Alma (danse)

CHAIRS BOUILLANTES DE JOIE
Les danses d’Esther Aumatell

Un corps d’homme habillé en femme et un corps d’homme habillé en homme alternent leurs danses face au public. Ils semblent se battre contre une force invisible, ils veulent l’attraper avec des gestes amples et forts, doux et ronds. L’homme habillé en femme finit par se réfugier derrière des rideaux en plastique transparent. Les deux hommes dansent la même phrase de gestes en se cherchant au-delà des rideaux. L’image du corps d’homme habillé en femme reste fragmentaire. L’homme habillé en homme se jette en l’air, contre le sol, jette ses mouvements désespérés et éperdus. Les chemins des deux hommes se croisent encore sur le devant de la scène. Les corps s’unissent, deviennent une seule chair passionnée, éclairée d’un jaune intense. De leur union, d’un fœtus en plastique, une danseuse naît. De nouvelles métamorphoses commencent entre les trois corps. Ils s’enfoncent dans le rideau en plastique, ils se recroquevillent l’un sur l’autre. La danseuse et l’un des deux danseurs composent un être siamois attaché au bassin, pendant que leurs poitrines et leurs têtes s’entremêlent et se confondent, se poussent pour se détacher, mais aussitôt s’accrochent l’une à l’autre. Les trois corps se cherchent mais en même temps se repoussent. Chacun reste seul en scène, et de nouveau recommence à se disputer avec l’invisible autour de lui.

Photo © Bilgou

Dans Alma, création 2004 d’Esther Aumatell, les corps abandonnent leur physionomie humaine, se transformant en des chairs jouissantes. Durant la chorégraphie, les trois danseurs se dépouillent d’un langage technique précis, ils deviennent de purs flux continus de gestes lancés au loin dans le vide. D’une part les chairs sont désespérées, elles ne parviennent pas à se dépouiller de la peau jusqu’aux os pour devenir pure âme. D’autre part, les trois chairs s’immergent dans leur passion à s’aimer et à se transformer en êtres hermaphrodites. Le décor et la musique aident la mise en scène des corps à exprimer leur état de passion. Le fœtus de plastique s’accroche aux corps, il devient une jambe ou un bras. Le plastique transparent concourre à la métamorphose des corps, qui est accompagnée par la musique originale du groupe Orange Blossom, musique pour une voix de femme, percussions, deux violonistes et un violoncelliste. La chair frémit, transportée par les litanies et les rythmes de la musique contemporaine et rock.

Le spectacle d’Esther Aumatell semble rendre possible le rêve de chaque danseur : s’oublier par sa propre danse ; porter son propre corps à bout de force et d’énergie.

Mattia SCARPULLA
www.ruedutheatre.info

La chorégraphie Alma d’Esther Aumatell a été présentée au Grenier à Sel, du 6 au 16 juillet, Festival Avignon Off, 2006.
Danseurs : Stéphane Vitrano, Ernest Mandap, Esther Aumatell.
Création Musicale : ORANGE BLOSSOM, en collaboration avec deux violonistes, un violoncelliste et un alto de la COSMIC ORCHESTRA, dirigée par Gilles GRAS.
Contacts : compagnie Esther Aumatell 5, rue Linné 44100 Nantes tel : 02 40 12 04 80 fax : 02 40 12 05 72 compagnieaumatell@free.fr