15 décembre 2007
6
15
/12
/décembre
/2007
00:50
UNE ENTRÉE DE CLONES
Le strip-tease est-il un art à part entière ? C’est un peu la question que s’est posée le trio Bachzetsis, Bleuler, Vanborm. Sa réponse ne correspond nullement aux stéréotypes attendus.
Sur scène, deux jeunes femmes. Elles sont belles, cela va de soi. Elles accueillent le public sans s’en occuper. Préoccupées qu’elles sont de boire de l’eau minceur, à s’empiffrer de chips caloriques et de s’échauffer les muscles. Elles se comportent, premier élément insolite, comme deux compétitrices de nage synchronisée. Chaque geste accompli par l’une est le miroir exact de ce que fait l’autre. Strictement.
Le regard subit la fascination de ces doubles actions très ordinaires qui, du coup, deviennent surprenantes. Il suit les gestes de deux robots programmés, clonés, mécaniques. Ceci n’est qu’un prélude. Il se situe dans le codifié, sorte de chorégraphie mémorisée et restituée de manière automatique.
Vient alors le déshabillage proprement dit. S’y retrouve la gestuelle coutumière à ce genre de prestation. Mais, évidemment, la mise en parallèle de chaque mouvement, de chaque geste, de chaque mimique transforme la démarche. Ce qui, selon la tradition, est sensé exciter les pulsions sexuelles, s’en trouve aussitôt désamorcé. Car le jeu habituel de la normalisation des attitudes des danseuses se décharge de toute connotation sexuelle en avouant qu’il n’est qu’un travail corporel, élaboré sur des rythmiques spécifiques.
Toute illusion devient impossible. Tout fantasme s’épuise dès l’abord. Dépassés les trucs racoleurs pour voyeurs en mal de sexe. Balayées les sensations libidineuses. La performance, impeccable, se place au seul niveau esthétique. Durant 30 minutes, le public voit des corps en action, soutenus par des musiques scandées, protégés par des projections un peu à la manière du Crazy Horse Saloon parisien. La beauté du spectacle n’amène cependant pas, en dépit des assertions du programme, à une réflexion très profonde au sujet du strip-tease et de ses pratiques.
Act
Festival Scènes étrangères : à la Rose des Vents de Villeneuve d’Ascq les 4 et 5 décembre.
Chorégraphie : Alexandra Bachzetsis
Conception, distribution : Tina Bleuter, Lies Vanborm
Musique : Stev Slingeneyer, Stefaan Van Leuven
Costumes : Tatiana Vilkitskaia
Production : We Love Productions/Company (Ossenstraat 100 – B 9000 Gent)
Photo © DR
Le strip-tease est-il un art à part entière ? C’est un peu la question que s’est posée le trio Bachzetsis, Bleuler, Vanborm. Sa réponse ne correspond nullement aux stéréotypes attendus.
Sur scène, deux jeunes femmes. Elles sont belles, cela va de soi. Elles accueillent le public sans s’en occuper. Préoccupées qu’elles sont de boire de l’eau minceur, à s’empiffrer de chips caloriques et de s’échauffer les muscles. Elles se comportent, premier élément insolite, comme deux compétitrices de nage synchronisée. Chaque geste accompli par l’une est le miroir exact de ce que fait l’autre. Strictement.
Le regard subit la fascination de ces doubles actions très ordinaires qui, du coup, deviennent surprenantes. Il suit les gestes de deux robots programmés, clonés, mécaniques. Ceci n’est qu’un prélude. Il se situe dans le codifié, sorte de chorégraphie mémorisée et restituée de manière automatique.
Vient alors le déshabillage proprement dit. S’y retrouve la gestuelle coutumière à ce genre de prestation. Mais, évidemment, la mise en parallèle de chaque mouvement, de chaque geste, de chaque mimique transforme la démarche. Ce qui, selon la tradition, est sensé exciter les pulsions sexuelles, s’en trouve aussitôt désamorcé. Car le jeu habituel de la normalisation des attitudes des danseuses se décharge de toute connotation sexuelle en avouant qu’il n’est qu’un travail corporel, élaboré sur des rythmiques spécifiques.
Toute illusion devient impossible. Tout fantasme s’épuise dès l’abord. Dépassés les trucs racoleurs pour voyeurs en mal de sexe. Balayées les sensations libidineuses. La performance, impeccable, se place au seul niveau esthétique. Durant 30 minutes, le public voit des corps en action, soutenus par des musiques scandées, protégés par des projections un peu à la manière du Crazy Horse Saloon parisien. La beauté du spectacle n’amène cependant pas, en dépit des assertions du programme, à une réflexion très profonde au sujet du strip-tease et de ses pratiques.
Michel VOITURIER (Lille)
Act
Festival Scènes étrangères : à la Rose des Vents de Villeneuve d’Ascq les 4 et 5 décembre.
Chorégraphie : Alexandra Bachzetsis
Conception, distribution : Tina Bleuter, Lies Vanborm
Musique : Stev Slingeneyer, Stefaan Van Leuven
Costumes : Tatiana Vilkitskaia
Production : We Love Productions/Company (Ossenstraat 100 – B 9000 Gent)
Photo © DR