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Coaching prise de parole

           

Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 19:21
UN ACTEUR INVESTI PAR UNE PAROLE

Que peut-il y avoir de commun entre la mort d’une mouche et celle d’un écrivain qui se nomme Marguerite Duras ?... Hormis la mort, rien sans doute. Sauf à avoir décidé, et pourquoi pas, que cette mouche aussi se nommait Marguerite Duras !...

La mort, c’est bien le lieu commun réducteur de tous les êtres vivants quel que soit leur genre. C’est ce contre quoi s’élèvent invariablement l’écriture, la parole. C’est ce contre quoi s’élève aussi le théâtre lorsqu’il n’est pas de la vulgaire soupe. Ecrire, est-ce assez pour guérir du vertige né du vide présent entre les lettres d’un texte ? Bref, du néant ?...


Ce texte – une pièce de l’écrivain argentin Eduardo Pavlovsky – ce très grand acteur qu’est Alain Cesco-Resia a su le faire sien bien au-delà des limites convenues d’une lecture  ou même d’une simple interprétation… Ce texte est devenu pour lui comme une respiration, un souffle second. Et le spectacle – car décidément c’en est un – qu’il nous donne d’épisodes très contrastés de la vie d’un personnage présentée comme un puzzle, ou plutôt comme une roue de loterie qui tournerait sur elle-même tel un chien qui veut se mordre la queue, est littéralement hallucinant !

Echapper au néant et à la folie…

Dans son court ouvrage « Ecrire », Marguerite Duras consacre plusieurs pages au récit de la mort d’une mouche. Et cette narration est en réalité le prétexte à une réflexion sur la solitude, sur la folie et aussi sur l’écriture comme moyen d’y échapper. Cette folie, c’est celle aussi qui à chaque instant semble guetter le personnage de cette pièce… Dans le récit d’événements divers de sa vie, il a, pour se raccrocher à la réalité, la présence et le souvenir de certains objets et événements à première vue anodins pour certains, plus graves pour d’autres. La performance donnée ici par cet acteur dégingandé, qui nous semble à chaque instant investi d’une mission vitale et comme porteur d’un message décisif, est de celles qui ne se peuvent oublier facilement.

                        Henri LEPINE (Avignon)
 
Théâtre des Halles, chapelle Ste Claire à 19h30 jusqu’au 1er août 2008. Reprise du 16 au 18 octobre 2008 au Théâtre des Halles, dans le cadre des Portes ouvertes à Alain Cesco-Resia.
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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 15:48
ÊTRE FIER DE SON ENFANT

Un papa revoit les épisodes qui ont marqué les étapes de l’évolution de son garçon. Il tente de clarifier sa responsabilité dans les conflits qui les opposèrent.

Ce monologue d’un père présente l’intérêt de mettre à jour les difficiles relations qui se développent au fil des ans entre parents et enfants. L’autorité des uns et le besoin de liberté des autres sont source de ces heurts indispensables à une évolution vers l’âge de la maturité. Mais lorsque l’adulte a tendance a imposer ses vues sans tenir compte de la personnalité de son rejeton, lorsqu’il est dévoré par le temps consacré au métier plutôt qu’aux échanges affectifs, cela se passe dans le conflit, la frustration, l’entêtement, voire la rupture.


Cela risque néanmoins de ne pas faire mouche pour une série de raisons. Si Jacques Esnault fait une évidente performance d’acteur, il a tendance à surjouer et donc à lasser. Le texte n’évite pas une série d’incohérences qui décrédibilisent le propos. La mise en scène en accumule d’autres qui suppriment très vite le faux suspense du fait que la médaille que recevra le fils pour son courage est posthume.

L’apparition du personnage sous un « linceul » rouge n’est nullement un signe clair. Ses paroles s’adressent à son invisible interlocuteur comme s’il était partout mais il use paradoxalement d’une porte entrouverte comme s’il n’y avait qu’un seul lieu de présence. La systématisation épisodique d’artificiels effets d’éclairage pour des flashes back n’apporte rien.

Finalement, ce qui reste, c’est la tranche de vie des événements vécus au cours de l’histoire familiale. Chacun se reconnaîtra plus ou moins à travers les erreurs du paternel et les révoltes du fiston, à travers les tensions du couple et leur résolution en divorce. C’est un support suffisant pour s’interroger, se remettre en question, évaluer les obstacles individuels ou sociétaux qui empêchent l’amour de s’épanouir totalement entre des êtres en quête de leur personnalité. C’est encore un prétexte à examiner la pertinence d’envoyer des soldats européens combattre dans des guerres étrangères.

