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Festival d'Avignon

2 juin 2007 6 02 /06 /juin /2007 06:41
LE MONOLOGUE AU SERVICE DU PAMPHLET

Voilà un monologue conférence qui vous en flanque plein la tronche. Il faut avouer qu’il existe en partie grâce au Benedetto du Théâtre des Carmes d’Avignon. Déjà, ça, c’est un signe qui ne trompe pas. Ensuite, il a été enregistré à Bruxelles lors du 60e anniversaire des Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation active. Ça, c’est encore plus flagrant. Du coup, chacun est prévenu. Franck "Quichotte" Lepage, il ne va pas s’embarquer dans les idées reçues. Il va même plutôt les pourfendre.

C’est simple, son postulat c’est qu’il y a une vérité d’état et que, par voie de conséquence, la sienne de vérité et celle de tous ceux qui analysent comme lui, par rapport à l’officielle, c’est un mensonge. Il va donc nous asséner une série de mensonges.
Par exemple que le capitalisme a intérêt à créer une culture « contrôlée, qui consiste à nous faire croire à la démocratie, sans avoir besoin de la pratiquer » ou « nous faire croire à la liberté d’expression, à condition qu’on ne fasse pas de politique et qu’on ne veuille rien changer ».
Par exemple, puisque « le capitalisme, c’est la rotation permanente des marchandises, […] le ministère ne paie que de l’innovation ».
Par exemple encore que le toujours omniprésent capitalisme réussit à financer « l’idée de fabriquer de la valeur sans fabriquer de la richesse » et que, à partir du moment où l’art est devenu une démarche sacrée, il devient impossible de le critiquer, quelle que soit la réalisation. D’où une tendance à l’inflation culturelle. Non seulement dans la production d’œuvres mais aussi dans les savoirs face aux demandes d’emploi. D’où un chômage qui ne diminue guère et une tendance à « former des gens qui sont secrétaires trilingues pour coller des timbres avec une seule langue ».

De l’éducation populaire à la consommation culturelle

Lepage a sa façon d’arpenter l’Histoire
. Faut le suivre lorsqu’il détricote, avec une contagieuse jubilation et une verve iconoclaste, le fil qui a tissé les différents ministères de la culture, de Malraux à aujourd’hui, via Jack Lang. Ce serait vraiment drôle si cela n’avait pas abouti au système actuel d’une "culture alibi" plutôt qu’à une "éducation populaire" susceptible de conscientiser les citoyens dans une vision collective et responsable de la société.

Sa démonstration essentielle, elle est imparable. Il s’empare des mots, il explique le sens qu’on leur accordait avant, auparavant ; puis, voilà qu’il explique quels sont les mots nouveaux qui les remplacent dans les sphères autorisées, celles qui détiennent le pouvoir et les subventions. Alors, toute seule, surgit la réalité qui se cache derrière les petits jambages constituant les mots en question. Ainsi de la nuance qui fit passer l’ « insertion » où chacun a sa chance à l’« intégration » qui est sélective. Celle qui surgit quand on remplace capitalisme par libéralisme, exploitation par développement, exploité par défavorisé ou exclu. Celle qui incite à penser autrement la réalité sociale puisque d’autres vocables la redéfinissent. Comme « projet » qui transforme désormais tout en produit à court terme.

Bref, à lire. À analyser, à critiquer, à méditer, à savourer, à contester éventuellement. Mais de toute façon : à lire, à ingurgiter d’urgence à la façon d’une potion régénérante !

Michel VOITURIER

L’Éducation populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulu…, par Franck Lepage
Ed. du Cerisier, 2007, 111 p. - 8 €
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