4 juillet 2007
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GRAND SAIGNEUR DEVANT L’ETERNEL
Où est le temps béni où le professeur exerçait un pouvoir incontestable et incontesté, où, démiurge respecté en sa chapelle, il officiait en paix et portait fièrement son sacerdoce ? Ce temps n’est plus et la pièce est tout sauf un plaidoyer rétrograde ; un cri d’amour pour une profession légèrement désenchantée peut-être…
L’enseignant n’est plus ce bon berger, il est tout au plus une bête de foire jeté en pâture à une meute de loups au regard bovin et impavide. Les yeux des gamins ne sont plus avides d’apprendre mais plutôt lestés par la vacuité de leur indifférence. La tête du prof apparaît, encadrée dans une lucarne, pour apprécier le degré d’affaissement des élèves sur leurs bureaux, indicateur symptomatique de leur potentiel d’attention disponible. Le pan s’effondre et révèle le prof, tapi, sous son bureau, écrasé, traqué. Lorsqu’il se redresse, c’est toujours cloîtré dans la quadrature d’un cercle infernal qu’il évolue sur scène, comme un ours en cage. Réclusion derrière son bureau ou détention derrière les barreaux, l’appareil scénique met ingénieusement le tout en un : blockhaus infernal !
« Qu’est-ce que ça veut dire être prof de littérature ? ». C’est avec cette question rituelle que ce professeur désabusé, incarné avec tendresse par le metteur en scène Mario Dragunsky, initie le cérémonial de la rentrée des classes. Cette question, c’est le point de départ d’une longue digression tour à tour désopilante, attendrissante, passionnée et désespérée. Tout y est : retour sur les illusions du débutant, intronisation en salle des profs, collègues dénués de tous scrupules déontologiques ou passionnés par tout, sauf par leur matière ; Mario Dragunsky se joue à merveille de tous ces « rôles » et endosse même celui des élèves en forçant à peine la caricature…
Questions ineptes pour faire passer le temps, stigmatisation des camarades travailleurs comme « traîtres à la corporation des léthargiques », admiration pour le professeur à l’aune de son endurance à les supporter…Cette petite leçon est drôle, vive, cinglante et délicieusement cynique ! Le tableau vous semble noir ? Ne soyons pas candides, la représentation dépasse à peine la réalité mais les tableaux désormais sont verts, il y a de l’espoir ! D’ailleurs, y aurait-il une telle amertume goguenarde dans le texte édifiant de Jean-Pierre Dopagne s’il n’avait pas tant d’affection pour ces chieurs réfractaires et le désir insatiable de croire en ce qui reste une profession de foi ?
De Jean-Pierre Dopagne
Cie 4 CATS
Mise en scène et Interprétation : Mario Dragunsky.
Scénographie, costumes et photographies : Danielle Loup.
Festival Off Avignon
Théâtre La Petite Tarasque – 5, Rue de Taulignan. Réservation : 04 90 85 43 91
Du 6 au 30 juillet, 10h00 - Durée : 1h15
Où est le temps béni où le professeur exerçait un pouvoir incontestable et incontesté, où, démiurge respecté en sa chapelle, il officiait en paix et portait fièrement son sacerdoce ? Ce temps n’est plus et la pièce est tout sauf un plaidoyer rétrograde ; un cri d’amour pour une profession légèrement désenchantée peut-être…
L’enseignant n’est plus ce bon berger, il est tout au plus une bête de foire jeté en pâture à une meute de loups au regard bovin et impavide. Les yeux des gamins ne sont plus avides d’apprendre mais plutôt lestés par la vacuité de leur indifférence. La tête du prof apparaît, encadrée dans une lucarne, pour apprécier le degré d’affaissement des élèves sur leurs bureaux, indicateur symptomatique de leur potentiel d’attention disponible. Le pan s’effondre et révèle le prof, tapi, sous son bureau, écrasé, traqué. Lorsqu’il se redresse, c’est toujours cloîtré dans la quadrature d’un cercle infernal qu’il évolue sur scène, comme un ours en cage. Réclusion derrière son bureau ou détention derrière les barreaux, l’appareil scénique met ingénieusement le tout en un : blockhaus infernal !
Photo © Danielle Loup
« Qu’est-ce que ça veut dire être prof de littérature ? ». C’est avec cette question rituelle que ce professeur désabusé, incarné avec tendresse par le metteur en scène Mario Dragunsky, initie le cérémonial de la rentrée des classes. Cette question, c’est le point de départ d’une longue digression tour à tour désopilante, attendrissante, passionnée et désespérée. Tout y est : retour sur les illusions du débutant, intronisation en salle des profs, collègues dénués de tous scrupules déontologiques ou passionnés par tout, sauf par leur matière ; Mario Dragunsky se joue à merveille de tous ces « rôles » et endosse même celui des élèves en forçant à peine la caricature…
Questions ineptes pour faire passer le temps, stigmatisation des camarades travailleurs comme « traîtres à la corporation des léthargiques », admiration pour le professeur à l’aune de son endurance à les supporter…Cette petite leçon est drôle, vive, cinglante et délicieusement cynique ! Le tableau vous semble noir ? Ne soyons pas candides, la représentation dépasse à peine la réalité mais les tableaux désormais sont verts, il y a de l’espoir ! D’ailleurs, y aurait-il une telle amertume goguenarde dans le texte édifiant de Jean-Pierre Dopagne s’il n’avait pas tant d’affection pour ces chieurs réfractaires et le désir insatiable de croire en ce qui reste une profession de foi ?
Bérénice FANTINI
www.ruedutheatre.info
www.ruedutheatre.info
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Spectacle chroniqué en juillet 2006 pendant Avignon Off.
L'EnseigneurSpectacle chroniqué en juillet 2006 pendant Avignon Off.
De Jean-Pierre Dopagne
Cie 4 CATS
Mise en scène et Interprétation : Mario Dragunsky.
Scénographie, costumes et photographies : Danielle Loup.
Festival Off Avignon
Théâtre La Petite Tarasque – 5, Rue de Taulignan. Réservation : 04 90 85 43 91
Du 6 au 30 juillet, 10h00 - Durée : 1h15