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Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

12 avril 2008 6 12 /04 /avril /2008 17:37
Version française

“MI SON PARON MI!”

Debuttato nel luglio 2007 al teatro Goldoni di Venezia in occasione del tricentenario della nascita dell’autore, lo spettacolo riprende vita al Teatro Carcano di Milano e continua il suo cammino in una tournée che lo porta nelle principali città italiane.


Una camera inserita in un’altra, una casa-cassaforte che pare rinserrata in sé e nella sua immutabilità, impedendo ogni incursione di una Venezia che preme tutt’intorno ed escludendo ogni tipo di sentimento o rapporto interpersonale. Uno spazio scenico fisso e particolarmente funzionale, atto a sottolineare la grandezza di un solo personaggio, attorno al quale, anche fisicamente, ruotano tutti gli altri e la cui presenza è tangibile anche quando è fuori scena: Todero.


Egli è un Pantalone che, assieme alla maschera, ha deposto le sue doti di mercante e la sua connotazione di bonario padre di famiglia per vestire i panni di un vecchio avaro e superbo, sempre pronto a ricavare un tornaconto economico da ogni situazione. Todero è padrone e servo della roba che ha accumulato e fa del motto “Son paron mi” la norma che regge il suo universo, in nome di quel denaro che egli pretende strumento di dominio delle esistenze altrui e elisir di lunga vita. 

Se Todero si allontana dai “cugini” Molieriani e dalla loro comicità intrinseca, è proprio per il suo “carattere odioso”, che raggiunge il suo apice nell’incontro con gli altri personaggi: un figlio succube (interpretato da un divertente Francesco Migliaccio), una nuora che accetta dimessamente fin quando non viene messa in causa la felicità della figlia, un fattore che lo ha sempre derubato, un servitore fedele (Franco Santelli, cui bastano poche battute per fare trasparire la sua professionalità) e due coppie di innamorati meno litigiosi e appassionati che altrove.

Una regia guidata dall’autore

Mai l’autore aveva disegnato un protagonista così inequivocabilmente e irrimediabilmente negativo, mai agli interpreti goldoniani era stata chiesta una prova attoriale di così grande spessore. Giulio Bosetti sembra sentirne tutto il peso scenico e, nonostante la sua profonda esplorazione dell’opera del drammaturgo veneziano, se ne avvicina e ne assume il ruolo solo ora, lasciandosi dirigere da Giuseppe Emiliani.  Con la sua recitazione che opera per sottrazione e che non cerca a tutti i costi il risvolto della comicità, egli ridona al personaggio quella forza che aveva perduto dopo tante interpretazioni, spesso volte ad un’eccessiva caratterizzazione.

Avvalendosi anche della grande esperienza e della perizia tecnica delle due prime donne Marina Bonfigli e Eleonora Fuser, Emiliani dà vita ad uno spettacolo rigoroso, elegante e di stampo classico, che non nasconde di lasciarsi guidare dall’autore.

Nonostante l’umanità sia ancora “ricca di vizi e di poche virtù”, il pubblico di oggi fatica a  rispecchiarsi nei personaggi in scena, forse anche per l’utilizzo del dialetto veneziano che rende difficoltoso l’abbattimento della quarta parete. Ma come ogni capolavoro che si rispetti, lo spettacolo riesce comunque a coinvolgere gli spettatori, soddisfatti di una serata di buon teatro in cui godere della recitazione di grandi attori.

Crisitna BARBATO (Milano)


Sior Todero brontolon
Testo: Sior Todero brontolon di Carlo Goldoni
Regia: Giuseppe Emiliani
Colonna Sonora: Giancarlo Chiaramello
Scenografia: Nicola Rubertelli
Costumi: Carla Ricotti
Interpreti: Tommaso Amadio, Marina Bonfigli, Giulio Bosetti, Federica Castellini, Sandra Franzo, Eleonora Fuser, Alberto Mancioppi, Francesco Migliaccio, Franco Santelli, Umberto Terroso.
Produzione: Vortice - Teatro Fondamenta Nuove, Teatro Carcano , Teatro Stabile del Veneto “Carlo Goldoni”

Roma : Teatro Quirino ETI Vittorio Gassman . Dal 27/03/2008 al 20/04/2008






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12 avril 2008 6 12 /04 /avril /2008 17:32
“MOI, JE SUIS LE PATRON!”

Ayant eu sa première en juillet 2007 au Théâtre Goldoni de Venise, à l’occasion du troisième centenaire de la naissance de l’auteur, le spectacle reprend en février au Théâtre Carcano de Milan et continue sa tournée à travers les principales villes italiennes. 

Une chambre insérée dans une autre, une maison-coffre-fort qui semble s’enfermer en soi-même et en son immutabilité, en empêchant  chaque incursion d’une Venise qui fait pression et en retranchant chaque sentiment ou rapport personnel. Un espace scénique fixe et particulièrement fonctionnel, apte à souligner la grandeur d’un seul personnage, autour duquel, physiquement aussi, les autres personnages tournent et dont la présence est tangible même quand il n’est pas sur scène : Todero.  


Il est un pantalon qui, avec son masque, a déposé ses qualités de marchant et sa connotation  de débonnaire père de famille pour se mettre les vêtements d’un vieux avare et superbe, toujours prêt à agir à son profit dans chaque situation. Todero est patron et serviteur des biens qu’il a accumulés et fait de la devise « moi, je suis le patron » la règle qui soutient son univers, au nom de cet argent qu’il prétend instrument de maîtrise des existences d’autrui et élixir de longue vie.

