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Festival d'Avignon

11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 20:11
PESSIMISMO MAGICO

Grand prosateur italien du XIXe siècle admiré par Nietzsche, Giacomo Leopardi s’est illustré par des pièces philosophiques. À travers ce qu’il nomme « Operette morali », il impose un style emprunt d’un pessimisme mélancolique qui trouve sa beauté dans une magie aussi ensorcelante qu’inquiétante. Le metteur en scène Jacques Nichet, voulant rendre hommage à la pensée complexe de cet écrivain, en a monté une pièce emblématique, « Le commencement du bonheur ».

La pièce débute avec l’arrivée d’un homme habillé en robe de chambre, portant une bougie pour éclairer les ténèbres de la scène. Interprété par Jacques Nichet, cet homme est philosophe et insomniaque. De son sommeil agité va surgir un imaginaire sibyllin habité par de multiples songes fantasmés et illusoires dans lesquels les hommes n’ont plus de maîtrise sur le monde. Simples jouets d’une nature capricieuse, ils se voient perdre leur prétentieuse souveraineté, leurs vaines illusions et leur existence.


Se dévoile alors une galerie peuplée de personnages fictifs : un soleil humanisé qui ne veut plus tourner autour de la terre, jugée fainéante, un elfe et un gnome qui annoncent la disparition de l’espèce humaine, des momies qui chantent la douce jouissance de la mort. Ces dialogues nihilistes expriment de manière éloquente la mélancolie de Leopardi : sombre et joyeuse, elle brouille le fonctionnement naturel du monde, créant des mondes allégoriques et fantastiques.

De la beauté du théâtre

Jacques Nichet, metteur en scène imaginatif, a su recréer avec poésie et talent une série d’atmosphères dépaysantes. Le décor est sobre mais étonnant de créativité : un lit suspendu par deux fils qui monte et descend au gré des envies du soleil assis dessus, une immense toile cosmique muée par le souffle du vent, un sol qui se fend pour laisser la lumière et la fumée se propager, des planètes qui tombent du ciel et des costumes venus d’ailleurs. A l’intérieur de ces paysages sensibles, évoluent plusieurs comédiens.

Parmi eux, l’ébouriffante Sabrina Kouroughli. Une comédienne au talent pluriel, qui incarne chacun de ses personnages avec une malice et une aisance sans pareilles. Très investie dans ses rôles, elle renforce, par une voix douce et pénétrante et des déplacements agiles, l’envoûtement croissant de la pièce. Son partenaire, Quentin Baillot livre un jeu tout aussi subtil et hétéroclite. Gnome, soleil, passant, Malembrun, il joue avec une conviction sincère et une adresse authentique. Quant aux personnages secondaires, des jeunes femmes qui interprètent le groupe de momies, elles proposent un instant scénique soutenu, relevé par un talent et une précision vocale d’une grande beauté.
Ainsi, grâce au jeu dimensionné des comédiens, à la résonance d’une musique incantatoire et à une mise en scène sensible, la grande et imposante scène du théâtre du MC 93 est domptée avec brio et finesse.

« Le commencement du bonheur » apparaît comme un conte, qui fait voyager dans des contrées infiniment riches et évocatrices. Une très belle invitation au voyage.

Cécile STROUK (Paris)

Le commencement du bonheur (Paris)
D’après les Operette Morali de Giacomo Leopardi
Texte français : Michel Orcel
Mise en scène : Jacques Nichet
Scénographie : Philippe Marioge
Création musicale : Hervé Suhubiette
Son : Aline Loustalot
Lumière : Michel Leborgne
Costumes : Nathalie Trouvé
Interprétation : Quentin, Baillot, Sabrina Kouroughli, Jacques Nichet ET Amélie Denarié, Anaïs Durin, Nina Kayser, Julie Kerbage, Sarah Laulan, Julie Menut, Magali Moreau, Delphine Ory

Au théâtre MC 93 (Bobigny) du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h30
Réservation : 01 41 60 72 72
Photo © Marc Ginot
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