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Festival d'Avignon

4 décembre 2007 2 04 /12 /décembre /2007 22:33
TO SHAKE… SHAKESPEARE !

On le sait, à l'audimat séculaire du théâtre, Shakespeare est en tête des dramaturges les plus représentés. Simple constat : Shakespeare est partout, avec toutes ses adaptations, interprétations et sous toutes formes. En Belgique comme en France, du spectacle à l'ingénieuse économie de moyens (voir "La Tempête" à l'Océan Nord, Bruxelles) à la superproduction Franco Dragone "Othello, passeur" au Théâtre "Le Manège" de Mons. Mais l'auteur lui-même ne s'est-il pas ingénié à mélanger les genres et… les récits !


Fin 2007, alors que, au 16 rue de la Loi, "on discute"…, à deux pas, dans le parc et dans le Théâtre Royal du Parc, au centre de Bruxelles, on accueille deux Shakespeare.
"Macbeth" : le spectacle de la Compagnie liégeoise Arsenic, créé à Charleroi, (voir écho dans ce site) accueilli à la fois par le Théâtre National et le KVS, dans le cadre d'échanges de "Tournée Générale/Toernee Generaale", qui a installé son magnifique théâtre élisabéthain en plein air tandis que, dans les velours du théâtre du Parc : "le Songe d'une nuit d'été" déroule ses mystères…

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De "A Midsummer-Night's Dream" on pourrait dire, comme s'exclame Thésée à la lecture du programme du petit divertissement qui lui est proposé : "une farce vraiment tragique… De la glace chaude ! Comment accorder ces contraires !". C'est qu'en effet, la dérision, l'humour et la distanciation sont présents à côté de la "féerie" à quoi on a souvent réduit la pièce.  Nobles et gens du peuple donnent et se donnent en représentation, êtres charnels et immatériels sont livrés aux erreurs et caprices de dieux et d'un être magique, Robin, un "puck"(1), tout cela dans une campagne pseudo athénienne nocturne qui ressemble pourtant davantage à une forêt et au climat des brumes du Nord qu'à une chaude nuit méditerranéenne…Les aléas affectifs d'un couple de dieux, ceux d'un couple royal, ceux encore de deux autres couples plus jeunes, tout cela démontre avec toutes les nuances possibles, la vanité des aventures amoureuses, la fragilité des rapports humains, dans un énorme cocktail où le spectateur n'a plus qu'à se débrouiller pour trouver une morale, une quelconque réflexion.

Au Théâtre du Parc : le rêve d'un Songe…

Ces divers éléments ont encouragé Jean-Claude Idée, l'adaptateur-metteur en scène, à s'écarter du cadre strict de la pièce. Alors que Shakespeare mène en parallèle plusieurs intrigues amoureuses, il "en remet une couche" en imaginant un prologue de son cru où l'on voit dans une école de théâtre, en pleine activité et préparation de "Roméo et Juliette", une apprentie comédienne (Jasmina Douieb), frustrée et épuisée par le travail et les questions qu'elle (se) pose, s'endormir sur place et partir dans un délire : "Le songe d'une nuit d'été" ou, au pied de la lettre :"les tourments d'un mauvais rêve". Cela permet à l'adaptateur - au demeurant fidèle ensuite au texte et à la structure de la pièce - de montrer la relation entre deux  œuvres du maître, un drame, une comédie, vraisemblablement écrites en même temps. Paradoxe didactique…par cet apport, l'action générale en devient plus claire.
Avec ce décor d'une salle de répétition qui peut devenir intemporelle et se parer de sortilèges comme d'apparats royaux, l'occasion est donnée au public qui le connaissait bien, d'applaudir la dernière réalisation du grand scénographe-décorateur qu'était Jean-Marie Fiévez…en guise de cadeau d'adieu (2).
Avec effets spéciaux et machinerie que seule peut se permettre une grande structure comme le Parc ! Et alors, why not ? Pourquoi s'en priver quand tout cela n'est pas gratuit et sert la rêveuse alias l'excellente Jasmina Douieb ? Et cela permet également à Jean-Claude Idée de donner la pleine mesure de son inventivité, de faire appel à tous les arts de la scène comme à tous les talents d'une distribution magistrale.

Pas de "rôles secondaires". Chacun dans ses double, voire triple, rôles a l'occasion de se faire brillamment remarquer ; en têtes couronnées : Jean-Claude Frison et Stephane Excoffier, dans des personnages plutôt contrastés : Christian Labeau et Stany Mannaert, le quatuor de jeunes amoureux : Marc Zinga, Fanny Hanciaux, Gauthier Jansen et la belle Aïssatou Diop, les inénarrables Michel Poncelet, Martine Willequet, Eleonore Meeus, Catherine Decrolier, Perrine Delers et un Robin, Othmane Moumen, du feu de(s) dieu(x) ! Il na pas le dernier mot, c'est un chorus final qui s'en charge et mêle (encore) les personnages, priant à l'unisson… qu'on ne les prenne pas au sérieux… distanciation, distanciation… on ne plongera décidément pas dans le climat rude, quasi bestial, et nordique d'un "Koning Lear" au KVS : spectacles bien différents, tout aussi cohérents.

Suzane VANINA (Bruxelles)

"Le Songe d’une nuit d’été", "Macbeth", "Othello"…
Du 22.11 au 22.12.2007 au Théâtre du Parc – mail Tél : 02.505.30.30/Fax : 02.503.47.95 –

1) un "puck" est un plus qu'un lutin farceur parfois mal intentionné, il s'apparente au gobelin diabolique, un "esprit lourd", comme le qualifie une des fées, "esprit aérien", elle…

2) un des tout grands décorateurs belges, qui vient de décéder quelques jours avant la Première, en laissant, en ultime message, ces quelques mots :"j'ai chargé ma famille de vous avertir de mon ultime voyage, je vous embrasse."


Photo © Serge Daems


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