15 juillet 2008
2
15
/07
/juillet
/2008
09:26
PAS DE DEUX DANS L’IMAGINAIRE ET L’URBAIN
Des œuvres concises très différentes donnent deux aspects de la danse contemporaine en Belgique francophone. La première s’aventure dans un défi permanent à l’apesanteur. La seconde s’inspire avec humour du breack-dance et du hip-hop.
« Slipping » accueille le spectateur par la projection d’une vidéo montrant deux corps nus, suspendus par les pieds, tandis que chantent les cigales et que brille le soleil. L’ombre d’une femme, puis d’un homme viennent les remplacer. Le couple s’empare de l’espace, totalement. Il va en effet tenter de supprimer la pesanteur.
Initiation à l’envol
Comme dans ces publicités télévisées – mais sans l’atmosphère caricaturale qui les accompagne – où l’on voit quelqu’un littéralement grimper au mur, parcourir le plafond, le couple formé par Cille Lansade et Pierre-Yves De Jonge n’aura de cesse que de sillonner la verticalité du lieu. Les danseurs forment un duo habité par une énergie intérieure qui les pousse à l’envol. Mais ils semblent mus aussi par une violence qui tantôt cherche à dominer l’autre, tantôt à se mettre à son service afin de l’aider à abolir les contraintes imposées par les lois de la gravitation universelle.
Soit acolytes, soit adversaires, l’homme et la femme développent une complicité qui les amène à parcourir les parois, à devenir par moments le prolongement de l’autre, à incarner sa complémentarité. L’effort et la légèreté s’allient, s’annihilent. On finit par se sentir accepté au sein du mystère d’un rite initiatique semblable à celui de certaines tribus indiennes où il faut être accroché par la peau, quasiment harponné, contraint à assumer une souffrance physique codifiée avant d’être considéré comme membre reconnu par le clan. Poésie et malaise se combinent dans cette démarche d’aller au-delà des possibilités corporelles du quotidien.
Confrontation des cultures
« Leopoldo» montre deux personnages attablés devant un café dans ce qui pourrait bien être un buffet de gare. L’un est de dos, immobile, statufié. L’autre, de face, est hyperactif, énervé, méticuleux jusqu’à l’obsession. Il appartient à la catégorie des sapeurs (ceux qui s’efforcent d’être bien sapés), préoccupé par les apparences. Lorsqu’il se met en branle, il se déchaîne. Il se lance dans des pas inspirés par les arts urbains mais il les codifie à sa façon, énergie simultanément libérée et domptée. Il y met un humour capable de caricaturer l’acte d’enfiler une godasse sur un déchaînement hip hop.
Lorsque son comparse sort de sa torpeur, c’est au contraire une certaine lenteur, une lente appropriation des potentialités de bouger, de tâter l’espace avec défiance. La confrontation des deux, notamment dans leur façon d’enfiler une cravate, reste un moment drolatique de ce face à face entre un banlieusard nature et un employé de banque transi.
Au Studio des Hivernales, 4 rue Escalier Sainte-Anne (face aux Doms) à 12h30 jusqu’au 23 juillet (relâche les 15 et 21) (0490 82 33 12)
Slipping
Conception et mise en scène : Carmen Blanco Principal
Danseurs : Pierre-Yves De Jonge, Cille Lansade
Lumières : Laurence Halloy
Co-production : Furiosas – Théâtre de la Balsamine – Stuk
Leopoldo
Création et interprétation : Mohamed Benaji, Harold Henning
Création sonore : Eric Ronsse
Lumières : Olivier Vincent
Co-production : Charleroi Danses – Laps Production
Photo © Meiia
Des œuvres concises très différentes donnent deux aspects de la danse contemporaine en Belgique francophone. La première s’aventure dans un défi permanent à l’apesanteur. La seconde s’inspire avec humour du breack-dance et du hip-hop.
« Slipping » accueille le spectateur par la projection d’une vidéo montrant deux corps nus, suspendus par les pieds, tandis que chantent les cigales et que brille le soleil. L’ombre d’une femme, puis d’un homme viennent les remplacer. Le couple s’empare de l’espace, totalement. Il va en effet tenter de supprimer la pesanteur.
Initiation à l’envol
Comme dans ces publicités télévisées – mais sans l’atmosphère caricaturale qui les accompagne – où l’on voit quelqu’un littéralement grimper au mur, parcourir le plafond, le couple formé par Cille Lansade et Pierre-Yves De Jonge n’aura de cesse que de sillonner la verticalité du lieu. Les danseurs forment un duo habité par une énergie intérieure qui les pousse à l’envol. Mais ils semblent mus aussi par une violence qui tantôt cherche à dominer l’autre, tantôt à se mettre à son service afin de l’aider à abolir les contraintes imposées par les lois de la gravitation universelle.
Soit acolytes, soit adversaires, l’homme et la femme développent une complicité qui les amène à parcourir les parois, à devenir par moments le prolongement de l’autre, à incarner sa complémentarité. L’effort et la légèreté s’allient, s’annihilent. On finit par se sentir accepté au sein du mystère d’un rite initiatique semblable à celui de certaines tribus indiennes où il faut être accroché par la peau, quasiment harponné, contraint à assumer une souffrance physique codifiée avant d’être considéré comme membre reconnu par le clan. Poésie et malaise se combinent dans cette démarche d’aller au-delà des possibilités corporelles du quotidien.
Confrontation des cultures
« Leopoldo» montre deux personnages attablés devant un café dans ce qui pourrait bien être un buffet de gare. L’un est de dos, immobile, statufié. L’autre, de face, est hyperactif, énervé, méticuleux jusqu’à l’obsession. Il appartient à la catégorie des sapeurs (ceux qui s’efforcent d’être bien sapés), préoccupé par les apparences. Lorsqu’il se met en branle, il se déchaîne. Il se lance dans des pas inspirés par les arts urbains mais il les codifie à sa façon, énergie simultanément libérée et domptée. Il y met un humour capable de caricaturer l’acte d’enfiler une godasse sur un déchaînement hip hop.
Lorsque son comparse sort de sa torpeur, c’est au contraire une certaine lenteur, une lente appropriation des potentialités de bouger, de tâter l’espace avec défiance. La confrontation des deux, notamment dans leur façon d’enfiler une cravate, reste un moment drolatique de ce face à face entre un banlieusard nature et un employé de banque transi.
Michel VOITURIER
Au Studio des Hivernales, 4 rue Escalier Sainte-Anne (face aux Doms) à 12h30 jusqu’au 23 juillet (relâche les 15 et 21) (0490 82 33 12)
Slipping
Conception et mise en scène : Carmen Blanco Principal
Danseurs : Pierre-Yves De Jonge, Cille Lansade
Lumières : Laurence Halloy
Co-production : Furiosas – Théâtre de la Balsamine – Stuk
Leopoldo
Création et interprétation : Mohamed Benaji, Harold Henning
Création sonore : Eric Ronsse
Lumières : Olivier Vincent
Co-production : Charleroi Danses – Laps Production
Photo © Meiia