Si Todero s’éloigne des “cousins” peintes par Molière et de leur comique intrinsèque, c’est pour son « caractère odieux », qui est au comble dans la rencontre avec les autres personnages : un fils condescendant (interprété par l’amusant  Francesco Migliaccio), une belle-fille qui subit jusqu’à quand n’est en jeu le bonheur de sa fille, un facteur qui lui a toujours volé, un serviteur fidèle (Franco Santelli, qui suffit de peu de mots pour faire transparaître sa professionnalité ) et deux couples d’amoureux moins querelleurs et passionnés qu’ailleurs.  

Une mise en scène qui suit l’auteur


Jamais l’auteur n’avait dessiné un protagoniste si nettement et irrémédiablement négatif, jamais on n’avait demandé aux interprètes Goldoniens une épreuve d’acteur d’une si grande épaisseur. Le comédien Giulio Bosetti semble en sentir le poids  et,  malgré sa profonde exploration de l’œuvre du dramaturge vénitien, il ne s’en approche et n’en assume le rôle que maintenant, en se laissant diriger par Giuseppe Emiliani. Avec son jeu qui vise à une  soustraction et qui ne cherche pas forcément le comique, il redonne au personnage cette force qu’il avait perdue après autant d’interprétations, souvent visées à une excessive caractérisation.   

Grâce aussi à la grande expérience et de l’habileté technique des deux premières dames Marina Bonfigli et Eleonora Fuser, Emiliani donne naissance à un spectacle rigoureux, élégant et de style vieille école, qui ne cache pas de se faire guider par l’auteur.

Même si l’humanité est encore « riche de vices et de peu de virtus », le publique d’aujourd’hui fatigue à s’identifier avec les personnages sur scène, peut être pour l’utilisation du dialecte vénitien qui rend difficile l’abattement du quatrième mur. Mais, comme chaque chef d’œuvre qui se respecte, le spectacle  arrive quand-même à faire participer le public, satisfait d’une soirée de bon théâtre où se réjouir du jeu de comédiens de talent.   

Cristina BARBATO (Milan)


Lire la version en italien, par Crisitna BARBATO.

Sior Todero brontolon
Texte: “Sior Todero brontolon” de Carlo Goldoni
Mise en scène: Giuseppe Emiliani

Musique: Giancarlo Chiaramello
Décor: Nicola Rubertelli
Costumes: Carla Ricotti

Intérpretation: Tommaso Amadio, Marina Bonfigli, Giulio Bosetti, Federica Castellini, Sandra Franzo, Eleonora Fuser, Alberto Mancioppi, Francesco Migliaccio, Franco Santelli, Umberto Terroso.
Production: Vortice - Teatro Fondamenta Nuove, Teatro Carcano, Teatro Stabile del Veneto “Carlo Goldoni”

Rome : Teatro Quirino ETI Vittorio Gassman . Du 27/03/2008 au 20/04/2008

Photo © Angelo Redaelli




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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 19:46
FRINGUES ET FRIME : LA DANSE DES SWENKAS

Avec Dressed to kill, killed to dress, Robyn Orlin, la chorégraphe sud africaine débarque à Bruxelles avec un cérémonial underground, post-apartheid. Il paraîtrait que les samedis soirs, dans les sous-sols des immeubles, des ouvriers zoulous enfilent des costumes pimpants, histoire de défiler devant un jury et de gagner un peu d’argent dans des concours d’élégance. On les appelle les «swenkas», du verbe «to swank» : en mettre plein la vue. La panoplie devient alors artillerie. «Dressed to kill…» ou «la sape qui tue», c’est: chaîne en or, chaussures croco, chemise léopard, costar blanc, rayé ou zébré, cravate rouge, moirée, étoilée avec chaussettes assorties, chapeaux, foulards et boutons de manchette.

De ce défilé de mode singulier, la chorégraphe sud africaine plonge dans son univers habituel : la fantaisie et l’humour, prêchant - cette fois-ci – par excès de bouffonnerie théâtrale, avec, entres autres, un écran qui dévoile des coulisses bourrées de chamailleries et la présence sur scène d’un maître de cérémonie râleur.


Beaucoup de décalages

Une heure durant, entre les coulisses agitées et le MC dépassé, Dressed to kill, killed to dress frôlera à chaque fois la limite d’un comique qui lasse, court-circuitant souvent la beauté de la danse des Swenkas. Car enfin, entre les intermèdes, neuf mannequins vont défiler, chacun sur un fond d’images décalées (comme un tutu à côté d’une vache) ; chacun sur sa musique: country, reggae, gospel, swing, opéra, etc. La danse, elle, se fait gestuelle gracieuse, précise et minimale.
Ici, pas de cat-walk mais du surplace raffiné, pas de veste enlevée avec nonchalance, mais des mouvements ralentis, codés qui guident le regard du spectateur vers les atours vestimentaires : la montre qui fait l’homme, la chaussure qui brille, la chaussette et cravate assorties, originales à souhait…

Et c’est cette danse de gestes, ce défilé de solos et de styles qui se savoure dans la dernière création, laborieuse, de Robyn Orlin dont le final nous offre un superbe moment de danse collectif, inattendu, où les «mannequins», sur les notes d’un piano fortissimo, vont transformer leurs habits en trophées de chasse, très singuliers.
Dressed to kill, killed to dress regorge donc de moments surprenants malgré une bouffonnerie excessive, qui, entre le kitch et le «camp», menace constamment l’ampleur du bel ovni.