Michel VOITURIER

Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 22 août 2008

Au nom du fils (à partir de 14 ans)

Auteur : création collective
Mise en scène : Patrick Duquesne, Giovanni Orlandi
Distribution : Jacques Esnault
Scénographie : Michaël Declercq
Dramaturgie : Patrick Duquesnes
Lumières : Arnaud Lhoute
Costumes, accessoires : Michaël Declercq

Production : Collectif 1984

En tournée : le 7.11.08 ( Athus)

Site web : http://c84.free.fr/


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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 15:43
TAMBOUR BATTANT

Une version de la célébrissime farce de Jarry actualisée du côté des dictatures récentes et des tenants d’un pouvoir autoritariste et sécuritaire.

La troupe Arcinolether, après s’être inspirée du Candide de Voltaire, s’attaque au père Ubu du vieil Alfred. Elle n’en a conservé que quelques épisodes fondamentaux susceptibles d’alimenter son intention de dénoncer la bêtise mortifère des cannibales de la démocratie.

Pour ce, point de marionnettes. Des comédiens en uniformes, retranchés derrière les sacs de sable d’un camp militaire, surgissent comme dans l’espace d’un castelet. Ils s’agitent, tels des pantins. Le père Ubu a pris pour modèle Mussolini, auquel il ressemblera de plus en plus en attitudes, gestes et coups de gueule. La mère Ubu a pris l’allure des pasionarias hystériques ainsi qu’il en fut sous le régime nazi et dans des guérillas nationalistes.


L’actualisation consiste principalement en projections de scènes de combats, d’émeutes, de portraits de chefs d’état ou d’hommes politiques, échantillonnage qui s’étend de Staline et Jaruzelski à Berlusconi et Sarkozy, selon une sélection subjective, matière éminemment propice à un débat ou à des leçons d’histoire.

C’est joué tambour battant. C’est une charge au pas de course, une dynamique de paracommandos à l’assaut d’un bastion à emporter sur l’ennemi. C’est donc plaisant selon le registre de la farce bouffonne. D’autant que, accentuant la démagogie des chefs dénoncés, une partie de l’action se passe en salle, avec interpellation d’un public servant à permettre au dictateur de Jarry de prendre des bains de foule. Hormis que, la séquence du passage des nobles à la trappe à phynance, étant confiée à des spectateurs, ralentit assez le rythme et lasse par sa répétitivité.

L’entrain de la troupe constitue le meilleur attrait de cette version qui, sans renouveler fondamentalement l’œuvre du père de la pataphysique, a le mérite de provoquer le rire avant de jeter, peut-être, un regard plus critique sur les images des journaux télévisés car les photomontages qui rassemblent Ubu et des politiciens en place ont les apparences de la réalité.

Michel VOITURIER

Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 22 août 2008
 
Ubu roi (à partir de 13 ans)
Texte : Alfred Jarry
Adaptation : collective
Mise en scène : Christophe Cotteret
Distribution : Alexandre Aflalo, Maria Harfouche, Léa Rogliano, Olivier Rosman
Décor sonore : Julien Cotteret
 
Production : Arcinolether
 
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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 15:37
L’AUTOCHTONE ET L’ALLOTOCHNE

Un gamin de 11 ans s’inquiète de la disparition d’une immigrée clandestine qui tenait la sandwicherie où il achetait sa nourriture.

Bastian aimait bien celle qui lui vendait à manger. Elle n’était pas comme les autres. Et lui, il  trouvait auprès d’elle une chaleur humaine qu’il avait cherchée vainement ailleurs y compris dans sa famille.  Alors, maintenant que le snack est fermé, sans avertissement, Bastian se tracasse. Ce n’est pas normal, cette fermeture. Pas normal non plus, du moins à ses yeux, que personne ne se manifeste pour réagir à la disparition de la jeune femme.


Toute l’histoire tient dans cette rencontre, cet apprivoisement d’un gosse du quartier et d’une étrangère. Elle débouche sur une réflexion à propos de la politique de refoulement quasi systématique des sans papiers, des demandeurs d’asile. Guera – c’est le nom de la restauratrice – a reçu de l’administration un ultimatum l’enjoignant à quitter le royaume dans les cinq jours. Elle refuse de retourner d’où elle vient parce qu’un mariage forcé, elle n’en veut pas.

