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Festival d'Avignon

12 novembre 2007 1 12 /11 /novembre /2007 11:03
LES CENDRES FROIDES ET POÉTIQUES DE NOTRE MONDE

L’encre a pu couler comme le miel sur les corps, déverser son fiel avant l’heure pour détruire un spectacle, Rodrigo Garcia aura réussi à faire taire la polémique. Loin de s’être assagi, le metteur en scène hispano-argentin présente, dans le cadre du 36ème Festival d’Automne à Paris, un spectacle où la poésie est venue canaliser sa rage pour mieux l’exprimer.


Poursuivant son combat contre l’omniprésence de l’abondance – sous toutes ses formes – dans notre société, il propose une vision noire et métaphorique du futur. Avec ce titre évocateur Et balancez mes cendres sur Mickey, Garcia semble boucler sa réflexion sur le monde consumériste, comme une conclusion de la série de spectacles montés depuis 2002, de Jardinage Humain à L’Histoire de Ronald, le clown de Mac Donalds’.

Du monde actuel – bruyant, saturé par la musique et les sonorités stridentes, le metteur en scène plonge la salle au milieu d’un monde silencieux où seule la parole – désincarnée – résonne encore comme un écho des nombreux avertissements lancés auparavant. Le texte – projeté ou donné sans interprétation par les comédiens-performeurs – est, à la fois, un média, un médiateur voire un médium tant la vision qui est mise en espace est apocalyptique. La voix robotisée qui résonne comme un sermon dans ce silence religieux témoigne du vide créé par la surconsommation du tout qui amène au rien.

Et-balancez--ChristianBerthelot.jpg
Voir se consumer le fil de nos vies

Rodrigo Garcia choisit de donner à la matière une signification différente. Dans cette œuvre d’anticipation, la matière devenue rare revêt un caractère précieux, contrairement à l’abondance auparavant déversée sur les plateaux. Du miel suintant sur des corps nus au feu consumant le fil de nos existences, l’évocation – au travers de la boue – des conséquences écologiques de nos comportements, l’Homme semble dépourvu de matière après en avoir été esclave. 

Dans ce monde, « survivent » trois acteurs dont il faut souligner la performance tant le corps dans le travail de Garcia est éprouvé et tout entier dévoué au spectacle. Un don de soi qui participe à transmettre au spectateur une sensation physique centrale dans le travail du metteur en scène.

Dans Et balancez mes cendres sur Mickey, Rodrigo Garcia dévoile une dimension poétique qui apporte plus de force et de modération aux tableaux vivants qu’il représente sur scène. Dans un spectacle déclinant encore et toujours le même propos revendicatif et ciblé, il semble tout de même se perdre dans un foisonnement de signes et une esthétique très travaillée. Même si l'on peut regretter de retrouver par bien des aspects les traits caractéristiques de son travail, sentir l’intimité et l’amertume assumée de cet auteur de scène apporte un autre souffle à cette proposition qui marque(rait) une certaine maturité : « Elle devient plus intime, plus austère, elle va à l’encontre du marché qui, lui, continue à réclamer de la violence, du militantisme anti-globalisation et du bruit. » (1)

(1) Rodrigo Garcia, propos recueillis par David Sanson

Jérôme DELAGE (Paris)

Et balancez mes cendres sur Mickey, texte et mise en scène de Rodrigo Garcia
Avec : Jorge Horno, Nùria Lloansi et Juan Loriente
Coproduction La Carniceria Teatro, Théâtre National de Bretagne/Rennes, Bonlieu – Scène nationale d’Annecy
Coréalisation Théâtre du Rond Point, Festival d’Automne à Paris

Au Théâtre du Rond Point à Paris du 8 au 17 novembre 2007.

Crédit photo ©ChristianBerthelot
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