Nurten AKA (Bruxelles)

Les mardis 8 et mercredi 9 avril à 20h30 au Wolubilis, 251 Avenue Paul Hymans 1200 Woluwe-Saint-Lambert. Infos: 02/761.60.30 et www.wolubilis.be .
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10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 16:23
UNE TORNADE D’EMOTIONS

Les planches de la scène de la Schaubühne viennent de vivre quatre jours éprouvants. Arrachées, jetées, ré-assemblées, elles ont craqué sous les pas et les doigts des 16 danseurs de la compagnie « Sasha Waltz & guests », qui interprétaient « Gezeiten » (« Marées »). Cette création, conçue en 2002 par la danseuse et chorégraphe allemande Sasha Waltz, prend à bras le corps les souffrances et séquelles provoquées par des catastrophes, naturelles ou humaines.

Dans un vieil appartement décrépi, décor unique de la pièce, les danseurs évoluent entre danse et théâtre, et nous font passer par toutes les émotions que traversent les hommes face à un événement qui les submerge : surprise, peur, panique, rejet, entraide, espoir, abandon, lutte, folie.


Première partie : des individus vivent en harmonie, dans un mode d'écoute et d'entraide. En couples ou en groupes, les danseurs évoluent dans des assemblages très travaillés et harmonieux. Sasha Waltz joue sur la symétrie des mouvements, des corps, l'alternance des rythmes. Beaucoup de portés, de gestes protecteurs, mais aussi de tourbillons et de jetés. Mais les seize finissent toujours par se réunir pour des scènes sublimes où ils ne font alors plus qu'un, marchant d'un même pas, s'asseyant d'un même geste.

Un vacarme soudain rompt cet équilibre. Bombardements, sifflements, craquements... Une nouvelle ère s'ouvre. Les seize personnages, barricadés dans une pièce, doivent faire face à l'angoisse, l'attente, la pénurie, la mort. Contrairement à la première, cette seconde partie n'est pas uniquement dansée. Le jeu et des accessoires apparaissent pour souligner la précarité de la vie et la fin de l'harmonie collective. Face à la peur de la contamination, c'est l'immobilisme et le repli sur soi qui prennent le dessus. Le malade, dans une très belle danse, saccadée par la douleur et le rejet des autres, échoue seul. Sasha Waltz met également en scène des moments plus légers, où la joie renaît, l'entraide s'organise.

Absurdité et chaos

Mais personne ne sort indemne de cette épreuve. La catastrophe a marqué les corps et les esprits, jusqu'à la folie. Le troisième temps relève davantage du théâtre d'objets que de la danse. Désarticulé, désarçonné, chacun des personnages tente de se reconstruire seul. Sans repère. Accessoires inutiles, gestes absurdes, vains. Briques empilées contre toute logique. Bouts de bois enfilés dans les vêtements comme autant de prothèses. Gestes bestiaux. L'absurdité des situations en devient parfois comique. Les musiques de Bach du début s’effacent, laissant place à des froissements de papiers, déchirements de tissus, entrechoquements de cailloux... Le chaos gagne. La scène est désossée presque entièrement et trois corps tentent encore de vivre et de danser, au milieu d'un amas de planches et de sable.
Déconcertante et pessimiste, cette pièce n'en dégage pas moins une très grande énergie. Evoluant progressivement de la danse vers le théâtre, « Gezeiten » provoque beaucoup d'émotions et de réflexions. Le nombre élevé de danseurs crée un spectacle en perpétuel mouvement. Le décor se transforme de minute en minute, dans un tourbillon incessant. Une véritable tornade d’émotions.

Marie MASI (Berlin)

« Gezeiten »
Chorégraphie : Sasha Waltz (www.sashawaltz.de)
Interprétation : Juan Kruz Diaz, Matija Ferlin, Davide Camplani...
Schaubühne am Lehniner Platz, Kurfurstendamm 153, Berlin, www.schaubuehne.de

Prochaines représentations :
Paris : « Travelogue I -Twenty to eight » au Théâtre de la Ville, du 20 au 24 mai.
Berlin : « Dido & Aeneas » au Staastoper, du 1er au 4 novembre.

Photo ©Jörg Metzner
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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 16:27

ILS VIVAIENT UNE EPOQUE FORMIDABLE…

 

Ni reconstitution historique, ni portrait détaillé ou psychologique, l’approche que propose Thierry Debroux de Robespierre est plutôt une tranche de vie dans la grande histoire, un volet de cette Révolution Française qui fascine toujours…au-delà du pays qui l'a vu éclater.

 

Paris, juillet 1794, en pleine période de la Terreur. Personnage central : le très contrasté Robespierre. Acteur, metteur en scène, surtout auteur, et l'un des plus prolixes de sa génération (1), Thierry Debroux se dit attiré par les personnages hors du commun, mais surtout contrastés. Avec Robespierre, il est servi. Comment en effet cet adepte de Rousseau, cet homme qui participa à l'élaboration de la Déclaration des Droits de l'Homme et s’opposa à la peine de mort, a-t-il pu participer à cet épisode sanglant ? Il nous faudra attendre la deuxième partie de la pièce pour l'entendre lui-même s'expliquer, se raconter, sans que soient écartées toutes les zones d'ombre de celui qui fut surnommé "L'Homme intègre" ou "l'Incorruptible"… Et Debroux de se poser la question : Entre les mots "intègre" et "intégrisme", il y a peu de chemin à parcourir ; la fin justifie t-elle les moyens ?". Et, en fin de compte, l'utopie de vouloir changer le monde ne reste t-elle pas, encore aujourd'hui, "rien qu'un rêve, un beau rêve…"?



