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Festival d'Avignon

17 juillet 2005 7 17 /07 /juillet /2005 00:00

UN THRILLER THÉÂTRAL

« L’Affaire Don Juan », de Franck Delorme est – enfin ! – une vraie pièce de théâtre. L’air de rien, l’auteur y balance des vérités qu’on n’a pas forcément envie d’entendre.

C’est la pièce de théâtre la plus remarquablement écrite que j’ai vue depuis le début de ce Festival off 2005, tentaculaire et proliférant comme une tumeur. J’ai d’ailleurs regretté très fort de ne pas avoir, comme d’habitude, centré mes choix sur du théâtre d’auteur vivant, joué par au moins deux comédiens, exclusivement. C’est le cas de L’Affaire Don Juan, de Franck Delorme.



Il y est, bien sûr, question de la figure du séducteur modèle que nous croyons bien connaître. Et pourtant… En effet, en 1964 à Séville et après vingt-cinq ans de dictature franquiste, le mythe peut revêtir des oripeaux tout à fait inattendus… En tout cas, le Privé de L’Affaire, lui, a son opinion et elle a le mérite d’être claire : « […] je vais vous dire comment je le vois, moi, le bourreau des cœurs. C’est avant tout un gros fainéant, un gosse de riches qui ne sait rien faire de ses dix doigts. Courir la gueuse comme il le fait, c’est un sport de nanti. Faut pouvoir se lever tard… Ensuite, c’est un déjanté, votre Don Juan. Et comme il a la tchatche et qu’il a compris à quoi rêvent les jeunes filles, il les baratinent, et hop, à la queue comme tout le monde ! Mais l’amour dans tout ça, que dalle ! Il ne sait pas aimer, ce mec-là ! Il ne fait pas de sentiments. C’est pas dans ses compétences. J’ai fait la liste de ses exploits. Ça va de l’escroquerie au meurtre, au parricide même, en passant par la polygamie et le viol ! C’est pas mal comme curriculum vite fait… Moi, je le trouve pas très séduisant, l’étalon. » La ligne est fixée : le mal absolu peut s’ébrouer et tracer la route.

Je suis Franck Delorme depuis son Molière en coulisses (création en 2002, à l’Alibi à Avignon), qui démontrait déjà des qualités d’écriture évidentes. Avec ce dernier travail, l’auteur a accédé au niveau supérieur. Le style précis, efficace, sans scories littéraires superfétatoires, en un mot théâtral, atteint son but : nous intéresser à l’action, nous tenir constamment en haleine et nous embarquer vers une destination inconnue. La progression dramatique est remarquablement maîtrisée, sous le contrôle minutieux de l’écrivain omniscient et machiavélique. La construction savante des personnages révèle une profonde connaissance de ce que doit être une figure façonnée pour le théâtre. Elle injecte du mystère dans un premier temps, elle intrigue ensuite, puis se complexifie, se nuance, voire déconcerte, et, le masque enfin tombé, elle met à poil les apparences.

Ce thriller théâtral est mené par Franck Delorme comme une corrida. Il plante ses banderilles sur le dos des spectateurs, mais pas trop profondément, juste assez pour faire mal et pour qu’ils tiennent quand même jusqu’au coup d’épée final.

Le Privé est incarné par Franck Delorme lui-même, avec la lassitude et l’autodérision d’un Bogart un peu minable qui aurait abandonné ses rêves de gloire tauromachique. Virginie Pérès défend crânement son Eva Tenorio bouffée par la douleur et très émouvante. Quant à Alain Leclerc, même s’il est un peu en force, je le trouve grandiose. Qu’il est beau, ce salaud !


L’Affaire Don Juan (El caso Tenorio), de Franck Delorme
Théâtre de la Mandragore, service culturel, hôtel de ville, place Jean-Jaurès • 59450 Sin-le-Noble
Tél./Télécopie : 03 27 88 37 76
Contact : 06 09 92 17 33
Mise en scène : Franck Delorme
Avec : Alain Leclerc (Don Miguel), Virginie Pérès (Eva Tenorio) et Franck Delorme (le Privé)
Création lumières : François Chaffin
Régie : Marion Coquelle et Olivier Dassonville
Théâtre de l’Albatros 29, rue des Teinturiers • Avignon
Tél. : 04 90 86 11 33
Du 8 au 30 juillet 2005 à 20 h 30
Durée : 1 h 10
Tarifs : 14 €, 10 € et 4 €
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