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Festival d'Avignon

8 juillet 2008 2 08 /07 /juillet /2008 23:20
ET LE CORPS S’EST FAIT VERBE

Donner au texte de Claudel sa dimension musicale sur une partition corporelle, tel est le pari de cette mise en scène collective. Les comédiens y traduisent par la voix et le corps les interrogations autobiographiques de l’auteur au sujet de la passion amoureuse.

Sur un plateau nu, posé dans le décor minéral de la carrière de Boulbon, une femme et trois hommes s’adonnent au lyrisme verbal et à la mise en espace gestuelle de leur présence charnelle. Ils sont les voix des tiraillements de Claudel entre sa morale et sa chair ainsi qu’entre fusion et déchirement. Ils incarnent le déferlement verbal d’une passion dont les mots s’aventurent loin dans le paradoxal, le contradictoire, l’affrontement du sensuel et du spirituel, la frontière négligeable séparant amants et bourreaux.


Chaque geste, chaque attitude, chaque mouvement s’attachent à communiquer des signes qui leur sont propres. La représentation se situe aux limites du ballet et des jeux d’enfance. Foin de l’illustration immédiate, de la lisibilité au premier degré, sauf parfois lorsque les réalisateurs collectifs se laissent tenter par l’attrait du gadget (comme dans l’usage de ces langues lumineuses style Saint Esprit descendant sur les apôtres du Christ à la Pentecôte et jouant les feux follets au-dessus des interprètes).

Les tensions, les violences, les pulsions qui hantent les hommes se lisent. Les interrogations, les doutes, les manques qui gangrènent l’équilibre personnel, qui lézardent les relations humaines avoisinent les failles rendant les gens plus proches lorsqu’ils acceptent de se livrer.  L’aspiration à l’impossible illumine et dévore, vivifie et mutile. Vivre sans aimer n’est pas vivre. Mais si vivre avec la tornade de la passion est une expérience lumineuse, le poids sociétal et moral transforme le tout en vide mortel.

En son dépouillement, la scénographie construit et déconstruit l’espace. Elle le fragmente. Elle le fait éclater. Le quatuor des comédiens assume ses options d’interprétations. L’énergie physique habite chacun. Elle ne parvient plus, durant la dernière partie,  à compenser l’effet de longueur des répliques claudéliennes car il n’est pas simple de renouveler une démarche qui a déjà épuisé bien des ressources des images scéniques offertes au public.

Michel VOITURIER

Le Partage de midi
Texte : Paul Claudel (éd. Gallimard)
Distribution : Gaël Baron, Nicolas Bouchaud, Valérie Dréville, Jean-François Sivadier
Mise en scène : Gaël Baron, Nicolas Bouchaud, Charlotte Clamens, Valérie Dréville, Jean-François Sivadier
Travail sur le mouvement : Philippe Ducou
Costumes : Virginie Gervaise
Lumières : Jean-Jacques Beaudouin, Philippe Berthomé
Son : Jean-Louis Imbert

Production : Festival d’Avignon

Tournée : du 12 au 23 novembre aux Gémeaux (Sceaux) ; du 27 au 29 novembre, au Centre dramatique national (Orléans) ; du 3 au 6 décembre à l’Espace Malraux (Chambéry) ; du 10 au 13 décembre à la Rose des Vents (Villeneuve d’Ascq)

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