Terreur et  fête, débordements en tous genres…

Pour décor unique, une sorte de grande plaie déchire le plateau de haut en bas avec de part et d'autre des praticables surélevés. L'idée est bonne, l'allusion claire. Pour symboliser "l'après 1789", le scénographe et décorateur Vincent Lemaire a voulu qu'un fossé sépare en permanence époques et classes sociales. On verra même apparaître partiellement, en toile de fond, une immense reproduction du "Marat assassiné" de David. C'est évidemment très fort mais pas toujours adéquat pour chaque séquence, de même que d'autres effets choc plus discutables ou d'un goût douteux.


Si le casting de cette importante distribution est parfois étonnant, certains acteurs collent davantage que d'autres à leur personnage comme l'excellent Philippe Résimont (trop rare sur nos scènes) dans le rôle obligé du « mauvais" Desfieux. Il en est de même pour le couple Duplay, Rosalia Cuevas et Jean-Paul Dermont,  Muriel Jacobs pour Claire Lacombe. D'autres personnages célèbres ne font que de (trop) brèves apparitions… Quant à Paul Camus dans le rôle-titre, on peut supposer que, sous son regard fixe, il applique à la lettre l'indication "héros contrasté", pour ses abrupts changements de ton.

 

Alors qu'avec "Le Roi Lune" on était accroché par le portrait nuancé du personnage historique qu'en faisaient l'auteur et l'interprète, ici, on reste quelque peu sur sa faim à ce point de vue là même si on suit avec intérêt un spectacle, en création mondiale, qui apporte un parfum épique moderne, dans une programmation générale belge qui en est peu coutumière.

 
Suzane VANINA (Bruxellles)

 

1) Il s'est en effet fait remarquer par cette dernière facette en collectionnant les distinctions; sa  dernière pièce "Le Roi Lune", qui tourne encore, ayant été remarquée à Avignon en 2006 et "Eros Medina" étant reprise cette saison au Théâtre "Le Public"

 

Texte : Thierry Debroux/Ed. Lansman, 2008

Mise en en scène : Thierry Debroux assisté de Muriel Lejuste

Maître d'armes : Jacques Capelle

Scénographie, décor : Vincent Lemaire – toile de fond : Alexandre Obolensky

Costumes : Catherine Somers – Maquillages : Jean-Pierre Finotto

Lumière : Serge Daems

Chansons originales et arrangements : Pascal Charpentier

Interprétation : Rosalia Cuevas, Jean-Paul Dermont, Philippe Résimont, Deborah Rouach, Michel Istraël, Yves Claessens, François Delcambre, Perrine Delers, Pierre Poucet, Gerald Wauthia, Anouchka Vingtier, Muriel Jacobs, Paul Camus, Bram Brasseur, Pierange Buondelmonte, Babetida Sadjo, Sarah Van Calck

 

Du 21.2 au 22.3.2008 au Théâtre du Parc – Tél : 32(0)2.505.30.30 – www.theatreduparc.be

 

Crédits photos : Serge Daems

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30 mars 2008 7 30 /03 /mars /2008 15:29
ENFANT DE LA GUERRE

Auteure engagée, censurée dans son pays, on commence à bien connaître Biljana Srbljanovic en Europe. Elle qui a dit :"je suis un être humain dont on a volé l'identité" vit maintenant à Paris. La Belgique l'a découverte avec "La Trilogie de Belgrade", sa première pièce (1). Même si l'on nous dit que le terrain vague ravagé où se passe l'action de "Histoires de Famille" est situé dans un pays "des Balkans" et que l'on cite clairement  la Serbie, les gosses qui y jouent sont pourtant de partout.


Orphelins, probablement, ils font partie des dommages collatéraux qu'engendrent toutes les guerres, d'ailleurs et d'ici (ne reparle t-on pas des "enfants cachés" juifs de Belgique en ce moment ?). Dans leurs jeux on voit la caricature drôle et terriblement cruelle de la famille, mais aussi de la société, vues par des regards innocents. Dans les histoires sans happy end qu'ils inventent, on y entend l'enregistrement à peine déformé des propos abjects tenus par certains adultes. Le contexte violent est évidemment bien présent, rendu grotesquement tragique, ou l'inverse. Ignorant les "disnieyseries", ces enfants sont déjà matures, ils ont vécu…


"On disait que" : elle, c'est "la Mère", lui c'est "le Père", et l'autre lui c'est "l'Enfant", qui pourra être fille ou garçon. Celle-là qu'on ne connaît pas, sera "le Chien", qu'on rejette ou qu'on martyrise.

Dans le lieu dépouillé et transformable du Z.U.T., qui ménage toujours ses surprises, on s'y croit, et ici, on se sent tout de suite mal à l'aise, en état de voyeurs. Les effets de "matières" (y compris fumigènes) et sonores n'y sont jamais gratuits. On retrouve tout le talent (en même temps que l'obsession de l'enfermement ?) de Miriam Youssef, la metteure en scène. En fait de décombres post conflit, dans un décor se voulant réaliste, il y a le sable du sol, ces pertes de matière sporadiques venues d'en haut… Sommes-nous dans des sous-sols ? Reste un élément incongru : la table, un peu trop fonctionnelle, "pleine de ressources". On imaginera qu'elle est seule rescapée du désastre  (ou le fruit d'un génial autant que précoce inventeur…).

