà un spectacle qui donne la pleine mesure de la déréliction dans laquelle peut parfois se trouver le critique lorsqu’il est face à son écran blanc. Jules Renard disait : « Beaucoup de critiques entrent au théâtre avec l’air d’en sortir ». Manière élégante de dire que nous sommes des gens blasés par une multitude de spectacles que nous accrochons à notre tableau comme des chasseurs leurs trophées, en moins massacreurs tout de même…


Pourtant, en entrant dans ce joli théâtre de Dix Heures, le critique ne peut arborer la mine défaite qu’évoque l’auteur de « Poil de Carotte ». La pièce qu’il vient y voir, comme le corrobore le dossier de presse, a fait un carton en province et le mot « rire » revient dans chaque extrait des critiques des collègues de Toulouse, Lyon, Avignon ou encore Clermont-Ferrand. Ca part bien, la confiance règne.

C’est la belle nuit de Noël…

Le décor est chatoyant : joli canapé rouge vif, sapin de Noël, guirlande, guéridon chargé de bouteilles et d’amuse-gueule. Ca sent la fête. Le 25 décembre nous a tellement fait rire il y a plus de vingt ans avec une ordure de Père Noël qu’on ne ne va quand même pas voir la vie en morose face à ces promesses de réjouissance.

« …. Avec l’air d’en sortir ». Déférence gardée envers l’immense aphoriste, disons tout de même qu’il a encore tout faux. Sortir en faisant la gueule d’une telle pièce, n’y pensez même pas, critiques ou non !

Seulement voilà : il y a un problème énorme ! Cette pièce réserve un coup de théâtre. Pas le petit coup bas et mesquin, genre chausse-trappe politicienne de pacotille. LE coup de théâtre, homologué AOC, itou itou. Au bout de vingt minutes, alors qu’un réveillon de Noël se prépare tranquillement, dans la bonne humeur avec un zigoto déguisé en Batman, crac boum hue ! Tsunami théâtral ! Casse-gueule et gonflé, de surcroît !

Le dévoiler ? Pur sacrilège ! Alors ? Disons, car il faut bien dire quelque chose, que la construction de cette pièce est tout simplement diaboliquement géniale. Ou génialement diabolique, comme on veut. L’ensemble se met en branle lentement, dans la bonne humeur plus que le fou rire, histoire de planter le décor et faire connaissance avec les personnages.  Enfin…les personnages… oui et non. Non et oui. Pas clair. Pas simple quand on ne peut rien dire. Certes « la suite serait délectable, malheureusement je ne peux pas la dire et c’est regrettable, ça nous aurait fait rire un peu ». Non, pas de juge aux prises avec un gorille, rassurez-vous. Mais quoi alors ? Du rire crescendo à n’en plus finir.

Franck BORTELLE (Paris)

Pièce détachée (Paris)
Texte et mise en scène :  Thierry Buenafuente
Avec Sébastien Bonnet, Thierry Buenafuente, Anne Duteil, Damien Laquet, Emmanuel Huc, Célandine Parent
Durée : 1h20
Théâtre de Dix Heures, 36 boulevard de Clichy, 75018 Paris (M° Pigalle)
Réservations : 01 46 06 10 17 www.dixheures.net
Du mardi au samedi à 20 heures, relâche les 1er, 8 mai, 15 et 16 août

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 19:10
SAINTE-CATHERINE, PRIEZ POUR ELLES !

Etat des lieux sur la dure vie d’actrice, « Les 4 Deneuve », en dépit d’une écriture parfois un peu facile et bancale, est un spectacle recommandable dans lequel quatre jeunes comédiennes réalisent un sans faute.

Elles sont quatre que tout oppose, sauf une chose : leur envie de devenir comédiennes. A l’issue d’un énième casting pour une pub, elles se retrouvent enfermées dans le théâtre. Babe, l’allumeuse qui a tourné une saison dans une série télé de seconde zone, Agrippine, l’intello qui a failli travailler avec Mnouchkine, Félicité, la déprimée qui carbure au Lexomil-whisky et Candy, la naïve décérébrée, vont apprendre à se connaître durant cette nuit au théâtre.


