Lieux jeunes et jeunes compagnies belges (Bruxelles)

Sans compter les cours privés, le petit territoire belge francophone ne manque pas d'écoles: Conservatoires dans les villes principales, INSAS à Bruxelles, IAD à Louvain la Neuve. Dûment formés dans ces écoles renommées, que font tous ces jeunes artistes quand ils en sortent, leur diplôme sous le bras ?

Certains sont engagés pour tel ou tel projet dans "les grands théâtres" et les autres… ? Vous croyez qu'ils vont glander ? Pas du tout ! La rage de vivre ou le feu sacré, comme vous voudrez, les fait créer leur propre compagnie en même temps, parfois, qu'un nouveau lieu théâtral… Embarquement immédiat pour l'aventure !

Illustration "Juliette à la foire" au ZUT © DR

Expériences exemplaires

Tout récemment, cet été, la Cie Chéri-Chéri tentait l'aventure du plein air en investissant le "théâtre de verdure" près de l'atomium, avec Une Pucelle pour un gorille d'Arrabal. On y retrouvait notamment Gwen Berrou (Belgo-française maintenant, remarquée dans "Yvonne princesse de Bourgogne" de Gombrowicz (une autre tentative de théâtre plein air), ensuite "Meilleur espoir féminin 2005" dans l'expérience d'une autre jeune compagnie, Petite Ame, pour La Trilogie de Belgrade, sacrée "Meilleure découverte" et montrée notamment aux Doms à Avignon). Sous chapiteau de ville, l' Antigone version banlieue des "Nouveaux Disparus" se promène encore dans la région tandis qu'avec l'Atelier 210, L'Arrière-Scène, et le ZUT (Zone Urbaine Théâtre), on investit dans le dur et le durable. Bien que de jauges différentes, tous rejettent l'étiquette café-théâtre - tout en étant ouverts aux concerts d'après spectacles et "animations autour de"- ; ils sont résolument des théâtres à part entière.

L'Atelier 210 ouvrait sa saison avec un fameux coup de jeune de la compagnie belgo-libanaise Arcinolether sur un répertoire encore plus ancien que les sixties d'Arrabal : Labiche, s'il vous plait, mais avec deux comédies assez particulières, des "vaudevilles policiers". A l'opposé dans tous les sens, le ZUT "continue la castagne" en ré-affichant sa volonté d'être un "lieu de résistance et d'interrogation"où "rien ne sera sage ni convenu". Avec Juliette à la foire de la Québecoise Micheline Parent, nul doute qu'on l'est "secoué", en même temps qu'ému, par l'histoire de ces deux naufragés d'aujourd'hui.

Pour ceux qui tout en ne pratiquant pas le nomadisme, n'ont pas de lieux fixes bien à eux, il y a les lieux d'accueil ponctuels, ou les "résidences" d'une saison, des Centres Culturels communaux. Un exemple : au C.C.Jacques Franck, on a pu voir le fabuleux spectacle musical des sept comédiennes-chanteuses-danseuses de Bougy Productions (chacune pro de ces disciplines) : à la fois (vrai) show d'un cabaret et choc des relations entre filles dans la loge… De la belle ouvrage, chapeau bas à l'artiste en résidence Julie Bougard. Mais attention, tous ces projets d'une belle diversité ne méritent "ni cet excès d'honneur, ni cette indignité…" La critique, quand elle daigne quitter le parterre des théâtres subventionnés et se pencher sur tout ce fourmillement juvénile, affiche une attitude trop souvent ambiguë, encensant des "trouvailles" qui n'en sont pas, tout en démolissant en bloc enthousiasme, énergie, sincérité… (qui font oublier certains "manques") et alors même que le "produit final" est de qualité incontestable. Absence de références ? Le plus souvent. Gardons la mesure et surtout gardons l'œil, sans ombre de paternalisme ; ayons ces compagnies à l'œil et à l'oreille !

Suzane VANINA (Bruxelles)

En savoir plus sur les compagnies et spectacles cités dans l'article :
www.lesnouveauxdisparus.com - www.stgillesculture.irisnet.be – www.arriere-scene.be - www.zoneurbainetheatre.be - www.atelier210.be