24 août 2008
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LA FUREUR DE MOURIR
Depuis le film « La Fureur de vivre » où James Dean interprétait le rôle d’un jeune faisant des courses suicidaires de bagnoles, le public a découvert que les ados défient facilement la mort, par bravade, provocation, manque de valeurs repères.
Ils sont deux, nés le même jour, habitant le même immeuble, vivant le même genre d’existence. Ils sont inséparables. Ils se disputent sans cesse, se font des coups vaches. Ils se lancent les défis les plus vertigineux.
Ils sont l’image clonée de leurs pères, ceux que les deux copains nous montrent lors d’une des scènes du début. Chacun, au sortir de la maternité, s’évertue à prouver à l’autre que son bébé est mieux, plus fort, plus résistant, plus courageux que celui de l’autre. Et les géniteurs de le prouver en lançant de plus en plus haut le sac dans lequel dorment les nouveau-nés, en le manipulant façon avion acrobatique, en tentant des manœuvres terrorisantes.
Nos deux gaillards sont donc unis irrémédiablement. Ils pousseront à l’envi l’escalade, la surenchère d’actes à accomplir en vue de démontrer qu’ils sont les champions, les vainqueurs permanents, les recordmen à répétitions. Brimades, farces douteuses, injures, tricheries, agressivité, sadisme s’additionnent jusqu’au jour où ils se retrouvent coincés par leur propre jeu et acculés à sauter du haut d’un building afin de justifier leur courage. Avant l’ultime plongeon, ils s’avoueront leur besoin réciproque d’amitié, de tendresse, d’échanges humains vrais.
À l’assaut de la compétitivité
Cette attaque contre la compétitivité absurde, contre les affrontements grotesques, contre la nécessité d’écraser autrui pour se donner l’illusion d’être dominant, a bénéficié de l’optique scénique de l’Agora. Des sets de tennis cadencent les séquences, induisent une compétition perpétuelle. S’y ajoute la présence d’une étrange créature de noir vêtue, coiffée en baroque morbide, juchée sur une chaise d’arbitrage comme commentatrice en langue d’apparence slave du match, joueuse épisodique d’un violon morbide et cantatrice de mélopées envoûtantes. Elle est l’ensorceleuse, l’arbitre, la mort, la destinée, hiératique et impitoyable.
Les épisodes de la vie du duo d’ados mènent des bancs d’écoliers jusqu’aux paris stupides dont l’enjeu est la vie, en passant par les excitations gratuites entre supporters de clubs de foot. On y retrouve tous les excès de ceux – hélas trop nombreux – qui n’aperçoivent d’autre issue à une reconnaissance sociale, humaine qu’en affrontant l’autre afin de l'accabler, qu’en se dupant avec l’autodestruction.
Le propos est dur. Le propos est constat. Les interprètes y mettent une énergie physique totale, la même, mais canalisée, que celle qui parcourt les bandes de jeunots, les clans formés au cœur des cours de récré.
Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 22 août 2008
Deux ennemis inséparables (de 9 à 15 ans)
Texte : Marco Baliani, Maria Maglietta (éd. TheaterStückVerlag Korn-Wimmer, Munich)
Adaptation : Laurence Barbasetti
Mise en scène, dramaturgie : Marcel Cremer
Distribution : Roger Hilgers, Zoé Kovacs, Eno Krojanker
Scénographie : Sabine Rixen
Son : Claus Overkamp
Lumières : Kurt Pothen, Claus Overkamp
Production: Agora, théâtre de la Communauté germanophone de Belgique
Site web de la compagnie : www.agora-theater.net
En tournée : le 15.10.08 à la Fête Internationale de théâtre (St Vith)
Photo © Willi Filz
Depuis le film « La Fureur de vivre » où James Dean interprétait le rôle d’un jeune faisant des courses suicidaires de bagnoles, le public a découvert que les ados défient facilement la mort, par bravade, provocation, manque de valeurs repères.
Ils sont deux, nés le même jour, habitant le même immeuble, vivant le même genre d’existence. Ils sont inséparables. Ils se disputent sans cesse, se font des coups vaches. Ils se lancent les défis les plus vertigineux.
Ils sont l’image clonée de leurs pères, ceux que les deux copains nous montrent lors d’une des scènes du début. Chacun, au sortir de la maternité, s’évertue à prouver à l’autre que son bébé est mieux, plus fort, plus résistant, plus courageux que celui de l’autre. Et les géniteurs de le prouver en lançant de plus en plus haut le sac dans lequel dorment les nouveau-nés, en le manipulant façon avion acrobatique, en tentant des manœuvres terrorisantes.
Nos deux gaillards sont donc unis irrémédiablement. Ils pousseront à l’envi l’escalade, la surenchère d’actes à accomplir en vue de démontrer qu’ils sont les champions, les vainqueurs permanents, les recordmen à répétitions. Brimades, farces douteuses, injures, tricheries, agressivité, sadisme s’additionnent jusqu’au jour où ils se retrouvent coincés par leur propre jeu et acculés à sauter du haut d’un building afin de justifier leur courage. Avant l’ultime plongeon, ils s’avoueront leur besoin réciproque d’amitié, de tendresse, d’échanges humains vrais.
À l’assaut de la compétitivité
Cette attaque contre la compétitivité absurde, contre les affrontements grotesques, contre la nécessité d’écraser autrui pour se donner l’illusion d’être dominant, a bénéficié de l’optique scénique de l’Agora. Des sets de tennis cadencent les séquences, induisent une compétition perpétuelle. S’y ajoute la présence d’une étrange créature de noir vêtue, coiffée en baroque morbide, juchée sur une chaise d’arbitrage comme commentatrice en langue d’apparence slave du match, joueuse épisodique d’un violon morbide et cantatrice de mélopées envoûtantes. Elle est l’ensorceleuse, l’arbitre, la mort, la destinée, hiératique et impitoyable.
Les épisodes de la vie du duo d’ados mènent des bancs d’écoliers jusqu’aux paris stupides dont l’enjeu est la vie, en passant par les excitations gratuites entre supporters de clubs de foot. On y retrouve tous les excès de ceux – hélas trop nombreux – qui n’aperçoivent d’autre issue à une reconnaissance sociale, humaine qu’en affrontant l’autre afin de l'accabler, qu’en se dupant avec l’autodestruction.
Le propos est dur. Le propos est constat. Les interprètes y mettent une énergie physique totale, la même, mais canalisée, que celle qui parcourt les bandes de jeunots, les clans formés au cœur des cours de récré.
Michel VOITURIER
Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 22 août 2008
Deux ennemis inséparables (de 9 à 15 ans)
Texte : Marco Baliani, Maria Maglietta (éd. TheaterStückVerlag Korn-Wimmer, Munich)
Adaptation : Laurence Barbasetti
Mise en scène, dramaturgie : Marcel Cremer
Distribution : Roger Hilgers, Zoé Kovacs, Eno Krojanker
Scénographie : Sabine Rixen
Son : Claus Overkamp
Lumières : Kurt Pothen, Claus Overkamp
Production: Agora, théâtre de la Communauté germanophone de Belgique
Site web de la compagnie : www.agora-theater.net
En tournée : le 15.10.08 à la Fête Internationale de théâtre (St Vith)
Photo © Willi Filz