Elle préfère se cacher, fuir, renouer avec les peurs déjà vécues lors de précédentes cavales. Elle est prête à tout pour ne pas se retrouver embarquée dans un avion entre deux policiers. De son côté, le garçon est prêt à tout entreprendre afin de mobiliser les autres, d’empêcher l’expulsion. Comme s’il voulait prendre son aînée sous sa protection dérisoire.

Dumont a l’art de donner parole à ses personnages. Bastian parle l’ado langage d’aujourd’hui. Il est écorché, révolté et ne craint pas de lancer ses vérités. Il est plus proche du tagueur que de l’étudiant respectueux des règlements. Derrière ses provocations, il y a la curiosité de l’autre, l’appétit de rencontrer des êtres avec qui communiquer. Il possède la générosité de la solidarité. Guera a aussi ses écorchures. La vie ne l’a pas épargnée. Elle a appris à se fondre dans le paysage urbain pour risquer le moins. Elle a l’entêtement de celles qui connaissent le prix de la liberté.

Julien Collard traduit la vitalité du gamin, sa gouaille, ses fragilités. Valérie Joyeux réussit une composition différente de ses emplois habituels et incarne bien la volonté d’un désespoir qui s’efforce d’encore espérer.

Michel VOITURIER

Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le jeudi 21 août 2008

Chogan (à partir de 8 ans)

Texte, mise en scène : Luc Dumont
Distribution : Valérie Joyeux et Julien Collard
Scénographie, lumières : Fred Limbrée
Son : Marie-Agnès Beaupain-Parott
Costumes : Dominique Thonnard


Production : Justine Duchesne

En tournée : le 14/10/08 (Rochefort), le 31/10/08 (Sugny), du 18 au 20/11/08 et du 3/03 au 6/03/09 aux Chiroux (Liège), du 30/11 au 1/12 (Waremme).

Site web : www.zetetiquetheatre.be

Photo © Jonas Luyckx

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24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 20:06
LA FUREUR DE MOURIR

Depuis le film « La Fureur de vivre » où James Dean interprétait le rôle d’un jeune faisant des courses suicidaires de bagnoles, le public a découvert que les ados défient facilement la mort, par bravade, provocation, manque de valeurs repères.

Ils sont deux, nés le même jour, habitant le même immeuble, vivant le même genre d’existence. Ils sont inséparables. Ils se disputent sans cesse, se font des coups vaches. Ils se lancent les défis les plus vertigineux.

Ils sont l’image clonée de leurs pères, ceux que les deux copains nous montrent lors d’une des scènes du début. Chacun, au sortir de la maternité, s’évertue à prouver à l’autre que son bébé est mieux, plus fort, plus résistant, plus courageux que celui de l’autre. Et les géniteurs de le prouver en lançant de plus en plus haut le sac dans lequel dorment les nouveau-nés, en le manipulant façon avion acrobatique, en tentant des manœuvres terrorisantes.


Nos deux gaillards sont donc unis irrémédiablement. Ils pousseront à l’envi l’escalade, la surenchère d’actes à accomplir en vue de démontrer qu’ils sont les champions, les vainqueurs permanents, les recordmen à répétitions. Brimades, farces douteuses, injures, tricheries, agressivité, sadisme s’additionnent jusqu’au jour où ils se retrouvent coincés par leur propre jeu et acculés à sauter du haut d’un building afin de justifier leur courage. Avant l’ultime plongeon, ils s’avoueront leur besoin réciproque d’amitié, de tendresse, d’échanges humains vrais.

À l’assaut de la compétitivité

Cette attaque contre la compétitivité absurde, contre les affrontements grotesques, contre la nécessité d’écraser autrui pour se donner l’illusion d’être dominant, a bénéficié de l’optique scénique de l’Agora. Des sets de tennis cadencent les séquences, induisent une compétition perpétuelle. S’y ajoute la présence d’une étrange créature de noir vêtue, coiffée en baroque morbide, juchée sur une chaise d’arbitrage comme commentatrice en langue d’apparence slave du match, joueuse épisodique  d’un violon morbide et cantatrice de mélopées envoûtantes. Elle est l’ensorceleuse, l’arbitre, la mort, la destinée, hiératique et impitoyable.

