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Festival d'Avignon

11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 00:01
BLANC COMME L’INNOCENCE

Dans un pays lointain, en Orient, une troupe répète un célèbre opéra traditionnel, Dou E, l’innocente condamnée. Pièce dans la pièce, elle donne l’occasion d’une rencontre entre deux époques et deux styles de représentation autour d’une même thématique : l’injustice.


Pièce du dédoublement, Neige d’été l’est à plusieurs niveaux : le personnage principal de l’opéra est incarné par deux comédiennes, dont l’une représente l’âme, et le spectacle qui se joue sous nos yeux semble écrit en temps réel par un auteur, placé côté cour, qui gratte son papier en ne s’interrompant qu’aux parties chantées. La première partie de Neige d’été ne repose que sur la mise en abyme : la troupe répète la pièce traditionnelle dans un théâtre sous l’œil critique d’une caricature de metteur en scène, personnage obèse et verbeux. On est donc dans la comédie légère et le burlesque, sans trop de profondeur, et l’intrigue peine à démarrer.

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Ce n’est que quand l’extérieur s’immisce que la pièce décolle vraiment et gagne en intérêt : le contexte est celui d’un pays totalitaire, et les dirigeants politiques entendent interdire la pratique de la méditation. Or, le metteur en scène en est un adepte, tout comme Parfum, la fille de l’actrice principale qui incarne Dou E. On pense à l’interdiction en Chine de la secte Falun Gong. La violence et l’injustice déferlent et l’innocence sera à nouveau condamnée, fiction et réalité, art et vie se confondent. Les bourreaux d’aujourd’hui ressemblent à ceux d’hier et les victimes innocentes ont la même âme pure : le ciel leur rendra hommage en faisant tomber la neige en plein été.

La pièce se veut à la fois politique et esthétique, mais c’est l’esthétique qui l’emporte : atmosphère de brume dans le parc, feu meurtrier, sang sur la joue… Les chorégraphies à l’éventail sont précises et les chants en japonais de l’actrice principale, Ayako Terauchi, d’une grande beauté. Cependant, pour parfaire la rencontre entre Orient et Occident qui nous est annoncée, on se serait attendu à plus d’interprètes asiatiques (il n’y en a qu’une seule), ou que, du moins, les autres interprètes jouent plus de leur corps sur des enchaînements d’arts martiaux qui ne sont ici qu’esquissés ou évoqués. Un mal pour un bien : ce que la pièce perd en caractère « oriental », elle le gagne en universalité. Ainsi, le message de tolérance ne s’adresse pas qu’à un pays peu respectueux des droits de l’homme mais à tout totalitarisme, quel que soit le continent.

Alexandra FRESSE (Paris)

Œuvre de Céleste Florian et R. Alexandre de l’Ambre
Mise en scène : Daniel Mesguich et Satoshi Miyagi
Avec : Ayako Terauchi, Marie Frémont, Rebecca Stella, Philippe Noël, Sophie Carrier, Nicolas Chupin, Florent Ferrier, Catherine Berriane, Laurent Montel

Décor : François Marsollier
Costumes : Dominique Louis
Création des lumières : Laurent Béal
Création du son : Yann Galerne
Effets spéciaux : Alpha
Chorégraphie : Yuko Nakamura
Composition et interprétation (koto) : Naoko Kikuchi

Du 5 février au 6 mars 2008 à 20h45
Matinées samedi et dimanche à 16h – relâche de lundi

Au Théâtre de Ménilmontant, 15 rue du Retrait (20e)
Réservations : 01 46 36 98 60

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commentaires

H
Bonjour Alexande, belle critique de la pièce, ça donne envie de la voir. Juste une précision historique. Le falun gong a été promu par le gouvernement chinois comme une école de qigong d'excellence avant d'être interdit et diffamé pour justifier une répression très violente, d'ailleurs bien mise en scène dans la pièce.
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