16 juillet 2007
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TOUCHÉS
Reprise d’un spectacle créé il y a 5 ans, Les Paravents, de Frédéric Fisbach est une transposition à l’univers des marionnettes japonaises de la pièce de Jean Genet. Un regard particulier mais séduisant de l’œuvre…
Un détour par l’Orient pour mieux rendre cette œuvre si spéciale dans laquelle l’auteur lui-même admettait avoir « déconné »… « Féérie pour une réflexion »… Ainsi pourrait se nommer la proposition que fait l’artiste associé de cette année aux spectateurs présents dans le théâtre Municipal d’Avignon. Une représentation qui laisse le temps de respirer.
Les Paravents, de Genet, ce sont les tribulations voyageuses d’un fils, sa mère et sa femme, à travers l’Algérie en guerre. Récit éclaté et univers quasi onirique, allant jusqu’au discours fragmenté entre monde des vivants et monde des morts, que Fisbach a choisi d’adapter à cette technique artificielle du Bunraku, théâtre de marionnettes japonais. Les voix impeccables et splendides des deux « vociférateurs » (terme emprunté à Roland Barthes pour désigner les comédiens prêtant leur voix aux marionnettes) habitent la scène et participent à la beauté du voyage. Comment en effet ne pas être sous le charme et impressionné par ces deux êtres qui habitent réellement de leur souffle, de leurs mots, tous les personnages de la pièce ? Pas un instant il ne « jouent » autre que vrai et ils prêtent vie, plus que voix, à ces figurines de bois. Mais c’est l’image qui nous touche lorsque les deux comédiens s’approchent quelquefois des marionnettistes, effectuant un véritable tango théâtral, donnant plus de corps aux personnages inanimés.
La mise en scène, baroque dans sa composition, fait se côtoyer marionnettes, comédiens grandeur nature et vidéos. Cette option permet de rendre au mieux l’univers déjanté de l’écriture de Genet. Ce côté éclaté de l’œuvre peut bien sûr déconcerter, voire agacer… Pour voyager en compagnie de Genet et Fisbach, mieux vaut donc oublier toute grille de compréhension, et s’abandonner à la rêverie. Les quatre heures que durent le spectacle y invitent d’ailleurs. On peut bien sûr contester dès lors le choix de la pièce, longue et relativement hermétique. Mais l’option de mise en scène est des plus heureuses et parmi ceux qui ont choisi de jouer le jeu jusqu’au bout, nombreux y ont sans doute trouvé quelques moments de bonheur théâtral.
Les Paravents, de Jean Genet
Mise en scène de Frédéric Fisbach
Avec Valérie Blanchon, Christophe Brault, Laurence Mayor, Giuseppe Molino, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,13 juillet 2007 à 17h Théâtre Municipal
Photo © Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon
Reprise d’un spectacle créé il y a 5 ans, Les Paravents, de Frédéric Fisbach est une transposition à l’univers des marionnettes japonaises de la pièce de Jean Genet. Un regard particulier mais séduisant de l’œuvre…
Un détour par l’Orient pour mieux rendre cette œuvre si spéciale dans laquelle l’auteur lui-même admettait avoir « déconné »… « Féérie pour une réflexion »… Ainsi pourrait se nommer la proposition que fait l’artiste associé de cette année aux spectateurs présents dans le théâtre Municipal d’Avignon. Une représentation qui laisse le temps de respirer.
Les Paravents, de Genet, ce sont les tribulations voyageuses d’un fils, sa mère et sa femme, à travers l’Algérie en guerre. Récit éclaté et univers quasi onirique, allant jusqu’au discours fragmenté entre monde des vivants et monde des morts, que Fisbach a choisi d’adapter à cette technique artificielle du Bunraku, théâtre de marionnettes japonais. Les voix impeccables et splendides des deux « vociférateurs » (terme emprunté à Roland Barthes pour désigner les comédiens prêtant leur voix aux marionnettes) habitent la scène et participent à la beauté du voyage. Comment en effet ne pas être sous le charme et impressionné par ces deux êtres qui habitent réellement de leur souffle, de leurs mots, tous les personnages de la pièce ? Pas un instant il ne « jouent » autre que vrai et ils prêtent vie, plus que voix, à ces figurines de bois. Mais c’est l’image qui nous touche lorsque les deux comédiens s’approchent quelquefois des marionnettistes, effectuant un véritable tango théâtral, donnant plus de corps aux personnages inanimés.
La mise en scène, baroque dans sa composition, fait se côtoyer marionnettes, comédiens grandeur nature et vidéos. Cette option permet de rendre au mieux l’univers déjanté de l’écriture de Genet. Ce côté éclaté de l’œuvre peut bien sûr déconcerter, voire agacer… Pour voyager en compagnie de Genet et Fisbach, mieux vaut donc oublier toute grille de compréhension, et s’abandonner à la rêverie. Les quatre heures que durent le spectacle y invitent d’ailleurs. On peut bien sûr contester dès lors le choix de la pièce, longue et relativement hermétique. Mais l’option de mise en scène est des plus heureuses et parmi ceux qui ont choisi de jouer le jeu jusqu’au bout, nombreux y ont sans doute trouvé quelques moments de bonheur théâtral.
Isabelle PLUMHANS
www.ruedutheatre.info
www.ruedutheatre.info
Les Paravents, de Jean Genet
Mise en scène de Frédéric Fisbach
Avec Valérie Blanchon, Christophe Brault, Laurence Mayor, Giuseppe Molino, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,13 juillet 2007 à 17h Théâtre Municipal
Photo © Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon