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Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 08:23
LE FESTIVAL THEATRES NOMADES : UN NOUVEAU FESTIVAL QUI… S'INSTALLE...

On connaît "Les Baladins du Miroir", pionniers du genre voyageur qui, toujours avec leur fondatrice Nele Paxinou, poursuivent leur tournée en France, Belgique, Suisse… Leur dernière création "Tristan et Yseut" a fait un beau succès au tout récent Festival de Spa. Avec ses roulottes et son chapiteau, ce théâtre itinérant est devenu au fil des ans, une institution avec les moyens que cela suppose. A l'heure actuelle, d'autres compagnies, plus jeunes, renouvellent encore la formule avec autant de techniques différentes que de publics variés.

Ainsi de la "Compagnie des Nouveaux Disparus", une jeune compagnie bruxelloise de théâtre dit "sous chapiteau", qui sous l'impulsion de son dynamique responsable Jamal Youssfi, en a invité d'autres pour des Rencontres… en ville. Elle a installé le sien - "Grand Chap" - aux côtés d'autres structures plus petites – "P'tit Chap'" - ou différentes comme les gradins de la "Compagnie Pour Rire"("Agora") ou la grande tente "Khaïma"… pour 35 spectacles gratuits, tous genres confondus. C'est la première édition d'une formule qui ne demande qu'à se développer, soutenue qu'elle est par la ville de Bruxelles, dans le cadre plus vaste du "Brussels Summer Festival". Ces lieux théâtraux et les roulottes attenantes voisinent avec des stands d'ONG, dont celui du CNCD*, partie prenante de ce Festival s'étalant sur quatre jours. C'est qu'il s'agit de théâtres revendiquant eux-mêmes une démarche, non seulement multiculturelle - les participations de Zidani, Sam Touzani & Ben Hamidou ou Mousta Largo… et celle d'artistes néerlandophones en témoignent – mais également un engagement social comme sur le thème principal des relations Nord-Sud.

Tout un petit village bigarré installé dans le Parc proche du Palais royal…
 
Travers--e.jpgDe cette brassée de spectacles aux différentes formes, épinglons-en quatre parmi les plus récents et représentatifs. D'abord celui de la Compagnie rassembleuse, soit :   "La Traversée de la Mort" qui nous revient, après sa création, à Bruxelles en juin dernier. Spectacle interactif s'il en est ! Les spectateurs, divisés en quatre groupes munis de "cartes d'embarquement", ont été invités à "faire l'acteur" d'une première partie destinée à les plonger dans les aléas d'une traversée nocturne hasardeuse, à la merci de passeurs véreux, dans un Parc devenu tout à coup bien inquiétant… Arrivés "sains et saufs", les "brûleurs" malgré eux se sont retrouvés sous le "Grand Chap", en disposition quatre faces, pour assister en deuxième partie, à la confrontation de cinq femmes (et un garde muet) séquestrées, de vraies comédiennes, elles : Maria Abecasis de Almeida, Sophie Dewulf, Sabrine El Koulali, Yves-Marina Gnahoua, Aurélie Vauthrin-Ledent.

C'est l'histoire d'une traversée de la Méditerranée en barque et ce sont les histoires personnelles de ces femmes déracinées qui ont tenté le tout pour le tout pour différentes raisons et aboutissent dans une prison espagnole. Un scénario simple "basé sur des faits" (qu'on ne sait que trop) "réels", écrit et mis en scène par Jamal Youssfi. Un spectacle criant de vérité, malgré les quelques petites redondances de la fin, ouverte sur de grandes questions…

LEILAtrayage.jpgAutre formule que celle des "Passeurs de Rêve" pour "Leila 2541", et qui n'est pas sans rappeler quelque quarante ans plus tard, celle du mythique "Bread and Puppet" avec ses marionnettes géantes ! Créé à Gand en juillet, ce dernier spectacle de la Compagnie s'inscrit au cœur d'une Campagne d'Oxfam sur la "souveraineté alimentaire". Sous la houlette d' Yves Coumans, Daphnée Visée, Nadia Vermeulen, Jean-Olivier Randazzo, Thomas Coumans, Nicolas Thurion, sous leur apparence "vache", ils racontent le parcours d'une de ces sympathiques ruminantes et du phénoménal "don de lait" qu'elle fait à une laiterie des plus performantes ! Mais c'est, sous cet autre masque - celui de la fausse légèreté, de l'ironie - la dénonciation d'abus, de profits, d'inégalités.

Comme leurs aînés - ces "Baladins…" pionniers d'un genre bien réhabilité à présent - la Compagnie bénéficie d'une "résidence villageoise" (Barry, non loin d'Ath), afin d'y préparer projets et constructions divers. Le "Centre des Arts de la Rue" y est installé. 