Les costumes nous ont paru plus évocateurs dans leur beauté saccagée. La force du spectacle est que la metteure en scène et ses comédiens ont su éviter l'écueil de l'infantilisation, du "faire l'enfant", et en extrapolant, on voit ainsi d'autant mieux à quel point les adultes (y compris tous nos "décideurs") peuvent se comporter trop souvent comme de sales gosses ! Le langage général est bien celui du jeu avec ses rituels répétitifs, ses consignes insolites, ses aspects mécaniques et le quatuor homogène de bons comédiens : Lieve Phlippo/Milena (une découverte), Thierry Janssen/Vojin et Sébastien Schmitt/Andria jouent le jeu décalé à fond. Chapeau à Fanny Roy qui a su inventer pour Nadezda un langage très particulier, non pas langue étrangère, ni langue des signes, mais langue des chiens : à la fois verbale et gestuelle et pourvue d'un vocabulaire varié !

A l'auteur qui s'interroge : "ai-je parlé suffisamment fort ? Mes écrits ont-ils suffi ?" Que répondre ! On nous avait dit que ces histoires "déclenchent forcément l'hilarité". Alors pourquoi n'a t-on pas envie de rire ? Parce que "jouer c'est sérieux". Tous les enfants, et leurs parents, le savent. La loi du plus fort et l'esprit de compétition, la violence qui peut aller jusqu'au retour à la barbarie peuvent apparaître dans les jeux des enfants comme l'a si bien montré Golding, puis Peter Brook, dans "Sa Majesté des Mouches" (2) et cela même chez ceux qui ont reçu "la meilleure éducation", ce qui ne peut qu'inquiéter et (si possible) faire réfléchir…

Suzane VANINA (Bruxelles)

1) par la Cie Chéri-Chéri au CC des Riches-Claires, décembre 2004 (création primée)
2) "Lord of the flies" roman SF de William Golding (1954) et film de Peter Brook (1963)

Texte français : Ubavka Zarik et Michel Bataillon/ éditions de l'Arche
Mise en scène : Miriam Youssef assistée de Maria Abecasis de Almeida
Scénographie et costumes : Anne Sollie et Thibaut De Coster assistés de Faïka Dahes
Interprétation : Thierry Janssen, Lieve Phlippo, Fanny Roy, Sebastien Scmit
Lumière : Alain Collet assisté de Cédric Dély
Décor sonore : Sebastien Fernandez

Théâtre de la Méduse au Z.U.T. du 6 au 29.3.2008 – Tél : 0498. 109.440 – info@zoneurbainetheatre.be - www.zoneurbainetheatre.be

Crédits photos © Pierre Bodson

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29 mars 2008 6 29 /03 /mars /2008 13:13
LE DON PRÉCIEUX DU PETIT MONDE DE MATÉI VISNIEC

Viviers de jeunes talents : à Bruxelles, à l'opposé géographique du Z.U.T. se trouve "L'Arrière-Scène", mais ils ont en commun la même philosophie, disons la même "ligne théâtrale". Un peu plus jeune que Georges Lini qui mène la barque du Z.U.T., Bertrand  d'Ansembourg s'est glissé dans le réseau des "Petits Lieux". Il aime dire d'un lieu où les comédiens sont si proches des spectateurs : "tout est intense, à chaque moment". Même phénomène commun :  plusieurs des spectacles qui y sont créés "tournent" à présent ailleurs quand ils ne sont pas primés, salués comme des révélations.

Ah non, pitié, qu'on ne vienne pas encore parler de "surréaliste" ! Nous pouvons "dire bien des choses en somme pour varier le ton" à propos, ici, de Matei Visniec et de sa pièce au titre déjà peu banal. Auteur important encore trop méconnu, iI aime les titres choc ou ceux qui intriguent, de "La Femme comme champ de bataille", sa veine plus politique à "Quand le mot heurte la couleur de l'herbe". Son "Histoire des ours panda…" (racontée, vraiment ? ou plutôt bourrée d'interprétations diverses) nous promène au royaume de l'irrationnel, de l'ineptie, de l'absurde, de la dérision, de la fausse logique ou la logique inversée, enfin du fameux nonsense, ou contresens, contraire au "bon sens", un royaume dont on trouve les bases chez certains logiciens antiques.


A moins que tout cela ne soit une vision poétique de la réalité, en somme, la poésie du quotidien "montrée du doigt" ! Il y a du Prévert et du Queneau chez Visniec mais aussi du Ionesco, et un peu de Cioran, ses compatriotes ainsi que Tzara (le mouvement Dada…). Visniec oscille entre deux cultures, entre deux langues - le français fut connu, pratiqué et fort apprécié en Roumanie, "îlot de peuplement latin au milieu d'une mer slave" -. Il l'aborde, cette langue non maternelle, l'œil vif et frais et il en retire tout le suc doux-amer, il en révèle des richesses insoupçonnées. Du reste, là réside très souvent l'apport de "l'expression française d'origine étrangère". L'intérêt des pièces de sa veine onirique, disons, est que l'on peut y trouver plusieurs niveaux. On se rappellera pourtant qu'il est donné aux créateurs qui ont vécu sous l'oppression et la censure d'une dictature féroce, ou qui l'ont fuie, de pratiquer l'art consommé de la métaphore…

Vaudeville et ouverture métaphysiqu

Quand un homme ordinaire se réveille nu dans son lit avec à ses côtés une jeune inconnue, nue elle aussi, on peut craindre la pire des pantalonnades… Ce serait grandement méconnaître Visniec. Le metteur en scène  Xavier Campion est entré avec finesse dans son univers et y a entraîné ses deux comédiens : Flore Vanhulst toute en tendresse et "féminité" et Marc De Roy, fébrile, drôle et touchant à la fois, qui trouve ici un rôle digne de son talent varié. L'impression prise au pied de la lettre de "faire partie des meubles" y entraînera également sans difficulté le spectateur…(avantage démontré des "petits lieux" intimes où la proximité rend complice).

