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Festival d'Avignon

3 décembre 2008 3 03 /12 /décembre /2008 16:53
LES COULEURS DE L’AMITIE

Sur un texte épuré et presque avare de mots signé de la Hongroise Agota Kristof, Didier Moine, aidé par trois excellents comédiens, livre un spectacle drôle, loufoque, un tantinet absurde, entre Laurel et Hardy et Kaurismäki.

John et Joe se retrouvent régulièrement pour aller boire un verre dans un café désert. Un peu sur la touche, désargentés, ils refont le monde à leur façon. Sans se parler plus que de raison, ils évoquent les grands problèmes de la vie à travers leurs petits tracas matériels quotidiens. Jusqu’au jour où pour payer sa dette, Joe accepte que John prenne son ticket de loto qui va le soir même s’avérer gagnant…


Le texte de la Hongroise Agota Kristof, auteur du « Cahier », son best-seller, a la froideur quasi névrotique des récits de Gogol. Minimaliste dans les mots, le dialogue trouve pourtant, grâce à trois interprètes excellents, toute sa puissance scénique et son étrange drôlerie. Juchés les trois quarts du temps sur une structure symbolisant le zinc d’un bar mais surtout un promontoire qui les isole de leurs semblables plus nantis, John et Joe ont quelque chose de ses frères siamois, indissociables, reliés plus fortement qu’il n’y paraît l’un à l’autre. Leurs silences ont plus de poids que les déclarations les plus enflammées. Ces deux handicapés de l’amour et de la vie sociale, marginalisés comme ces héros des films de Kaurismäki (« Les Lumières des faubourg ») s’animent devant nous, à leur rythme, sans attendre rien que la consommation qu’un serveur leur apportera avec des gestes d’automate.

Des silences qui en disent long

Théâtraliser cette œuvre à la drôlerie sibylline nécessite une aptitude à gérer autant les silences que les temps de paroles. Exercice périlleux dont Didier Moine se sort avec les honneurs. En misant sur ses comédiens pour commencer. Patrick Dray excelle dans le rôle de Joe, le rendant pathétique mais suffisamment futé pour retourner sa veste au bon moment, sans en faire une victime éreintée des coups de la vie. Yvan Chevalier parvient à être touchant malgré un comportement d’une rare muflerie que l’on pardonne pourtant, la situation se retournant finalement contre lui.

Outre la direction des comédiens, Didier Moine développe de belles idées de pure mise en scène souvent très primaires et collant donc au texte. Des interludes très visuels et fort drôles, où le barman (excellent Julien Leonelli dans un rôle court mais indispensable) livre un numéro de poétique clownerie, cadencent le propos qui, par ailleurs, autre effet éminemment visuel, se colorise à travers des accessoires (vêtements, vaisselle) intelligemment utilisés jusqu’à une polychromie finale, aussi simple qu’efficace, même si aussi minimaliste que le reste. Cette bigarrure, qui se voit sans se montrer ostensiblement, métaphorise l’amitié, qui domine et sort triomphatrice, simplement et sans pataquès, de cette mêlée (mélasse ?) matérialiste et mercantile qu’incarne, à la façon de René Clair dans « Le Million », ce ridicule bout de papier gagnant de la loterie nationale. Bingo !

 

Franck BORTELLE (Paris)

John et Joe
D’Agota Kristof
Mise en scène Didier Moine
 Avec  Yvan Chevalier, Patrick Dray, Julien Leonelli
 Décor et costumes : Patricia Rabourdin
Lumières : Jérôme Pratx
Musique : Patrick Dray
Théâtre des Deux Rêves, 5, passage de Thionville, 75019 Paris (Métro Laumière ou Crimée)
www.theatre-deux-reves.over-blog.com
Réservations : 01 48 03 49 92
 Du 14 novembre au 28 décembre 2008
Les vendredi et samedi à 19H30
Les dimanches à 17H30


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