Adaptable à toutes circonstances et publics est le drôle de "castelet quatre faces" d'Ivan Fox, pour sa dernière création "Le Songe de Taniperla", qui n'est autre en fait que la reconstitution fidèle d'une fresque naïve, symbole de tous les espoirs, projets et réalisations d'un petit village mexicain, peinte par ses habitants comme on rédige une Charte. Fidèle… mais "en  volume" et sur roulettes, enrichie de petits personnages décrochables suivant le récit véridique comme les contes et historiettes, narrés avec une verve inégalable par Ivan Fox et mis en scène par Lisou de Henau. On le connaissait pour de joyeux spectacles musiconoclastes, seul, ou avec son compère Claude Semal ("Œdipe à la Ferme") mais on avait oublié qu'il est d'origine catalane. Il s'en est souvenu pour prêter accent, voix et… talent à la multitude de personnages mexicains qu'il nous fait rencontrer. Prévu initialement sous "P'tit Chap", le conteur-bateleur n'en a pas moins été ravi de jouer en plein air sur large estrade, face au Parlement bruxellois, cette évocation du saccage et de la restauration d'un petit village du Chiapas par un millier de soldats mexicains, le 11 avril 1998…

Enfin, ciblé pourtant "à partir de 9 ans", "Le Fabuliste" de Thierry Maricourt, joué cette fois par Lisou De Henau et mis en scène par Barbara Rufin, nous revient des Rencontres de Huy… Voilà un spectacle qui n'hésite pas, bien loin des divertissements gnangnan et autres dysniaiseries, à aborder un thème grave, celui de l'oppression d'un régime dictatorial vécu par une fillette de dix ans qui se confie à un ami très particulier... Un "conte triste" mais comme une "clownette" triste qui fait rire et qui captive à tout âge pour peu qu'on se laisse aller à retrouver la poésie, l'humour mais aussi le regard aigu de l'enfance.

Et si toutes les Compagnies et Collectifs n'étaient pas là  alors que le secteur "Théâtres Itinérants, de Rue et Arts Forains" occupe une place importante dans le paysage théâtral belge, c'est que, répondant à l'irrésistible appel du large et… des Festivals, ils circulent de par les routes de Belgique, de France et de Navarre.

Tous Nomades

Le dernier jour, ce ne sont plus seulement les acteurs (dans tous les sens du terme) qui se sont révélés "nomades" mais aussi les spectateurs, conviés à une Opération Portes Ouvertes de divers lieux théâtraux de la capitale tels "La Monnaie" ou le vénérable "Théâtre du Parc" accueillant sous ses lustres et velours une joyeuse troupe de tout jeunes comédiens, (issus des ateliers de la Compagnie organisatrice), le "Théâtre de Poche", déjà régulièrement fréquenté par des contestataires de tous poils, le "Théâtre de la Montagne Magique", (seul théâtre non seulement appartenant à la ville mais aussi exclusivement subventionné par elle pour fournir une structure fixe au théâtre dit "jeune public") et "Les Brigittines" invitant à fêter leur réouverture après "travaux de gémellité" et le lancement de leur Festival "Jumeaux Imaginaires". En effet, à présent il y a l'exact pendant moderne, tout en verre, adjoint à la Chapelle baroque devenue exiguë.

Ailleurs encore, dans la cour de "La Bellone/Maison du Spectacle", un "caravansérail de ceux qui font le spectacle" s'inscrivait, lui aussi, dans le thème pour partager avec ceux qui le regardent, ce spectacle des "Arts de la Scène", informations, réflexions et… secrets de coulisses en vue d'une Saison 2007-2008 qui s'annonce autant, sinon plus, copieuse que les précédentes !

Suzane VANINA (Bruxelles)

Photos :
La Traversée de la Mort - Leila 2541

*CNCD : Centre National de Coopération au Développement
Rens.Festival  : 02.219.11.98 - www.theatresnomades.be - www.brupass.be -
www.lesnouveauxdisparus.com – +32(0)2.219.11.98
www.passeursdereves.be
Pour Ivan Fox :"La Charge du Rhinocéros": + 32(0)2.537.01.20
Pour "Le Fabuliste": Collectif CILeke : 0494.819.331
www.theatremontagnemagique.be - www.brigittines.be – www.bellone.be -

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12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 08:07
UN CRU PLUTÔT DE BONNE CUVÉE

Comme chaque année depuis plusieurs décennies, les programmateurs des centres culturels et de l’enseignement viennent faire leur marché de spectacles pour la jeunesse. Cette fois encore près de 40 créations leur ont été proposées. Le bilan est plutôt positif.


Certes, il y eut les inévitables échecs, demi ou intégraux. Comme Île ou ailes ? (Cie pour Rire), théâtre forain au texte creux jusqu’à la vulgarité, à l’interprétation approximative et nullement convaincue, aux pistes ambiguës et brouillonnes. Aussi Dédales (Cri), reprise du mythe d’Icare en emballage vidéo bâclé, à la dérision mal jouée ou Switch on* (Matteo Moles) qui, voulant dénoncer la robotisation, se laisse envahir par la robotique au détriment de la danse. Et encore La Solution belge (Galafronie) où s’est égaré le comédien auteur Jean Debefve qui avait donné naguère des textes et des mises en scène superbes et s’est contenté cette fois de se faire plaisir sans arriver à le partager.