Les épisodes de la vie du duo d’ados mènent des bancs d’écoliers jusqu’aux paris stupides dont l’enjeu est la vie, en passant par les excitations gratuites entre supporters de clubs de foot. On y retrouve tous les excès de ceux – hélas trop nombreux – qui n’aperçoivent d’autre issue à une reconnaissance sociale, humaine qu’en affrontant l’autre afin de l'accabler, qu’en se dupant avec l’autodestruction.

Le propos est dur. Le propos est constat. Les interprètes y mettent une énergie physique totale, la même, mais canalisée, que celle qui parcourt les bandes de jeunots, les clans formés au cœur des cours de récré.

Michel VOITURIER

Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 22 août 2008


Deux ennemis inséparables (de 9 à 15 ans)

Texte : Marco Baliani, Maria Maglietta (éd. TheaterStückVerlag  Korn-Wimmer, Munich)  
Adaptation : Laurence Barbasetti
Mise en scène, dramaturgie : Marcel Cremer
Distribution : Roger Hilgers, Zoé Kovacs, Eno Krojanker
Scénographie : Sabine Rixen
Son : Claus Overkamp
Lumières : Kurt Pothen, Claus Overkamp
Production: Agora, théâtre de la Communauté germanophone de Belgique

Site web de la compagnie : www.agora-theater.net

En tournée : le 15.10.08 à la Fête Internationale de théâtre (St Vith)

Photo © Willi Filz

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24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 20:02
UN CADEAU QUI A DU CHIEN

Rêver de recevoir un chien pour son anniversaire et recevoir à la place une  tortue, quelle déception pour un gosse ! Comment apprendre à aimer ce qu’on rejette de prime abord ?

La réponse se trouve dans ce gentil spectacle en forme de fable interprétée dans un registre clownesque. Scarlett Schmitz et Yvan Tjolle engagent leur talent sur une multiplicité de terrains. Les voici commentateurs narrateurs, papa ou maman du petit Eddy, celui-ci en personne et même tortue.

C’est une pièce destinée aux plus petits. Les mots choisis appartiennent au vocabulaire familier. Les répétitions sont abondantes tant dans les phrases que les gestes. Le passage d’un personnage à l’autre se repère à des modifications d’aspect physique, des transformations de voix, des accessoires ou des vêtements typiques.


Rythmée comme un numéro de pitres, interprétée sur les chapeaux de roue, ponctuée de chansons, l’histoire ne laisse guère de répit à l’attention. Elle emmène le public enfantin à travers les affrontements avec les parents, la mauvaise foi de ceux-ci qui n’ont pas tenu une promesse formulée avec ambiguïté, les subterfuges astucieux pour recréer le cadeau espéré au moyen d’éléments de la maison familiale, la révolte aux conséquences à assumer.

La démarche est pédagogique sans moralisation. Elle effleure les chagrins, les rapports entre adultes et bambins, le bénéfice possible d’une présence animale à chérir, la responsabilité de actions accomplies, la nécessité du dialogue. Avec comme emballage de grands rires francs qui se partagent.

Michel VOITURIER

Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 19 août 2008

Waff ! (à partir de 3 ans)

Texte : Colas Gutman
Adaptation, mise en scène : Caroline Leboutte
Distribution : Scarlett Schmitz, Yvan Tjolle
Scénographie : Nathalie Maufroy
Décor : Nathalie Maufroy, Maurice Van den Broeck
Musique : Marie-Sophie Talbot

Production : Théâtre du Copeau

Site web : www.theatre-du-copeau.be
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24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 19:49
QUAND LES CONTES SE FONT HARA KIRI

Pondre un conte à l’ancienne, avec ses ingrédients habituels. Les subvertir en les assaisonnant de cynisme, d’un zeste de vulgarité, d’inversions des rôles, d’une macédoine puisée à des légendes variées. Obtenir une histoire déjantée, impertinente et, pour tout dire, jubilatoire.

Ce royaume mis sur la scène est dirigé par une reine molle, interprétée par un homme accroc aux chamalows qu’il mange avec ses pieds. Son époux royal arbore le masque de Dark Vador dans « La guerre des étoiles ». Sa soubrette préférée est masochiste, adulatrice, un rien sangsue, dormant dans un panier à chien. Sa cour se compose d’une ballerine étoile du ballet de Moscou aux bas troués, de flatteurs critiques, d’une touriste anglo-saxonne, d’une princesse virtuose de la kalachnikov, d’un prestidigitateur clown dont les tours ratent autant que ceux de feu Garcimore, d’un éléphant bleu. Etc, etc… d’une veine similaire.


