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Festival d'Avignon

23 octobre 2006 1 23 /10 /octobre /2006 10:38
DES ENFANTS À L'ÉCHAFAUD

Pour sa troisième saison, le Zone Urbaine Théâtre (ZUT) continue sur sa lancée: dénicher des textes et nous fabriquer des spectacles coup de poing, à petits moyens et grands effets. Avec Juliette à la foire de la Canadienne Micheline Parent, le directeur-metteur en scène Georges Lini signe un spectacle évanescent.

Le Zut est un petit théâtre plein de charme et d’atmosphère. Le genre de lieu où le public traverse le décor pour prendre place. Cette fois-ci, le plateau est envahi par trois imposants échafaudages métalliques. Car Juliette à la foire n’est ni un conte de fée, ni un récit initiatique mais une pièce de nerfs.
 Photo © Pierre Bodson

C’est l’histoire de deux enfants, Juliette et Emilio, sauvageons remplis de rêves et bien décidés à les réaliser. Ils sont frère et sœur. Juliette, 13 ans, se rêve star de cinéma et adore son frère. Le frère, à peine plus âgé, planifie son horizon : vivre en mer. Sur ces deux-là, on n’en saura à peine plus. Nous, on retrouve les enfants entre deux échafaudages, dans un squat non loin d’une méga foire, où ils iront plumer les vieillards libidineux, attirés par la chair fraîche de la petite Juliette. Et puis, ils achèteront un jour un bateau pour Emilio... Mais à jouer au mac et à la fausse pute, les enfants ne maîtrisent pas les règles des jeux. La cour des grands est semée de déboires même si un Roméo y fait une courte apparition…

Poésie nerveuse


Sans réelle perspective, la pièce et les personnages se vivent sur le champ, brûlants comme la langue sans concession qui se déploie. L’auteur, Micheline Parent a construit sa pièce sa pièce sur des phrases courtes, martelées, précipitant le rythme jusqu’à l’essoufflement. Cette énergie rageuse contenue dans l’écriture, la mise en scène de Georges Lini nous la rend selon les moyens du bord. Ainsi, le décor (trois échafauds) de Renata Gorka bascule entre la kermesse et la zone. A cette atmosphère répond la superbe création lumière de Claude Enuset qui joue sur une pénombre glauque et «zoome» sur les personnages au fil de leurs déambulations.

Reste le jeu des interprètes, un trio accordé, enclenché dès le début dans une mécanique incarnée et irréversible. La Juliette de Jasmina Douieb (tresses, godasses, yeux noirs et robe fleurie) est plausible, farouche et parfois nourrie d’intériorité. Un bémol, sa diction précipitée nous pousse à tendre méchamment l’oreille pour capter ses cris et ses murmures. A contrario, Itsik Elbaz possède une diction parfaite et esquisse un frère sans scrupule, un affranchi en culottes courtes. Enfin la bonne surprise du spectacle vient de Thierry Janssen. Homme-orchestre, il incarne tout à tour, avec des déguisements sommaires et beaucoup de talent, un client narquois ou désespéré, un serveur mercantile, une voyante de foire et un Roméo-Quasimodo plein d’humanité.

Spectacle dynamique, plus d’une heure d’une descente rapide, violente et bruyante comme la structure métallique sur laquelle se cognent les comédiens, brutal et réaliste, Juliette à la foire se termine dans une féerie inattendue où les mots nous emportent au fond de l’océan, parce que comme le dit Roméo « la vie, c’est est plus fort que tout ».

Nurten AKA (Bruxelles)

Juliette à la foire
En savoir plus :
Jusqu’au 28 octobre à 20h15 au ZUT, 81, rue Ransfort à 1080 Molenbeek. 0032 0 498/10.94.40. 
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