Il faut y ajouter Bulle le funambule (Petit Éphémère), conte simplet, mimé de manière approximative ou le ballet Coussin Cactus (Arcoballo) dont la joliesse gestuelle ne masque pas le vide du contenu. Sans oublier, Chut chut chut (Zygomars). Car avec un décor spectaculaire en diable, ils ont oublié qu’il leur fallait une histoire et non une pléiade de sujets esquissés sans aucun véritable aboutissement. Glissons également quand même, en dépit de l’interprétation de Jean Loubry, comédien subtil, sur L’Histoire de M. Sommer, sans doute parce que Süskind est un auteur ennuyeux (hormis Le Pigeon), parce que la mise en scène est statique. Dommage, puisqu’il y avait de quoi dire à propos d’un être qui « toute sa vie a fui devant la vie ».

Problèmes de société

La plus belle réussite est sans nul doute Tête à claques*  (Ateliers de la Colline). L’inventivité y est permanente, mêlant drôlerie et drame, plaisir et réflexion à propos du rejet, de la marginalisation et de la violence. Vient ensuite Le Barbouti* (Une Cie), leçon d’histoire sur les fonderies, l’exploitation ouvrière sur fond de légende ; leçon de théâtre qui opère sa magie à partir de presque rien. Bourré de trouvailles scéniques et esthétiques, Le Chantier-Babel* (Créa) dresse une fresque impressionnante, parfois confuse, de l’évolution du monde et de la férocité permanente des hommes. Celle-là même que Voltaire dénonce dans Candide* (Arcinolether), classique revisité par une commedia dell arte pas totalement intégrée à la narration.  

Achille-et-Sarabelle.gif C’est d’exclusion qu’il est question aussi dans Achille et Sarabelle (Imaginaction) - voir photo 1 - où une famille est victime des pressions sociétales. Belle efficacité de jeu mais tendance à simplifier et caricaturer à la fin de la pièce. Tour de cochon (Transhumance) - voir photo 2 - parle du système hiérarchique des multinationales, de sa façon de broyer les êtres. Le parti pris d’un jeu mimé très élaboré sombre vite dans le schématique et vire souvent aux grimaces à la Michel Leeb ou à la de Funès. Les dérives totalitaristes s’expliquent à travers le monologue Le Fabuliste* sans vraiment toucher à travers une mise en scène infantile.

Exclusion et rejet raciste sont mis à la portée des petits avec une merveilleuse humanité grâce à La Cigogne et le coucou* (CILeke). Ces deux composantes du monde d’aujourd’hui éclatent dans La Danse des sables* (Copeau) : confrontation des cultures et préjugés occidentaux et musulmans, non sans une certaine démagogie qui rend le message équivoque. Le Bon berger* (Agora) prend prétexte d’un seul-en-scène pour apprivoiser notre peur du handicap. Revisitant l’histoire, celle notamment de Galilée, L'Oeil orange (Inti) décrit l’intolérance et donne une leçon, un peu trop scolaire et donc insuffisamment théâtrale, sur l’évolution des conceptions du cosmos.

C’est un ballet qui aborde l’écologie. À l’ombre des arbres* (Félicette Chazerand) est d’une harmonie visuelle communicative, sorte d’hommage à la beauté de la nature alors que les terriens la massacrent. Une beauté proche anime l’hymne au désert et son appel à la compréhension des civilisations non européennes que constitue Umusegnyl* (Iota). Cette invitation à partager et à comprendre éclate de joie de vivre dans la bouche et les corps des conteurs de Dounia* (Planète Cultures). Quant à la consommation, elle est joyeusement fustigée par le biais des conditionnements médiatiques aliénants dans Holly*  (Isocèle).

Psychologie et sentiments

Les peurs enfantines sont traitées. Avec tendresse et poésie via les danseurs de Plongeurs d’ombres* (4 Haut), parcours au cœur des rêves et de l’imaginaire né de la lecture. Avec une certaine maladresse par Le Chat-requin (Agnès, Alphonse et moi), pièce en un acte proche d’Ionesco, à cause d’une absence de mise en scène ne permettant pas de décoder s’il s’agit d’enfants jouant à singer des parents ou des parents retombés en enfance.

tour-de-cochon--c--Micka--l-Therer.jpg Vivre ses chimères sans opposition des parents, tel est le thème de Bon débarras* (Foule Théâtre). Il débouche sur le besoin de protection ressenti par tous et sur la relativité inévitable de la notion de liberté. Cette dernière se débride grâce aux multiples transformations d’objets des multiples historiettes lancées par Le Moulin à paroles* (Papyrus) si volubile qu’on se perd par moments entre les mots.