On y décapite à tour de bras. On ronge les ongles de ses orteils. On rêve de suicide. On s’ennuie parce qu’il n’y a rien à faire. On y cavale à toutes jambes, change de costumes et de rôles en passant par une armoire magique à sa façon. C’est mené tambour battant par une Anne-Catherine Regniers aux incessantes transformations vestimentaires, vocales et gestuelles. Ses comparses lui emboîtent le pas, avec un dynamisme d’athlètes persuadés d’obtenir une médaille d’or aux jeux olympiques.

 Bref, on est en plein dans un type de production bien belge. À savoir une dérision délirante, une exploitation de la parodie jusqu’à l’absurde le plus total, une manière extravagante de traiter les histoires et leurs protagonistes. Les récits édifiants pour jeunesse studieuse sont passés à la moulinette des styles de Hara Kiri ou de Charlie Hebdo. C’est davantage un spectacle à programmer dans le festival Off d’Avignon au théâtre des Doms où « Moi, Michèle Mercier, 42 ans, morte » ou « Petit déjeuner orageux un soir de carnaval » ont déjà connu un succès délirant. Il faut avouer que déjà le nom de baptême de la troupe est tout un programme à lui seul : « On voit ta culotte, Mme Véro » !

Michel VOITURIER

Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 20 août 2008

Les Trublions (à partir de 13 ans)
Texte : Marion Aubert
Mise en scène : Adriana da Fonseca, Laurent Micheli
Distribution : Arieh Wortthalter, Marie Denys, Viviane Thiebaud, Anne-Catherine Regniers, Laurent Micheli
Scénographie : Jennifer Wesse, Florine Dima
Musique : Tarik Fisher
Son : Adriana da Fonseca

Production : On voit ta culotte Mme Vero

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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 14:53
« Chaque artiste se confronte au chaos pour en faire un cosmos… non sans humour! »

A Bruxelles, le « Brigittines International Festival  est un événement hybride de théâtre et de danse contemporains, véritable rencontre d’ovnis où le spectateur accepte de se laisser bousculer. Fidèle à lui-même, le festival s'affiche cette année en "Abîmes secrets" et annonce de l'étrangeté… Patrick Bonté, co-directeur artistique des Brigittines s’explique.

Tout œuvre est avant tout une confrontation de l’abîme dites-vous…
"Effectivement, toute œuvre (qui nourrit une certaine ambition) se construit sur l’abîme, sur une prise de risques de l’artiste, sur une mise en cause des acquis de l’art et sur une confrontation déstabilisante à la page blanche, à la scène vide, etc. On avait le désir de mettre l’accent là-dessus. Car chaque artiste se confronte à un chaos… et il faut bien en faire faire un cosmos! Si cette recherche n’est pas en jeu, ce n’est pas une œuvre."

« Abîmes secrets » : ça promet d'être ultra sombre ?
(Rires) "Non! Il y a beaucoup d’humour (au second degré) et d’émotion forte dans chaque spectacle. "

« Abîmes secrets »: s’agit-il de nous rappeler que l’artiste crée dans la souffrance ?
"Pas forcément. Mais face à notre époque aussi soumise à la rentabilité et aux fascinations faciles de la culture du divertissement et de la communication, il n’est pas inutile de rappeler que l’œuvre exige... Parfois, j’ai l’impression qu’on ne fait pas toujours la distinction entre une mise en scène d’un texte de Molière et une création à partir d'un plateau nu où l’on se risque…"

Pourtant, Isabella Soupart met en scène Hamlet de Shakespeare, un classique…
"Mais le risque que prend Isabella Soupart est de rendre l’énergie du texte sur scène, de rendre palpables tous les enjeux de pouvoir, de folie et d’amour qui sont dans Hamlet. C’est cela qui est envoyé au spectateur et non une restitution fidèle du texte! Et puis, il ya son travail sur la forme. Elle se risque, jouant sur une déstructuration construite, jouant sur une confusion des registres: vidéo, danse, scènes jouées, tirées du cinéma, d’autres inventées, et le texte même de Shakespeare. On reçoit une émotion qui nous concerne, de ce qu'«Hamlet» pourrait nous dire aujourd’hui. C’est ce genre de démarche qu’on cherche à défendre. "

Pour quel rôle ?
"Le premier rôle de l’art est de créer un monde différent du réel, qui nous permet de re-formuler notre regard sur celui-ci. Il y a donc un aller-retour inévitable mais c’est la traversée qui est importante. Aux Brigittines, on a envie de rendre perceptible l'imaginaire, les univers singuliers d’artistes qui traversent les disciplines parce qu'ils ne se satisfont pas seulement du théâtre ou de la danse. Beaucoup de disciplines artistiques sont convoquées dans chaque spectacle."

