Cest à la suite de sa prestation tétanisante dans Macbeth à Avignon que jai voulu mieux connaître la jeune Isabelle Provendier. À la voir comme ça, « en vrai », avec son visage et son corps de madone, on a du mal à limaginer en sorcière perverse, manipulatrice, machiavélique. Et pourtant
Son métier de comédienne ne ressemble pas du tout à une vocation : « Je ne savais pas quoi faire, je navais rien dautre à faire » Elle avait suivi une formation dhôtesse daccueil et considérait les écoles de théâtre comme quelque chose de très « poussiéreux ». Or, quand elle rencontre le metteur en scène Antoine Campo, il ne lui parle pas de théâtre, il lui parle de la vie. Ça tombe bien pour Isabelle parce que « passer par une école [classique], cest pas possible ! ». Elle retrouve la même vision chez Jean-François Matignon : « Il est dans le concret, dans la vie, pas dans le bla-bla. » Elle ajoute et cette lucidité me sidère : « Il ne faut pas apprendre à être comédien, il faut apprendre à vivre ! »
Elle est visiblement passionnée par le travail quelle a fourni avec J.-F. Matignon. Elle lavait initialement connu lors dun stage sur Ingmar Bergman. Mais pour la préparation de Macbeth, elle cite aussi bien Bowie, le Caravage, les Rolling Stones, Cage, un livre sur lésotérisme Sur scène, elle utilise un gant, un déambulateur, un déhanchement pour évoquer trois sorcières qui boitent de lâme.
Un bon capitaine de navire
Parce quelle a pu, comme les autres comédiens de Macbeth, être aussi une force de proposition. « Jean-François sait parfaitement ce quil veut, mais on est réellement libre. Cest un bon capitaine de navire. On peut se permettre dêtre malade ou égaré sur le bateau, on sait quil tient fermement la barre. On peut être en perdition, et, en même temps, on est dans un état de totale confiance. Et on a une furieuse envie daller au port. »
Elle me parle du rapport quil y a entre le corps, le temps et lespace. Elle précise que « ses » sorcières sont dans la géométrie (« le temps est dans la géométrie »), quelles sont plus des angles que des ronds (« les angles sont plus dynamiques que les ronds »). « Pour moi, le féminin nest pas du tout dans le cercle, dans les courbes. Le féminin, cest pas que du maternel ! La sorcière, cest le temps (il y a des spirales dans le temps). »
Puis elle détaille autrement son idée de théâtre « concret ». « Shakespeare, Bergman, Matignon et Beckett me plaisent parce quils nont pas peur de se salir : ils mettent les mains dans le cambouis humain. Shakespeare est archaïque : il revient aux cellules de lhomme. » Comme jévoque les lumières plutôt sombres de Laurent Matignon et de Laurent Schneegans pour Macbeth, elle réplique : « Le vent, la mer, les océans, cest pas parce que cest sombre que cest noir ! Quand on est trop dans la lumière, on ne voit plus rien ! »
Jaurais voulu lécouter encore pendant des heures et des heures
Son parcours artistique
THÉÂTRE
2002 : La Répétition permanente, de V. Stevanovic, m.e.s. J.-F. Matignon, la Fonderie au Mans ; chapelle des Pénitents-Blancs à Avignon.
2001 : lecture des pièces de Denise Bonal dans le cadre d« Itinéraires dauteur » à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon.
2000 : LUltime Chant de Troie, m.e.s. Simon Abkarian, création au Théâtre Vidy de Lausanne, reprise à la MC 93 de Bobigny.
1999-2000 : Un Roméo et Juliette, daprès W. Shakespeare, m.e.s. Ricardo Lopez Munoz, Théâtre dAulnay, espace Jacques-Prévert.
1999 : La Novice et la Vertu, de J.-L. Bauer, m.e.s. Antoine Campo, maison de lActeur à Montrouge.
1998 : Salinger, de B.-H. Koltès, m.e.s. Kristine Heistzmann. Lectures, de Daniel Besnehard, sous la direction de Françoise Bethe, Festival dAvignon.
1997 : La Novice et la Vertu, de J.-L. Bauer, m.e.s. Antoine Campo, création à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, tournée ATP. Peines damour perdues, de W. Shakespeare, m.e.s. Simon Abkarian, Bouffes-du-Nord, Théâtre de lÉpée-de-Bois, la Cartoucherie.
1996 : La Mise au monstre dun nouveau monde, de J.-L. Bauer, m.e.s. Antoine Campo, Lavoir moderne parisien.
1995 : La Dynastie des malpropres, de J.-L. Bauer, dans le cadre des « Portes ouvertes des artistes de Belleville ».
1994 : Électre, de Sophocle, trad. Antoine Vitez, m.e.s. Antoine Campo, dans le cadre des « Portes ouvertes des artistes de Belleville ».
TÉLÉVISION
1996 : Le Cri du silence, réalisé par Jacques Malaterre.
COURT MÉTRAGE
2001 : Bosna Airline, de D. Witorwsky.
1994 : Oh pure lumière
, réalisé par C. Baque, m.e.s. Antoine Campo.
DOCUMENTAIRE
2001 : voix sur un documentaire réalisé par Waldeck Weiss.