Et l’amour ? Il est bien là, ne demandant qu’à surgir parmi les Petites histoire de cœur* (Zygomars), ou au creux de la tendresse légèrement mièvre de Bilie* (Créa Théâtre) ou sensuellement épanouie de Bach… à sable* (Guimbarde) tout en délicatesse musicale et chorégraphique.

Mais l’amour, c’est aussi le sexe. Sans tabous, Ça…* (Mutants) en fait une revue drôle, enlevée mais abordant aussi bien sida, homosexualité, maternité précoce… Mais l’amour, il arrive que ce soit la rupture, la séparation, sujet qu’aborde En blanc* (Musical Possible) en une sorte de parodie d’opéra, massacre des conventions tant théâtrales que sociales. Mais l’amour peut s’avérer déception lorsqu’on mise sur les apparences, comme le démontre avec brio et invention le Riquet Factory* (Diagonale Market).

Que faire contre la solitude ? Que faire pour devenir soi-même et se construire ? Des réponses s’esquissent chez Ranelot et Bufolet* (4 Mains), batraciens en train d’apprivoiser avec bonhomie les voisins, les saisons, la parole. D’autres réponses restent en suspens dans la fuite vers l’imaginaire de Un Monde presque parfait* (Du Public), performance verbale où l’interprète pèche par le recours systématisé à la fonction phatique du langage via des tics répétitifs continus. Solution encore que de changer de vie, de réaliser ses désirs comme l’auguste de Contre-naissance d’un clown* (Ah mon amour). Une fois résolu le problème de son identité, il devient alors possible de rencontrer sa complémentarité. Chose qui arrive aux protagonistes de Où est passé Mozart ? (Anneau), comédie gentille aux limites de la tradition. Bien que, auparavant, il faille tâtonner pour connaître son corps, ses émotions et celles de autres ainsi qu’il apparaît dans les recherches dansées de À corps et cris* (Oz).

Michel VOITURIER
Envoyé spécial à Huy / Belgique

Les pièces suivies d’un * ont fait l’objet d’une chronique particulière sur le site Rue du Théâtre.

Renseignements : CTEJ (Chambre des Théâtres pour l’Enfance et la Jeunesse), 321 Avenue de la Couronne,1050 Bruxelles (0032 (0)2 643 78 80)


Rencontres théâtre jeune public de Huy 2007

PRIX DU JURY :

Le Prix de Madame la Ministre de la Culture Fadila LAANAN, d’une valeur de  2 500 euros, est attribué à Tête à claques, des Ateliers de la Colline

Le Prix de Madame la Ministre de l’Enseignement fondamental Marie ARENA , d’une valeur de 2 500 euros, est décerné à Plongeurs d’ombre, de la compagnie 4 Haut

Le Prix de Madame la Ministre de l’Enseignement secondaire Marie ARENA, d’une valeur de 2 500 euros, est décerné à Un Monde presque parfait du Théâtre du Public

Le Prix de la Province de Liège , d’une valeur de 1 500 euros, attribué à une jeune compagnie est décerné à Riquet Factory, de la compagnie Diagonale Market

Le Prix de la Ville de Huy , d’une valeur de 1 000 euros, est décerné à En blanc du Théâtre musical possible

MENTIONS :

Mention  pour le travail sur la mémoire  : Le Barbouti de Une Compagnie

Mention recherche et audace pour : Contre-naissance d’un clown de la compagnie Ah mon amour

Mention simplicité et  imaginaire : Le Moulin à paroles du Théâtre du Papyrus

Mention Éveil des sens : À l’ombre des arbres de la compagnie Félicette Chazerand/Parcours

Mention approche juste et intelligente de l’interculturalité : La Cigogne et le coucou de la compagnie Arts et Couleurs et Dounia de la compagnie Planète Cultures

PRIX DE LA PRESSE :

Pour la modernisation et la redécouverte d’un conte trop oublié, pour le rythme et la complexité du jeu, pour son discours humaniste, et pour ses belles promesses, le prix du Kiwanis, d’une valeur de 1.000 € va à : Riquet Factory  de la Compagnie Diagonale Market

Pour la magnifique présence des artistes, pour la poésie du spectacle et de la scénographie, pour la rigueur esthétique, pour l’initiation à la danse et à la musique, pour l’épure et surtout pour ces petits grains de sable qui nous chatouillent encore le creux de l’oreille, un coup de coeur à : Bach... à sable du Théâtre de la Guimbarde

Pour l’approche décomplexée et dédramatisée d’une thématique au coeur des préoccupations des adolescents... et des adultes. Pour la manière d’aborder toutes les facettes d’un même sujet, sinon en profondeur du moins par le biais de savoureux préliminaires, pour la forme musicale et l’utilisation inédite, en autres, de Guignol, un coup de coeur à : Ça...  de la Compagnie des Mutants