Ah le beau métier d’actrice avec ses paillettes, les photographes qui guettent vos moindres gestes, les théâtres pleins à craquer, les Molière comme s’il en pleuvait ! Quelle gamine n’a pas rêvé un jour de tutoyer la célébrité, de s’encanailler au bras d’un producteur, de voir son nom si haut sur l’affiche ? Mais la lumière peut parfois s’avérer avare, sans lux, sans luxe. Ce sont alors les petites annonces et courses au cachet, « césar du meilleur désespoir », « apogée de l’anonymat ».

A l’assaut de la capitale !

Voilà un spectacle qui sans le vouloir épouse parfaitement le destin d’une comédienne. En effet, après avoir sillonné la France entière, il « monte » à Paris, comme on dit. Conquérir la capitale, le rêve absolu. On peut sans se mouiller affirmer que ça va marcher. L’ensemble est agréable et surtout interprété par quatre comédiennes particulièrement convaincantes. Elles occupent avec énergie l’espace scénique et même, dans un final drôlissime, la salle entière. Le décor est quasi inexistant. Un canapé « bouche en cœur » rouge carmin et surtout quatre dessins de l’icône du titre, celle-là même qui n’est jamais montée sur une scène de théâtre, sauf pour les besoins d’un film ou deux (« Le dernier métro » notamment).

Le texte, quant à lui, réserve quelques perles épinglant avec plus de réalisme que de cynisme le milieu du show-biz. « T’es pas obligée de coucher pour y arriver. Toi tu couches et tu n’y arrives pas », s’entend dire Babe (excellente Mélissa Drigeard, également co-auteur). L’une des grandes qualités de ce texte est d’avoir su éviter les poncifs féministes, écueil facile quand il s’agit de raconter l’histoire de quatre nanas. On est dans le milieu du cinéma-galère et du théâtre-crève-la-dalle et on y reste. On aurait toutefois souhaité un peu plus de tenue dans l’écriture. La roue tourne parfois à vide, comme une caméra sans pellicule. Certes on ne s’y ennuie pas, mais le rire n’est pas au rendez-vous aussi souvent qu’on pourrait l’attendre. C’est un peu dommage, car du cynisme ajouté à cette présentation volontairement caricaturale du métier aurait vraiment fait décoller l’ensemble.

Mais on passe quand même un moment agréable en compagnie de ces quatre nanas dans le vent…

Franck BORTELLE (Paris)

Les 4 Deneuve
De Mélissa Drigeard, Guillaume Gamain, Vincent Juillet
Mise en scène : Philippe Peyran Lacroix
Avec Jeanne Arènes, Amandine Cros, Mélissa Drigeard, Alice Dumont
Théâtre Mery, 7 Place de Clichy, 75017 Paris (M° Place de Clichy)
Du mardi au samedi à 20h10 jusqu’au 18 juin 2008
Réservations : 01.45.22.03.06
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10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 23:19
DESTINATION REVE

Dans le cadre du festival Côté môme, dont c’est cette année la première édition, la Compagnie Voix Public propose deux pièces pour le jeune public. Trois comédiens jouant des corps et des voix parviennent à incarner des personnages nombreux et contrastés, de la famille Lepic dans son ensemble aux oies sauvages en voyage vers la Laponie.

La première pièce raconte la vie quotidienne d’un petit garçon, Poil de Carotte, qui aimerait tant que sa mère vienne l’embrasser au coucher. Mais il est le mal-aimé de la famille, le souffre-douleur de cette mère inaccessible et doit grandir avec cet état de fait. Les trois comédiens incarnent tous les personnages à tour de rôle, Monsieur et Madame Lepic, le frère et la sœur, Felix et Ernestine, Poil de Carotte et la bonne Agathe.


Jonglerie avec les personnages

Des figurines sont déplacées de temps en temps pour représenter les personnages dans un décor fait de tissu et d’une petite maison perchée sur la colline. Si le procédé de changement de personnage, parfois très rapide, sur quelques répliques, peut déconcerter au départ, il se révèle d’une grande richesse pour l’interprétation. Ce sont les intonations, la couleur du rire de la mère, la pipe du père, comme les mouvements des corps, qui permettent d’identifier les protagonistes, avec lesquels semblent jongler les comédiens.

Pour la seconde pièce, « Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson », on est véritablement transporté. Haut, bien haut dans les airs… Les trois comédiens interprètent en tout 17 personnages, tantôt un chœur, quelques êtres humains, tantôt des animaux sauvages ou de la ferme. Et Nils Holgersson.