Avec une sorte de contrat à la Mille et Une nuits, toutes affaires cessantes, LUI s'est engagé dans l'aventure amoureuse, mais c'est seulement un temps limité à neuf nuits qu'ELLE lui accorde, et sans promesse de conteuse … Pourtant, il va s'en vivre des histoires dans ce huis clos, pas sombre, tout au contraire ! D'abord les explications aux petits événements et comportements sont logiques, naturelles, puis, peu à peu, le doute s'insinue et on bascule dans une autre réalité, celle qui sera propre à chaque spectateur le spectacle terminé. Et chacun ira de sa propre interprétation. Et l'on s'amusera  de recenser les versions différentes d'un même spectacle, vu ensemble, le même soir. Est-ce que, vraiment, c'est la simple histoire d'un solitaire au bout du rouleau qui s'invente une douce agonie avec une Mort qui rôde ? Pour le solitaire-mais-amateur-de-Baudelaire, l'histoire sublimée d'un ultime voyage sous amphés ? A moins qu'il ne s'agisse de celle d'un amour extrême, qui ne peut se réaliser que dans la mort, la fusion-dissolution ?  Ou d'un fantasme d'amour absolu dans la tête de LUI, homme un peu dérangé ? Ou bien ? Ou encore… La fin justifie le titre à moins que, plus ambitieusement, l'on ne s'envole vers une dimension métaphysique ?  Esprits rationnels s'abstenir ou s'attendre à trouver un dur terrain d'exercice….

Suzane VANINA (Bruxelles)

Texte : Matéi Visniec éditions Cosmogone (1996) et Actes-Sud"Papiers" (1998)/Prix SACD
Mise en scène : Xavier Campion
Scénographie : Sylvianne Besson
Interprétation : Flore Vanhulst, Marc De Roy
Création lumière et son : Romain Gueudre
Tapis sonores : Nicolas Dufranne

Production "Grand Complot" avec et chez "l'Arrière-Scène" du 12 au 29.3.2008 (Me au Sa)
 Tél : 0484.213.213 – www.arriere-scene.be

Crédits photos © Arrière-Scène

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26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 23:33
MONOLOGUES DE CORPS NUS

"Eh bien oui, oui, je pose. A poil, je pose. Quand je voyage, sur les cartes d'immigration, à profession j'écris : poseur". Vu, ou plutôt aperçu quelques jours, la saison 2006-2007 (1) puis repris et recréé… voici "Modèles Vivants" de Jérôme Duqué au "Théâtre du Nouveau Méridien". Alors qu'il est actif depuis plusieurs années dans l'animation théâtrale en divers milieux, c'est le premier de ses textes porté à la scène.


Le titre l'indique, ce sont des personnes qui font profession de modèles vivants pour dessinateurs en herbe dans les écoles ou pour artistes chevronnés dans les ateliers qui vont nous parler d'elles et de ce qu'elles font. Ne pas confondre "effeuillage" et "dévoilage" ! Il y a des maladies dites "orphelines" parce que rares et peu connues, il y a des "professions orphelines", de celles entachées de tabou dont on ne parle pas et dont on ignore la réalité.

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Pudeur et nudité : pourquoi les opposer ?

Avec provocation, défi, ou en confession timide ou tardive, un "poseur" et-fier-de-l'être, trois "poseuses" moins revendicatrices, quatre "modèles vivants" donc, vont se succéder dans une mise en scène minimale de Guillaume Istace, qui en fait plutôt la succession de quatre récits contés, quatre témoignages du vécu de modèle. On pourrait facilement les isoler, chacun/e se livrant sous le regard bienveillant des trois autres mais sans participation active, sauf à la fin pour un déshabillage/rhabillage collectif un peu gratuit. Un seul nous montrera réellement cette nudité qui causa tant de souci, Cédric Juliens, avec aplomb et une parfaite décontraction, alors que les spectateurs emmitouflés entrent dans la salle. Il ne nous parlera pas de "servir de modèle", à connotation passive, mais de "l'art" difficile et créatif, de poser nu, qu'il entend bien affirmer comme art au même titre que le dessin (ou comme l'écriture qui parfois, dévoile si bien l'écrivain, le conteur, le dramaturge).

Ne seront pas abordés de front, par exemple, la question de la pudeur érigée en vertu ou le fait que se montrer "dans le plus simple appareil" est loin d'être simple pour la plupart des gens… C'est au travers des récits de trois femmes, de la plus jeune, Daphné D'heur, à qui se montrer nue demandera un considérable effort, jusqu'à la plus âgée, Monique Fluzin, qui n'y viendra que lentement, que l'on pourra songer à nos conditionnements… en tous genres. Trouver le naturel et il s'échappe au galop, la sincérité du corps qui s'enlève tout voile est loin d'être évidente. Pour la petite délurée, Marie Vennin, pour qui ce ne fut qu'un malentendu amoureux, ce ne sera pas une révélation et c'est celle des trois qui ne poursuivra pas une expérience qui restera unique.

Il y eut des modèles célèbres, on n'en parlera pas ici, pas plus que de "cover-girls". Il ne sera question que d'un métier tout simple. Et c'est la parole qui se dévoilera plus que le corps, en toute intimité et bonheur.

