12 juin 2008
4
12
/06
/juin
/2008
23:42
SEXE, PINGOUINS, CLASSEMENT ET AUTRES CONTRARIÉTÉS
Actrice française révélée grâce à son rôle d’infirmière sadique dans la série H, Sophie Mounicot revient aujourd’hui sur les planches avec « C’est mon tour ! », un one-woman show réussi où elle impose la patte d'une grande.
Une scène, figurant une salle d’attente, avec plusieurs chaises classées par taille décroissante. De la plus grande et majestueuse à la plus petite et ridicule. Voilà le décor choisi pour illustrer l’idée motrice du spectacle de Sophie Mounicot. A l’ère de la compétition permanente, à l’ère où le jugement passe par l’évaluation immédiate, Sophie Mounicot a décidé d’inventer son propre classement. « Le classement mondial des gens », une trouvaille dont elle se félicite et qui n’est qu’un écho satirique à l’hyper-hierarchisation de notre société.
Alors qu’elle attend son tour pour « le classement mondial des gens », la comédienne raconte sa vie à travers une multitude d’anecdotes animées par une faconde libérée et pleine d’énergie. Investie dans ce spectacle qu’elle maîtrise parfaitement, elle se montre présente, imposante et décontractée. Cette one-woman showgirl se plaît à moduler son corps, mince et élancé et sa voix, grave, pour donner naissance à des imitations enlevées. Imitation de la « pouf » avec une voix qui vire dans des aigus fragilisés, imitation de l’adolescente avec une voix traînante et négligente. Ces pastiches, qu’elle interprète avec un emportement croissant, entraînent des comiques de situation et de geste très cocasses. Enervée, colérique, vulgaire et agressive, elle donne une dimension grotesque à un personnage rongé par la solitude, terrifié par les pingouins et accablée de frustrations. Elle n’assume pas un âge qui atteint facilement la quarantaine et ne supporte plus l’absence prolongée de relations sexuelles. Ce sujet, abordé avec une brutalité volontaire, est l’occasion de faire un portrait dépréciatif des hommes. Dépeints au travers d’un réalisme pessimiste, ils sont l’objet d’attaques nourries par un cynisme amer et de douloureuses désillusions.
Derrière la lionne bondissante, un agneau souffreteux
Si le personnage créé par Sophie Mounicot apparaît brutal, elle n’en reste pas moins attachante. Mettant en scène un jeu nuancé, la comédienne fait poindre une fêlure qui donne du relief aux sketches. Derrière la parodie et le rire renouvelés, le spectateur se retrouve face à un personnage marginalisé qui végète dans l’isolement, le malaise et le mal-être. « C’est mon tour ! » s’avère une satire qui traite avec inventivité les déboires féminins de la quarantaine et qui souligne la difficulté d’être dans la société actuelle.
En s’associant à Gérald Sibleyras et François Rollin pour l’écriture et à Roland Marchisio pour la mise en scène, Sophie Mounicot a réussi à trouver les personnes ad hoc pour révéler ses talents comiques et dramaturgiques.
Sophie Mounicot (Paris)
Auteur : Gérald Sibleyras , Sophie Mounicot , François Rollin
Mise en scène : Roland Marchisio
Interprétation : Sophie Mounicot
Au théâtre des Mathurins, du mardi au samedi à 21h, matinée le samedi à 16h30, jusqu’au 28 juin 2008
Photo © Nathalie Mazéas
Actrice française révélée grâce à son rôle d’infirmière sadique dans la série H, Sophie Mounicot revient aujourd’hui sur les planches avec « C’est mon tour ! », un one-woman show réussi où elle impose la patte d'une grande.
Une scène, figurant une salle d’attente, avec plusieurs chaises classées par taille décroissante. De la plus grande et majestueuse à la plus petite et ridicule. Voilà le décor choisi pour illustrer l’idée motrice du spectacle de Sophie Mounicot. A l’ère de la compétition permanente, à l’ère où le jugement passe par l’évaluation immédiate, Sophie Mounicot a décidé d’inventer son propre classement. « Le classement mondial des gens », une trouvaille dont elle se félicite et qui n’est qu’un écho satirique à l’hyper-hierarchisation de notre société.
Alors qu’elle attend son tour pour « le classement mondial des gens », la comédienne raconte sa vie à travers une multitude d’anecdotes animées par une faconde libérée et pleine d’énergie. Investie dans ce spectacle qu’elle maîtrise parfaitement, elle se montre présente, imposante et décontractée. Cette one-woman showgirl se plaît à moduler son corps, mince et élancé et sa voix, grave, pour donner naissance à des imitations enlevées. Imitation de la « pouf » avec une voix qui vire dans des aigus fragilisés, imitation de l’adolescente avec une voix traînante et négligente. Ces pastiches, qu’elle interprète avec un emportement croissant, entraînent des comiques de situation et de geste très cocasses. Enervée, colérique, vulgaire et agressive, elle donne une dimension grotesque à un personnage rongé par la solitude, terrifié par les pingouins et accablée de frustrations. Elle n’assume pas un âge qui atteint facilement la quarantaine et ne supporte plus l’absence prolongée de relations sexuelles. Ce sujet, abordé avec une brutalité volontaire, est l’occasion de faire un portrait dépréciatif des hommes. Dépeints au travers d’un réalisme pessimiste, ils sont l’objet d’attaques nourries par un cynisme amer et de douloureuses désillusions.
Derrière la lionne bondissante, un agneau souffreteux
Si le personnage créé par Sophie Mounicot apparaît brutal, elle n’en reste pas moins attachante. Mettant en scène un jeu nuancé, la comédienne fait poindre une fêlure qui donne du relief aux sketches. Derrière la parodie et le rire renouvelés, le spectateur se retrouve face à un personnage marginalisé qui végète dans l’isolement, le malaise et le mal-être. « C’est mon tour ! » s’avère une satire qui traite avec inventivité les déboires féminins de la quarantaine et qui souligne la difficulté d’être dans la société actuelle.
En s’associant à Gérald Sibleyras et François Rollin pour l’écriture et à Roland Marchisio pour la mise en scène, Sophie Mounicot a réussi à trouver les personnes ad hoc pour révéler ses talents comiques et dramaturgiques.
Cécile STROUK (Paris)
Sophie Mounicot (Paris)
Auteur : Gérald Sibleyras , Sophie Mounicot , François Rollin
Mise en scène : Roland Marchisio
Interprétation : Sophie Mounicot
Au théâtre des Mathurins, du mardi au samedi à 21h, matinée le samedi à 16h30, jusqu’au 28 juin 2008
Photo © Nathalie Mazéas