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Festival d'Avignon

10 novembre 2007 6 10 /11 /novembre /2007 23:52
JAZZY ET NOCTURNE

Ouverture de saison en fanfare au Théâtre Varia : plutôt jazzy avec "Strange Fruit", plutôt "petite musique de nuit" avec "Le Dépeupleur". Une reprise et un accueil, pour une semaine de fête (9 au 13 octobre), avec présentation de la saison, dégustations en avant-spectacle et prolongation des soirées, en musique encore ! La reprise est celle, tout à fait bienvenue, de "Strange Fruit" une création maison qui fut un beau succès de la saison 2006-2007 (mars-avril) dans la grande salle, et l'accueil, c'est celui, dans la petite salle, du Français Michel Didym venu nous proposer "Le Dépeupleur" de Samuel Beckett.


"Strange Fruit", c'est plus que l'histoire de la chanteuse noire américaine Billie Holiday, "Strange Fruit" c'est plus qu'une pièce de théâtre, c'est un spectacle théâtral et musical inspiré par un texte terrible (1), une simple chanson pourtant : 

"Les arbres du Sud portent un fruit étrange/ Du sang sur les feuilles et du sang aux racines/Un corps noir oscillant à la brise du sud/Fruit étrange pendu dans les peupliers"…jusqu'à la dernière phrase : "C'est là une étrange et amère récolte".

Billie Holiday est évoquée, certes, mais pas "incarnée"; elle est présente par sa voix, son image, par cette chanson culte devenue appel des militants contre la discrimination raciale, sur fond de textes et fond d'écran pour documents d'époque remixés. C'est toute la grande question du racisme qui sous-tend le spectacle, ce qu'elle inspire aux comédiens, musiciens et chanteurs dont la révélation de Fanny Marcq en chanteuse de blues, la découverte des talents de Frédéric Dezoteux, de Michel Dezoteux, en saxophoniste et metteur en scène, les interventions-choc de Florence Minder, Rosario Amadeo, Karim Barras, de Denis Mpunga comme suspendu en image couleur sang…avec aussi Achille Ridolfi et Santo Scinta.  La très moderne scénographie est due à Johan Daenen, vidéo d'Eric Castex, lumière de Pierre Willems, les passages musicaux "live" et ceux de la bande son se fondant avec fluidité grâce à Renaud Carton.

strange-fruit.jpg
Une utopie monstrueuse ?

Pour accueillir ce "Dépeupleur", un personnage insolite, lunaire, comme "venu d'ailleurs", dans un lieu plus intime, propre à nous faire pénétrer dans l'univers pour le moins étrange imaginé par un auteur, non pas "absurde" mais poussant à fond son effrayante logique , Samuel Beckett.

Un univers que le comédien Michel Didym et son complice, Alain Françon, connaissent bien. Ils en avaient proposé une version en 1996 au Théâtre de l'Athénée à Paris. C'est à l'invitation de ce même théâtre, pour clôturer un "Festival Beckett", qu'ils ont décidé de le remontrer, mais en prenant plusieurs mois pour le revisiter de fond en comble. Le scénographe Jacques Gabel (avec José Hourbeight pour la lumière) a été un élément important de la réflexion autour de ce texte qui, pour n'être pas long, n'en est pas moins extrêmement dense. Efficace dans sa simplicité, il a représenté le "Cylindre" – "50 m sur 16 m de haut" -  par un cyclo blanc sur lequel sont peintes, comme maladroitement, des échelles et des silhouettes, avec de minuscules pantins de fer posés sur le sol, devant ce personnage, qui, à la façon d'un prof diaboliquement méticuleux et soucieux d'être bien compris, entend nous informer par le menu, et en chiffres, de tout ce qui représente le fonctionnement du lieu "de vie" (on n'ose plus prononcer ce mot tant ce qui tient lieu de "vie" parait oppressant et désespérant).

Ce grand tube mystérieux  tient à la fois de la Tour de Babel par la forme, de l'enfer de Dante par les circulations internes, de tout système totalitaire, concentrationnaire, déshumanisé en fait et l'on songe, plus près de nous, à une certaine séquence de robotisation de "The Wall"(2) et pourquoi pas, à certaines techniques de manipulation commerciale… Y sont maintenus des êtres - "deux cents" - répertoriés en chercheurs, grimpeurs, vaincus… Les activités de ces humanoïdes - dont la principale qui est de monter à des échelles - paraissent dénuées de sens (de "bon" sens), alors qu'elles sont strictement réglementées et soumises au système imaginé par… une puissance dictatoriale ? une entité toute-puissante ? un démiurge nommé "Dépeupleur" ?. 
Celui qui nous en parle à la façon d'un "grand reporter" ne nous l'expliquera pas véritablement et chacun pourra projeter ses peurs et ses fantasmes !

On saluera le talent de Michel Didym qui parvient  à rendre cette réflexion presque "plaisante" à de certains moments, déroutante à d'autres, en tout cas accrochante de bout en bout.

Suzane VANINA (Bruxelles)



1) à l'origine, un poème de Lewis Allen (pseudo d'un enseignant juif, Abel Meeropol !) :"Bitter Fruit"
2) film célèbre des "Pink Floyd" (1982)

Crédits PHOTOS : "Le Dépeupleur"/M.Didym : Fabrice Burgy
             " Stange Fruit" : théâtre Varia
Infos : tél +32(0)2.640.82.58 - www.varia.be -
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