L’enfant et les bêtes

Ce jeune garçon de 14 ans est, au début de l’histoire, une véritable peste qui persécute tous les animaux qui passent à la portée de son lance-pierre. Jusqu’au jour où le lutin de la maison décide de le transformer en un être de petite taille. Alors commence une véritable aventure pour Nils, qui se découvre un ami en Martin, le jars blanc qui a décidé de rejoindre les oies sauvages. Celles-ci, menées par Akka de Kebnekaïse (jouée par un Philippe Lecomte éblouissant) n’accepteront Nils que lorsqu’il aura fait ses preuves : c’est l’histoire d’une initiation, qui marque le passage du jeune garçon à l’age adulte à travers les péripéties qu’il rencontre.

Une féerie poétique

La seconde pièce est plus graphique et chorégraphiée que la première et elle est véritablement féerique. Les comédiens endossent avec énormément de savoir-faire et de précision la peau des animaux, du renard aux oiseaux, en passant par l’écureuil et la vache, simplement par une posture, des déplacements et un phrasé particuliers. Et le vol des oies sauvages, avec ses battements d’ailes fluides et synchrones, est d’une beauté à couper le souffle.

Alexandra FRESSE (Paris)

Poil de Carotte – à partir de 8 ans
D’après le roman de Jules Renard
Adaptation et mise en scène collective
Direction d’acteurs : Hugo Musella, Caroline Guilea
Scénographie : Mathilde Ferry
Lumière et Régie : Erik de Saint-Ferréol
Photo „ Thierry Gazzera

Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson - à partir de 6 ans
D’après le roman de Selma Lagerlöf Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède
Adaptation : Claude Boué
Dialogues : Claude Boué, Caroline Duval, Stéphan Ramirez et Philippe Lecomte
Mise en scène collective
Son et lumière : Erik de Saint-Ferréol
Costumes : Emilie Jobin

Interprètes des deux pièces : Caroline Duval, en alternance avec Marie-Pierre Rodrigue, Philippe Lecomte, Stéphan Ramirez

Au Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs 75006 Paris
Poil de Carotte : les mercredis et samedis à 15h. Vacances scolaires : du mardi au samedi à 15h.
Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson : les mercredis et samedis à 16h30. Vacances scolaires : du mardi au samedi à 16h30.
Réservations : 01 45 44 57 34

Le festival Côté môme, c’est aussi au théâtre de Ménilmontant, à l’Espace Paris Plaine, au Théâtre Astral et au Ciné Théâtre 13. Infos sur www.cote-momes.com .
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10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 18:02
L’ELEGANCE RUSTIQUE

Publicité, cinéma, télévision, théâtre, Armelle sème sa bonne humeur un peu partout sur la scène artistique. Cette année, elle monte sur les planches pour un one-woman show éponyme qui propose un moment à son image : atypique, décalé et fantaisiste.

D’emblée, Armelle donne le ton au spectacle. Après une scène d’exposition chantée où elle invite le public à voyager en « Armélie », dans son propre monde, la comédienne offre un sketch insolite, narré avec aisance et rythme. Vêtue d’une robe époque Louis XV, elle imite tour à tour une Marie-Antoinette allumée et une Fanchon sans grâce pour une rencontre atypique entre deux personnages antagonistes. Ce premier épisode du spectacle, qui met en verve la comédienne, signe le début d’un show trépignant où est présentée une galerie de personnages tous plus farfelus et étonnants les uns que les autres.


Une société passée au crible de la critique

Au moyen d’une efficace exagération gestuelle et d’une désopilante déformation faciale, Armelle dresse un portrait critique d’une société salie par la duplicité, la méchanceté, l’égoïsme et l’intolérance. Sans langue de bois, elle aborde des thématiques classiques (infidélité, sexualité) et inhabituelles (l’hermaphrodisme, par exemple), illustrées par un décor amovible en carton noir et blanc qui renforce astucieusement l’épaisseur comique des sketches.

Jonglant entre un langage châtié et un verbe graveleux, elle caricature aussi bien des personnages rustiques au caractère grossier et au nom évocateur (un certain la Tronche) que des personnages bourgeois au cœur froid et à l’hypocrisie criarde (à l’instar de Benoîte). Prenant soin de ne pas épargner leurs terribles défauts, l’artiste s’approprie avec audace et réalisme le corps et l’esprit de ces différents personnages.
Sa maîtrise assurée de la rupture théâtrale, son potentiel comique naturel, sa virtuosité langagière et sa vive inventivité sont autant d’éléments qui embellissent le jeu d’Armelle et qui font d’elle une comédienne plurielle et hétéroclite.