Le festival frôle chaque fois le « sold out» :  qu’est ce qui fait son succès ?

"La curiosité des spectateurs et l’envie de se laisser surprendre… Et puis, il y a la Chapelle des Brigittines, une scène et un lieu particuliers: en plein spectacle on entend le train passer, le bruit des ambulances, etc. Cette atmosphère permet des allers-retours entre le réel et l’imaginaire et provoque une proximité avec le public."

Propos recueillis par Nurten AKA

« Brigittines International Festival », du 21 août au 06 septembre, à la Chapelle des Brigittines, 1000 Bruxelles, entre le Sablon et les Marolles. Infos: 032/2/213.86.10. www.brigittines.be

Mondes parallèles
Ambiance intimiste dans cette petite chapelle du 17ème siècle, qui s’est donné un jumeau très contemporain et réussi. Deux chapelles donc pour une dizaine de spectacles singuliers où prime la démarche de l’artiste. C’est que le «Brigittines international festival» trace cette année son fil rouge sur les «abîmes secrets» qui animent les artistes.

A voir et peut être à comprendre, notamment avec une des deux conférences du festival, Le Vertige et l’abîme, donnée par Carlo R. Chapelle, un «conteur tous azimuts», véritable érudit, drôle et passionnant!

Du côté des spectacles, épinglons la tragédie musicale en notes d’humour du chorégraphe français, Alain Buffard, dans (Not) a Love Song, un quatuor autour du déclin de deux ex-divas, balancées dans un "after-monde", entre Kurt Weill et David Bowie.

En théâtre, le collectif flamand «Abattoir Fermé» nous invite à son Tourniquet, une descente glauque dans une maison hantée par trois esprits. En danse, le duo de Bud Blumenthal Rorschach, où deux corps tentent de se "prendre et déprendre".

En trio, c'est Leks de Dorina Fauer : deux hommes, une femme et quelques jeux de parade. De l'hybride avec K.O.D (Kiss of Death), inspiré d’Hamlet, créé par Isabella Soupart et son style de déconstruction savante, bourré de références artistiques.

A découvrir : la chorégraphe israélienne Yasmeen Godder et son Sudden birds, où quatre femmes vont s'affronter pour affirmer leurs différences dans une danse annoncée concise, délicate et… physique.

Enfin, il y a le fabuleux style «tableau vivant et baroque» de la chorégraphe Ingrid von Wantoch Rekowski transposé par ses étudiants de l'Insas avec Seul celui qui jamais ne connut la peur: un canevas délirant autour de l'héroïque Siegfried de Richard Wagner…Les rencontres insolites sont toujours au rendez-vous de ce festival aventureux.

Nurten AKA (Bruxelles)

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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 11:03
EXODES, EXILS, DE PATRIE EN PATRIE

Un jeune immigré, sans papier, doit à la fois s’intégrer et se préparer à être renvoyé d’où il vient sans autre forme que celle de lois protectionnistes dont les arrêtés ignorent les mots de l’humain.

Nino est chassé de son pays par la guerre avec sa famille. Nina est première de classe mais peu aimée de ses condisciples et malmenée par les conflits qui divisent ses parents. L’improbable rencontre a lieu sur un banc d’école primaire. Seuls malgré eux, ces deux-là se comprennent, s’épaulent, s’apprivoisent, s’échangent leur culture. Tout va bien. Sauf que l’Office des Étrangers en a décidé autrement. Il applique les textes administratifs à la lettre et non selon l’esprit. Nino repart. Nina se résigne.


Trente ans plus tard, retrouvailles inattendues, exploration de souvenirs, mise au jour de sentiments ressentis à l’orée de l’adolescence mais impossibles à exprimer à l’époque. Les connivences resurgissent, les blessures et les bonheurs s’énumèrent. Le temps a passé ; le temps n’a pas effacé.

