17 août 2008
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UNE FEMME QUI CHANTE
Quant Isabelle chante… Brel, qu’elle chante aussi, doit probablement lui permettre de se détacher davantage de son modèle que dans ce récital consacré à Barbara. Un tour de chant idolâtre et dépourvu d’émotion qui fait certes passer un moment agréable mais laisse une cruelle impression de monotonie plus que de nostalgie.
C’est une jeune femme toute menue qui arrive sur scène, s’installe au piano et entonne « Dis quand reviendras-tu », ce texte aux alexandrins fougueux qui marqua les débuts de Barbara auteur et compositeur. Les notes courent agiles au bout de ses doigts. Le piano semble être le prolongement de ses bras… Elle ne le quittera que très peu, le temps d’un déplacement sur « Mes Hommes », une des très nombreuses chansons drôles de la grande dame brune. Isabelle Vajra va interpréter ce titre comme les autres. Avec une volonté de respecter le modèle qui confine à l’idolâtrie. Avec une application extrême. Avec irréprochabilité. Avec une voix dont les tessitures ne sont pas sans rappeler celles de Barbara. Avec passion, assurément…
De jolies choses, mais…
Mais sans vraiment réussir à ce que l’émotion dépasse les limites de la scène. Le don de soi, cette aura qui électrisait les foules dès que Barbara paraphait l’air de ses folles arabesques, est ici cruellement absente. Isabelle Vajra interprète quelqu’un dont on a l’impression qu’elle a peur de ternir le souvenir en se risquant à un peu de fantaisie. Le public est heureux d’écouter des mots qu’il connaît. Il semble applaudir davantage ces derniers que celle qui les chante devant lui. Quand Barbara terminait certains passages de ses chansons (« Perlimpinpin », « Göttingen »), un frisson s’emparait du public. Ce public auquel elle se donnait intégralement, impudiquement. Comme Brel. Comme Nougaro.
C’est un choix que d’interpréter de telles figures sans y mettre un peu de soi. Mais c’est aussi risquer d’ériger un mur entre soi et le public. C’est ce qu’il se passe avec Isabelle Vajra. Toute la bonne volonté, sa très jolie voix et sa réelle sincérité ne suffisent pas. Et lorsque l’interprétation de « Mes Insomnies » vire au cauchemar car la diction fait défaut là où on attendrait que soient appuyés certains mots pour provoquer les rires, on se dit que « l’Aigle noir » ne nous fera pas décoller, que la version russe de « Göttingen » (au texte pourtant fort joli, parole de russophone…) ne nous emportera nulle part. C’est la ligne droite sans virage, le fleuve impassible sans méandre. Ca peut être beau un fleuve impassible. Mais ça ne ressemble pas à Barbara. Et quand arrive l’inévitable « Ma plus belle histoire d’amour », on n’y croit plus. On se dit simplement qu’on a passé un agréable moment. Pis-aller d’un récital qu’on aurait souhaité forcément plus énergique, plus enflammé.
Une heure trente durant, oui, elle fut longue la route…
Barbara passion
Avec Isabelle Vajra (chant et piano), Patrick Rouquet (Clavier)
Lumières : Michel Cabrera
Théâtre du Tambour Royal, 94 rue du Faubourg du Temple, (passage Piver) 75011 Paris
Tel : 01 48 06 72 34
Le jeudi à 19 heures et le samedi à 21 heures
Quant Isabelle chante… Brel, qu’elle chante aussi, doit probablement lui permettre de se détacher davantage de son modèle que dans ce récital consacré à Barbara. Un tour de chant idolâtre et dépourvu d’émotion qui fait certes passer un moment agréable mais laisse une cruelle impression de monotonie plus que de nostalgie.
C’est une jeune femme toute menue qui arrive sur scène, s’installe au piano et entonne « Dis quand reviendras-tu », ce texte aux alexandrins fougueux qui marqua les débuts de Barbara auteur et compositeur. Les notes courent agiles au bout de ses doigts. Le piano semble être le prolongement de ses bras… Elle ne le quittera que très peu, le temps d’un déplacement sur « Mes Hommes », une des très nombreuses chansons drôles de la grande dame brune. Isabelle Vajra va interpréter ce titre comme les autres. Avec une volonté de respecter le modèle qui confine à l’idolâtrie. Avec une application extrême. Avec irréprochabilité. Avec une voix dont les tessitures ne sont pas sans rappeler celles de Barbara. Avec passion, assurément…
De jolies choses, mais…
Mais sans vraiment réussir à ce que l’émotion dépasse les limites de la scène. Le don de soi, cette aura qui électrisait les foules dès que Barbara paraphait l’air de ses folles arabesques, est ici cruellement absente. Isabelle Vajra interprète quelqu’un dont on a l’impression qu’elle a peur de ternir le souvenir en se risquant à un peu de fantaisie. Le public est heureux d’écouter des mots qu’il connaît. Il semble applaudir davantage ces derniers que celle qui les chante devant lui. Quand Barbara terminait certains passages de ses chansons (« Perlimpinpin », « Göttingen »), un frisson s’emparait du public. Ce public auquel elle se donnait intégralement, impudiquement. Comme Brel. Comme Nougaro.
C’est un choix que d’interpréter de telles figures sans y mettre un peu de soi. Mais c’est aussi risquer d’ériger un mur entre soi et le public. C’est ce qu’il se passe avec Isabelle Vajra. Toute la bonne volonté, sa très jolie voix et sa réelle sincérité ne suffisent pas. Et lorsque l’interprétation de « Mes Insomnies » vire au cauchemar car la diction fait défaut là où on attendrait que soient appuyés certains mots pour provoquer les rires, on se dit que « l’Aigle noir » ne nous fera pas décoller, que la version russe de « Göttingen » (au texte pourtant fort joli, parole de russophone…) ne nous emportera nulle part. C’est la ligne droite sans virage, le fleuve impassible sans méandre. Ca peut être beau un fleuve impassible. Mais ça ne ressemble pas à Barbara. Et quand arrive l’inévitable « Ma plus belle histoire d’amour », on n’y croit plus. On se dit simplement qu’on a passé un agréable moment. Pis-aller d’un récital qu’on aurait souhaité forcément plus énergique, plus enflammé.
Une heure trente durant, oui, elle fut longue la route…
Franck BORTELLE (Paris)
Barbara passion
Avec Isabelle Vajra (chant et piano), Patrick Rouquet (Clavier)
Lumières : Michel Cabrera
Théâtre du Tambour Royal, 94 rue du Faubourg du Temple, (passage Piver) 75011 Paris
Tel : 01 48 06 72 34
Le jeudi à 19 heures et le samedi à 21 heures