Pour l’univers industriel auquel il donne corps et âme, pour l’intelligence de la scénographie et la judicieuse direction d’acteurs, pour l’irréprochable jeu des comédiens, pour l’écriture d’une sobre intensité, pour le message social, pour la difficulté des épreuves à surmonter et pour la thématique rarement abordée au théâtre, un coup de coeur à : Le Barbouti  de Une Compagnie

Parce qu’il y a des gifles qui font parfois du bien, parce que chacun est sorti bouleversé du spectacle, parce que l’auteur est allé jusqu’au bout de sa démarche, parce que les marionnettes ont très vite trouvé leur juste place, parce que les comédiens nous ont émus de la première à l’inoubliable dernière réplique, parce que l’on a rarement l’occasion de voir du théâtre aussi complet à Huy, comme ailleurs, parce que, parce que, parce que... notre coup de foudre, à l’unanimité : Tête à claques  des Ateliers de la Colline

Ont participé au vote : Mariane Nihon (RTBF) - Isabelle Spriet (Les Parents et l’Ecole) - Sarah Colasse (Le Ligueur et La Libre Belgique) - Michel Voiturier (www.ruedutheatre.info) - Philippe Vassilieff (Agence Sigma) - Jean-Marie Wynants (Le Soir) - Laurence Bertels (La Libre Belgique)
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12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 07:58
UN OPÉRA VRAIMENT COMIQUE

Pas très habituel d’assister à un spectacle totalement musical dans le créneau du théâtre pour la jeunesse. Cette fois, c’est d’une parodie qu’il s’agit. De la musique et des chanteurs d’abord, des cérémonies de mariage stéréotypées ensuite. C’est vraiment cocasse. C’est même carrément bouffon. Et ça plaira sans aucun doute aux adultes.


« Je vais toujours dans l’excès » clame un des personnages. Il n’a pas tort, car pour ce qui est du déphasé, c’est corsé. Derrière le prétexte anecdotique d’une noce préparée de longue date et soudainement fracassée par refus de dire oui, se cache un plaisir braque de délirer dans et sur de la musique, de chambrer les manies des divas et des musiciens avec un côté branquignol pour le moins jubilatoire, de rendre loufoques les règles du protocole, de se gausser des extravagances des toilettes.

En-blanc-Musical-possible.jpg
Ne parlons pas des paroles des chansons. Elles ne pouvaient qu’être bouffonnes. Mais tout est à l’avenant : maquillages outranciers, gestuelle déjantée, costumes caricaturés, objets hétéroclites et inusités. Tout cela restant d’une cohérence esthétique irréprochable et débouchant sur un cocktail déton(n)ant où la classique scène de ménage prend des allures de typhon mondain !

Mené tambour-battant

Voilà un piano qui sert de castelet. Puis des gants de boxe qui témoignent à quel point ça chauffe dans le couple. Une pièce montée à démonter. Des victuailles à se goinfrer. Des accessoires en bric à brac. Des courses poursuites en cavalcades. Des duos de duels de voix. Des chaos sonores et des refrains guillerets. Des protagonistes énervés, excédés, jetant de l’huile bénite sur les feux conjugaux laïques, excitant les querelles, se gaussant des conventions.

Qui cherche une introduction plaisante à l’opéra trouvera ici son compte. Il aura de quoi dire sur la mélodie, les rythmes, les dissonances, les harmonies, la voix… Cette comédie-vaudeville-opérette est menée tambour battant. Elle emmène le public et l’action comme une capitaine de majorettes entraînerait ses troupes vers une pente savonneuse tout en persistant à leur faire jeter en l’air leur bâton et leurs gambettes. Subsidiairement, se posent aussi les questions de savoir pourquoi on se marie : si c’est pour l’apparat et les invités, si c’est pour satisfaire aux normes ou si c’est pour concrétiser un amour.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info


Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public à Huy le 19 août 2007

Texte : Cécile Cozzolino 
Mise en scène : Denis Mpunga
Distribution : Zahava Seewald, Régine Galle, Madiha Figuigui, Daniel Barbenel, Laura Lamouchi
Scénographie et costumes : Nolwenn De Couesnongle 
Chorégraphie : Dominique Duszynski
Musique : Philippe Tasquin 
Éclairages : Marc Lhommel 

Production : Théâtre Musical Possible (Bruxelles)

Public : 8-16 ans
Durée : 50’

Photo © Stefano Ricci 
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4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 19:47
LE MYTHE DE L’AMOUR FOU

Reprenant quasi dans son intégralité la vieille légende et plusieurs de ses variantes, Paul Emond a écrit une adaptation moderne qui, en dépit de quelques disparités et ambiguïtés, passe bien la rampe. Les Baladins du Miroir, fidèles à leur projet de théâtre forain, l’interprètent dans leur chapiteau itinérant sous forme de spectacle populaire.


