11 avril 2008
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FRINGUES ET FRIME : LA DANSE DES SWENKAS
Avec Dressed to kill, killed to dress, Robyn Orlin, la chorégraphe sud africaine débarque à Bruxelles avec un cérémonial underground, post-apartheid. Il paraîtrait que les samedis soirs, dans les sous-sols des immeubles, des ouvriers zoulous enfilent des costumes pimpants, histoire de défiler devant un jury et de gagner un peu d’argent dans des concours d’élégance. On les appelle les «swenkas», du verbe «to swank» : en mettre plein la vue. La panoplie devient alors artillerie. «Dressed to kill…» ou «la sape qui tue», c’est: chaîne en or, chaussures croco, chemise léopard, costar blanc, rayé ou zébré, cravate rouge, moirée, étoilée avec chaussettes assorties, chapeaux, foulards et boutons de manchette.
De ce défilé de mode singulier, la chorégraphe sud africaine plonge dans son univers habituel : la fantaisie et l’humour, prêchant - cette fois-ci – par excès de bouffonnerie théâtrale, avec, entres autres, un écran qui dévoile des coulisses bourrées de chamailleries et la présence sur scène d’un maître de cérémonie râleur.
Beaucoup de décalages
Une heure durant, entre les coulisses agitées et le MC dépassé, Dressed to kill, killed to dress frôlera à chaque fois la limite d’un comique qui lasse, court-circuitant souvent la beauté de la danse des Swenkas. Car enfin, entre les intermèdes, neuf mannequins vont défiler, chacun sur un fond d’images décalées (comme un tutu à côté d’une vache) ; chacun sur sa musique: country, reggae, gospel, swing, opéra, etc. La danse, elle, se fait gestuelle gracieuse, précise et minimale.
Ici, pas de cat-walk mais du surplace raffiné, pas de veste enlevée avec nonchalance, mais des mouvements ralentis, codés qui guident le regard du spectateur vers les atours vestimentaires : la montre qui fait l’homme, la chaussure qui brille, la chaussette et cravate assorties, originales à souhait…
Et c’est cette danse de gestes, ce défilé de solos et de styles qui se savoure dans la dernière création, laborieuse, de Robyn Orlin dont le final nous offre un superbe moment de danse collectif, inattendu, où les «mannequins», sur les notes d’un piano fortissimo, vont transformer leurs habits en trophées de chasse, très singuliers.
Dressed to kill, killed to dress regorge donc de moments surprenants malgré une bouffonnerie excessive, qui, entre le kitch et le «camp», menace constamment l’ampleur du bel ovni.
Les mardis 8 et mercredi 9 avril à 20h30 au Wolubilis, 251 Avenue Paul Hymans 1200 Woluwe-Saint-Lambert. Infos: 02/761.60.30 et www.wolubilis.be .
Avec Dressed to kill, killed to dress, Robyn Orlin, la chorégraphe sud africaine débarque à Bruxelles avec un cérémonial underground, post-apartheid. Il paraîtrait que les samedis soirs, dans les sous-sols des immeubles, des ouvriers zoulous enfilent des costumes pimpants, histoire de défiler devant un jury et de gagner un peu d’argent dans des concours d’élégance. On les appelle les «swenkas», du verbe «to swank» : en mettre plein la vue. La panoplie devient alors artillerie. «Dressed to kill…» ou «la sape qui tue», c’est: chaîne en or, chaussures croco, chemise léopard, costar blanc, rayé ou zébré, cravate rouge, moirée, étoilée avec chaussettes assorties, chapeaux, foulards et boutons de manchette.
De ce défilé de mode singulier, la chorégraphe sud africaine plonge dans son univers habituel : la fantaisie et l’humour, prêchant - cette fois-ci – par excès de bouffonnerie théâtrale, avec, entres autres, un écran qui dévoile des coulisses bourrées de chamailleries et la présence sur scène d’un maître de cérémonie râleur.
Beaucoup de décalages
Une heure durant, entre les coulisses agitées et le MC dépassé, Dressed to kill, killed to dress frôlera à chaque fois la limite d’un comique qui lasse, court-circuitant souvent la beauté de la danse des Swenkas. Car enfin, entre les intermèdes, neuf mannequins vont défiler, chacun sur un fond d’images décalées (comme un tutu à côté d’une vache) ; chacun sur sa musique: country, reggae, gospel, swing, opéra, etc. La danse, elle, se fait gestuelle gracieuse, précise et minimale.
Ici, pas de cat-walk mais du surplace raffiné, pas de veste enlevée avec nonchalance, mais des mouvements ralentis, codés qui guident le regard du spectateur vers les atours vestimentaires : la montre qui fait l’homme, la chaussure qui brille, la chaussette et cravate assorties, originales à souhait…
Et c’est cette danse de gestes, ce défilé de solos et de styles qui se savoure dans la dernière création, laborieuse, de Robyn Orlin dont le final nous offre un superbe moment de danse collectif, inattendu, où les «mannequins», sur les notes d’un piano fortissimo, vont transformer leurs habits en trophées de chasse, très singuliers.
Dressed to kill, killed to dress regorge donc de moments surprenants malgré une bouffonnerie excessive, qui, entre le kitch et le «camp», menace constamment l’ampleur du bel ovni.
Nurten AKA (Bruxelles)
Les mardis 8 et mercredi 9 avril à 20h30 au Wolubilis, 251 Avenue Paul Hymans 1200 Woluwe-Saint-Lambert. Infos: 02/761.60.30 et www.wolubilis.be .