« Armelle » s’avère être un spectacle très personnel et satirique qui puise sa qualité dans l’interprétation habile et originale de l’artiste, picaresque du début à la fin. A découvrir.

Cécile STROUK (Paris)

Armelle (Paris)
Interprétation : Armelle
Mise en scène : Rodolphe Sand
Décors : Olivier Prost
Lumière : Valérie Allouche
Musique : Vincent Preciozo
Costumes : Pauline Siboni

A la Comédie de Paris (Paris), du mardi au samedi à 20h
Réservation : 01 42 81 00 11
Photo © DR
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10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 17:54
UN CAFE NOMME DELIRE

Ici, le Père Tranquille version kitch ressemble plus à un bazar qu’à un bistrot de banlieue. Avec des personnages poussés aux extrêmes, Dejan Ilic nous propose sa version très personnelle d’Un air de famille, une folle soirée au pays des tziganes.

Après avoir réalisé un court-métrage sur une famille yougoslave inspirée de la sienne, famille un peu foldingue et déjantée, le jeune metteur en scène Dejan Ilic, avait envie de fait vivre ses personnages sur une scène. Le hasard l’a conduit à la pièce de Jaoui - Bacri qui l’a conquis : c’est de là qu’est venu l’idée de mêler les deux univers.


A priori, on se demande ce que peut donner le mélange d’une pièce somme toute assez intimiste avec l’exubérance à la Kusturica. Et l’on n’est pas déçu du voyage. Décor, costumes, tout n’est que couleurs vives et flashy. Et les personnages, également hauts en couleurs, n’ont plus grand chose à voir avec ceux du film des auteurs.

L’histoire et le texte restent : Au Père Tranquille, le bistrot d’Henri, la famille se réunit pour aller au restaurant, comme tous les vendredis. Sauf que ce soir, Philippe, le frère, est passé à la télévision. Et que c’est l’anniversaire de Yolande, sa femme. Et qu’Arlette, la femme d’Henri, ne rentre pas. Alors, tout le monde reste au bistrot, pour tenir compagnie à Henri. Les langues se délient, les tensions s’exacerbent et des vérités sont dites.

La mise en scène est débordante de vitalité, s’y ajoutent des jeux de mains et quelques crachats qui n’étaient pas dans la version originale. Richard Medkour, qui joue Philippe, incarne non plus un chef d’entreprise un peu coincé mais un mafieux prompt à dégainer son flingue et qui a de la coke plein les poches. Christine Zavan, campe la mère tyrannique, imposante tant par son physique que par sa voix rauque et tranchante. On attendait Yoyo (Marie Delaroche) au tournant, avec en mémoire le jeu de l’inénarrable Catherine Frot, et celle-ci tient la comparaison. Henri (Laurent Mentec), le loser de la famille, est un ours bourru et attendrissant. Quant au couple de la sœur, Betty (Vanessa Luna), et du garçon de café, Denis (Rodolphe Saulnier), il apporte de la fraîcheur, un peu d’amour dans un monde de conflits.
On trouve des clins d’œil plus qu’appuyés aux films de Kusturica, de la musique empruntée, riche en cuivres et en percussions, au voile de mariée qui vole à travers la pièce. Les acteurs sont tous justes, même quand les caractères sont poussés à outrance. Il reste qu’on peut se demander si cette version tzigane, avec toute cette violence et cette folie douce, n’est pas un peu « cliché ». Dejan Ilic s’en défend : « Dans la réalité, c’est bien pire ! »

Alexandra FRESSE (Paris)

De Agnes Jaoui et Jean-Pierre Bacri
Mise en scène : Dejan Ilic
Avec : Marie Delaroche, Vanessa Luna, Richard Medkour, Laurent Mentec, Rodolphe Saulnier, Christine Zavan
Décor : Lucie Legrand, Mia Jerdin

Au Théâtre Michel Galabru, 4 rue de l’Armée d’Orient, 75018 Paris
Jusqu’au 27 avril 2008
Du mercredi au samedi à 20h00, le dimanche à 17h00
Réservations : 01 42 23 15 85

Photo © DR
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