La mise en scène de Nelle Paxinou n’élude guère les contradictions. Ainsi le filtre d’amour administré erronément par Brangien aux jeunes gens devient ici action volontaire, du style bon tour joué à des compagnons, avant d’être catégoriquement niée par la suite. Elle ne brille pas non plus par son inventivité. Les entrées et sorties alternativement côtés cour ou jardin sont monotones. Le plateau tournant qui rend fluides les passages d’une scène à l’autre se contente souvent de tourner sans apporter de surprises.

tristanetyseut.jpg
Mais les Baladins ont toujours aimé le spectaculaire. À défaut de numéros circassiens, ils promènent un immense dragon, ils envoient sur la piste des vaisseaux impressionnants pour relier la Cornouaille bretonne et l’Irlande. Ce seront les seules fantaisies permises cette fois-ci. Par contre les costumes chatoient et leur utilisation derrière des rideaux de tulle rappelle la beauté fragile des fresques murales d’autrefois.

Un spectacle familial

La distribution est particulièrement homogène. Elle joue avec une diction étudiée qui rend l’ensemble un peu froid et ne parvient pas à couvrir systématiquement une musique exécutée en direct par un quintet allègre. Heureusement, Geneviève Knoops, en narratrice amusée, entre vite en connivence avec le public ; les pitreries des barons Abdel El Asri et Diego Lopez Saez ponctuent l’histoire ; la dégaine dégingandée de Sophie Lajoie en nain bondissant donne du piment à ses interventions.

La première partie est agréable. La seconde, avec ses épisodes secondaires empruntés çà et là, s’étire, ne renouvelle pas grand-chose. Quoi qu’il en soit, l’occasion est belle pour entrer dans un mythe que peu de gens ont lu en dehors de quelques extraits étudiés en classe. Ils y retrouveront l’origine en littérature française de la passion amoureuse plus forte que raison d’état, morale et convenances. Ils glaneront d’autres souvenirs d’école : les ordalies, le rejet des lépreux, les combats à l’épée…

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info


Tristan et Yseut
Texte : Paul Emond
Mise en scène : Nele Paxinou et Olivier Magis
Distribution : Alain Boivin, Alexandre Crepet, Abdel Al Asri, Suzanne Emond, Geneviève Knoops, Sophie Lajoie, Diego Lopez Saez, Virginie Pierre, Coline Zimmer, Wout De Ridder
Musique : Wouter Vandenabeelle
Scénographie : Aline Claus, Saïd Abitar
Costumes : Sylvie Van Loo
Maquillages : Serge Bellot
Lumières : David Taillebiuis, Michel Hayoit


Créé au festival de Spa le 19 août ; présenté au festival du Théâtre au Vert de Silly les 29 et 30 août 2007.
En tournée : Arlon (Parc des Expositions) du 21 au 24 octobre ; à Montigny-le-Tilleul (Parc communal) du 14 au 24 novembre ; à Boisfort (place Andrée Payfa-Fosseprez) du 29 novembre au 9 décembre ; à Liège (Esplanade St-Léonard) du 14 au 22 décembre.

Production : les Baladins du Miroir

Photo © Abdoul Aziz Soumaïla.
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4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 19:44
DANS L’OCÉAN DES SONGES

Une fillette est longée dans la lecture. Elle vibre à ce qu’elle lit, se laisse envahir par l’action qui la pénètre. Et dès qu’elle s’endort après toutes les péripéties des chapitres dévorés, son imagination prend le relais par la présence de deux danseurs, de leurs ombres et par sa propre métamorphose en ballerine complice.


L’intrusion des personnages se passe comme une entrée en un rêve. Sur fond blanc, ils dansent, miment. Ils sont présents tout en jouant avec leurs propres silhouettes projetées par des spots, avec celles qu’ils créent au moyen de leurs mains, comme ces montreurs d’ombres chinoises qui réinventent des animaux en additionnant doigts, poignets, paumes accouplés. La fillette se joint à eux par moments pour former un trio dynamique.

Plongeurs-d-ombres.jpg
Le spectacle est plutôt narratif. Il se réfère plus ou moins à ces films muets d’autrefois où les héros miment tout en accomplissant des actes quotidiens, du style Charlie Chaplin, Buster Keaton, Harold Lloyd ou, davantage proches de nous, Jacques Tati et Pierre Etaix. S’entremêlent le comique des gags, l’effrayant du monstrueux, le tendre du chimérique. Les séquences s’enchaînent, variées, sur des rythmes renouvelés.