Suzane VANINA (Bruxelles)

1) au "Théâtre de l'L" dans la 4ème édition du Festival "Enfin Seuls. Cédric Juliens fut récompensé "Meilleur Espoir Masculin" au Prix de la Critique 2006-2007

Texte : Jerôme Duqué
Mise en scène : Guillaume Istace et Nienke Reehorst
Scénographie : Emilie Cottam - Vidéo : Benoît Luporsi
Interprétation : Daphné D'Heur, Monique Fluzin, Cédric Juliens, Marie Vennin
Lumière : Joëlle Reyns

Du 4.3 au 5.4.2008 au Théâtre du Méridien – Tél : +32(0)2.663.32.11
www.theatredumeridien.be -  info@theatredumeridien.be –

Crédits photos © Thyl Beniest

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26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 23:23
CARTE POSTALE HUMORISTIQUE

Il passa tel un météore au Festival d'Avignon 2006. N'allons pourtant pas, encore, parler "d'ovni" (à ce compte-là, tellement le mot devient tendance, la Terre regorgerait d'E.T.) mais d'une forme très particulière de spectacle pour laquelle il faut revenir à la Compagnie Rimini Protokoll, avec un mot d'explication.


Comme le nom ne l'indique pas, il s'agit d'une démarche venue d'Allemagne et qui s'apparente par certains côtés à l'intention, présente dans beaucoup de projets culturels belges notamment, de partir du vécu des gens, de leur terrain, et de mêler amateurs et professionnels. Elle permet de comprendre le sens véritable de ce "spectacle" pris au  sens très large.

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En 2000, à partir du trio Helgard Haug, Stefan Kaegi, Daniel Wetzel, formé à la "Angewandte Theaterwissenschaft" de Giessen, le groupe qui s'est formé prendra son nom en 2002. Partant d'une situation, d'un endroit, d'une collectivité, et avec les protagonistes, " les experts de la réalité", tous élaborent un projet qui les mettra eux-mêmes en scène, le plus souvent dans des espaces publics non prévus pour le théâtre. Ensuite le spectacle se bornera à sa sphère d'origine ou "tournera" en s'adaptant à chaque lieu visité. Un seul exemple, vécu à Bruxelles, parlant de Bruxelles et d'un problème propre à Bruxelles : "Sabenation. Go home & follow news" (1) a ensuite circulé dans les grandes villes d'Allemagne, jusqu'à Parme et Vilnius. Il y avait été question de déclin et de reconstruction, deux ans après la célèbre faillite, avec une ancienne hôtesse de l'air, un pilote, un agent de sécurité…

De passage en Belgique, "Mnémopark", projet conçu et mis en scène par le Suisse Stefan Kaegi, suscitait beaucoup de curiosité, précédé par une réputation flatteuse (presse élogieuse à Avignon, Prix du Festival 2005 "Politik in Freien Theater"…). Osera-t-on dire que l'on est un peu déçus ?

Voyage, voyageS, en direct, filmés ou même "spatio-temporels"

Le vécu est ici effectivement et essentiellement ludique puisqu'il s'agit d'un club de retraités passionnés de trains miniatures qui "se donnent en spectacle", avec un bruiteur inventif, le côté plus professionnel étant assuré par une sorte de guide ou de prof (aux explications pas toujours intelligibles) qui ne s'écarte pas non plus de son vécu pour parler d'une Suisse assez inattendue. Les séquences filmées nous montrent que les paysages, les montagnes sont bien là, les trains aussi et surtout, sauf que de temps à autre des têtes géantes y apparaissent… Ce ne sont pas les vaches qui regardent passer ces trains mais les modélistes qui ont collectionné ces "jouets", et ont construit un grand paysage, modèle réduit d'une partie de la Suisse.

"Mondialisation à travers la modélisation", l'idée est excellente et l'on prend effectivement conscience de certaines réalités cachées d'une Suisse bucolique, mais gourmande de subsides agricoles. On apprend que sans subvention (énorme), plus d'agriculture, et sans agriculture, plus de beaux paysages alpestres. On découvre aussi, ce qui est bien plus amusant, que Bollywood apprécie ces fameux paysages et que s'y tournent des films avec figurants locaux agitant force soieries indiennes sur un fond romantique idéal…

Avec le projet "Mnémopark", intéressant à la base, on se trouve entre théâtralisation et reportage filmé, entre documentation économique en chiffres éloquents et témoignages de vie drolatiques, entre engagement politique et naïvetés personnelles. La surprise du début passée (et on a tout le loisir "rideau levé" de détailler le dispositif scénique compliqué), l'attention exigée pour comprendre les explications en français ou pour suivre le surtitrage des séquences en allemand, la systémisation des procédés scéniques employés… finit par gommer l'ironie des intentions et par provoquer une certaine lassitude : mêmes paysages, mêmes petits jeux prévisibles aboutissant aux mêmes séquences de "blue box" pour des "retours vers le passé". Car c'est aussi, malgré ses côtés virtuels modernes, un rappel concret de l'enfance pour ces seniors toujours actifs et l'on se trouve davantage touchés par les personnes, pour ce qu'elles sont elles-mêmes, que réellement émus par le spectacle. Du reste, c'est bien en analystes que l'on se retrouvera avec l'anthropologue et psychanalyste Francis Martens, en fin de soirée…à moins que l'on ne se soit pris au jeu de la maquette en poursuivant "in situ decorum" la déambulation qui était offerte aux spectateurs, comblant les adeptes de modélisme.

