16 décembre 2007
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Espía a una mujer que se mata (Scènes étrangères : Villeneuve d’Ascq)
UN PUGILAT VOCAL
La pièce de Tchekhov, « Oncle Vania » a été revisitée et adaptée par la troupe argentine de Daniel Veronese, avec quelques ajouts empruntés aux « Bonnes » de Genet. La volubilité de l’espagnol rend difficile la lecture des surtitrages. La mise en scène n’est pas vraiment évidente, même si l’expérience reste attachante.
Le parti pris initial est de faire jouer l’œuvre russe dans un décor étriqué où les protagonistes ne cessent de se frôler, de se bousculer, de s’affronter. Le lieu est banalement un endroit avec table, chaises, portes. Il est sale, défraîchi, abîmé après avoir déjà servi dans une autre réalisation du groupe. Mais il comporte un mur doté d’une ouverture, sorte de passe-plats, qui sera ouvert ou fermé.
Son usage est de permettre à quelques-uns d’écouter ce qui se passe, de jeter un regard inquisiteur ou espion sur la conduite des autres. Cela accentue une impression de huis clos déjà pressentie par la promiscuité du plateau et la décrépitude de l’environnement.
Des affrontements très physiques
Sans doute le parallèle que voit le metteur en scène entre la situation de marasme de l’Argentine et la morosité des personnages en train de sombrer n’est-elle guère perceptible pour un public européen. Ce qui ressort néanmoins, c’est l’affrontement des égoïsmes, l’emprise de l’alcool sur l’individu, la présence du suicide, la difficulté d’assumer le vieillissement de l’être, une certaine connivence avec la nature, l’opposition à une morale molle, la foi en la création artistique, l’interrogation au sujet du théâtre. En complément, se profilent l’inaptitude au bonheur, la parole préférée à l’action.
Les tensions s’exaspèrent, ravivées par la difficulté pour chacun à rester cohérent avec soi-même et à réaliser si un avenir est possible alors que l’homme s’avère d’abord destructeur. Ce drame est interprété avec fougue et générosité. Les acteurs s’investissent physiquement dans leurs affrontements. Malheureusement, le texte est prolixe. Les surtitrages n’arrivent pas à être synchrones, d’autant que par moments tout le monde parle en même temps. Il faut donc au spectateur se souvenir d’ « Oncle Vania » et se laisser emporter par les gestes, les mimiques, les voix et les déplacements en perdant néanmoins une part non négligeable du propos.
Festival Scènes étrangères à la Rose des Vents de Villeneuve d’Ascq du 4 au 6 décembre.
Au Festival « Le Standard idéal » de la MC93, salle Oleg Efremov à Bobigny du 21 au 23 février 2008.
Oncle Vania
Texte : Anton Tchekhov (éd. Actes Sud, 2001)
Mise en scène, scénographie: Daniel Veronese
Assistante : Felicitas Luna Distribution : Osmar Nuñez, Malena Figueiredo, Marcelo Subiotto, Fernando Llosa, Silvina Sabater, Marta Lubos, Mara Bestelli
Production : El Periferico de Objetos / Avance producciones, Buenos Aires – Argentine
Photo © El Periferico
UN PUGILAT VOCAL
La pièce de Tchekhov, « Oncle Vania » a été revisitée et adaptée par la troupe argentine de Daniel Veronese, avec quelques ajouts empruntés aux « Bonnes » de Genet. La volubilité de l’espagnol rend difficile la lecture des surtitrages. La mise en scène n’est pas vraiment évidente, même si l’expérience reste attachante.
Le parti pris initial est de faire jouer l’œuvre russe dans un décor étriqué où les protagonistes ne cessent de se frôler, de se bousculer, de s’affronter. Le lieu est banalement un endroit avec table, chaises, portes. Il est sale, défraîchi, abîmé après avoir déjà servi dans une autre réalisation du groupe. Mais il comporte un mur doté d’une ouverture, sorte de passe-plats, qui sera ouvert ou fermé.
Son usage est de permettre à quelques-uns d’écouter ce qui se passe, de jeter un regard inquisiteur ou espion sur la conduite des autres. Cela accentue une impression de huis clos déjà pressentie par la promiscuité du plateau et la décrépitude de l’environnement.
Des affrontements très physiques
Sans doute le parallèle que voit le metteur en scène entre la situation de marasme de l’Argentine et la morosité des personnages en train de sombrer n’est-elle guère perceptible pour un public européen. Ce qui ressort néanmoins, c’est l’affrontement des égoïsmes, l’emprise de l’alcool sur l’individu, la présence du suicide, la difficulté d’assumer le vieillissement de l’être, une certaine connivence avec la nature, l’opposition à une morale molle, la foi en la création artistique, l’interrogation au sujet du théâtre. En complément, se profilent l’inaptitude au bonheur, la parole préférée à l’action.
Les tensions s’exaspèrent, ravivées par la difficulté pour chacun à rester cohérent avec soi-même et à réaliser si un avenir est possible alors que l’homme s’avère d’abord destructeur. Ce drame est interprété avec fougue et générosité. Les acteurs s’investissent physiquement dans leurs affrontements. Malheureusement, le texte est prolixe. Les surtitrages n’arrivent pas à être synchrones, d’autant que par moments tout le monde parle en même temps. Il faut donc au spectateur se souvenir d’ « Oncle Vania » et se laisser emporter par les gestes, les mimiques, les voix et les déplacements en perdant néanmoins une part non négligeable du propos.
Michel VOITURIER (Lille)
Festival Scènes étrangères à la Rose des Vents de Villeneuve d’Ascq du 4 au 6 décembre.
Au Festival « Le Standard idéal » de la MC93, salle Oleg Efremov à Bobigny du 21 au 23 février 2008.
Oncle Vania
Texte : Anton Tchekhov (éd. Actes Sud, 2001)
Mise en scène, scénographie: Daniel Veronese
Assistante : Felicitas Luna Distribution : Osmar Nuñez, Malena Figueiredo, Marcelo Subiotto, Fernando Llosa, Silvina Sabater, Marta Lubos, Mara Bestelli
Production : El Periferico de Objetos / Avance producciones, Buenos Aires – Argentine
Photo © El Periferico