La conception de cette chorégraphie se bâtit à partir d’oppositions : clarté et pénombre, grand et petit, solitude et compagnie, frayeur et hilarité. Réalité et imaginaire se combinent car la « fabrication » des ombres est compréhensible en direct puisque les interprètes les font surgir à partir d’un éclairage visible qui assure le léger décalage indispensable entre réalité et fiction. Aucun trucage n’est nécessaire : il devient donc loisible à chacun de reproduire des jeux avec n’importe quelle source lumineuse, sorte d’introduction ludique à un cours d’optique élémentaire. C’est le prolongement naturel d’une production qui s’avère essentiellement un agréable divertissement familial.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 22 août 2007

Plongeurs de l’ombre
Mise en scène et chorégraphie : Gilles Monnart 
Distribution ; Katja Pire ou Gilles Monnart, Leen Dewilde ou Marceline Ribouillault, Arvid Viaene
Scénographie : Kris van Oudenhove
Costumes : Dorine Demuynck
Décor : Kris Van Oudenhove, Dorine Demuynck
Eclairages : Kris Van Oudenhove
Musique et son : Daniel Janssens

Production : 4 Haut Théâtre (Lomprez) (www.4hoog.be : site en néerlandais sans traduction)

Durée : 45’
Public : dès 4 ans

Photo  © Caroline Vincart 
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4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 19:40
ALERTE AUX TYRANNIES, HARO SUR LES CENSURES

Un pays sous la férule totalitaire d’un régime qui n’accepte que les lois intransigeantes et  restrictives fait peser sur son peuple une absence de liberté, un embrigadement constant, une surveillance policière permanente, un conditionnement idéologique énergique. Comment vivre en homme sous un tel poids idéologique nationaliste et réductionniste qui vise à régenter aussi la pensée ?

Le discours que Maricourt met dans la bouche d’une enfant décrit une famille dans laquelle la mère penche pour une acceptation du régime tandis que le père fait preuve d’une résistance plus ou moins active. La gamine est partagée entre les deux par un même amour. Elle n’a pour confident qu’un personnage virtuel à qui elle se confie régulièrement.

Fabulist.jpg
Ce qui apparaît c’est que la dégradation d’une démocratie contraint les citoyens à deux attitudes contraires : soit se soumettre et abdiquer toute individualité, soit fuir à l’étranger et tenter de reconstruire une vie. Le fait de mettre cet écartèlement de choix dans la tête d’une gamine amène l’auteur à exposer le fonctionnement du système scolaire d’une nation qui a pour but essentiel de formater les esprits afin d’en faire des soumis.

Guère probant

Un message fort réclame un emballage solide. La mise en scène de Barbara Rufin n’y parvient pas suffisamment. Hormis l’intérêt d’un jeu avec des objets transformés (des baguettes de xylophone matérialisant les parents, un tabouret devenant prison…), l’aspect scénique n’est guère probant. Parfois même incohérent comme cette idée que l’enfant esquisse des pas de danse de ballerine alors qu’elle rêve d’être chef d’orchestre. Quant aux éclairages changeants, sensés témoigner des états d’âme du confident virtuel, ils semblent plus plaqués que significatifs.

L’interprétation de Lisou de Henau ne convainc guère. Sauf à de rares moments, on ne le sent pas habitée par ce personnage tiraillé d’un jeune qui découvre l’esprit critique tout en respectant et aimant autant sa mère que son père, qui se pose quantité de questions sans avoir la certitude que ses réponses sont justes. Reste le contenu. Il mérite d’être répandu si nos sociétés continuent à croire en les libertés fondamentales et à combattre les intégrismes, les fascismes, les totalitarismes religieux, politiques, économiques.
Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info


Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 23 août 2007

Le Fabuliste, conte triste pour petits et grands enfants
Texte : Thierry Maricourt (éd. Sansonnet, 2000)
Mise en scène : Barbara Rufin
Distribution : Lisou De Henau
Musique : Alexandre Davidson 
Lumières : Aude Ottevanger 

Production : CILeke (collectif CIL) (Bruxelles)/ Ça t’as vu !

Durée : 45’
Public : 9 -11 ans


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4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 19:08
ACCEPTER LE HANDICAP

Le bonhomme est conteur. Il va, de villages en contrées, accompagné de son agent, pour partager ses histoires fantasques avec un attirail baroque et délirant comme ces réalisations d’art brut dans lesquelles le bric à brac a une âme. À quelques indices, on suppose qu’il est affecté d’un léger trouble mental.


Une fois encore, Marcel Cremer a imaginé un personnage théâtral fort. Une fois encore, il laisse le public prendre conscience de l'équivoque que suscitent certains êtres ou situations, que révèle tout jeu dramatique dès qu’un comédien endosse un rôle. Il mise à la fois sur la vie et sur le décalage produit par l’art, sur les apparences et sur l’authenticité. Le résultat est à la mesure du projet. C’est particulièrement drôle et le rire est là, sans pour autant qu’il y ait moquerie à propos de la différence qui rend un être marginal. C’est assurément émouvant, sans pour autant qu’il y ait mélodramatisation des circonstances et du comportement.

Le-bon-berger.jpg
Le naturel subtilement au galop

Kurt Pothen interprète Claude Caminski avec la délicatesse et la vérité nécessaires. Il a travaillé un naturel qui fait passer les excentricités de ce rôle de chasseur de sons qui collectionne des enregistrements, de narrateur inspiré qui invente des histoires. Il joue aussi bien avec la salle qu’avec Martin son tuteur témoin. Généreux, il transmet en direct ce qui habite sa tête. Lorsque sa parole s’enraie, il en retrouve le fil ; lorsque ses gestes disjonctent, il se raccroche aux objets.

