Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Retrouvez nos critiques théâtrales sur :
Les informations sur nos cours d'improvisation théâtrale à Paris :

Musarder



Inscrivez-vous
au Club des abonnés (gratuit)




Découvrez nos cours d'improvisation théâtrale

Tous niveaux - 7e année

Les inscriptions sont ouvertes pour les cours d'improvisation à Paris qui débutent en septembre. Au choix, en français ou en anglais.



Nouveau !

Rejoignez notre cours d'impro en anglais :



Coaching prise de parole

           

Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 15:51

UN THEATRE D'ACTEURS

Choisir de monter « Platonov » aujourd'hui n'est pas sans risque. Nanni Garelli s'est lancé dans cette aventure en travaillant principalement autour du jeu de l'acteur. Un spectacle fidèle à son auteur mais inégal.

En adaptant « Platonov », cette oeuvre de jeunesse de Tchékhov, davantage écrite comme un roman, Garelli a choisi de placer l'action non plus dans la Russie de la fin du XIXème, mais dans un empire soviétique en phase terminale : les années 80. Tout concourt à nous plonger dans ce monde-là, où dominent soucis d'argent et trop-plein d'alcool.

Une scénographie sobre enferme les personnages dans un monde sans issue, sans espoir : trois parois de plastique transparent, rendues opaques dans la partie inférieure empêchent les protagonistes de voir plus loin que le strict espace scénique. Seuls les spectateurs peuvent en discerner l'au-delà. Dans ce décor de plus  de quatre mètres de haut, toute élévation est impossible : les personnages semblent poussières, soumises aux lois d'une société en crise. Enserrés dans des espaces saturés de chaises et de tables, géométrisés, ils tournent en rond, errent d'une table à l'autre comme ils déambulent d'une relation à l'autre...

 

L’impossible valse des amours

 
En effet, dans ces lieux où abondent les objets, la valse des amours ne peut que s'y cogner. Il n'est pas de place pour les sentiments. Tous les liens sociaux, en apparence sincères, se révèlent faussés. Il s'opère alors un drôle de décalage entre profondeur du jeu et superficialité des relations, qui tour à tour  nous dérange et nous amuse. Au final ce « surjoué » nous laisse mal à l'aise, comme trahis nous aussi, parce qu'on y avait cru, à la véracité de ces sentiments. Alessandro Haber, interprétant le personnage de Platonov, manipule avec aisance cette subtile duplicité. La superbe Anna Petrovna que propose Susanna Marcomeni, séduisante et hautaine, semble le seul personnage assez libertin pour ne tromper personne. Mais comme tous, elle court après l'amour sans jamais l'attraper.

  
Cependant, il y a ce quelque chose qui nous laisse un goût étrange. Comme si l'on nous avait maintenus au dehors du spectacle. Et ce quelque chose vient vraisemblablement de cette promotion faite autour du jeu de l'acteur : la première chose que l'on voit sur le programme de présentation est le nom d'Alessandro Haber. Pourquoi orienter ainsi notre vision, nous pousser à poser sur le spectacle un regard extérieur, qui juge en termes techniques, la performance des acteurs? Ce choix dramaturgique, un peu daté, déplace la fonction première du théâtre : on n'y vient plus pour sentir, voir, et être transportés tous ensemble, mais on y vient pour admirer en solitaire les prouesses d'une tête d'affiche, et cela est dommage. 

Cependant, on ne peut que reconnaître à ce spectacle sa fidélité à la finesse tchekhovienne, et même s'il reste un peu trop traditionnel, Nanni Garelli met en lumière des aspects fondamentaux de ce théâtre qui bien évidemment nous parle d'aujourd'hui.

 

Marine VIENNET (Bologna)

 

Platonov
Texte original : Anton Tchékhov
Mise en scène : Nanni Garelli
Interprétation : Susanna Marcomeni, Nanni Garella, Franco Sangermano, Marco Cavicchioli, Claudio Saponi, Silvia Giulia Mendola, Rosario Lisma, Linda Gennari, Gianluca Balducci, Pamela Giannasi, Vladimiro Cantaluppi.
Scénographie : Antonio Fiorentino
Lumières : Gigi Saccomandi
Costumes : Claudia Pernigotti

Au Théâtre Arena del Sole à Bologna du 28 octobre au 9 novembre 2008

Photo : ©Raffaela Cavalieri/Iguana Press
Partager cet article
Repost0

commentaires

Chronique FraÎChe