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Festival d'Avignon

12 novembre 2008 3 12 /11 /novembre /2008 01:01

DE QUOI A PEUR VIRGINIA WOOLF ?

De sa voix ensorceleuse et mystérieuse, Edith Scob campe une Virginia Woolf torturée en proie aux démons qui causeront sa perte. Un spectacle très littéraire mais jamais didactique, ambitieux comme le sont les beaux textes.

Jean-Edern Hallier balançait par dessus son épaule les bouquins indignes de son intérêt. Virginia Woolf a le geste plus radical encore que celui aussi scandaleusement décadent qu’outrageusement irrévérencieux du trublion cathodique et génial mystificateur. Juchée sur une coursive de bibliothèque, elle « fait le ménage », tout en établissant un état des lieux cinglant sur la place des femmes notamment dans la littérature. Cette littérature qui, avant Madame de La Fayette, n’était dévolue qu’aux hommes, à tous ces Shakespeare et confrères. Elle va d’ailleurs étayer son exposé en considérant ce qu’aurait pu devenir la sœur du grand William si…



Dans un impressionnant décor, haut de trois ou quatre mètres, entièrement constitué de rayons bourrés de livres, Edith Scob, campe cette femme torturée qui se suicidera douze ans après la parution de son essai « Une chambre à soi ». Faut-il voir cet écrasant décor comme une métaphore du tombeau dont les bouquins jetés au sol constitueraient les premières pelletées de l’ensevelissement ? Ces livres écrits sur les femmes par des hommes, ces « livres écrits à la lumière rouge de l’émotion et non pas à la lumière blanche de la vérité » et qui dogmatisent ce contre quoi la romancière se bat, se débat devant l’auditoire imaginaire d’une conférence, ces livres qu’elle jette méprisamment vont-ils la précipiter dans sa descente aux enfers ?

Un avant-goût de mort

Edith Scob interprète une Virginia Woolf moins torturée que celle de Kidman dans le film « The Hours ». Le panache qu’elle donne à son personnage n’en est pas pour moins mortifère ou tout au moins crépusculaire. La comédienne, de sa silhouette longiligne et de sa voix caverneuse, mystérieuse, envoûtante, prend des postures prémonitoires même si certains éléments la raccrochent encore à la vie, tant dans les accessoires (bouteilles d’alcools, nourriture) que ce texte dans lequel elle se plait, au détour des longues phrases méandreuses qui étayent sa thèse, à glisser –mais toujours au passé- des détails gastronomiques ou bucoliques.

 

Avec élégance et fermeté, Edith Scob déambule dans cette antre du savoir qui était interdit aux femmes il y a quelques siècles encore comme leur était fermée la porte de l’expression écrite à moins d’avoir une chambre à soi et quelques sous de côté. L’argent comme vecteur du libre arbitre de la pensée, la révolutionnaire relation saphique de deux femmes mariées et mères, la bravade des conventions littéraires, Edith Scob aborde ces mille et unes péripéties qui ont contribué à donner sa vraie place à cette moitié de l’humanité, la plus subtile et la plus mal employée ainsi que la définissait Marivaux. C’est beau, tout simplement.

 

Franck BORTELLE (Paris)

 

Une chambre à soi

De Virginia Woolf
Traduction : Clara Malraux
Mise en scène : Anne-Marie Lazarini
Décor et lumières : François Cabanat
Costumes : Dominique Bourde
Avec Edith Scob

Théâtre Artistic Athévains, 45 bis rue Richard-Lenoir, 75011 Paris (Métro : Voltaire)
Du 13 octobre au 16 novembre, mardi à 20 heures, mercredi et jeudi à 19 heures, vendredi et samedi à 20h30, samedi et dimanche à 16 heures

Réservations : 01 43 56 38 32 ou www.artistic-athevains.com

Durée : 1h15

Photo Marion Duhamel
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