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Festival d'Avignon

26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 15:17
Vu à Avignon 2008 dans le IN

Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis bd de la Chapelle Paris 10e - Tél : 01 46 07 34 50 - jusqu'au 1er novembre 2008

UN ABOLI BIBELOT D’INANITÉ THEATRALE


À l’Opéra Théâtre, Joël Pommerat redonne le premier épisode de Je tremble et poursuit l’œuvre avec Je tremble 2. Où l’on découvre le vertigineux savoir-faire d’un metteur en scène. Où l’on s’interroge aussi sur le sens et la portée d’un tel travail.

Les metteurs en scène d’aujourd’hui semblent obsédés par le rêve d’un spectacle total, des Gesamkunstwerke, chers à Wagner. Je tremble n’échappe pas à cette tentation. Toutes les formes artistiques, toutes les ressources des nouvelles technologies concourent en effet à la magie de la représentation : musique, chanson, vidéo, play-back, lumières chatoyantes…

Cependant la parole reste omniprésente et la première partie est surtout conçue autour de récits de vie : des vies semblables aux nôtres, à peine plus surprenantes ou plus tragiques ; des existences comme celles de la plupart des gens, soumises aux mêmes servitudes, usées par les mêmes travaux, engluées dans les mêmes contraintes, accablées par les mêmes tourments affectifs. Il s’agit là, pour Joël Pommerat, de créer ce qu’il appelle une anthropologie théâtrale, en multipliant, nous dit Jean-François Périer, des narrations biographiques, réelles ou fantasmées, de tous ceux que nous croisons, les voyant parfois mais sans jamais les entendre.

Je tremble 2 renoue plus avec le dialogue. Nous y suivons les errances d’un personnage principal, au hasard de ses rencontres, de ses aventures et de ses mésaventures. L’ensemble est vaguement onirique, parfois surréaliste, et l’on songe à l’Ulysse de Joyce, à un conte de Tieck ou de Novalis, à quelque fable cinématographique de Raoul Ruiz.

La scène cannibale

Tous les éléments de ce spectacle composite sont, on l’a dit, magnifiquement exaltés par la maestria d’un metteur en scène au sommet de son art. On demeure pourtant perplexe, voire insatisfait. C’est que la scène et ses multiples effets semblent cannibaliser tout le reste.

D’abord par cette curieuse idée de nous emmener dans un soi-disant cabaret, un endroit voué au divertissement et dont on aurait détourné la vocation pour en faire le lieu de toutes les interrogations sociales, politiques ou métaphysiques. Ce coup de force dramaturgique ne trompe personne et l’on ne croit guère à ce meneur de jeu, sorte de Monsieur Loyal à la mine sinistre et à l’humour plutôt laborieux.

Comme pour accréditer cet artifice scénique, on nous gratifie de quelques chansons, superbement interprétées, mais qui n’obéissent à aucune nécessité. À la limite, elles rendent insignifiantes toutes ces paroles nues, ces témoignages douloureux qui eussent gagné à davantage de simplicité. Est-ce dû à sa mise en concurrence avec tous les sortilèges déployés sur le plateau, le texte du spectacle paraît singulièrement plat, d’une parfaite absence d’écriture ?

Sans doute, le langage ne se laisse-t-il pas aussi facilement asservir à des enjeux trop ostensiblement spectaculaires. « Les mots ne sont pas de grands catafalques », écrivit le poète Guillevic. Ils vivent, et pour qu’on puisse les écouter, il n’est nul besoin de tant de paillettes. Qui trop embrasse mal étreint, dit la sagesse populaire. Et c’est bien l’impression que nous ressentons devant ce Je tremble qui ne parvient pas à nous toucher et qui porte si mal son nom.

Yoland SIMON

Je Tremble (1 et 2) à L’Opéra-Théâtre, jusqu’au 26 juillet.
Texte et mise en scène de Joël Pommerat
avec Saadia Bentaëb, Agnès Berthon, Hervé Blanc, Lionel Codino, Ruth Olaizola, Marie Piemontese
Assistant à la mise en scène Matthieu Roy
Costumes Isabelle Deffin

Réactions du public:

« C’est tristounet, une mise en scène inhabituelle mais le reste est d’un premier degré superficiel. »

« Je suis plutôt déçu car j’avais beaucoup aimé les autres spectacles de Joël Pommerat. Cette fois, j’ai été très gêné par la forme du cabaret où s’insèrent des témoignages à la limite du pathos. L’humour est pesant. Joël Pommerat est d’ordinaire un de nos rares artistes qui évoque efficacement le monde du travail. À l’exception d’un des récits, ce n’est pas le cas ici. »


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