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Festival d'Avignon

4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 11:36
L’ART DE LA F(O)UGUE

La jeune compagnie « Bobine et compagnie » déroule le tapis rouge du théâtre à Christian Bobin en adaptant sa « Folle Allure ».  Grâce à une mise en scène qui  donne vie et couleurs au texte splendide de Bobin sans jamais le trahir, cette adaptation est frappée du sceau d’une éclatante réussite, assortie d’une étonnante prouesse d’interprétation. Plus qu’une allure folle, c’est carrément « la » classe !


Les mots sublimes de Christian Bobin, ses lecteurs les boivent comme un miel apaisant, qu’ils soient incandescente poésie ou laminoir impitoyable. Dans ses romans, Bobin vide son cœur, son âme, offre sur un plateau intime ses secrets les plus enfouis. Sertie de phrases qu’on voudrait apprendre par cœur tant leur simplicité de fond est traduite par une forme fouillée, travaillée mais sans autre prétention que de toucher au plus près le lecteur, l’œuvre de Bobin est un écrin d’une infinie richesse pour des metteurs en scène de théâtre.


« Mon premier amour… ». Ces trois mots ouvrent le récit et reviennent quelques phrases plus loin, anaphore donnant le ton à ce texte. Premier amour. Loin du romantisme tourguenievien, il ne sera pourtant question que de ça. Premier amour, ou plutôt premières amours, dans la vie de Lucie, à laquelle Magali Herbinger donne vie dans une interprétation tout en gracieuse (fr)agilité, tout n’étant que recommencement. Le tout premier, pour un loup, à l’âge de deux ans. Puis toute son existence ne sera qu’une route fleurie par l’amour. Son père, sa mère. Ou plutôt ses pères, ses mères. Dans cette grande famille du cirque, on n’a pas qu’un papa et qu’une maman. Des bras paternels, du rire maternel, quand elle en aura assez, elle ira taper à la roulotte d’à côté… Ca lui apprendra dès son plus jeune âge l’art de s’échapper, l’amour de la fugue. Jean-Sébastien Bach (« le gros ») entre dans sa vie. Vie du cirque avant que ses parents (les vrais) ne se reconvertissent dans le commerce du deuil. Mort de l’enfance, tumultes de l’adolescence, première romance avec un certain Roman issu d’une famille où « on ne vous accueille pas, on vous observe ». Mariage, rupture, adultère…

Les sauts de l’ange

Christian Bobin nous transporte sur le fil de son récit et, funambules avertis, nous sommes les acrobates auxquels rien ne peut arriver. C’est comme dans un rêve. Tout est fluide, sans aspérité, délicieusement agencé.


L’angélique Magali Herbinger nous prend par la main et nous accompagne dans ce périple. De sa voix enjouée que rien ne semble pouvoir altérer, elle prend tout avec la légèreté de l’éternelle débutante. La fin d’un amour donne la vie à un autre. Le tout premier avec un loup, le tout dernier avec un ogre. Les bons contes font les belles histoires. Gracieuse et agile, elle sautille, cintrée dans un juste au corps noir et une longue étole qui s’accessoirise au fil du récit. La noirceur n’est qu’apparente. Même si la seconde partie du spectacle se teinte d’un léger pessimisme, la poésie n’est pas loin et l’élévation vers des contrées où se confondent mémoire et présent renvoie à l’enfance rieuse.

Le formidable travail de Rachel Ruello pour mettre en scène, en danse, en espace ce récit bigarré où la beauté des mots est sublimée, prend des allures de voyage initiatique. Laissons-nous embarquer…

Franck BORTELLE (Paris)

La Folle Allure
De Christian Bobin
Une création Bobine et Compagnie, www.bobineetcompagnie.fr
Mise en scène : Rachel Ruello
Avec Magali Herbinger
Arrangement musical : Olivier Boudon
Son : Nicolas Bourgeois
Lumières : Nicolas Pigounides
Structure : Matthew Tinker

Théâtre de la Manufacture des Abbesses, 7 rue Véron, 75018 Paris (Métro : Blanche ou Abbesses)
Réservation : 01 42 33 42 03 ou www.manufacturedesabbesses.com
Jusqu’au 25 octobre, à 19 heures
Durée : 1h15
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commentaires

F
Très bel article qui donne une envie folle de fuguer à vive allure, un soir d'automne vers cette manufacture décidément bien inspirée :)
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Chronique FraÎChe