Suzane VANINA (Bruxelles)

1) dans le "Kunsten Festival des Arts" de 2004

Texte : collectif Rimini Protokoll
Conception et mise en en scène : Stefan Kaegi, assisté de Anna K.Becker
Dramaturgie : Andrea Schwieter
Vidéo : Jeanne Rüfenacht, Marc Jungreithmeier
Interprétation : Rahel Hubacher, Max Kurrus, Hermann Löhle, Heidy Louise Ludewig, René Mühlethaler, Niki Neeck
Musique et son : Niki Neeck
Lumière : Minna Heikkilä

Tournée. En Belgique : les 28-29.2.2008 aux Halles de Schaerbeek – Tél : +32(0)2.218.21.07 – www.halles.be

Crédits photos © Sebastian Hoppe
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26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 23:11
DIABOLO INTELLO

"Gravé pour toujours"… (juillet 2007), maintenant aussi en français ! On attendait beaucoup de la version française du spectacle des Flamands Guy Cassiers et Tom Lanoye, chaleureusement accueilli lors de sa présentation au Festival d'Avignon 2007. Alors, que s'est-il donc passé lors de cette "translation" … car disons-le d'emblée, ce volet qui précède "Wolfkers" dans la trilogie prévue par l'auteur ne nous a pas paru à sa hauteur. "Librement adapté de l'œuvre (écrite en 1936 !) de l'Allemand Klaus Mann" par Tom Lanoye, d'abord en néerlandais, puis traduite en français par Alain van Crugten, elle est mise en scène par Elvire Brison pour sa création au Théâtre des Martyrs avec plus d'emphase que de réelle sensibilité.  


Quel rapport l'art doit-il entretenir avec la politique ? Cultiver l'art… du compromis ou s'abandonner à la compromission, à la lâcheté…Tel est le thème fort de l'œuvre, fort comme l'était celui des dérives du Pouvoir dans "Wolfkers". De pouvoir, et de politique, il est question encore avec "Mephisto for ever". Mais n'est pas Guy Cassiers qui veut, qui  manie depuis longtemps et maîtrise parfaitement les procédés technologiques… en artiste plasticien qu'il est aussi et avant tout. De même, l'acteur-fétiche de la metteure en scène Elvire Brison, Angelo Bison, n'a pas paru à la hauteur du personnage principal, ce Kurt Köpler, grand acteur que l'auteur nous vante à plusieurs reprises (1), ambitieux et charismatique (ce qu'on appelle "immense acteur"ou "monstre sacré"), avec ses côtés négatifs, soulevant foules et générations. A moins qu'il ne s'agisse d'un décalage entre les effets grandiloquents et redondants de la mise en scène et le jeu de l'acteur, que l'on connaît tout en finesse ?

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C'est ainsi que, par exemple, nous aurons droit à un interminable discours du nazi, en dix points, éloquent quant au fond démentiel mais orchestré de manière telle qu'il en devient inaudible, assourdissant pour les oreilles, et les yeux. On percevra des cris "in live", on apercevra une forme vague, et on ne comprendra que plus tard, après cette longue séquence, qu'on venait d'assister à l'errance, la panique et la chute finale de Mutti Hilda, la mère du héros - très juste Janine Godinas - seul personnage à consistance humaine (une chute qui aurait pu symboliser aussi, l'agonie du régime collabo en même temps que celle du régime totalitaire qui l'inspirait ?).
On retiendra aussi le (double) jeu de Stéphane Excoffier en Rebecca Füchs, la juive et Linda Lindenhoff, la protégée allemande d'un ministre de la Culture nommé "Le Gros"/ Bernard Sens, faisant étonnamment penser physiquement à un certain criminel nazi parmi les plus odieux. Par le biais de ce personnage qui arrive à s'impliquer de plus en plus dans la gestion contrôlée du théâtre au point d'y donner directives et conseils de jeu, à jouer lui-même une scène… se pose une autre question, plus actuelle encore : médiatisation, théâtralisation de la politique…qui donc fait le plus "son cinéma", le politicien ou l'artiste ?

Avec "Méphisto for ever", les "gens de théâtre" seront aux anges, gavés d'extraits des plus grandes œuvres du répertoire ayant abordé le thème du rapport de l'humain au pouvoir… Normal, dira-t-on puisque cela se passe dans un théâtre en cours de répétitions, de saison en saison. Disons-le tout net, dans cette version française, la pièce devient "pièce d'intello pour intellos". Le thème de l'artiste déchiré entre son art/son ambition, son devoir/ sa conscience… a été abordé ailleurs de manière plus conventionnelle et moins "cultivée" certes, mais avec davantage de simplicité le propos touchait davantage…

Suzane VANINA (Bruxelles)

1) C'est l'acteur Gustaf Grüngens, sa carrière dans l'Allemagne nazie, qui aurait inspiré ce personnage.

Texte : Paul Lanoye d'après Klaus Mann - Traduction française de Alain Van Crutgen
Mise en scène : Elvire Brison
Scénographie : Philippe Hekkers - Installation vidéo : Vincent Pinckaers
Interprétation : Angelo Bison, John Dobrynine, Itsik Elbaz, Stephane Excoffier, Janine Godinas, Andréa Hannecart, Erik Sainte, Bernard Sens
Lumière : Marc Lhommel
Univers sonore : Aliocha Van der Avoort
Costumes : Myriam Deldime

Production Théâtre du Sygne au Théâtre des Martyrs - Du 4 au 29.03.2008, 20 h 15 (Mardi, 19 h/Dim 9 et 16, 16 h)- Tél : +32(0)2.223.32.08 – www.europictures.com/martyrs - theatre.martyrs@busmail.net – theatredusygne@hotmail.com - www.theatredusygne.be -

Crédits photos : Dominique Breda

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Chronique FraÎChe