Il est ce handicapé qui apprivoise les gens prétendus normaux. La peur suscitée par l’écart d’avec les comportements admis se dilue face à une bonté qui semble innée. Même la brève séquence évocatrice de l’épilepsie n’amène ni vers la pitié dédaigneuse, ni vers la lâche répulsion. Alors le spectateur se laisse emporter vers ces drôles de récits drôles. Ils lui parlent de pertes, de manques, de disparitions et par conséquent de blessures infligées depuis l’école primaire.

Le passé emprisonné au cœur des phrases ou sur la bande magnétique des cassettes retrouve un présent. La fiction le ramène dans l’immédiat, le vivant, le sensible. Elle se résout dans l’objectif même de toute œuvre d’art : restituer ce qui nous a précédés afin de nous enrichir d’une vision partagée du monde.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy les 24 et 25 août 2007

Le bon Berger
Texte : Marcel Cremer 
Adaptation française : Laurence Barbasetti 
Mise en scène : Marcel Cremer,  Matthias Weiland 
Interprétation : Kurt Pothen, Matthias Weiland
Décors : Frank Keutgen, Viola Streicher, Katja Wiefel 
Costumes : Katja Wiefel 
Voix : Zoé Kovacs, Matthias Weiland 
Son : Jean-Pierre Nelles, Kurt Pothen 

Production : Agora Théâtre de la Communauté germanophone (Saint-Vith) (www.agora-theater.net )

Durée : 75’
Public : dès 12 ans

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29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 12:10
LAIDEUR INTELLIGENTE CONTRE STUPIDE BEAUTÉ

« Riquet à la Houppe » n’est pas le conte le plus connu de Perrault. Trois filles s’en sont emparé pour le transformer en théâtre d’aujourd’hui. Leur réussite est un coup splendide pour un premier spectacle.


Sachant que Riquet est moche mais surdoué, que les deux héritières du roi du pays voisin sont l’une très belle et fort stupide, l’autre particulièrement laide et maligne et qu’il faudra un jour qu’un mariage unisse les deux royaumes, que faire ? Ce postulat une fois posé, restent les alternatives proposées par une bonne fée : chacun a reçu le pouvoir soit de rendre charmante, soit de rendre intelligente la personne qui serait aimée selon qu’elle est affreuse ou qu’elle est idiote.

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Voilà la trame du conte traditionnel. La troupe ne s’est pas contentée de l’adapter. Elle en a fait un conte moderne dans une forme contemporaine. Riquet est en effet écrivain. Il invente les personnages de sa vie. Il crée, tel Frankenstein, les deux donzelles qui nourriront les péripéties de son récit. La disgracieuse sera son assistante pour composer un chef d’œuvre d’écriture ; l’affriolante sera son aimée. D’où un premier motif, celui des créatures dominant leur créateur, des personnages hantant leur concepteur. Avec, en annexe celui de l’élaboration d’une œuvre littéraire, son agencement avec ses rebondissements, son choix de vocabulaire et de tournure de phrase en vue de provoquer des effets sur le lecteur.

Des thèmes éternels en une problématique actuelle

Ensuite se décode la compétition éternelle entre la séduction et la répulsion, l’esprit et la niaiserie, avec son cortège de préjugés liés à l’apparence. Enfin se rajoute le thème de l’amour partagé ou non, du couple assorti ou non, de la passion irrépressible et du mariage désagrégé. Belle brochette d’idées à débattre, auquel se surajoute le traitement du conte de tradition populaire et la confrontation entre langage de maintenant et langue du XVIIe siècle.

Et le jeu dans tout cela ? Il est admirable. Le trio use d’un travail corporel spécifique à chaque personnage.
Ismahan Mahjoub en Riquet se sert de sa voix comme d’un instrument de musique qui module les sons, les déforme, leur donne des timbres différents.
Julie Marichal et Julie Goosens en princesses rivalisent d’attitudes typées, de mouvements presque chorégraphiés. Tout cela pour aboutir à une fin pour le moins inattendue, au point d’accroître encore le plaisir d’une représentation jubilatoire par son efficacité parodique.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info
 
Présenté aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 25 août 2007

Riquet Factory

Texte : Création collective (d’après le conte «Riquet à la houppe» de Charles Perrault)
Interprétation : Ismahan Mahjoub, Julie Marichal, Julie Goosens
Mise en scène : Maud Finné 
Éclairages : Patrick Léonard

Production : Compagnie Diagonale Market ( Bruxelles) avec le soutien de Groupov (Liège) et du Centre culturel de Chênée 

Durée : 60’
Public : 9 – 14 ans
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Chronique FraÎChe