La trame de l’histoire est simple. Son traitement dramatique est complexe et subtil. Sylvie de Braekeleer a mis en présence le couple d’hier, le duo d’aujourd’hui. Quatre comédiens incarnent donc les écoliers et les adultes. Parfois les aînés regardent attendris les scènes vécues autrefois, parfois ils les racontent, voire précisent un détail, confrontent une interprétation filtrée par la mémoire. À d’autres moments, les uns prennent le relais des autres, en dehors de tout systématisme. Il arrive même qu’ils rejouent ensemble ce qui fut, ce qui est en train d’être.

Le spectacle est lui aussi doublé d’un autre spectacle. De la musique, des chants et des danses folkloriques venus de l’Est rythment la pièce. C’est à la limite de l’envahissement mais c’est une façon de faire respirer le texte. Quant aux thèmes, ils sont patents : joies et meurtrissures de l’enfance, apports essentiels du culturel, drames engendrés par l’intolérance des nations comme des familles, inadaptation des moyens législatifs face à l’immigration clandestine et aux demandes d’asile politique. Sans être totalement happy end mais presque induite comme telle, la fin peut paraître facile. Elle éclaire d’un peu d’optimisme la grisaille coutumière de l’actualité du monde.

Michel VOITURIER

Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public à Huy, le 20 août 2008

Quand j’étais grand (à partir de 9 ans)
Texte, mise en scène : Sylvie de Braekeleer
Distribution : Marie-Aurore d’Awans, Jean-François de Neck, Emmanuel dell’Erba, Anne Yernaux
Scénographie : Olivier Wiame
Chorégraphies : Isabelle Lamouline
Costumes : Carine Duarte
Décor sonore : Pierre Jacqmin

Production : Théâtre Isocèle



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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 10:53
FÊTES ET RITES DE LA CONFUSION

Au cœur d’un paisible village, derrière un mur protecteur, un enfant élevé par sa grand-mère tente de savoir qui étaient ses parents.

Pour être moderne, il ne suffit pas d’utiliser des webcam, de puiser dans l’inépuisable réservoir des figurines issues de films ou de B.D. à succès, de construire un mur en legos, de jouer en direct de la musique rock, de donner un titre anglo-saxon à son travail. Ce n’est pas non plus de donner à une histoire l’apparence d’une émission télévisuelle transmise en direct avec des envoyés spéciaux, des commentateurs, des caméramans, des hélicoptères.


Au départ, l’histoire était porteuse d’un thème attirant : un enfant essaie de savoir qui étaient ses parents. Cette question élémentaire se voit très rapidement noyée sous un flot de personnages animaux ou humains, de considérations digressives s’embarquant dans des détails.

Tout se déroule à la manière d’un jeu de gamins. Ils démarrent leur imagination à partir d’un support mais, très rapidement, un nouveau support les sollicite, et les voilà repartis vers des épisodes annexes qui s’écartent du fil conducteur. Quand cela se passe au théâtre, l’auditeur a quelque difficulté à s’y retrouver. Peut-être faut-il voir dans ce procédé une manière de montrer à quel degré la surinformation des medias engendre un brouillamini préjudiciable à une vraie connaissance.

Même habillée d’un humour distanciateur, le récit sombre dans le désintérêt. Trop de choses à voir, à entendre, à écouter, à relier entre elles. Comme si la pléthorique équipe à la réalisation de ce projet avait tenu à accorder à chacun de ses membres le droit d’ajouter son idée, sa trouvaille à celles des autres. Manifestement ils se sont fait plaisir. Ils n’ont pas réussi à le transmettre dans la salle.

Michel VOITURIER

Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public à Huy, les 20 et 21 août 2008


The Wild thing (à partir de 7 ans)

Texte et conception : Didier De Neck, Patrick Huysman, Susan Yeates
Mise en scène : Didier De Neck
Distribution : Patrick Huysman, Susan Yeates, David Detienne 
Scénographie : Coline Vergez, Valérie André, Christine Flasschoen
Dramaturgie : Jean-Luc Piraux, Jean-Paul Fréhisse
Animations : Antoine Blanquart
Musique : David Detienne
Accessoires : Dominique Guns, Fatma Girretz
Lumières : Xavier Lauwers

Production : Cie Sac à Dos





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Chronique FraÎChe